⋆ III | Childhood games.

22 Mars 2023
Paris, France.
- 2 au match contre les Pays-Bas.

Comme indiqué la veille, le sélectionneur avait organisé un petit tour à pieds pour les joueurs, autour des grands terrains d'entraînement. Ils allaient entamer un parcours avec comme ligne d'arrivée l'entrée du château de Clairefontaine.

De quoi se relaxer un peu avant le dernier entraînement du lendemain, et utile aussi pour les relations entre les joueurs.

Relativement inutile vu l'entente qu'il y avait entre touts les membres de l'équipe, mais personne n'avait refusé la possibilité de pouvoir parler pendant la sortie.

Guidés par le Didier Deschamps et Guy Stéphan, l'équipe ressemblait à une classe en sortie scolaire. Une classe assez bruyante, vu le brouhaha causé par les joueurs qui se parlaient l'un sur l'autre.

Eduardo était a l'arrière du groupe, en compagnie d'Aurelien. Ce dernier l'avait rejoint pour discuter, et le plus jeune n'avait pas refusé malgré l'amertume du jour précédent.

Au fond... comment rester fâché avec son meilleur ami. Il numéro supportait pas la prospective de ne pas lui parler pendant trop longtemps.

- J'ai hâte de rejouer avec l'équipe. - Lui avoua Tchouameni, tandis qu'ils procédaient leur chemin en suivant leurs coéquipiers. - Dernièrement au Réal Madrid je n'ai plus trop été titulaire. Je n'ai plus trop de place, entre Luka, Toni... toi.

Eduardo tourna légèrement la tête pour dévisager son ami. Était-il en train de lui reprocher quelque chose ?

Dans le club madrilène il y avait en effets un petit souci pour ce qui concerne leurs positions dans la compo d'équipe. Ils occupaient tous deux le même poste, et la majeure partie des fois c'était Camavinga qui débutait dès la première minute.

Récemment, pour faire jouer les deux joueurs en même temps lors des matchs avec le club, Ancelotti avait déplacé Eduardo au poste de latéral gauche.

Pourtant il restait la possibilité que, vu que Eduardo jouait mieux au milieu de terrain, le Réal Madrid puisse se débarrasser d'Aurelien.

- Ce n'est pas une pique. - Se reprit ce dernier en voyant l'air pensif du plus jeune. - Je suis juste très content de retrouver l'Équipe de France. Jouer m'a manqué. Les gars m'ont manqué.

- Moi aussi. De plus les nouveaux ont l'air sympa. - S'empressa de répondre Eduardo pour ne pas laisser un silence gênant prendre le dessus comme il y a quelques instants.

- Oui ! Surtout le frère de Marcus. Il est timide mais il semble déjà bien s'entendre avec certains des gars. - Aurelien marqua une pause, dévisageant son ami d'un air amusé. - Même si la discrétion n'est pas son fort.

Eduardo pouffa, en devinant rapidement ce à quoi son coéquipier faisait référence:

Leur arrivé à Clairefontaine il y a deux jours, lorsque Khéphren avait demandé un peu trop bruyamment si les deux madrilènes étaient en couple.

Ils avaient intérêt à ne pas se faire entendre par Marcus. Si celui-ci les avait entendu blaguer sur son petit frère, il les aurait kidnappés, enfermés, et déclarés comme mystérieusement disparus.

- Avançons, sinon on risque de perdre le groupe du regard. - Le plus jeune souria et anticipa son ami en avançant pour regagner leurs coéquipiers qui étaient quelques mètres devant eux.

Aurelien le rejoignit rapidement, en trottant pour le devancer. Ils étaient presque arrivés au terme de cette balade, et le madrilène aux cheveux attachés décida de défier implicitement son ami.

Il lui adressa un sourire taquin et accéléra le pas, en se faufilant parmi ses coéquipiers.

Le numéro huit de l'Équipe de France accéléra à son tour, en venant le dépasser tandis que Benjamin et Théo s'écartaient pour les laisser entamer leur course.

Tels deux enfants, les deux milieux de terrain se mirent à courir l'un après l'autre, en dépassant aussi le sélectionneur et son adjoint.

Accompagnés par les rires et les encouragements taquins de leurs coéquipiers, les deux madrilènes commencèrent à courir de plus en plus vite pour voir qui allait arriver en premier au château.

Un petit jeu enfantin, mais qu'ils semblaient tous les deux apprécier vu leur expressions amusées.

