Xavier Crimson

Une semaine avant Yule. L'avant-dernier classement n'est pas sorti ce matin à l'aube comme toutes les autres fois. Morelli a attendu la fin de mon conseil disciplinaire pour envoyer ses sbires afficher la liste sur le panneau. 

Je quitte la salle du conseil, la tête haute. Bien sûr, il a fallu que la rumeur de ma convocation se répande le jour même, et tous les étudiants de la Starborn Academy ont passé le reste de la semaine à me détailler, à chercher des traces de ma chute, y compris durant le samedi et le dimanche où des ombres m'ont suivi à Orkney, désireuses de me voir m'effondrer, pourquoi pas pleurer dans une cabine avec ma mère au téléphone. Quoi que ce soit qui démontre la fin du règne de Xavier Crimson. Je leur ris au nez.

En fait, je jubile à leur visage en traversant les couloirs parfaitement rassuré, avec toute l'arrogance de ma famille. J'en bouscule certains. Quelques-uns ricanent en me voyant, mais déchantent très vite lorsque des flammes crépitent sur leur derrière et qu'ils commencent à courir dans tous les sens pour y échapper. Je fonce vers le hall sans m'attarder sur leur dédain et leur orgueil. De toute façon, je me souviendrai de chaque gloussement, de chaque chuchotement à mon passage et qu'ils s'amusent à se gausser de mon cas, puisque, dès demain, je ferai payer son audace à celui qui osera me défier en face.

J'arrive dans le hall où des étudiants se dispersent avec des messes basses. Je comprends qu'ils parlent de moi sans les entendre, grâce à leurs regards fuyants en croisant le mien, dur et déterminé. Je ralentis et ne peux m'empêcher d'afficher un rictus sadique sur mes lèvres à la vue d'une Rosie tremblante devant le tableau. Ses deux acolytes sont là, flanqués à ses côtés. Ni Skinner, ni Dupree ne me remarquent, alors que je me plante derrière eux pour observer la liste à mon tour. J'ignore qui trône à la première place ; en revanche, je sais que je fais toujours partie des dix du haut.

1 - Draigh Skinner

2 - Evelyn Dupree

3 - Azura Wood

4 - Conrad Lovelace

5 - Vivianne Jones

6 - Misty Latimer

7 - Ignis Zayne

8 - Rosalind Crowe

9 - Derrick Le Torneau

10 - Xavier Crimson

Mon sourire le plus méprisant s'étire jusqu'à mon oreille. Trois zéros, mais aucun avertissement, aucune sanction, tout est pardonné, tout est excusé, tout est oublié. Voilà la décision du conseil disciplinaire. Sauf que ce n'est pas réciproque de mon côté. Je ne parviens pas à dépasser l'humiliation subie jour après jour depuis une semaine exactement, alors que tous ces crétins se moquent d'un Crimson, alors que la directrice a failli me décrocher la tête après que mon père l'ait appelée et menacée. Je me souviens encore avec une netteté douloureuse de mon angoisse pour Rosie, de mon besoin de la protéger, de la soigner, de prendre soin d'elle...et elle m'a remercié en me plongeant dans une inconscience prolongée et vicieuse. 

— C'est scandaleux ! s'exclame-t-elle, folle de rage. Il devrait se retrouver au moins dans la trentaine. Trois zéros ! Trois zéros et il s'en sort ! N'importe quoi ! 

— Tu crois que Misty s'est prononcée en sa faveur ? En tout cas, elle n'a pas pris la chute à sa place. Peut-être qu'elle a supplié sa mère de fermer les yeux, marmonne Evelyn.

— Sa fille n'a pas autant d'emprise sur la directrice que vous ne le pensez, crache Skinner. Mais, je connais un homme qui ferait plier le plus fort des esprits à sa volonté. Vincent Crimson m'a toujours effrayé. Je suis sûr qu'il a contacté Morelli le soir de l'incident.

Skinner s'interrompt et semble verdir. Il s'accroche au bras de Rosie, l'air horrifié.

— J'espère que son ordure de fils ne t'a pas dénoncé, sinon tu es finie, Rosa.

