ੈ✩‧₊˚𝐏𝐫𝐨𝐥𝐨𝐠𝐮𝐞ੈ✩‧₊˚
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« Je t'aime parce que tout l'univers a conspiré à me faire arriver jusqu'à toi. »
Paulo Coelho
Astrée
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Nous sommes un soir de janvier, où une fois de plus, je suis seule chez moi, dans cette petite maison de campagne.
Il fait froid ce soir de janvier, mais cela ne m'empêche pas de sortir et d'admirer les étoiles. Je suis une jeune fille fascinée par l'univers et par tout ce qu'il renferme. Chaque soir, je viens ici, dans mon coin préféré du jardin, pour contempler la beauté infinie qui scintille au-dessus de moi.
D'ici, je vois si bien les étoiles que j'ai presque l'impression de pouvoir les toucher.
Mes mains sont glacées jusqu'à l'ongle, si ma mère était encore là, elle me hurlerais de filer mettre des gants, comme elle le faisait à chaque fois de son vivant.
Qui sait, peut-être me regarde-t-elle, peut-être fait-elle partie de ces étoiles qui illuminent mes yeux chaque soir ?
Je m'allonge sur l'herbe gelée, levant les yeux vers le ciel dégagé. Ce soir, les étoiles scintillent fortement, elles semblent me murmurer des secrets, des histoires anciennes que seules elles connaissent.
Comme à chaque fois, mon regard se perd dans l'immensité de l'univers, le ciel est si beau qu'il m'absorbe complètement.
L'air se refroidit de plus en plus, mon nez rougit et mes doigts s'engourdissent à un tel point que je n'arrive même plus à les bouger.
Malgré le froid qui me transperce comme une lame, je ne bouge pas d'un pouce, bien trop captivée par toutes les nuances que ce ciel arbore, ainsi que par toutes ces étoiles dont la lueur éclaire mon cœur.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adorée tout ce qui se rapproche de près ou de loin à l'espace : les astres, les planètes, les étoiles, la Voie lactée, les galaxies...
Ma mère avait cette passion, je la soupçonne de me l'avoir transmise indirectement.
Avant son décès, elle me répétait souvent une chose : Astrée, ma fille adorée de toutes les galaxies, puisse le jour où tu rencontreras un homme dont les yeux reflèteront l'univers arriver aussi vite qu'une étoile filante qui traverse l'immensité du ciel.
Cette phrase résonne encore en moi, malgré que trois années se soient écoulées depuis la dernière fois que j'ai eu le bonheur de l'entendre.
Je pensais que trouver un homme avec un tel regard était impossible. Enfin, ça, c'était avant que je rencontre le fils unique d'un astronaute que j'admire énormément.
Lui et moi étions dans le même lycée. Si mes souvenirs sont bons, il a un an de moins que moi, mais a toujours été plus grand en terme de taille et mature de corps et de visage.
Ses yeux m'envoûtaient à chaque fois que j'avais le bonheur de croiser son regard, ses yeux bleus qui me rappelaient les teintes de la nuit et de la galaxie. Le tout contrasté par une peau couleur pêche et de très sombres cheveux. J'en étais folle amoureuse, mais malheureusement, étant plus âgée, j'ai quittée le lycée la première et ne l'ai plus revu.
– Côme...
Oui, Côme....
C'était son prénom. Un prénom que l'on n'oublie pas, car il vient du grec « kosmos », qui signifie « Univers ».
– Mon cœur, autrefois lié au tien par les étoiles, erre maintenant dans l'obscurité de l'espace, cherchant désespérément la lumière de ta présence perdue.
Je soupire en regardant toujours les étoiles qui brillent de mille feux.
C'est étrange, comme je ressens cette sensation horrible depuis que je ne le vois plus tous les jours. Nous nous entendions si bien, j'avais même l'impression de lui plaire autant qu'il me plaisait. Mais d'après ce que j'ai entendu dire, il aurait déménagé après les vacances d'été, et je ne sais malheureusement pas où.
Peu importe où je me trouve ou avec qui, c'est comme si quelque chose d'essentiel m'avait été arraché, laissant une cicatrice invisible mais douloureuse.
Le sentiment de manque. Il persiste, s'accrochant à moi comme une ombre indélébile.
Côme me manque, ma mère me manque, et même mon père me manque alors que ce dernier est toujours auprès de moi, mais depuis la mort de maman, c'est comme si une partie de son âme lui avait été retirée.
Maman... Et me voilà peinée à nouveau...
La tristesse s'est faufilée en nous deux, tel un serpent venimeux qui refuse de quitter notre être tant que nous respirons encore.
Pourtant, les gestes de réconfort et les paroles d'encouragement n'ont pas manqué, mais tout cela me semblait et me semble toujours creux, insuffisant.
Le seul qui m'apporta des paroles me réchauffant un peu le cœur, ce fut Côme, la toute dernière fois que je l'ai vu.
Il prononça, avec toute l'empathie et la douceur du monde, ces quelques mots que j'ai gravée dans ma mémoire : "Chaque étoile qui brille dans le ciel est un doux souvenir de ta maman, veillant sur toi depuis les confins de l'espace. Son amour est infini, tout comme l'immensité de l'Univers. Puisses-tu trouver réconfort en sachant qu'elle est toujours présente dans les étoiles, illuminant ton chemin dans les moments sombres."
