⋆ VI | You never left my mind.
25 Mars 2023
→ Jour -2 au match contre l'Irlande.
- Mon petit Cama, je te vois de plus en plus triste, et je n'aime pas du tout cette situation. - Commenta Marcus, son regard attentif posé sur le jeune madrilène.
Les joueurs s'étaient réunis dans la salle après le déjeuner pour assister à l'analyse de Didier Deschamps et Guy Stéphan sur les tactiques de l'équipe irlandaise.
Comment défendre si nécessaire, et comment arriver à dépasser le mur irlandais. Car ces derniers auraient sans doute fait bloc pour éviter d'encaisser quelconque but.
Eduardo avait pris place entre Marcus et Ibrahima, en évitant Aurelien comme celui-ci avait fait avec lui dernièrement. La rancœur était bien présente, et la situation ne promettait pas de s'améliorer si vite.
- C'est toujours à cause d'Aurelien ? - Demanda une nouvelle fois le joueur de Bundesliga, en passant un bras autour des épaules du plus jeune pour le réconforter.
- Qu'est-ce qui s'est passé avec Aurelien ? - Intervint Ibrahima à sa droite, d'un air confus.
Eduardo les laissa parler entre eux, tandis que Marcus expliquait brièvement au joueur de Liverpool ce que Camavinga lui avait dit la veille.
" Une simple dispute concernant leur poste dans la sélection madrilène. " L'excuse la plus plausible, car quiconque aurait pu parier dessus vu les rumeurs qui les concernaient.
Eduardo préférait ne pas prendre la parole sur ce sujet.
Il pensait pouvoir s'en sortir tranquillement sans la présence de Tchouameni à ses côté. Il avait d'autres relations amicales au sein de l'Équipe de France, et il pouvait donc se passer d'Aurelien.
Tout du moins, c'est ce qu'il pensait. Car la distance avec son meilleur ami, si ce nom était toujours utilisable, était de plus en plus oppressante, comme si un vide s'était formé au creux de sa poitrine.
Une sensation inexplicable, quelque chose de trop fatiguant pour qu'Eduardo puisse s'y concentrer et comprendre son ressenti aux égards d'Aurelien.
- Un peu d'attention, les gars. On commence. - Fit Didier en tapant dans ses mains pour faire taire le brouhaha qui se propageait parmi les joueurs.
Ces derniers arrêtèrent de parler entre eux pour rapporter leur attention sur le sélectionneur et son adjoint, près du tableau qui allait illustrer les différentes tactiques.
Dans un silence religieux, les membres de l'équipe suivirent les explications, en intervenant de temps en temps, notamment du côté de Kylian et Antoine.
Leurs fidèles capitaine et vice-capitaine semblaient très investis, ce qui ne faisait qu'augmenter la confiance que les joueurs leur portaient.
Une fois terminée l'analyse, en milieu de l'après-midi, Didier libéra ses joueurs en les laissant libres de pratiquer tout type d'activités.
Eduardo quitta la pièce en suivant Marcus et Ibrahima, les deux s'étant proclamés ses gardes du corps pour tout l'après-midi. Histoire de dissuader Aurelien de s'approcher.
La vision qu'avaient ses deux amis de la situation était assez drôle, vu qu'aucun des deux madrilènes semblait vouloir s'approcher de l'autre.
Mais il devait admettre que ce n'était pas déplaisant d'avoir deux personnes qui tenaient à lui de cette manière.
Deux personnes avec lesquelles il était convaincu de ne pas pouvoir entretenir autre qu'une relation amicale. Chose qui désormais allait être impossible avec Aurelien.
Eduardo chassa son coéquipier madrilène de ses pensées.
Il était fautif, certes. Aurelien l'était aussi. Et ils étaient si têtus que, depuis la veille, aucun des deux avait fait un pas en avant pour résoudre la situation.
Le plus jeune n'avait aucune intention de revenir vers Aurelien après sa déclaration de la veille.
Et le plus âgé préférait sans doute maintenir la tête haute sans donner signe de vouloir s'excuser.
La situation allait rester bloquée ainsi.
- Allez, on va dans ma chambre jouer à FIFA ! - Déclara Ibrahima, en sortant, une fois de plus, Eduardo de ses propres pensées. Pensées qu'Aurelien n'avait pas quitté depuis la veille.
Le joueur de Liverpool passa son bras autour des épaules du madrilène, tandis qu'ils se dirigeaient vers le couloir. Marcus, sur les talons, s'empressa de les rejoindre en trottant.
Les trois français rejoignèrent l'étage, en refusant poliment la proposition de Dayot de faire un tournoi de babyfoot et celle de Mike de faire une partie au UNO.
Ils rejoignèrent assez rapidement la chambre du joueur de Premier Ligue, et s'installèrent sur le lit de celui-ci tandis qu'il prenait les manettes de jeu et allumait la console.
