⋆ XVII | Massacre.

5 Avril 2023
⋆ Barcelone, Espagne.
Demi-finale retour de Copa del Rey.

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L'heure était venue. Les joueurs étaient rassemblés dans le tunnel qui les aurait conduits sur la pelouse barcelonaise pour affronter le club local en demi-finale retour de Copa del Rey. C'était le match qu'Eduardo redoutait le plus.

1 - 0 à l'allée pour le Barça. Le Réal allait donc se retrouver à devoir marquer deux buts et en encaisser aucun minimum pour pouvoir s'arracher la victoire et la qualification en finale.

Un Clàsico qui promettait d'être enflammé déjà en partant des regards ostiles que s'échangeaient les joueurs avant même d'être entrés sur la pelouse.

Eduardo ne haïssait pas les barcelonais comme pouvaient peut-être le faire certains de ses coéquipiers. Au delà de la classique rivalité entre les deux clubs, le français ne sentait pas d'éprouver une haine particulière pour les blaugrana.

Chez les bleu et rouges, il y avait entre-autre Jules, coéquipier à lui et Aurelien en sélection et occasionnellement meilleur ami du plus âgé des deux et qui n'avait pas dit un mot sur leur couple tout comme le reste de ses coéquipiers.

Dans la conférence de presse du Barça, Lewandowski avait refusé catégoriquement de parler de choses non concernant le match comme l'avait fait Luka.

Eduardo n'avait donc aucune idée de l'avis de leurs adversaires sur la situation, et si ceci aurait été un prétexte pour déclencher l'habituelle querelle à chaque Clàsico, même si les barcelonais étaient réputés pour être plus tolérants que les madrilènes sur le papier.

Il s'accorda un instant pour y réfléchir tandis qu'ils avançaient sur la pelouse du Camp Nou sous les acclamations des supporters barcelonais et madrilènes venus assister au match.

Le français préféra subitement chasser ces pensées tandis qu'il s'alignait aux côtés de ses coéquipiers. Autant se concentrer sur le match et éloigner ces songes qui ne servaient qu'à le déconcentrer et à le tracasser.

Aurelien était là pour l'encourager depuis le banc, n'ayant pas loupé une occasion pour le vanner sur le faite qu'il ait encore une fois été aligné en tant que latéral gauche.

Ils s'étaient échangés un court et chaste baiser à l'abri des regards, le plus âgé rassurant et encourageant le plus jeune avant que les joueurs ne se regroupent dans le couloir d'entrée sur la pelouse.

À présent, après s'être échangés des poignées de mains être eux sans la moindre hostilité, les joueurs des deux clubs étaient positionnés et prêts à jouer lorsque l'arbitre aurait donné le coup d'envoi.

Lorsque ce fut le cas, le match démarra immédiatement à peine Gavi donna un coup de pieds dans la balle pour la faire rouler vers Lewandowski et déclancher immédiatement la première attaque barcelonaise.

Le jeune espagnol et le vétéran polonais se passèrent la balle en évitant les joueurs du milieu de terrain pour s'approcher des cages de Courtois, suivis de près par leur camarade d'attaque Raphinha.

Eduardo s'interposa lorsque Lewandowski passa une nouvelle fois la balle à Pablo, en envoyant le ballon en touche et en empêchant ainsi le jeune espagnol de faire un centre qui aurait sûrement provoqué un but.

Étrangement, aucune réaction de la part de Gavi, qui se limita à lancer un coup d'œil au madrilène français qui se relevait.

Réaction bizarre de la part du petit barcelonais, qui d'habitude aurait sans doute réagi de manière bien moins calme.

À la vingt-sixième minutes, les deux stars des Clàsicos écoperènt d'un carton jaune chacun. Si Pablo s'était démontré calme face à Eduardo, ce n'était pas le cas avec Viní.

Les deux adversaires s'étaient retrouvés à crier l'un sur l'autre, sans oublier les provocations de la part de Gavi en direction du brésilien qui les avait acceptés en riant pour se moquer du plus jeune.

Il t'allume bien le Gavi, hein ? - Avait lâché Rodrygo à son compatriote brésilien tandis que l'espagnol s'était éloigné en furie pour rejoindre ses coéquipiers barcelonais.

Pour le reste, le match reprit de manière étrangement calme pour être un Clàsico. Pas de cartons, les hostilités s'étant réduite et laissant à Eduardo l'espoir que ce match puisse poursuivre de manière calme.

Le 0 - 0 resta figé sur l'écran jusqu'à la première minute du temps additionnel avant la mi-temps, où un ballon de Viní trouva la route vers les cages de Ter Stegen sur passe de Benzema.

