Xavier Crimson
J'aperçois enfin la Ford F150 Explorer de Conrad, sa voiture chérie dont il ne cesse de parler depuis son dix-huitième anniversaire. Je ne regrette pas de lui avoir offert le pick-up de ses rêves ; en revanche, il me faut toujours un ou deux verres pour supporter toutes ses anecdotes techniques et mécaniques. En temps normal, je parierais qu'il a passé tout le trajet, d'une quinzaine de minutes, entre l'académie et Orkney à agacer les filles à ce sujet, mais, de toute évidence, il n'a pas pu. Je tapote vivement l'épaule de Misty. Elle se retourne et discerne à son tour la peinture brune métallisée et beige du véhicule que nous connaissons par cœur. Sauf que notre ami ne le conduit pas.
Conrad est assis en tailleur à l'arrière, ses cheveux volant au gré de la légère brise, l'air ronchon, une moue apparente sur les lèvres. La Ford se gare et sortent de la cabine, les uns après les autres, Evelyn Dupree, Draigh Skinner et Rosalind Crowe qui lance la clé à notre ami. Il saute avec souplesse hors de benne. Clairement, il a été obligé de céder sa place de conducteur, sûrement pour faire plaisir aux filles. Je me demande ce que le blond fait là. Je n'apprécie pas particulièrement ce fils à papa des plus irritants, toujours à pleurnicher aux bras de son apothicaire de père et à se plaindre à maman pour obtenir tout ce qu'il veut. Ou suis-je mesquin de le considérer ainsi ? Je me base surtout sur les souvenirs que j'ai de lui enfant. Il faut dire que j'ai passé mon adolescence enfermé au manoir des Crimson, à l'abri de la presse à cause de ma condition pitoyable de sans-ordre.
— Je n'en reviens pas, glousse à Misty quand ils arrivent à notre niveau. Il doit vraiment vous aimer pour autoriser une autre personne que lui à conduire son pick-up.
Bien sûr qu'elle en profite pour aider son plan. D'ailleurs, Misty fixe Evelyn en prononçant ces deux petites phrases et celle-ci rougit par réflexe. Rosie est occupée à observer les alentours et je vois ses yeux s'attarder sur les véhicules garés tout le long de la route. Nous nous situons sur l'avenue principale d'Orkney, où je me suis adossé au mur de notre bar préféré en attendant qu'ils nous rejoignent – dès le premier soir à la Starborn, nous sommes sortis tous les trois en ville et nous avons trouvé cet établissement tranquille, discret, parfait pour se détendre et profiter.
— Tu t'intéresses aux voitures ?
Ma voix fait sursauter Rosie. Elle se détourne des véhicules et croise les bras, nonchalante.
— Non, mais je n'ai pas pu résister à conduire cette voiture-là. Elles ont toutes l'air...
Rosie cherche le mot juste et souffle :
— Anciennes ? Dans le monde humain, ce genre de véhicules date des années cinquante à soixante-dix à peu près. Elles me rendent nostalgique d'un temps que je n'ai même pas vécu.
Et puis, elle me jauge de haut en bas et je hausse un sourcil interrogateur.
— Qu'est-ce qu'il fait ici ? Tu n'as pas précisé que tes deux acolytes seraient là, ce soir.
Evelyn lui envoie un fébrile coup de coude dans les côtes qu'elle ignore avec superbe. Je pouffe et rétorque en pointant Skinner :
— Lui non plus, il n'était pas invité.
Je comprends finalement d'où provient la moue renfrognée de mon ami, lorsqu'il soupire avec un air tragique et murmure à mon oreille, trop fort pour que ce soit un hasard :
— Il s'est incrusté. Un vrai pot de colle. Je n'ai pas eu la motivation nécessaire pour le jeter hors de mon pick-up.
Skinner paraît vexé au possible et bouscule Conrad afin d'entrer dans le bar sans un mot pour nous. Rosie en ricane, et je m'étonne à pivoter dans sa direction pour détailler la forme harmonieuse de son visage souriant et pour écouter le son dur et chaud de son rire. Elle ne décroise pas les bras, se grandit et roule quelque peu des hanches en se frayant un chemin vers la porte à son tour. J'étudie avec un soin sordide les plis de sa robe serrée, toute simple, noire, mais qui moule ses formes de sa poitrine rebondie à ses cuisses sveltes. Les manches bouffies de son manteau marron recouvrent ses bras minces, et je note les épais talons au bout de ses bottines en daim qui lui offrent des centimètres supplémentaires, si bien qu'elle atteint presque ma hauteur.