— C'est-à-dire ? pouffe-t-elle. Je ne crains pas un Cavalier de Dragons. Même le plus riche et influent qui soit. Qu'il vienne et tente de m'enlever ma valeur ! 

Or, Skinner secoue la tête avec vigueur comme si elle était complètement folle, et irrationnelle. Rosie n'a pas grandi à Caeddarah. Elle ne saisit pas à quel point la colère de Vincent Crimson peut signifier la fin de son existence. Même Evelyn ne comprend pas bien l'enjeu de mon silence. Au contraire du Sirène qui a rencontré ma famille plusieurs fois lors de réceptions officielles. Mon père est vicieux, revanchard et un sadique né. S'il se penche sur la Sorcière, elle peut se considérer morte ou invisible : l'ennemi de mes parents est l'ennemi du royaume.

Bien entendu, je n'ai absolument rien dit à mon père et je ne compte pas le faire. Jamais. Pour plusieurs raisons. D'abord, remettre la faute sur Rosie ou lui expliquer les agissements de Misty, ainsi que leurs conséquences directes, m'attireraient seulement son aversion pure envers moi. Parce que je me suis laissé emporter dans un conflit qui n'était pas le mien, parce que je n'ai pas su gérer une simple Sorcière furieuse, parce que j'ai baissé ma garde, parce que j'ai permis à quelqu'un d'autre d'influencer le cours de ma vie. Mieux vaut qu'il me croit rebelle ou lassé de mes études, qu'il croit que j'ai volontairement manqué mes tests à cause d'une dispute avec mon amie. J'étais contrarié et je ne voulais pas rejoindre mes classes. C'est tout ce dont il a besoin de savoir... Une autre explication à mon silence se tient juste devant moi, à deux mètres. Je refuse qu'elle soit blessée. Je suis le seul à mener mes batailles, le seul qui me vengera de Rosalind Crowe si je le désire. Personne d'autre ne la touchera à cause d'une rancune entre nous deux.

 — Je ne pense pas que...

Roulant des yeux à la piètre tentative de Skinner de faire prendre conscience à ces filles du danger qui rime avec Crimson, je le pousse sans ménagement pour me retrouver face à face avec Rosie. Elle ne se démonte surtout pas et son air furibond se confirme.

— Sale tricheur, scande-t-elle. Même pas fichu d'assumer ton échec.

— Mon échec ? C'est toi qui m'as neutralisé, Rosie. Le conseil disciplinaire a reconnu qu'il était question d'un incident basique, m'octroyant en toute logique une seconde chance.

— Oh, la ferme, Xavier Crimson ! 

Sa voix résonne dans tout le hall et malgré mon envie de fanfaronner, je serre les poings, à deux doigts de crier moi aussi.

— Sans papa, tu n'aurais pas grand-chose. Je me demande si le conseil disciplinaire aurait été clément avec moi. 

— Nous ne le saurons jamais, puisque je t'ai réveillée, guérie et remise sur pieds. Et toi, en échange, tu m'as assommé. Tu as une dette envers moi, Rosie. Pour te citer, je suis prêt à tout oublier si c'est la dernière fois que ça dérape ainsi entre nous. D'accord ? 

J'adopte mon expression la plus ironique, avec une moue répugnante qu'elle désire clairement gifler. Elle se retient en mordillant l'intérieur de ses joues. 

— J'ai même une meilleure idée. Pourquoi ne te ferais-tu pas pardonner ? Sois une gentille fille et rends-moi un service. Tout sera derrière nous.

Rosie ne réplique rien. Cela ne fait aucun doute qu'elle aspire à me couper la langue et la brûler dans ses flammes noires. Skinner peste dans mon dos et ronchonne :

— Quel genre de service ? Avec le fils Crimson, je m'attends au pire.

Je hausse les épaules avec une innocence feinte.

— Ce service ne coûtera rien du tout à Rosie. Il suffit qu'elle me rende visite durant les fêtes de Yule. Ou plutôt, mieux encore, qu'elle m'accompagne tout au long des festivités. Qu'en dis-tu, Rosie ? Deux courtes semaines avec moi, et ta dette sera totalement effacée.