Marcus et Ibrahima commencèrent à jouer l'un contre l'autre. Le gagnant aurait affronté Eduardo, automatiquement qualifié en finale vu le manque d'un quatrième joueur.
Le joueur du Borussia Mönchengladbach remporta facilement la partie, et gagna ensuite contre le jeune madrilène. Un autre tournoi démarra, remporté cette fois par le plus jeune des trois.
Ils s'asseyèrent ensuite en tailleur sur le lit de Konaté, se rassemblant tel qu'un petit trio d'adolescentes qui s'échangent des potins sur leurs camarades de classe.
- Tu devrais régler cette affaire avec Aurelien. Vous ne pouvez pas gâcher votre amitié ainsi, juste pour un poste en club. - Fit Ibrahima, d'un air sérieux.
Eduardo hocha brièvement la tête. Il allait laisser ses amis le conseiller comme si cette dispute était réellement arrivée. Comme si le problème était leur simple poste de milieu de terrain.
Si seulement c'était si facile.
- Je suis d'accord. Vous êtes Eduardo et Aurelien, sérieux ! Comment penser à l'un sans tout de suite penser à l'autre. - Ajouta Marcus, ayant adopté pour une fois un air vaguement sérieux.
- Vous êtes un duo génial. Votre amitié est... - Continua Ibrahima, en hésitant à continuer la dernière phrase qu'il avait entamé.
- Enfin, amitié... je suis sûr qu'il y a plus que ça ! - Fit le plus âgé des Thuram, en adressant un clin d'œil taquin à Eduardo. Ce dernier souria nerveusement, ses deux amis ayant abordé le sujet le moins adapté pour la situation.
Mais ils n'étaient pas à blâmer, puisque l'excuse que le madrilène avait choisi n'avait rien à voir avec leur situation sentimentale.
- Je ne sais pas, vraiment... nous sommes amis car nous jouons ensemble en club et en sélection. - Répondit rapidement Eduardo, en glissant dans sa réponse la phrase la plus cliché et la moins crédible concernant une situation romantique.
Cette phrase, qui tournait en boucle dans sa tête.
- Deux jeunes amis évoluant au Réal Madrid... deux jeunes talents destinés à devenir des stars françaises... - Fit Marcus de manière théâtrale, ayant récupéré l'humour qui le caractérisait si bien.
- Des Starboys. - Conclut Ibrahima en se tournant vers le plus âgé des Thuram. Un terme inconnu pour Eduardo. Et la traduction littéraire était assez douteuse.
- Nous sommes des... garçons étoile...? - Demanda Eduardo en fronçant les sourcils, dans l'incompréhension totale.
- C'est une chanson de TheWeeknd, non ? - Fit Marcus, en commençant à fredonner les notes du refrain de la chanson.
- Non, non. Des Starboys ! Dans le cadre du football ça signifie des jeunes talents destinés à devenir des stars, à leur poste et dans leur club. - Expliqua brièvement Konaté, en abordant un sourire sincère.
Le madrilène cligna plusieurs fois les yeux. Marcus s'était lui aussi tourné vers le joueur du Liverpool, semblant intéressé par ce que celui-ci avait à dire.
- À Arsenal, par exemple, c'est Saka. À Manchester City c'est Haaland. Et chez moi, à Liverpool, c'est Trent. - Fit le défenseur, en contant sur ses doigts. - Il y a un Starboy par équipe, normalement. Mais toi et Aurelien êtes une exception !
Eduardo souria. Ça lui plaisait, comme petit surnom. Un point de vue externe qui semblait leur chausser à merveille.
- Ohh, c'est un de vos trucs bizarres de Premier Ligue ! Je n'y comprends rien. - Commenta Marcus en grimaçant, amusé. - Cama et Aurelien jouent en Espagne.
- Ça marche quand même ! On est pas bizarres en Angleterre. - Pouffa Ibrahima, en donnant un coup de coude taquin au joueur de Bundesliga.
Eduardo esquissa un sourire, amusé, tandis que les deux français laissaient de côté le discours sur les Starboys pour commencer à débattre sur la Premier Ligue et les clubs anglais.
Le madrilène se concéda un instant pour réfléchir sur ce petit surnom que Ibrahima avait introduit dans la conversation.
Cela dépassait totalement la situation sentimentale sur laquelle Eduardo était focalisé. Mais la définition n'était pas à prendre à la légère.
Un Starboy définissait un seul joueur. Un jeune talent naissant. À un seul poste, et dans une seule équipe. Et eux deux jouaient dans le même équipe et au même poste.
Les rumeurs prédisaient le départ imminent d'Aurelien du Réal Madrid. Ou bien le changement de poste d'Eduardo.
Mais peut-être qu'ils pouvaient être l'exception.
Aurelien, Starboy.
Lui. Starboy.
Eux. Starboys.
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