Chapitre 7
Il est 22h et je suis encore sous le choc de ce qui vient de se passer. Cependant, je suis aussi sur ma machine et traduis la partie du discours que M. Kenwood m'a envoyé. Hors de question d'attendre jusqu'à demain, oh que non. On ne va pas me pourrir mon Samedi aussi. Tiens tiens, et si je me vengeais ? Je pourrai en profiter pour dire des choses pas très gentilles en japonais et il les répèterait lors de sa présentation comme un idiot sans s'en rendre compte. Ma conscience a des cornes rouges qui lui poussent sur la tête. Bon il ne faut pas abuser, en plus je suis certaine que cela se retournerait contre moi de toute façon. Quoiqu'il en soit, j'ai déjà fini et le lui envoie sans plus tarder...
Je m'apprête à éteindre la lumière et me coucher quand je me souviens que je n'ai pas pu appeler mon frère. J'hésite un peu à le faire vu l'heure mais me rappelle que c'est un couche-tard. Il décroche à la troisième sonnerie :
- Avannah ! Ah je me demandais justement si tu te souvenais de moi toi!
- Ha ha très drôle Andrew, dis-je sur un air sarcastique. Miss you so much ! Comment se passent les choses là-bas ?
- Miss you much more soeurette ! Bah tout va pour le mieux comme disait Panglosss de Candide. Tu as devant toi...enfin tu as derrière ton téléphone, le nouveau manager des ventes de « Voiceton ». Ils m'ont débauché récemment et « adieu veau, vache, cochon, couvée ! », au revoir l'industrie alimentaire et bonjour les télécoms !
- Quoi ??? Andrewww !, criai-je en sautant limite. Je suis archi contente pour toi ! Grave !
- Oh mais je le suis aussi ! Mon patron commençait à franchement me casser le popotin pour être plus correct. Merci, c'est très gentil. Euh et toi ? Comment s'est passé l'entretien dont tu me parlais l'autre fois ?
- Ah...à propos de ça...
- Ecoute, ne t'inquiète surtout pas. L'échec n'est qu'une réussite différée. Si ce n'est pas aujourd'hui ce sera demain, ne perd pas espoir.
- Merci pour ces sages mots...seulement j'ai eu le poste mais ...enfin, c'est compliqué.
- Tu m'as fait peur Avannah ! J'ai failli te sortir du Socrate et du Platon là ! Bon raconte, qu'est-ce que tu as encore fait ?
- Qu'est ce qui te dit que j'ai fait quelque chose ?
- Je te connais. Tu es bavarde, mais quand tu fais une petite voix c'est toujours soit parce que t'as failli mettre le feu quelque part, soit parce que tu l'as effectivement mis.
- Ce que t'es énervant...bon j'avoue il y'a une ambulance, mais je n'ai pas mis le feu comme quand on était petits chez grand-mère, promis.
- Je t'écoute alors...
***
Ah Lundi...Lundi ! Le moment fatidique est arrivé. Euh...ce n'est qu'un voyage, pas le jugement dernier. C'est vrai mais avec M. Kenwood, je ne pense pas qu'on en soit loin. Je suis tellement nerveuse à l'idée de le revoir quand je pense à mon fameux Vendredi, où il t'a vue dormir la bouche ouverte dans une baignoire, j'espère que tu ne bavais pas en plus. Bon bah, merci de me remonter le moral. Je t'en prie. Quand j'ai raconté à Andrew que j'ai roulé dessus mon PDG il a suffoqué. Quand il a su que ce n'était personne d'autre que Alexander Kenwood, je crois qu'il a fait un malaise. Il a dit un « tu abuses d'être aussi tête à l'air» très amer et m'a dit que je devrai remercier le bon Dieu de ne pas être à la police actuellement. Mais on sentait qu'il se retenait de ne pas dire « t'es vraiment un gros boulet humain ». Je ne lui en aurais pas voulu de le dire cependant, bref je suis déprimée là. Je ne lui ai pas dit qu'il était venu chez moi le vendredi, ni la fameuse scène, je pense que ça l'aurait tué. Il aurait changé de nom de famille ou t'aurait renié, la bêtise humaine a ses limites.