Là, elle explose d'un rire presque hystérique. Evelyn roule des yeux au plafond et Skinner pouffe amèrement derrière moi. Je me fiche de leurs avis. Je patiente avec docilité que Rosie se tempère et dès que son hilarité sinistre est partie, elle cingle :

— Je préférerais mourir que de vivre une seule minute avec ta famille. Je ne suis pas dupe. Pas besoin d'écouter toutes les histoires sur les Crimson et votre manoir infect pour en déterminer la nature pourrie et corrompue de votre famille.  

Dommage. Car, si elle avait accepté, j'aurais sincèrement tout fait pour qu'elle poursuive son année en toute tranquillité, j'aurais calmé Misty pour elle, et j'aurais abandonné le numéro d'imbécile arrogant avec elle. Car, pendant ces deux semaines, elle aurait en réalité signé pour me servir de bouclier contre mon père. J'aurais eu la paix et j'aurais pu profiter de sa présence pour me détendre. Au lieu de cela, je suis condamné à endurer le courroux de Vincent Crimson. Dieux que je n'ai pas envie de rentrer à la maison. J'aimerais être frappé par la foudre sur-le-champ et éviter ce supplice. De l'aigre dans la bouche, je réponds avec venin :

— Très bien, c'est ton choix, Rosie. Plus qu'une semaine avant Yule. La course aux points n'est pas terminée. Ne relâche pas ton attention, Rosie chérie.

Conrad décide de pénétrer dans le hall à ce moment-là. Rosie n'a pas le temps de rétorquer un commentaire acerbe ; Skinner n'a pas l'occasion de défendre son amie ; et Evelyn n'a pas le loisir de me rabrouer. Toutefois, le Loup ne me laisse pas m'en sortir si facilement. Il s'arrête à quelques mètres de là, jouant des coudes pour éloigner la foule qui s'est amassée autour de nous. J'identifie deux ou trois professeurs parmi eux. 

— À quoi tu joues ?

— La bande au grand complet. Leur compagnie te convient mieux que celle de Misty et moi, je suppose.

— Ils ne prétendent pas être des pourritures pour survivre dans cette académie, c'est tout.

Sa réplique me heurte plus violemment que je ne le voudrais. Je me forge un masque impénétrable et acquiesce tout en mettant le plus de distance entre nous. Ils n'ont aucune idée de ce qui pend au nez de Rosie. À présent, je ne cours plus après mon classement. Mon nom a prouvé qu'il m'était impossible de quitter le haut de la liste. Néanmoins, la Sorcière ne peut pas m'humilier, me traîner dans la boue, littéralement, et me laisser inconscient, sans défense, avec des zéros sans en subir les conséquences. J'ai beau me montrer aimable et courtois avec l'ensemble de ma promotion, j'ai beau avoir mis de côté mon passif de garçon virulent et barbare, j'ai beau tirer un trait sur le fils à son papa, tellement ravi de faire du mal à autrui pour faire plaisir à son père... Cela n'efface pas la rancœur qui gronde dans mon être depuis lundi dernier. Et elle doit payer le prix. Je lui ai tendu une perche. Elle l'a rejetée. Tant pis pour elle.

L'opportunité de me venger se présente à chaque heure de la journée, puisque ce lundi annonce une ultime semaine de tests constants. Je ne me précipite pas et calcule mes chances de réussite dès qu'un nouveau plan se loge dans mon esprit torturé. Je ne nie plus à quel point le vice est ancré en moi. Je ne suis pas le fils de mon père pour rien, tout comme Misty ne peut pas être confondue en l'enfant d'une autre. Je ressemble en tout aspect à Vincent Crimson et elle est le diable de Morelli. 

Plus tard dans l'après-midi, l'instant opportun se dévoile de lui-même. La rousse est séparée de son groupe, dans un groupe où elle ne s'est pas fait d'amis. Un groupe dans lequel je suis. C'est pourquoi elle ne s'empresse pas de gagner la classe des Usages des Plantes. Elle erre dans les couloirs, traînant des pieds, peu résolue à marcher vers la serre. Elle s'arrête une minute aux toilettes et je m'adosse au mur, patient. Elle se lave les mains et quand elle ressort, le sortilège de confusion fuse et la frappe d'un coup. Rosie tombe à la renverse et je la rattrape. Agenouillé au sol, la magnifique et sexy Sorcière entre mes jambes, je soulève une partie de sa jupe et abaisse quelque peu son collant opaque qui atteint le milieu de sa cuisse. Elle grogne dans sa semi-inconscience.