À son passage, j'inhale un parfum fort. À savoir pourquoi ou comment, je parviens à distinguer les différentes odeurs : de l'orange, du poivron et de la vanille. J'inspire à fond et croise une seconde l'intensité de ses iris ; je ne capte qu'une noirceur profonde, avant de prendre conscience des touches de vert sapin à la lumière du bar. Ni Evelyn, ni elle ne se sont maquillées, hormis une discrète teinte rosée sur la bouche de la blonde et une nuance plus osée, plus rouge tentateur sur les lèvres de Rosie. Lorsqu'elle fait volte-face vers son amie, le temps d'un battement de cœur, son corps frôle le mien. En plus de son eau de toilette, je hume la senteur framboise de son gloss.
Misty intercepte mon regard attentif et pour la forme, j'analyse également Evelyn, bien que l'envie se fasse moins sentir. Elle porte une robe ample ceinturée sous la poitrine, sombre mais fleurie, un style bohème qui lui convient bien, avec sa chevelure sauvage ruisselant sur ses épaules fines. Je perçois la complexité de ses orbes couleur châtaigne, tirant sur un roux foncé, quand elle traverse le trottoir et suit son amie à l'intérieur du bar. Elle dégage une fragrance de violette.
— Tu ne nous avais pas prévenus pour Skinner, gronde Misty. Est-ce qu'il a des vues sur l'une des filles ?
Conrad hoche la tête, avec lassitude.
— Il s'est fait rejeter par les sans-ordre et par les Sirènes. La Sainte Eve a volé à son secours. Je vous jure, cette fille est trop gentille et naïve pour la Starborn.
— Elle sera facile à dévorer, dans ce cas.
La conclusion de Misty nous arrache un frisson qui se partage entre le dégoût et le contentement. Notre amie ne semble pas le remarquer et elle s'enfonce dans la chaleur du bar sans plus de cérémonie.
— Je ne déteste pas, Eve, m'avoue Conrad. Par contre, je déteste l'injustice. Misty est vraiment sans pitié, parfois.
Je pose une main fraternelle sur son épaule et marmonne :
— Nous ne sommes pas forcés de les faire virer de l'académie. Il suffit simplement de les pousser en dessous de dix. Elles pourront tout de même obtenir leur diplôme. Dans l'immédiat, il faut s'assurer qu'elles laissent les trois premières places libres.
Je sais qu'il croule sous le même cheminement de pensées que moi. Nous imaginons les festivités de Yule, nos premières vacances de toute cette année, avec nos familles furibondes à la perspective de notre échec. Tant que je demeure premier, et qu'ils stagnent aux deux places suivantes, je ne vois pas en quoi ces filles nous poseraient problème. Néanmoins, je saisis parfaitement l'angoisse de Misty. Un malheur peut advenir si vite. Crowe et Dupree sont déjà montées plus haut. Elles pourraient recommencer au mauvais moment et nous condamner à endurer la fureur de nos parents durant deux interminables semaines de reproches et de réprimandes. Or, si elles sont propulsées hors de la tête du classement, elles ne pourront pas y revenir et ne constitueront plus de menace directe.
— Tu connais Misty, soupiré-je. Elle exagère constamment. Je suis sûr qu'elle ne leur souhaite pas réellement du mal. Contentons-nous de nous rapprocher d'elles, pour ce soir, et de les expulser hors des dix premières places. C'est tout.
— C'est tout.
Le murmure de Conrad sonne comme une promesse. Misty n'a expérimenté que la pression toute sa vie. En société. À la maison. À ses écoles privées. Elle a dû se montrer parfaite et plus encore, endossant des responsabilités scolaires que nous ne comprendrons jamais. Elle était destinée à bouleverser tous les records de la Starborn Academy. Si je n'étais pas son ami de longue date, elle aurait déjà enchaîné les coups bas pour m'éliminer de sa trajectoire. Je me demande si elle ne compte pas le faire, plus tard dans l'année. Sa mère insistera pour qu'elle termine première. Décevrai-je mon père si je finis à la deuxième place ? Probablement. Mais, est-ce que je ne pourrais pas faire cette ridicule concession pour mon amie ? Probablement. Je verrai. J'aviserai.