1 - 1 comme score cumulé à la mi-temps, et encore 45 minutes pleines pour permettre aux deux plus grands clubs espagnols de se départager pour accéder à la finale de Copa del Rey.

Durant la pause, quelques conseils furent distribués pour les joueurs de manière à être plus offensifs, mais aucun changement car la composition actuelle de l'équipe correspondait totalement aux attentes du coach madrilène.

Les joueurs du Réal retournèrent ainsi sur le terrain tout comme leurs adversaires, et le match reprit tout comme il s'était interrompu il y a une quinzaine de minutes.

Et au bout de cinq minutes, le Réal marqua un écart en se détachant du match nul qui aurait porté aux prolongations grâce à un but de Karim Benzema sur passe décisive de l'éternel Luka Modrić.

Les barcelonais essayerent ensuite d'égaliser, mais l'écart augmenta ultérieurement lorsque, huit minutes après le 1 - 2, Benzema marqua une nouvelle fois sur penalty, et ensuite un autre but.

1 - 4 pour les madrilènes sur le cumul des scores, et il restait uniquement cinq minutes.

Et là, les hostilités prirent une nouvelle fois le dessus parmi les joueurs présents sur le terrain du Camp Nou. Les barcelonais voulant absolument rattraper les madrilènes et ces derniers voulant élargir l'écart.

Les esprits commençaient à s'enflammer, jusqu'à l'étincelle qui déclencha le feu provenant d'une action défensive très dangereuse de Militão sur Lewandowski qui fonçait vers le but madrilène.

Après le tacle du brésilien, l'ex du Bayern Munich ne se redressa pas immédiatement, en se tenant le pied que Militão avait, volontairement ou non, percuté dans la tentative de dégager le ballon.

Et là, le massacre débuta.

Mais elle est malade, la danseuse brésilienne ? - Cracha Araujo en courant vers les deux joueurs, son front venant se coller à celui de Militão pour l'éloigner de Lewandowski qui s'était à présent assis sur la pelouse.

Eh, c'est qui que tu traites de danseuse brésilienne là ? - Cria presque Rodrygo en s'approchant du barcelonais pour le repousser malgré sa taille non imposante, voulant défendre Éder.

Les joueurs commencèrent à courir vers le petit groupe formé autour du polonais, les remplaçants y compris. Eduardo fit mine d'essayer de s'éloigner, mais il se retrouva au milieu de la mêlée de joueurs enragés.

Ton abruti de défenseur central qui a tenté une attaque terroriste sur notre numéro neuf ! - S'ajouta Gavi en venant à son tour pousser le petit brésilien qui retomba à l'arrière, Militão le rattrapant avant qu'il ne tombe. - Robert c'est pas votre copain brésilien Neymar. Il ne tombe pas pour rien !

Je t'interdis de parler mal du Ney, petite peste ! - Pesta Viní en s'approchant de son ennemi juré. - On n'insulte pas les légendes comme ça. Tu manques aussi de respect à ton propre club !

Ce n'est pas de Neymar qu'on parle là, mais de l'intervention de l'autre madrilène sur Lewan. - Fit Balde en fronçant les sourcils, se tournant précipitamment vers l'arbitre entouré de certains joueurs des deux équipes.

L'autre madrilène il t'envoie chier ! - Cracha Militão en direction de l'autre défenseur, avec Rodrygo sur les côtés pour l'appuyer dans ses paroles.

Si vous saviez jouer au foot vous n'auriez pas besoin de vous plaindre pour une faute qu'il n'a même pas commis sur votre polonais à deux balles ! - Ajouta le petit brésilien, en criant dans la mêlée.

Aurelien avait rejoint Eduardo, en réussissant à le tirer le plus à l'écart possible de la mêlée de joueurs qui ne faisaient que se crier dessus. En attendant, Lewandowski avait commencé à se relever parmi les joueurs des deux clubs.

Rodrygo. - L'avertit Benzema, avant d'être interrompu par Araujo qui se lança en direction du petit brésilien.

Et vous par contre vous ne pouvez pas vous empêcher d'attirer l'attention sur vous ! - Rabâcha l'uruguayen. - D'abord hors du terrain avec l'histoire de Camavinga et Tchouameni, et maintenant toi qui défend Militão comme un petit chien docile. Vous devez prover quoi, au juste ? Qu'à Madrid vous êtes capables juste de vous envoyer en l'air entre vous ?

Quelques secondes de silence suivirent les paroles d'Araujo. De la stupeur principalement provenant des deux côtés. Et certains barcelonais semblant ne pas approuver les paroles de leur défenseur, tout comme deux ou trois madrilènes semblaient d'accord avec lui.