Eduardo prit des devants, avant d'être rapidement rejoint par son ami aux cheveux plus courts. Ils finirent par s'alterner ainsi pendant encore quelques mètres. Désormais, ils arrivaient à apercevoir leur ligne d'arrivée.

Après un dernier sprint, Aurelien monta les quelques escaliers et toucha un des piliers de la porte d'entrée en s'exclamant qu'il avait gagné.

Eduardo le rejoignit quelques secondes après, hors d'haleine. Il prit quelques instants pour respirer un nouveau de manière régulière, et ensuite il redressa la tête en réservant à son ami un faux regard accusateur.

- C'est injuste. Tricheur. - Marmonna-t-il, faussement outré, en croisant les bras contre sa poitrine, tandis que son coéquipier l'enlaçait en riant.

- Qu'est-ce qui est injuste ? Tu t'es attaqué à plus fort et plus grand que toi, Eduardo. Assume la défaite. - Fit ce dernier en le serrant contre lui et en lui tapotant le dos de manière réconfortante.

Le plus jeune se dégagea de l'emprise de son ami avec un faux air vexé. Aurelien le reprit dans ses bras en souriant, comme si il avait à faire à un enfant capricieux.

Cette fois-ci, Eduardo se laissa faire sans opposer résistance, tandis que leurs coéquipiers terminaient leur détour en s'arrêtant près d'eux.

Didier ne fit aucune remarque sur le faite que les deux madrilènes avaient devancé le groupe. Au contraire, il semblait amusé par leur complicité et la rivalité instaurée entre eux durant ce bref instant.

Après le déjeuner, les joueurs étaient libres jusqu'au soir.

Eduardo et Aurelien se séparérent du reste du groupe pour aller dans la salle de détente, où ils commencèrent une partie de babyfoot en compagnie de Dayot et Moussa qui jouaient à FIFA dans la même pièce, en s'échangeant un baiser de temps à autre.

Il n'y avait aucun bruit, à part le son des boutons des manettes que tenaient les deux français assis sur le canapé en face de leur écran.

- Eduardo ? - Demanda soudainement Aurelien, alors que la petite balle rebondissait au contact avec un des joueurs en plastique de l'équipe du plus jeune.

Ce dernier redressa la tête en lui lançant un regard interrogateur.

- Par rapport à avant, lorsque j'ai parlé de ma titularisation au Réal Madrid. Je t'ai vexé ? - Enchaîna le plus âgé, tandis que la petite balle continuait à rouler sur le terrain en miniature.

- Non, bien sûr que non. - Répondit le milieu de terrain aux cheveux attachés. - Je pense que notre amitié passe au dessus de tout ça, tu sais.

Il marqua une pause sous le regard attentif d'Aurelien. Il était convaincu que ce dernier savait parfaitement que leur relation était bien au dessus de ça.

- Même si il y a cette " rivalité ". - Reprit-il en imitant des guillemets avec ses doigts. - Je ne t'en voudrais jamais car tu es mon a-

- BUT ! - S'exclama Moussa en interrompant la phrase d'Eduardo. L'attaquant se redressa et entama une danse célébrative sous le regard sceptique de Dayot.

- Désolé, je ne voulais pas interrompre votre moment de réconciliation, selon ce que j'ai compris. - Fit Diaby en direction des deux madrilènes, avant de reprendre place sur le canapé près de son copain.

Les deux milieux de terrain s'échangèrent un regard amusé.

- Vous devriez continuer votre discussion quelque autre part, si vous ne voulez pas que Moussa aille balancer vos secrets. - Ajouta Dayot, en tournant la tête en direction de son bien aimé.

- Ce n'était rien d'intime. - Le reprit rapidement Eduardo. - Je veux dire, c'est pas nouveau. Depuis qu'Aurelien est arrivé à Madrid ils parlent de ça.

Le numéro huit de l'Équipe de France hocha la tête d'un air indéchiffrable.

- J'avoue que je voulais parier sur lequel aurait laissé le Réal en premier, mais au final vous arrivez à trouver une manière de jouer les deux en même temps. - Commenta Moussa, en tournant la tête vers les deux madrilènes.

Ceux-ci s'échangèrent un énième regard. Même si les paroles de Diaby n'avaient pas le but d'être blessantes, cela les avait portes à réfléchir.

- Tu pouvais faire mieux, en matière de tacte. - Remarqua Dayot, en toisant son copain d'un œil amusé. Ce dernier cligna les yeux, d'un air désolé.