Nous entrons dans le bar. Ma magie se nourrit instantanément des nombreuses flammes qui dansent ci et là, dans la cheminée centrale, sur les mèches des bougies, dans les lanternes pendues entre chaque étagère de livres anciens. Les arômes de manuscrit, de cuir, de boissons chaudes et d'alcool se mélangent tous en un équilibre confortable. Draigh commande pour les filles et lui. Je m'assois à côté de Misty, dans le coin tout au fond de la salle, là où des fauteuils en velours rouge nous accueillent autour d'une minuscule table en vieux bois. Rosie à ma gauche. Elle ne m'adresse pas une œillade. Un serveur nous apporte trois cafés, se souvenant à présent de notre routine que nous avons adopté un mois auparavant. Dans une heure environ, il nous amènera du bourbon. Skinner revient avec un mince plateau de thés fumants. Rosie toise étrangement sa tasse et maugrée en jetant un coup d'œil à sa montre :
— Il est déjà vingt-et-une heures. Vous ne buvez pas à Caeddarah ? Y a-t-il une limitation d'âge pour la consommation d'alcool pour les étudiants dont je ne suis pas au courant ?
— Ne t'inquiète pas. Tu pourras boire autant que tu le désires. Je te rappelle que le but de cette soirée est d'apprendre à se connaître. Mieux vaut commencer sans être ivres dès la première heure, hum ?
Elle ne paraît pas convaincue et boit d'une traite son thé bouillant, n'ayant cure de la fumée qui s'en dégage. Je fais signe au serveur. Un trentenaire qui a étudié à la Starborn de ce que j'ai retenu. Il nous a tous les trois cernés très vite et n'a pas besoin de mot pour en déduire ce que je réclame. Il dépose dans la minute un verre de bourbon que je tends à Rosie. Elle a l'air surprise d'abord et me lance un merci bredouillé.
— Avez-vous déjà visité Irrigane ?
La grimace confuse de Rosie et les sourcils froncés de gêne d'Evelyn répondent à la question de Skinner. À l'intention de la rousse, il indique :
— La capitale culturelle de Caeddarah. Vous devriez venir pour les festivités de Yule. Le vieux port est gelé et les navires sont tous décorés avec des illuminations. Ils organisent souvent des spectacles tout feu, tout flamme, avec de la pyromagie, des Dragons et tout ce qui s'ensuit. Toutes les ruelles restent éclairées la nuit et des événements ont lieu tout au long des deux semaines. Mon père reçoit le bal annuel des savants des soins et des herbes. Nom à rallonge, je vous l'accorde, et une soirée des plus barbantes, je le confesse. Cependant, je pourrais vous conseiller d'autres dîners et réceptions bien moins scientifiques.
Evelyn, bien sûr, est aussitôt impressionnée par les dizaines d'images qu'il lui met dans la tête et elle s'intéresse à Irrigane, plus que ne le devrait une citoyenne de Caeddarah. La directrice a fourni son dossier à sa fille chérie. Misty nous a tout raconté. Cette jolie blonde n'essaie pas forcément de cacher son jeu, mais il est évident qu'elle est désespérée de s'accrocher à la Starborn Academy. Elle ne possède rien. N'aura rien si elle n'est pas diplômée. Devra mendier la pitié d'autres écoles trop chères pour l'enseignement médiocre qu'elles proposent afin d'espérer se faire une place dans la société. L'échec brûlerait bien plus pour elle, que pour nous. Au moins, nos familles et nos noms rimeront toujours avec honneur, richesse et prospérité. C'est pourquoi Conrad dévoile de plus en plus sa réticence à se frotter à elles.
— Laisse-moi deviner.
Mon intervention surprend Rosie. Je me suis penché vers elle et en se retournant, nos souffles s'effleurent. Nous ne nous écartons pas.
— Tu fais partie de ces filles du monde humain qui ont baigné dans la modernité fade, les soirées alcoolisées entre copines, avec des mœurs libres.
Je ne sous-entends pas grand-chose et elle ne commente pas sur ses clichés.
— Pas vous ?
Un rictus sardonique étire mes lèvres.
— Rosie, j'ai grandi dans des soirées mondaines ennuyantes à mourir avec des flûtes de champagne pour noyer mon malheur, des violons pour étouffer mes lamentations et des chandeliers au-dessus de ma tête.
— Tu n'as jamais bu au point de te réveiller ivre mort dans les toilettes d'un bar ?
Là, elle lit la désapprobation sur mon expression répugnée et cela a le don de lui procurer un rire grave.
— Évidemment que non. Moi non plus.
