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Je m'attendais à tout, sauf à ce qu'elle soit aussi déterminée à l'idée de compléter cette liste avec moi.
Mon choc est tel que je la regarde avec des yeux exorbités, prêts à sortir de leurs orbites.
Je me force à reprendre mes esprits, bien que je sois un peu déphasé. Il faut dire qu'elle m'a sacrément pris au dépourvu. Je pensais me faire des films quand l'idée qu'elle puisse tenir à moi autant que je tenais à elle m'effleurait, mais maintenant, tout est clair.

Elle ne choisit pas de tirer un trait sur moi, mais au contraire, elle souhaite partager ma vie pendant le peu de temps qu'il me reste. C'est une révélation qui ébranle mes certitudes, mais qui remplit également mon cœur d'une joie indescriptible. Je ne regrette aucunement d'avoir abordé ce sujet.

– Est-ce que tu es sérieuse... ? Tu ne vas pas...

– T'abandonner ? Certainement pas...

Avant même que je puisse en dire davantage, elle dissipe tous mes doutes, d'une simple phrase.

Elle a un regard à la fois désireux et amoureux sur moi, un regard que je ne lui connaissais pas. Sa tristesse et ses peurs semblent s'être éclipsées, comme pour pouvoir savourer chaque instant pleinement.

Elle se cale dans mes bras, cette proximité me permet de sentir nos cœurs battre à l'unisson. Chaque battement se synchronise parfaitement, à un tel point que j'ai l'impression de n'en entendre qu'un seul.
Son corps est encore fébrile de par la brutalité de ma révélation, mais sa respiration semble s'apaiser, comme si pendant un instant elle avait eu la tête sous l'eau et que le fait de la prendre dans mes bras lui avait permis de reprendre son air.

– Merci d'avoir trouvé le courage de m'en parler...

Me susurre-t-elle à l'oreille.

– Quand on aime quelqu'un, on ne lui cache rien...

– Et je t'aimerais jusqu'à ce que ton cœur cesse de battre, peut-être même après...

L'inquiétude qui étreignait mon âme me quitte pour laisser place à une sensation de chaleur qui m'enveloppe.

Mon cœur bat furieusement fort, est-ce l'effet que procure la tendresse et l'empathie d'une autre personne à notre égard ? Ou est-ce juste parce que chaque partie de moi aime Astrée à en mourir ?

– Jusqu'à ce que cette foutue tumeur au cerveau gagne contre moi.

– Bat-toi, tant que tu le pourras, je t'en supplie...

– J'vais m'accrocher... Il nous reste encore un peu de temps avant que je ne rejoigne les étoiles, alors ne perdons pas une seule seconde...

Mes yeux viennent se poser sur ses lèvres, et nos visages se rapprochent comme deux aimants qui s'apprêtent à fusionner l'un avec l'autre.

– Côme... Ne me fait pas attendre plus longtemps...

Le monde autour de nous s'estompe, ne laissant que nos deux corps et cette tension électrique qui nous entoure. Je peux voir le désir brûlant dans ses yeux, prêt à exploser à chaque instant.
Nos lèvres se frôlent de près, peut-être trop près. Si près que résister à la pulsion de les embrasser me torture.

Mes bras s'enroulent autour de son corps, tandis que l'envie de me laisser aller à un baiser passionné avec celle qui fait hurler mon cœur grandit dangereusement en moi. Nos souffles s'entremêlent dans une danse sensuelle. Je peux sentir sa respiration s'accélérer, tout comme la mienne. Mon cœur bat de plus en plus fort, résonnant dans mes oreilles et dans mon bas ventre qui en devient moite.

Mes lèvres se glissent enfin contre les siennes, son souffle pénètre ma bouche et nos yeux se ferment respectivement pour nous immerger dans cet instant en dehors du temps.
Un frisson parcourt le long de mon corps, faisant naître une multitude de papillons dans mon ventre. Leurs ailes délicates caressent chaque parcelle de mon être, éveillant en moi des sensations que je n'avais jamais ressenties auparavant. Des sensations que je découvre peu à peu et que je meurs d'envie d'explorer. La passion est encore un mystère pour nous deux, elle ne sera que plus forte et agréable grâce à notre inexpérience.