Je te demande pardon ? - Fit Courtois, ayant rejoint les joueurs tout comme l'avait fait Ter Stegen, dans cette vraie bagarre entre les deux clubs. - Ce n'est pas parce qu'il y a deux ou trois cas dans le club que tu dois généraliser. On est pas tous dans un compte de fée.

Eh, mais laisse-les vivre, non ? - Avait dit Koundé presque en même temps, à l'égard de son coéquipier barcelonais. - L'amour c'est l'amour et ce n'est pas un sujet à balancer au milieu d'un terrain de foot juste pour gagner une discussion.

But contre son camp de la part du gardien madrilène et du défenseur barcelonais, qui s'étaient issés contre leurs coéquipiers pour contester un avis qui n'était pas le leur.

Immédiatement, l'argument de la querelle devenue guerre entre les deux rivaux changea, laissant place aux pensées de chacun, qu'elles soient contre leur club ou pas.

Eduardo n'avait pas senti le contact de sa main avec celle d'Aurelien, bien trop concentrée sur ce qui arrivait sur le terrain. Il ne savait pas à qui prêter attention et où regarder pour savoir si intervenir ou non.

Ça n'est absolument pas en thème avec le match. - Remarqua Benzema au dessus du brouhaha ambiant tandis que les joueurs reprenaient à discuter avec un peu trop d'animosité.

Tu n'a aucun droit de tirer cet argument au milieu de la foulée. - Fit Luka en fronçant les sourcils en direction d'Araujo, qui lui accorda à peine un regard. - Koundé a juste. Vous n'avez aucun droit d'en parler. Si Eduardo et Aurelien s'aiment, ce n'est pas un problème, et ce ne l'est même pas si c'est pareil entre Eder et Rodrygo !

La voix de la sagesse. - Admit Kessié au milieu de la foulée, tandis que l'uruguayen se tournait vers Modrić pour reprendre, avant d'être anticipé par Busquets.

Toi, tu joues bien à faire le timide et le discret, mais à peine un argument dans le genre sort, tu es le premier à te ramener. On l'a vu à votre conférence de presse. - Cracha le vétéran espagnol en direction du croate. - Alors peut-être que les rumeurs qui disaient que tu te faisais sauter par Ramos n'étaient pas infondées, vu comme tu est investi pour défendre les deux tapettes françaises ?

C'est de qui que tu parles comme ça ? - Fit Aurelien en lâchant la main de son amant pour se diriger vers l'espagnol et le pousser violemment vers l'arrière avant d'être retenu par Kroos et Lewandowski qui s'étaient opposés.

De toi et de Camavinga et ses cheveux de clown ! - Essaya de s'intromettre Gavi malgré sa petite taille, avant d'être tiré par l'arrière par Viní qui l'empêcha de rejoindre les autres.

Rien ne te laisse le droit de t'attaquer à nos français nationaux. - Fit le brésilien en direction du petit espagnol, tandis que la querelle continuait parmi les autres joueurs. - Et puis tu as des beaux cheveux aussi, ne soit pas frustré.

Écoutez-moi ! - Haussa d'un ton Lewandowski pour se faire entendre parmi tous les joueurs dans la mêlée ou qui se disputaient entre aux, sa voix prenant le dessus sur le brouhaha.

Un peu d'attention pour le poloniak s'il vous plaît ! - Cria Rodrygo avant d'être privé de sa capacité de parler par la main de Militão se posant sur sa bouche après lui avoir posé un baiser sur la joue.

À la plus grande surprise d'Eduardo, les joueurs arrêtèrent de se disputer pour écouter le brun qui sûrement devait obtenir beaucoup de respect de la part de ses coéquipiers.

En attendant, valses de cartons jaunes de la part de l'arbitre qui se glissait parmi les joueurs pour en attribuer à tord et à travers, même pour les pauvres Ter Stegen et Alaba qui étaient restés à l'écart. Pareil pour Eduardo.

Ce dernier n'avait pas laissé de l'espace pour ses pensées, les événements étant trop bouleversants et rapides pour qu'il puisse prendre le temps de bien y analyser.

Alors. Je parle au nom, je pense, de nombreux d'entre vous. - Commença l'ex munichois après s'être raclé la gorge. - Les bagarres durant les Clàsicos, d'accord. C'est la routine lorsque nos deux équipes s'affrontent. Mais pour rien au monde il ne faut tirer au milieu de tout ça des questions sentimentales, encore moins si c'est pour faire des remarques déplaisantes.

Le regard du polonais vira d'abord sur Araujo et Busquets, et ensuite de côté sur Benzema et Courtois qui restèrent en silence.

Le respect passe avant tout. - Reprit le polonais. - Et il n'y avait pas à arriver à ce genre de sujet juste pour un action qui, de toute manière, n'aurait rien changé au cours du match.