— Ne t'inquiète pas, Rosie chérie, je ne suis pas vil au point d'abuser d'une fille impuissante. 

Mais, je peux écrire sur sa peau. Gravé ma vengeance dans sa chair. J'extirpe mon stylo noir de ma poche et inscris des informations sur les plantes étudiées récemment. Et puis, je l'assois contre le mur en chuchotant plusieurs fois à son oreille qu'elle est fatiguée et qu'elle a fait un malaise. De la sorte, en m'élançant dans les couloirs, Rosie se réveille de sa confusion, convaincue d'être presque tombée dans les pommes à cause de son épuisement. 

Pour le test, la serre accueille de nombreux spécimens en ligne et en échantillon. J'en déduis qu'une plante nous sera attribuée et que nous devrons en dire le plus possible. Parfait. La Sorcière débarque une longue minute après moi et je ne révèle rien, neutre, indifférent à son arrivée. Cependant, le professeur finit par l'interroger et je me racle la gorge de plus en plus bruyamment.

— Avez-vous quelque chose à déclarer, Monsieur Crimson ? Ou seriez-vous malade, par tout hasard ? Ces bruits de gorge sont insupportables !

— À vrai dire, professeur, je souhaiterais en effet vous informer d'une tricherie.

— Ah oui, et laquelle ?

Rosie arque un sourcil, d'un air de me donner le défi de trouver une combine à la hauteur. Pauvre créature qui n'a rien vu venir.

— Rosalind est en train de tricher. Je l'ai surprise tout à l'heure, avec son amie, Evelyn Dupree. 

J'ai remarqué que cette chère Rosie a l'habitude de fixer le sol en réfléchissant et il s'avère qu'un muret sépare le professeur et ses plantes adorées des élèves, soit de quoi cacher une tricherie.

— Regardez sur sa jambe, si vous ne me croyez pas.

Cette fois, Rosie fronce ses sourcils, ne comprenant pas du tout à quoi je joue. Le professeur soupire avec théâtralité, mais s'avance tout de même, penché au-dessus du muret. Au cas où.

— Je suis navré d'exiger cela de vous, Mademoiselle Crowe, mais, pour ôter tout soupçon, pourriez-vous lever votre jupe, je vous prie ? Si vous mentez, Crimson, vous n'échapperez pas à l'avertissement une seconde fois !

Je dresse les mains en l'air, confiant. Rosie soupire elle aussi, mais obtempère. La stupéfaction se peint sur leurs deux visages à l'encre qui dépasse de ses collants. Aussitôt, des rougeurs se propagent sur ses joues, et des bégaiements outrés sont vomis de ses lèvres charnues. Elle est troublée. Prise de court. Tente de se défendre. M'accuse sûrement. Mais, ses paroles deviennent incompréhensibles et le professeur perd son sang-froid.

— Dehors, Mademoiselle Crowe ! Hors de ma serre ! Je n'approuve pas les tricheurs ici. Un mois de détention pour vous, un avertissement et un zéro, cela va de soi.

Elle pleure presque, se jetterait à mon cou, si le professeur n'aboyait pas sur elle et qu'elle n'était pas bouleversée. Rosie rampe hors de la serre. La plupart des regards restent sur moi. Je ne trompe que cet idiot d'amoureux des plantes, si naïf qu'il ne reconnaît pas un serpent quand il en a un devant lui. Je ricane discrètement et invite les autres étudiants à me dénoncer, à voler au secours de la Sorcière s'ils en ont le courage. Bien entendu, aucun n'intervient. Je réponds avec brio aux questions et file vers mon prochain test.