Il est actuellement 4h du matin. Henriette m'a appelé hier pour me dire que le jet décollait à 5h et demi et que le chauffeur de M. Kenwood passera me prendre à 4h :15. Au moins, je ne suis pas à la bourre. Elle a précisé « porte quelque chose de confortable, le voyage sera long ». Je regarde une dernière fois ma valise, tout y est je pense. Je me regarde une dernière fois dans le miroir de ma salle de bain, ajuste mon sweetshirt que je porte avec un jean et des baskets, voilà voilà, je suis prête. Mon téléphone de bureau sonne au même moment, je décroche devinant par avance que ce doit être le chauffeur :
- Bonjour Mlle Garner. Je suis au bas de votre immeuble, Vous voulez que je vienne vous aidez avec votre valise ?
- Bonjour, euh non ça va aller je n'ai pas beaucoup de bagages. Je descends, à tout de suite.
- D'accord. A tout de suite.
J'éteins les lumières, fais une petite prière pour me redonner du courage, tu en as besoin, puis descend vite les escaliers. Un très beau et charmant jeune homme me sourit et me tend la main :
- Bonjour Mlle Garner, je suis votre chauffeur du jour. Maxime, chauffeur personnel de M. Kenwood.
- Enchantée, dis-je un peu prise de court, vous pouvez juste m'appeler Avannah.
- Alors ravi, Avannah. Laissez-moi prendre votre valise.
- Je vous en prie.
Je lui remets ma valise qu'il met dans le coffre de la voiture puis m'ouvre la portière d'une belle Mercedes Benz E class noire. J'en connais un qui pourrait faire feu et flamme dans le mannequinat avec un physique pareil. Tout comme tu en connais un autre, un certain...Kenwood. Okay M. Kenwood est beau j'avoue...même très beau, mais il n'est pas mon style de mec. Alors ça ! En aucun cas ! Ah parce que tu penses être son style de meuf peut être, ma vieille redescend. Ce que je veux dire, c'est qu'il est comme une sculpture de marbre. Très beau, mais sans plus, dur et insensible...
***
- Avannah...Avannah...on est arrivé.
La voix de Maxime me réveille. Je me suis endormie sans m'en rendre compte. Je regarde lentement les environs et ne reconnait pas les lieux. Il est 5h 10 à ma montre alors, même s'il y' a de la lumière, je n'ai pas la chance de bien voir le paysage que j'imagine être très beau vu comment la zone est dégagée. Cependant je vois une très grande piste quand je sors de la voiture, avec Maxime qui me tient la porte. Celle-là au moins, on ne peut pas la rater. Elle est juste immense. J'aperçois un peu plus loin M. Kenwood discuter avec le pilote certainement, vu son accoutrement, et ma nervosité est à son comble. Respire Avannah, respire. Apparemment je ne suis pas la seule à avoir opté pour un look confortable, M. Kenwood porte un grand pull en laine noir traversé par son attelle, un pantalon kaki clair et des chaussures en daim gris. Je dois dire que le tout lui va à merveille. Ah toi tu ne vois pas le paysage alentour à cette heure mais par contre pour l'autre là tu le vois en microscope ? Cela change un peu de ne pas le voir en costume, il paraît encore plus jeune qu'il ne l'est déjà. Maxime ouvre le coffre et prend ma valise, je prends le sac de mon ordinateur et nous nous dirigeons tous les deux vers eux.
- Bonjour M. Kenwood, fit Maxime de façon professionnelle avant de se retourner vers le pilote qui lui tend la main. Salut Stéphane.
- Bonjour Maxime. Mlle Garner, dit-il fermement. C'est censé être un bonjour ?
- M. Kenwood, je lui réponds sur le même ton, franchement pour qui il se prend ? Bonjour...euh...
- Stéphane Mc Carter. Appelez-moi Stéphane, dit l'autre en me serrant la main. Si vous êtes prêts, vous pouvez aller vous installer dans le jet en attendant que je gère les derniers réglages avec la tour de contrôle. David sera votre Stewart aujourd'hui. Laissez-le prendre vos affaires. On se retrouve dans une quinzaine de minutes.
Il s'éloigna pour apparemment passer un appel et un homme qui doit à peine avoir la vingtaine vint, tout sourire, prendre mon sac courtoisement avant de se diriger vers l'appareil. Maxime nous souhaite bon voyage à tous les deux gentiment et s'en retourna à la voiture.
- Après vous Mlle Garner, fit M. Kenwood sur un ton froid.
C'est parti...
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