2 - Introduction
— Nous n'aurions pas dû revenir ici.
Daniel arracha une ronce qui s'obstinait à s'accrocher à son sac à dos et se rapprocha en rampant de son coéquipier.
— Tout ce qui faisait l'intérêt de cet endroit a été détruit, insista-t-il. Si les Oris veulent occuper une planète déserte, je leur laisse. Et je leur souhaite d'y rester, d'ailleurs...
Le colonel Cameron Mitchell reposa ses jumelles et s'extirpa en marche arrière de son point d'observation.
— La sonde automatique a détecté un pic d'activité énergétique avant l'arrivée des vaisseaux oris, répondit-il. C'est probablement ce qui les a attirés ici.
Il fit un signe du menton en direction des ruines en contrebas.
— Et c'est probablement pourquoi nous n'avons pas pu nous approcher de la planète avec l'Odyssée.
— Oui, c'est bien ce qui m'embête...
Les deux hommes rejoignirent le reste de l'équipe, postée en couverture quelques mètres plus loin.
— Votre hypothèse de départ était la bonne, Sam, annonça Mitchell. Ils n'ont envoyé qu'un petit détachement ici alors qu'il y a une flotte impressionnante au-dessus de nos têtes.
— Le pic enregistré provenait bien de l'espace, conclut la scientifique. Et je pense par ailleurs que la sonde a grillé bien avant qu'il n'atteigne son maximum.
Daniel sourit lorsqu'il aperçut l'expression ennuyée de la deuxième femme du groupe. Vala n'avait pas participé à la première expédition de SG-1 sur cette planète et, contrairement au colonel Mitchell, elle n'avait pas eu accès au rapport de mission.
— Était-ce bien nécessaire de prendre le risque de venir si vous saviez déjà ce qui était arrivé ? se plaignit-elle.
— P4X-48C est une planète un peu... spéciale, répondit Daniel.
Mitchell haussa un sourcil interrogatif à l'intention de Sam.
— Qu'en est-il de vos relevés ?
— Négatifs, comme espérés. Il ne reste qu'à repartir le plus discrètement possible.
— Je crains fort que cette option ne soit compromise, colonel Carter, intervint Teal'c.
Daniel se tourna dans la direction qu'indiquait le Jaffa. Rien ne semblait bouger, mais Teal'c n'avait pas l'habitude de lancer de telles affirmations à la légère.
— On se replie, ordonna Mitchell sans hésiter. Ce ne sont sans doute que quelques éclaireurs, et je préférerais qu'ils n'aient pas le temps d'appeler leurs petits camarades en renfort.
—————
Une image de la planète s'étalait sur l'écran de visualisation surplombant la passerelle. Çà et là, des flashs illuminaient sa surface. Depuis son orbite, le vaisseau profitait d'une relative période d'accalmie.
Harlock contempla sombrement la vidéo. Les combats faisaient encore rage, en bas.
— Un appareil en approche, annonça Kei depuis le pupitre radar.
Harlock soupira. Les chances de croiser un vaisseau ami aux abords de la Terre étaient quasi nulles.
— Identification ?
— Croiseur lourd mécanoïde... Il nous a vus.
— Aux postes de combat.
La reine Promethium avait été vaincue sur sa propre planète depuis peu, mais son empire tentaculaire était toujours bien implanté au sein de la galaxie. L'ancien secteur terrien restait un bastion mécanoïde malgré les tentatives répétées des humains de la Bordure pour le reprendre.
— Verrouillage de la cible en cours.
— Ouvrez le feu dès que nous sommes en portée.
Le capitaine rejoignit sa place préférée, derrière la barre, mais ne reprit cependant pas les commandes de son vaisseau.
L'Arcadia pouvait tenir tête à des flottes entières.
Ce croiseur ne méritait même pas son attention.
—————
— Les garçons ! criait Vala. Je ne veux pas avoir l'air de vous alarmer, mais je crois bien qu'ils ont un prieur avec eux !
— Sam ! lança Mitchell. Composez l'adresse ! Teal'c, couvrez-la !
Daniel plissa les yeux pour distinguer leurs poursuivants.
Encore trop loin pour que le prieur puisse nous faire quoi que ce soit, heureusement...
Bizarrement, le groupe s'était scindé en deux. Trois soldats étaient restés en retrait et montaient fébrilement un objet cylindrique sur un trépied...
Daniel jura.
— Quoi ? fit Vala.
Puis elle aperçut elle aussi l'engin.
— Houlà. C'est pas bon signe, ça...
Mitchell les houspilla lorsqu'il arriva à leur hauteur.
— Ce n'est pas le moment de rêvasser ! À la porte, vite !
Daniel entraîna Vala vers l'anneau. Sam avait atteint le DHD et commençait à entrer l'adresse du SG-C. Le vortex s'ouvrit au moment où les premiers tirs ricochèrent autour d'eux.
— On se dépêche ! répétait un Mitchell qui tentait à la fois de taper le code d'ouverture de l'iris et de riposter aux tirs. Allez, allez !
Daniel jeta un coup d'œil par-dessus son épaule juste avant de franchir la surface aqueuse de la porte des étoiles. Il lui sembla apercevoir un trait de feu partir du point où les soldats avaient installé le trépied.