Chaque mouvement est empreint d'une intensité indescriptible, faisant monter en moi une vague de désir irrésistible.

Ma langue s'immisce délicatement dans ce baiser, étreignant les lèvres d'Astrée durant plusieurs secondes.

Nos lèvres s'éloignent doucement, puis j'ouvre les yeux et nos regards respectifs se croisent, ce qui m'arrache un sourire.

— ... Je n'embrasse pas trop mal ?

Me demande-t-elle dans un rire nerveux.

– T'es parfaite.

– Arrête, j'ai envie de recommencer à cause de toi...

– Ne te fais pas prier, embrasse-moi.

                               Astrée
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Mon cœur s'emballe alors que mes lèvres se perdent contre les siennes.
Ce baiser, c'est mon premier vrai baiser et je pense que c'était le premier pour lui également. Même si, à sa manière de faire, on croirait qu'il a embrassé toute sa vie. C'est tellement bon, sensuel et doux à la fois.

J'en aurait presque oubliée sa maladie qui l'arrachera à moi d'ici quelque temps.

Pourquoi faut-il toujours que les meilleurs partent en premier ?

– Je t'aime...

Murmure-t-il contre mes lèvres, à bout de souffle.

Je mordille doucettement sa lèvre inférieure et fait glisser ma main jusqu'à sa joue.

– Je t'ai toujours aimé, et je continue de t'aimer encore aujourd'hui...


Je lui adresse un sourire sincère en caressant sa joue. Plus les minutes passent et plus mes sentiments envers lui prennent de la place en moi, c'est comme si seul son amour pouvait me maintenir en vie. Comme s'il était devenu mon centre de gravité, mon oxygène, tout.
Il me fait connaître ce qu'est le véritable amour, celui qui ne connaît que des virgules, mais jamais de points.

Je me rends compte maintenant que le monde que je préfère est celui dans ses bras.

– Qu'est-ce qu'on est censé faire maintenant...?

Je demande, en bégayant quelque peu.
Il regarde le ciel un instant, perdu dans ses songes.

– T'as jamais voulu apprendre à jouer de la guitare électrique ?

La spontanéité de sa question m'étonne, il ne manque jamais de me surprendre.

– Ça fait partie de ta liste ?

– Je veux absolument apprendre à jouer d'un instrument avant de mourir, ça sera plus fun d'apprendre à deux, tu crois pas ?

– C'est une excellente idée, Côme !

Je sens la chaleur de sa main dans la mienne, un contact rassurant qui me met immédiatement à l'aise.
Je le suis sans poser de questions, laissant l'adrénaline me guider. Nous marchons dans une rue animée, remplie de boutiques colorées et de passants pressés. Puis, soudain, il tourne à gauche et nous voilà devant un magasin d'instruments de musique. Mes yeux s'illuminent et un sourire éclate sur mon visage.

La variété d'instruments exposés et proposés à la vente m'impressionne. Je suis éblouie par la beauté de ces derniers.
De magnifiques pianos brillants et imposants, ils m'inspirent l'élégance, la prestance.
Des guitares toutes aussi belles et différentes les unes que les autres, en choisir une seule n'est pas un choix facile.
Côme me lance un sourire complice alors que je m'émerveille du contenu du petit bijoux qu'est cette boutique. Tous mes sens sont en éveil, cet endroit est chargé d'odeurs et de mélodies différentes.

Côme me guide vers les guitares, plus particulièrement les guitares électriques.
Chacun de nous est attiré par un modèle en particulier. Elles sont bien différentes, mais correspondent merveilleusement bien à nos deux personnalités.

Côme prend dans ses mains l'instrument qui a trouvé grâce à ses yeux. La guitare électrique qui se présente à nos yeux est une véritable œuvre d'art, un chef-d'œuvre de l'artisanat musical. Elle se dresse avec une élégance indéniable, sa silhouette svelte et gracieuse évoquant une danseuse étoile en plein ballet.