- Je ne voulais pas être brusque. - S'excusa sincèrement l'attaquant. - Ce serait triste de ne plus vous voir jouer dans le même club. Vous êtes Eduardo et Aurelien. Un duo symbolique, un peu comme moi et Dayot. Juste que nous on partage le même lit. Et que notre duo est imbattable.

Eduardo souria, amusé.

- Ne t'inquiète pas. Par contre, sur l'affaire des duos je pense qu'on est capables de vous battre., même si on couche pas ensemble. - Ajouta Aurelien, en lâchant le babyfoot pour croiser les bras d'un air de défi.

- On parie ? Une partie à FIFA pour nous départager. - Proposa Dayot, en soutenant avec amusement le regard du madrilène.

- Je vais chercher deux autres manettes pour moi et Aurel' ! - Fit Eduardo en se levant pour sortir rapidement de la pièce.

À son retour, les quatre joueurs commencèrent une partie à deux contre deux pour se départager de manière équilibrée, tous les quatres installés sur le grand canapé.

Au plus grand désarroi d'Aurelien qui pointait tout sur la victoire du Tchouamavinga, le Diabecano remporta le match avec très peu d'écart.

- Fc Diabecano imbattable. - Fanfaronna Moussa en entamant une deuxième danse très similaire à celle qu'il avait fait lors du but contre celui qui était devenu son binôme lors de ce match.

L'attaquant alla ensuite s'asseoir sur les jenoux de son copain, qui l'enlaça en l'embrassant amoureusement.

- Trouvez-vous une chambre pour vos échanges de salive, les gars ! Vous êtes en train de traumatiser Eduardo.- Protesta Aurelien en couvrant les yeux du plus jeune madrilène, qui ôta rapidement les mains de son ami.

- Aurel, j'ai vingt ans, pas douze. - Répondit le milieu de terrain aux cheveux attachés, en laissant reposer sa tête sur le torse du plus âgé. - Et puis leur couple est tellement chou !

- Arrête, tu es juste jaloux d'être célibataire, Tchoutchou. - Plaisanta Dayot, en serrant son bien aimé contre lui. - Tu n'as qu'à te mettre en couple avec Eduardo ! Je suis sûr que vous irez très bien ensemble.

Les deux madrilènes s'échangèrent un regard indéchiffrable, en silence. Eduardo ne répondit pas, et Aurelien s'empressa de briser le silence.

- Impossible, je suis catégoriquement hétérosexuel. Et puis Eduardo est mon meilleur ami. - Se justifia-t-il, en caressant doucement la joue du plus jeune, geste qui sembla démentir ce qu'il venait de dire.

Le plus jeune se laissa faire, les yeux rivés sur leurs deux amis. Il essaya de dire qu'il aimait lui aussi les femmes, mais Moussa le devança.

- Friends with benefits, tu connais ? Et puis c'est impossible d'être hétéro dans un club comme le Réal Madrid ! Pareil que le PSG. - Fit l'attaquant, taquin. Les deux madrilènes le regardèrent d'un air confus.

- Chez les parisiens il y avait Cavani et Di Maria, et maintenant il y a Verratti et Messi, Kylian que l'on suspecte d'avoir une relation avec Hakimi... - S'expliqua-t-il, en gesticulant avec ses mains.

- Et chez vous il y avait Ronaldo et Marcelo, Modrić et Ramos... vous devez maintenant introduire un nouveau couple à Madrid ! - Conclut Dayot, en souriant.

Eduardo se mit à bégayer, tandis qu'Aurelien secouait frénétiquement la tête en murmurant que cela était impossible.

- Bon, j'ai essayé de faire Cupidon, mais vous êtes trop têtus. - Marmonna Moussa, en croisant ses bras sur sa poitrine. - Allez jouer aux hétéros, viriles et tout. Moi j'ai mon Dayotte.

Ce dernier déposa un baiser sur le cou de son bien aimé.

Eduardo resta en silence. Depuis qu'ils s'étaient rassemblés une nouvelle fois à Clairefontaine, les blagues et les commentaires sur sa relation avec Aurelien se faisaient de plus en plus fréquentes et insistantes.

Cela ne faisait qu'augmenter son insécurité. Il enviait son coéquipier madrilène, qui semblait si sûr de lui.

Parler de ça avec le plus âgé l'aurait sans doute aidé. Mais il n'avait pas envie qu'Aurelien sache qu'il était si confus.

Autant laisser le temps s'occuper de tout.

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