Puis il fut happé par le vortex.
—————
Le scanner termina son balayage et afficha ses conclusions sous la forme d'un diagramme en trois dimensions.
L'espace était vide. Même la voie de chemin de fer qui traversait l'endroit à l'époque avait disparu.
Emeraldas plongea son regard de glace à travers les baies d'observation de sa passerelle et s'autorisa un mince sourire dédaigneux.
Le quadrant était réputé dangereux pour la navigation. Depuis peu, les phénomènes électromagnétiques aléatoires s'y étaient multipliés, et les rares vaisseaux qui fréquentaient encore la zone l'avaient définitivement désertée.
Pas le sien.
Une alarme l'arracha à sa contemplation.
« Perturbation magnétique détectée », annonça l'ordinateur central. « Intensité supérieure au seuil critique. Risque de dégradation des systèmes électroniques du bord. »
— Active le bouclier, ordonna Emeraldas. Et coupe tous les systèmes qui ne sont pas indispensables.
Les lumières baissèrent comme l'ordinateur exécutait docilement les ordres. Les ronronnements des systèmes auxiliaires se turent. Emeraldas s'installa dans son fauteuil de commandement et savoura le silence, presque total à l'exception du grondement lointain du réacteur principal.
Le Queen poursuivit sa route tel un fantôme.
—————
— Activation de la porte des étoiles non programmée !
Walter Harriman scruta son écran dans l'attente d'un code d'identification.
Il n'eut pas besoin de consulter la base de données pour déchiffrer celui qui s'afficha.
— SG-1, monsieur, annonça-t-il au général qui se trouvait derrière lui.
— Ouvrez l'iris.
Le sergent activa la commande sur son pupitre, puis scruta les relevés de son écran avec attention. Le dernier – et le seul – retour de SG-1 par la porte de P4X-48C s'était soldé par un court-circuit total de l'ensemble du système de contrôle de la porte du SG-C.
Au moindre pic d'énergie anormal, Walter s'était juré de couper immédiatement l'alimentation des ordinateurs.
— Bon sang, qu'est-ce qui se passe ?
Walter ne leva pas les yeux de son écran.
— Tous les relevés sont normaux, général, répondit-il.
— Les relevés sont peut-être normaux, sergent, mais ce qui se passe en bas ne l'est pas du tout ! rétorqua le général.
Interloqué, Walter observa le vortex devenir de plus en plus transparent jusqu'à disparaître complètement. Aucune alarme ne s'était déclenchée – pour les ordinateurs de la salle de contrôle, la porte des étoiles était toujours ouverte et en liaison avec P4X-48C. Le sergent lança une procédure de diagnostic, puis une deuxième qui lui donnèrent le même résultat.
— Aucune anomalie au niveau du vortex, monsieur, répéta-t-il.
— Il n'y a plus de vortex, Walter, répondit le général doucement.
Les deux hommes fixèrent l'anneau métallique comme si malgré tout, SG-1 allait surgir de nulle part. Puis les ordinateurs de contrôle firent entendre un bip familier. Le sergent baissa les yeux sur son écran.
— Fin d'activation, fit-il. Le vortex est coupé.
Le général Landry fixait toujours la porte.
— Pensez-vous qu'ils sont passés, sergent ?
Walter haussa les épaules en signe d'impuissance.
— Impossible de le certifier rien qu'avec les enregistrements, monsieur. Mais il n'y a aucune raison qu'ils ne l'aient pas fait. Tout semblait... normal.
Le général soupira.
— S'ils ont franchi la porte... alors où sont-ils maintenant ?
—————
Le prieur s'approcha lentement de la porte et en fit prudemment le tour. La végétation avait brûlé à l'intérieur d'un cercle d'une vingtaine de mètres centré sur l'anneau, mais les infidèles avaient tout de même réussi à activer la porte et à s'enfuir avant que le tir ne les atteigne.
Contrariant.
Le prieur était convaincu que ces humains n'étaient pas venus ici par hasard – probablement disposaient-ils d'un satellite en orbite autour de la planète, qui les avait prévenus de leur arrivée.
Ou bien avaient-ils également perçu l'étrange pic d'énergie qui avait émané de ce système solaire.
Le prieur rejoignit ses soldats. Il était mal à l'aise, sans qu'il puisse s'expliquer pourquoi. Comme si l'atmosphère de la planète était propice aux vacillements de la foi.
Ou peut-être était-ce parce qu'il ne comprenait pas pourquoi un simple tir de laser, même à forte puissance, avait provoqué une telle réaction de la porte.
— Les infidèles se sont enfuis, constata un des soldats.
Les germes du doute. Le socle de la croyance vacillait, ainsi en était-il chaque fois que la puissance Ori était contrariée. Ainsi se voyait-il conforté dans son rôle de guide.
Son hésitation avait disparu. Qu'importe s'il travestissait la vérité. Seule comptait la foi.
— Les infidèles ont été détruits, affirma-t-il. Le souffle des Oris les a poursuivis à travers la porte des étoiles afin de les brûler du feu purificateur.
Il désigna le cercle de végétation roussie.
— Loués soient les Oris, psalmodia-t-il.
— Loués soient les Oris, répétèrent les soldats.
Seule comptait la foi.
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