Chapitre 12

Point de vue de Alexander :

Satané Daishiro. Il ne perd jamais une occasion d'être en rivalité avec moi sur le plan des affaires et négociations. Je ne parle peut-être pas japonais couramment mais j'ai bien compris le côté « propose le double ». Il a utilisé ce terme bien nombre de fois devant moi. Je regarde Mlle Garner, peut-être un peu plus sévèrement que je ne l'aurais souhaité. Elle soutient cependant mon regard, se tait un instant et répond en français cette fois :

- Je ne pense pas que le moment soit bien choisi pour parler de ça M. Daishiro. Et puis pour tout vous dire, j'ai très envie d'apprendre de lui car, sans vouloir vous vexer, son sens des affaires est des plus impressionnants. Et ça, ça n'a pas de prix.

Je ne sais pas si elle était sincère, mais elle a dit tout cela sans ciller et la tête haute. Ça eut pour effet de me faire rougir un petit instant à vrai dire. Je la regarde encore avec un peu de gratitude dans les yeux certainement et elle me fait un demi-sourire. Notre petit moment de « merci » et « ce n'est rien » est cependant interrompu par Daishiro lui-même, qui, à mon étonnement, n'a pas changé son humeur jovial pour autant :

- Comme je viens de le dire Kenwood, c'est bien une perle que tu as là. Ceci dit, je vous invite à vous asseoir chers hôtes.

Je tire la chaise pour Mlle Garner qui s'assoit –gracieusement d'ailleurs- avant d'en faire autant. Nous voilà donc avec une compagnie assez mixte : les Daishiro d'un côté et Stanley et sa compagne de l'autre. Entre l'un qui veut me prendre ma nouvelle recrue et l'autre qui veut non seulement la « prendre » vue comment il la regarde, mais aussi qui semble s'intéresser à une affaire à laquelle je tiens beaucoup et ça, ça a le don de me taper sur le système :

- Alors Alexander, comment se portent les affaires ? Parait que tu es en négociation avec ce loubard de Marcus Stone.

- Tout va pour le mieux merci. Loubard ? Arrêtons-nous déjà à ce mot. Utiliser un tel qualificatif ne sied pas à un homme de ton envergure Stanley.

Ma remarque eut pour effet de lui faire serrer les poings. Monsieur n'est pas content ? La suite te plaira moins.

- Disons que je le connais et je sais d'où il vient. Il a beau être en costard aujourd'hui et avoir des milliards mais cela n'a pas toujours été le cas. Un ancien adolescent de la banlieue qui lavait des toilettes pour s'en sortir. Et comme on dit, la caque sent toujours le hareng n'est-ce pas chérie ?

Il dit tout cela avec un petit rictus en se tournant vers sa compagne qu'il ne nous a toujours pas présenté. Elle rigola tout autant comme quoi, qui se ressemble s'assemble. Cependant, quand je me tourne vers Mlle Garner, je la vois fixer sévèrement Stanley qui étouffe un petit rire. Elle s'apprête à dire quelque chose mais je prends les devants :

- Je vois...Mais à cela je dirais que ce qui m'intéresse chez mes partenaires ce n'est pas d'où ils viennent, mais plutôt ce qu'ils valent. Il n'est peut-être pas né avec certains privilèges comme tu le prétends mais lui, au moins, connait les règles de bienséance car je ne pense pas qu'il aurait utilisé des termes si peu élogieux tels que « loubard » à l'égard d'un concurrent. Et pour finir, il y'a une citation japonaise qui dit : l'homme raisonnable s'accommode à toutes les circonstances et les situations de la vie, de même que l'eau prend la forme de tous les vases où elle est versée. Pas vrai Mlle Garner ?

- Parfaitement M. Kenwood, dit-elle en souriant malicieusement. Gōri-tekina otoko wa, mizu ga sosoga reru subete no kabin no katachi o toru yō ni, subete no jōkyō to seikatsu no jōkyō ni tekiō shimasu, dit-on en japonais. Une belle citation bien sûr pour ceux qui ont un certain sens des réalités de la vie.

Je vois Mme Daishiro sourire à la traduction et faire oui d'un signe de tête, approuvant ainsi fortement et M. Daishiro, l'air bien surpris de la tournure de la discussion.

- Et vous êtes ? lança Stanley sur un ton qui attira tout l'attention de notre table sur Avannah.

Ok, ça devrait suffire pour le moment. Je veux l'arrêter mais je crois que c'est trop tard...

- Garner, Avannah Garner.

- Avannah hein. Je suppose que vous ne savez pas qui je suis. Kenwood devrait mieux regarder les gens qu'il engage. Je suis Stanley Jo...

- Je sais qui vous êtes Monsieur Johnson. Forbes vous a placé 5ème En 2016 parmi les hommes d'affaires les plus riches de Hollywood. Vous avez fait une fusion acquisition avec la prestigieuse entreprise COKE en 2015 alors qu'elle avait quelques soucis de rentabilité puis s'en est suivie de l'entreprise MAQ. De jolis coups je vous le concède. Cependant, je vous avoue que je trouve un peu dommage qu'un homme, aussi fin d'esprit que vous en investissement, ait une opinion si peu flatteuse des gens qui réussissent. Ce sera Mlle Garner pour vous, enchantée.

Je suis aussi bouche bée que Stanley. Je ne sais si c'est à cause de la classe avec laquelle elle a répondu ou si c'est pour sa culture générale sur le monde du business mais je suis épaté. Bravo ...Avannah...

Point de vue de Avannah :

Voilà qui devrait le calmer un peu. Non mais il se prend pour qui déjà ? Voilà en réalité où en est le monde. Non seulement les riches piétinent les pauvres mais encore ils s'attardent sur leur passé quand ceux-ci s'en sortent. C'est à la fois injuste et cruel. Quand on n'a pas aidé quelqu'un à trouver son pain, on n'a aucun droit de cracher dessus quand il s'en procure finalement. Hashtag Avannah, la voix de la sagesse

Je vois M. Kenwood un peu choqué mais il reprend un peu ses esprits et me fait un rapide clin d'œil discret. J'ai envie de sourire à ça mais je ne veux pas non plus aggraver les choses. M. Daishiro aussi semble un peu pris de court

- En voilà un beau proverbe. Cependant il est temps pour nous de passer au dîner proprement dit, histoire de déjà calmer certains et bien sûr, rien de tel qu'une bonne dégustation pour réchauffer les cœurs.

Nous forçons tous un sourire pour ne pas gâcher la soirée mais je peux apercevoir la compagne de M. Johnson me regarder d'un mauvais œil. Je sens que cette soirée va être intéressante.

Emmène-toi petite peste**...

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