Lewandowski se tourna ensuite en direction de ses coéquipiers, bien que ces derniers soient encore mélangés aux madrilènes, comme une seule et unique équipe.

Je sais que je n'ai pas mon mot à dire dans l'affaire puisque je suis arrivé dans cette équipe l'année dernière et que donc je suis très peu calé sur l'histoire du club. - Enchaîna-t-il, comme un vrai capitaine. - Mais les madrilènes n'ont pas forcément besoin d'être nos ennemis. Nos adversaires sur le terrain, d'accord. En termes sportifs, d'accord. Mais rien de plus.

Le polonais retourna ensuite à se référer à tous les joueurs présents, l'allure d'un leader intimant le silence parmi les footballeurs présents, même Benzema et Busquets.

Surtout, l'amour ne doit pas se réduire à un stéréotype. - Fit-il, après s'être raclé la gorge une dernière fois. - Je sais que le monde du foot ne le tolère pas encore totalement, mais j'ai confiance qu'un jour les footballeurs seront libres d'aimer qui ils veulent. Et c'est à nous de commencer à faire le premier pas pour réaliser ça.

Le polonais se tût, en laissant le silence prendre le dessus. Aucun bruit, ni de la part des joueurs, ni des supporters présents dans le stade. Ces derniers avaient tout entendu, les micros s'était approchés pour faire parvenir le son de la voix de Lewandowski dans tout le stade.

Donnez une médaille à ce mec, putain. - Murmura Carvajal dans le silence ambiant, avant que les applaudissements ne commencent à résonner dans tout le Camp Nou.

Applaudissements de la part des supporters. Barcelonais et madrilènes, côté à côté, qui semblaient s'unir et s'accorder aux paroles prononcés par l'ex munichois.

Les joueurs aussi se laissèrent aller, même Benzema et Courtois qui, légèrement réticents, finirent par applaudir légèrement accompagnés par Araujo et Busquets en accord malgré tout avec les paroles de polonais.

Ce dernier se fraya un passage parmi les joueurs des deux équipes pour rejoindre Eduardo et Aurelien positionnés côte à côte. Le plus jeune des deux peinait à réaliser ce qui était en train de se passer, tandis que les applaudissements cessaient peu à peu.

Camavinga et Tchouameni sont les premiers à avoir eut le courage de faire ce pas dans le football professionnel. - Enchaîna le polonais d'une voix solennelle. - Et je voulais vous dire que vous n'êtes pas seuls, même si il y aura toujours qui sera contre. Je suis sûr de ne pas être le seul barcelonais qui pense ça.

Tu n'est pas le seul, non. - Intervint Ter Stegen, en s'approchant légèrement du petit couple et en leur accordant un sourire encourageant.

Eduardo n'avait même pas fait attention à ses propres yeux brillants d'émotion. Les paroles du polonais, ayant résonné dans le stade grâce aux micros qui s'étaient rapprochés, lui faisaient bien trop d'effet.

Je ship aussi le Tchouamavinga. - S'ajouta Jules, en faisant un grand sourire à son meilleur ami et à son copain. - Et je soutiendrai tous les joueurs qui oseront sortir du placard !

Pareil. - Fit Pedri en s'attirant le regard assez surpris de Gavi, qui fût une nouvelle fois attiré contre Viní, qui passa un bras autour des épaules du plus jeune des espagnols en lui adressant un grand sourire.

Tu es dans le déni Gavi. Je sais que tu m'apprécie. - Fit le brésilien en posant un baiser papillon sur la joue du barcelonais qui n'opposa aucune résistance, rougissant légèrement à la place.

Près d'eux, Militão enlaça Rodrygo par derrière, en posant son menton sur l'épaule du plus jeune qui ria légèrement à ce contact avec son compatriote brésilien. Et les bras d'Aurelien trouvèrent bien vite ceux d'Eduardo, venu se blottir contre son copain.

Football is gay, à ce point là. - Fit Toni en affichant un sourire à l'égard des petits duos formés, tandis que les présents dans le stade recommençaient à applaudir.

Oui, et on aime comme ça. - Ajouta Luka en lançant un coup d'œil vers Busquets qui baissa les yeux, probablement honteux des propos qu'il avait tenu à l'égard du croate. - Car l'amour, c'est l'amour.

Eduardo ne pût s'empêcher de sourire contre la potrine de son bien aimé, les mains de celui-ci venant lui caresser délicatement les cheveux.

C'était ça, le football qu'il aimait. Un monde uni et avec des rivalités se résumant à être sur un terrain de foot. Et où l'amour avait la possibilité de franchir un cap.

Car il ne manquait pas espoir, et un jour où l'autre le monde aurait fini par accepter.

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