Le corps de la guitare est blanc, décoré d'un côté par des milliers de paillettes grises, semblables à des petites étoiles.
Le manche de cette guitare est orné d'un sublime motif fluorescent représentant une tige de fleurs, brillant d'un bleu similaire à celui des yeux de celui qui tient ce même manche.
Chaque courbe et contour sont méticuleusement sculptés pour créer une forme qui est à la fois esthétiquement plaisante et fonctionnelle.
Chaque nuance de son, chaque vibration, chaque note doivent sonner comme une bénédiction avec cette guitare. Une délectation pour l'ouïe et pour l'âme.

Pour ma part, c'est une guitare bien différente qui retient mon attention.
Une guitare électrique à la forme d'un papillon, une forme qui m'inspire tout ce que j'aime : la nature, la pureté et la délicatesse.
Sa transparence laisse paraître le monde à travers elle, comme un miroir.
Les reflets du soleil se posent sur les courbes de cet instrument bellissime  qui remplit mes yeux d'admiration et ma tête de rêves.
Le manche de cette guitare m'appelle, il appelle mes doigts à le parcourir. Cette guitare n'est pas simplement un instrument, c'est une extension de mon être, une part de mon âme qui résonne à travers chaque accord.
Cette guitare semble avoir une âme, et à travers elle, c'est comme si je pouvais exprimer la mienne

– Choisir son instrument, c'est un peu comme choisir son âme sœur musicale.

Une voix féminine me fait tourner la tête subitement. Une femme d'environ une trentaine d'années et au look assez rock se tient derrière Côme et moi.

Sa voix rauque résonne dans l'atmosphère chargée d'électricité, portant des paroles empreintes de sagesse et de révolte.

Ses cheveux d'ébène tombent en cascade sauvage autour de son visage, encadrant des yeux ourlés de noir intense qui semblent capables de percer les âmes de ceux qui les croisent. Une lueur de défi brille dans son regard, reflétant sa confiance inébranlable et sa détermination farouche.

Vêtue de cuir et de dentelle, elle incarne l'esprit rebelle du rock'n'roll. Un corset sombre serre sa taille, mettant en valeur sa silhouette svelte et athlétique, tandis qu'une jupe en cuir épouse ses hanches avec une élégance provocante. Des bottes de motard montent jusqu'à mi-mollet, soulignant sa démarche assurée et confiante. Des accessoires en argent et en métal ornent ses bras et son cou, ajoutant une touche de mystère à sa prestance magnétique.

Son visage est une toile vivante, arborant des tatouages artistiquement dessinés qui racontent des histoires de passion et de rébellion. Ses lèvres ourlées d'un rouge sombre semblent murmurer des secrets tandis qu'elle sourit avec une assurance insolente. Un piercing discret orne son nez, ajoutant une touche de provocation à son allure déjà captivante.

La détermination et l'assurance dans sa posture me laissent comprendre qu'elle ne s'y connaît que trop bien au sujet de la musique et des instruments.

– Bonjour, Maria !

Côme semble connaître cette femme.

– Salut mon grand ! Je vois que toi et ton amie avaient jeté votre dévolu sur mes nouvelles arrivantes ! Ces guitares sont époustouflantes, n'est-ce pas ?

– À vrai dire, moi et Astrée adorerions pouvoir maîtriser cet instrument.

– En tant que bonne amie de ta mère, je ne peux que te dire la chose suivante : prenez ces guitares. Je vous les offres.


Je regarde la gérante de la boutique avec les yeux grands écarquillés alors que Côme saisit les deux guitares après avoir chaleureusement remercié Maria d'une tendre accolade.

– Merci infiniment, Maria !

Affirme Côme, d'une voix enjouée.
Je me demande comment il arrive à être si heureux tout le temps avec sa condition, il m'impressionne.

– Oui, merci beaucoup ! Il ne nous reste plus qu'à apprendre à en jouer.

Le coin de mes lèvres s'incurve pour afficher un sourire radieux.

La brune fixe nos guitares en réfléchissant d'un air méditatif.

– Venez avec moi, les enfants.

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