Rosie est déjà assise dans la salle de classe. Langues Anciennes. Elle a pleuré, peut-être même sangloté. Je ne mens pas, sa mine ravissante ravagée par les larmes me procure une violente réaction et je l'enlacerais si je n'étais pas à l'origine de son chagrin. J'ai fait naître sa combativité également, puisque je lis à sa concentration qu'elle cogite sur un moyen de s'innocenter. Elle ne possède pas de plan de repli ou de secours. 

Inutile de la torturer plus que nécessaire. Je veux m'assurer qu'elle a retenu la leçon. Puisque j'excelle dans cette matière, je remplis promptement ma copie et en rédige une autre, où j'y appose le nom de Rosalind Crowe. 

Rosie est bien plus douée que moi dans cette matière, à savoir pourquoi. Cela ne fait pas sens. Elle a vécu dans le monde humain, mais elle aurait appris mieux que moi, un natif avec une éducation en or, les langues anciennes de mon royaume ? Je ne m'attarde pas là-dessus, puisque cela me fournit un avantage. Elle achève son test avant moi et sort au pas de course, comme si elle étouffait dans la salle. Dans la foulée, je me focalise au maximum pour démarrer un feu à l'extérieur de notre salle, sur la terrasse en face de notre fenêtre, et quand Shackelton a le dos tourné, je me précipite vers son bureau. Il me lance un coup d'œil, mais se désintéresse de moi pour vérifier l'évolution du petit incendie. Je subtilise sa feuille à celle où j'ai écrit des fautes grotesques, qu'elle ne commettrait pas en temps normal. Et je pars à mon tour, l'air de rien.

Je ne suis pas choqué de la rencontrer dans le couloir. Elle m'a attendu. Je croise les bras et bombe le torse avec suffisance. La belle rousse me décoche l'expression la plus meurtrière que j'ai vue sur elle – et je l'ai admirée un nombre incalculable de fois. Jamais personne ne l'a mise autant en colère que moi. Furibonde, son pouvoir coule de lui-même des parois de son être, mais je m'y suis préparé et esquive, pare ou contre-attaque. Rosie ne peut que reculer, mais elle ne baisse pas les bras. En plein milieu de cette allée de la Citadelle, des ombres noires frappent des flammes ardentes, tels deux fouets qui claqueraient entre eux. Je prends le dessus, bien que ses efforts soient impressionnants, et je la plaque contre le mur en récitant un sortilège d'immobilité.

— Rosie chérie, tu ne maîtrises pas toutes les subtilités de Caeddarah. Le savoir t'apportera tout si tu sais le manier correctement. À quoi bon retenir par cœur toutes ces potions et tous ces sortilèges si tu ne les utilises pas en duel ? Que cela te serve d'énième leçon pour aujourd'hui.

Elle contracte sa mâchoire si fort que je redoute un instant qu'elle s'en casse les dents. Ses yeux de biche m'exposent l'once de terreur qu'elle essaie de dissimuler derrière son caractère de battante. Je lui inspire donc un minimum de crainte. Je devrais m'en réjouir, m'en féliciter. Mais je ne ressens qu'une vague de dégoût envers moi-même. Le fils de Vincent Crimson, à jamais. Je ne jubile pas longtemps et ajoute :

— Calme-toi, lionne. J'ai annulé ta dette cet après-midi. Ou du moins, je l'ai exploitée à ma convenance, puisque ma proposition initiale t'a tant déçue. Tu n'as plus à te méfier de moi, j'ai accompli tout ce que je voulais accomplir contre toi. 

Je la relâche plus durement que je ne le devais et elle s'effondre par terre, immobilisée par le sortilège. Une poupée de cire. De nouveau, plus je mets de la distance entre nous, plus elle se libère de sa paralysie forcée. Avant que je ne tourne dans un autre couloir, elle prédit :

— Rendez-vous hors des dix premiers, dans ce cas, Xavier Crimson.

Une autre de ses promesses qui me fait froid dans le dos. La dernière fois, je me suis retrouvé dans de la boue, sous la pluie, cloué au sol par sa magie. Qui remportera la prochaine bataille ? Et question plus importante encore : qu'est-ce qu'il m'a pris de prolonger cette guerre entre nous, alors que j'aurais pu proclamer la paix et être enfin avec elle comme je le désire ?

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