J'y repense souvent, et ça me fait sourire bêtement.
Me sortant de mes rêvasseries, le bruit de moteur rugissant de la voiture de mon père éclate bruyamment, déchirant le calme de la nuit et mes oreilles par la même occasion. Il rentre toujours très tard dans la nuit, il travaille beaucoup et c'est bien ce que je lui reproche.
Je m'efforce de me lever et passe une main dans mes cheveux colorés en rose afin de les recoiffer légèrement. Puis je me précipite vers la porte d'entrée en bois, avant de m'engouffrer dans notre petite maison.
Si mon père me voit encore dehors observer les étoiles tard dans la nuit, je vais avoir droit à un sermon interminable. J'ai beau avoir vingt ans, il trouve toujours nécessaire de me traiter comme une enfant pendant le peu de temps où l'on se croise dans la journée.
Mes pas résonnent dans la maison vide alors que je monte les marches, comme si c'était le moment d'être bruyante.
Je m'enferme rapidement dans ma chambre, où la lueur pâle de la lune filtre à travers ma fenêtre.
Je souris en voyant ce merveilleux spectacle et me glisse sous la couette, afin de me réchauffer.
Côme
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Accoudé à ma fenêtre, j'observe les ombres de la nuit qui semble danser, c'est sûrement un effet de lumière, ou l'effet de mon affreux manque de sommeil.
Depuis le diagnostic de mon glioblastome, plus communément appelé tumeur au cerveau, trouver le sommeil m'est devenu bien trop difficile, une véritable torture en réalité.
Dormir, alors que tu ne sais pas dans quel état tu seras le lendemain, ni même si tu vas te réveiller.
C'est comme avoir une épée Damoclès au-dessus de la tête, en permanence.
Je ne devrais pas me plaindre, après tout, j'ai fait le choix de ne pas faire de chimiothérapie. Je ne veux pas lutter contre l'inévitable, je veux vivre tant que je suis encore en possession de mon corps et de mon esprit, puis, quand je sentirai que ça n'ira plus, je mettrai un terme à ma souffrance moi-même.
De toute façon, dans la plupart des cas, et ce, même avec un traitement, le pronostic reste le même : le décès inéluctable du patient.
Bien heureusement, je suis encore capable de marcher, de parler, de faire les choses par moi-même... Ça ne durera peut-être pas.
On m'a donné entre 15 à 17 mois de vie, et 13 mois avant que la maladie n'empiète trop sur ma vie. Alors, je vivrais 13 mois.
Ma mère ouvre lentement la porte de ma chambre, avec les joues encore humides de larme et les yeux rouges comme le sang. Elle a encore dû pleurer mon état...
– Mon fils, je suis remplie de tristesse et d'inquiétude en te voyant si peu dormir. Je te supplie de prendre un peu de repos, car ta santé et ton bien-être en dépendent....
Me dit-elle, d'une voix désespérée.
– Maman, tu sais bien que peu importe combien d'heures je dormirais, je partirai quand même.
– Essaye de reposer ton corps, à défaut de faire la chimiothérapie... Au fait, as-tu pris ton traitement du soir ?
Je la vois fermer ses yeux, elle les ferme fort pour empêcher les larmes de couler à nouveau. Elle veut se montrer forte devant moi.
– J'aurais tout le temps de me reposer, quand je serai là-haut. Et ne t'inquiète pas, je n'oublie jamais le traitement.
– Bien... Bonne nuit, Mon Trésor...
– Bonne nuit, Maman...
Elle s'éclipse et referme la porte doucement, me laissant à nouveau dans l'obscurité de ma chambre.
Mon père, un astronaute très apprécié en Angleterre, est parti en vaisseau depuis plusieurs mois, partit sur la lune.
À son retour, ma mère et moi aurons la lourde tâche de lui annoncer ma maladie dont il n'a pas encore connaissance, le diagnostic étant récent. Cela s'annonce tout sauf gai.
La mort peut sembler inévitable, mais je refuse de laisser sa présence éclipser ma capacité à trouver la beauté et la joie dans le monde qui m'entoure. Je choisi de vivre, même dans l'ombre de la mort, et de laisser mon empreinte sur ce monde, aussi petite soit-elle.
En observant les étoiles, une idée me vient, une idée qui éclaire une petite lueur dans mon cœur qui se laissait jusqu'à présent plonger dans l'ombre.
Et si je faisais une liste ? Une liste de toutes les choses que je veux faire avant de rejoindre les étoiles à mon tour.
J'y passerai la nuit, ou des jours, voire des semaines ou des mois s'il le faut, mais je veux écrire cette liste et compléter chaque chose que j'écrirai dessus.
Déterminé à aller au bout de mon idée, je saisis une feuille de papier posée sur mon bureau noir et un stylo bleu qui reposait sur mon étagère murale.
Je pose la mine du stylo sur le papier et réfléchis un court instant.
Je sais exactement la première chose que je dois noter.
Retrouver Astrée.
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