La question muette sur mon front plissé l'incite à ajouter :
— Je ne m'attendais pas à ce que tout soit si vieux à Caeddarah. On dirait que ce royaume est en retard, d'au minimum, soixante à quatre-vingts ans par rapport au monde humain. Vous conduisez de vieilles voitures, tout respire le vieux dans les rues et vous vous reposez principalement sur une aristocratie démesurément puissante, avec un peuple écrasé, pauvre. L'élite seule importe et les autres n'existent pas.
Je peux entrevoir la problématique que ça lui pose, mais je ne me plonge pas dans un débat là-dessus avec elle sur les bénéfices d'une telle société, car je flaire son aversion viscérale pour notre système et je n'ai pas envie de parler politique ce soir. Les Crimson règnent sur l'aristocratie de notre royaume. Je serais mal placé pour en discuter. Je suis biaisé de naissance. Rosie décide également d'oublier cette conversation.
— J'ai vécu dans un logement social. Je suppose que ce concept t'est complètement inconnu. Ce sont des bâtiments pour les foyers aux revenus moyens et faibles. En quittant Caeddarah, mes parents n'ont pas réussi à gérer les changements, les adaptations. Ils ont tenté l'expérience humaine de bout en bout en partant de rien. Cela leur a pris du temps. Toute mon enfance, je l'ai passée entre une famille de quatre enfants bruyants et mal élevés, et un couple âgé à la retraite. Mais, j'adorais cet endroit, mon appartement étroit et chaleureux, parce que c'était mon chez-moi. Ensuite, la société thérapeutique de mes parents a fonctionné et ils ont pu se permettre une petite maison à Vinluçon, là où je suis née. Ils ont toujours voulu y retourner. Tout le monde se fréquentait là-bas, c'est un village convivial. Donc, oui, j'ai effectivement baigné dans la modernité, à sortir tous les week-ends avec mes copines dans la boîte de nuit du coin ou les boums de mes camarades de classe, à danser collé-serré avec les garçons des environs.
Le visualiser dans mon esprit me déplaît pour une étrange raison sur laquelle je ne médite pas. La nuit se poursuit et Rosie entame son deuxième verre, tandis que le serveur nous apporte de l'alcool à tous. Misty boit avec une lenteur calculée et je l'imite. La presse rôde toute l'année dans les parages, en particulier depuis qu'autant d'enfants célèbres se sont joints à cette promotion. Ils ne doivent pas nous prendre en photo en mauvaise posture. Nos parents nous découperaient en morceaux. Verbalement. Et je préfère les punitions physiques dans la majorité des cas. Moins douloureux.
Du coin de l'œil, je devine la silhouette devenue reconnaissable d'un autre consommateur régulier de ce bar. Monsieur Argent traîne probablement tous les soirs au Starborn Café et Bar en toute logique, puisque cet établissement se réserve aux membres de l'académie, incluant professeurs et étudiants. La plupart se rendent dans d'autres endroits plus touristiques, plus fréquentés, en quête de personnes de l'extérieur, afin de s'éloigner le plus possible de notre quotidien. Nous avons opté pour la simplicité et le calme. Cela ne dérange pas les filles, a priori. Evelyn dédie toute son attention à Skinner et ses caquètements incessants ; un torrent de rage grimpe progressivement en Conrad qui ne tardera pas à s'interposer pour reprendre le contrôle de la soirée. Je constate par ailleurs que la jolie blonde s'éternise une seconde de trop sur l'enseignant blond au costume trois pièces.
— Tu fumes ? interroge Misty.
Rosie hoche vigoureusement de la tête, expliquant que sa mère fumait beaucoup et que ça ne l'a jamais attiré. Misty n'a pas touché une seule cigarette ou cigare de sa vie, mais elle recherche un point commun entre les filles et elle pour tisser une relation. Je pouffe à sa piètre tentative. Pour ma part, je sélectionne une tactique un peu plus droite au but. La rousse descend son troisième verre. De quoi la rendre un brin désinhibée. Je suis persuadé que, si elle se levait maintenant, elle tituberait.
J'attends que l'attention converge sur Skinner et les questions curieuses d'Evelyn pour glisser mon bras sur l'accoudoir de son fauteuil. Doucement, j'effleure la peau nue de sa main, remontant petit à petit sur son poignet, sur son avant-bras. Ses larges manches m'empêchent de la découvrir davantage. Ce n'est pas un souci. Je hisse mon regard sur ses épais cheveux et entortille mes doigts autour de ses mèches. Nos orbes s'entrechoquent violemment. Elle ne me repousse pas. Mais, j'entraperçois son trouble et surtout sa méfiance derrière le masque de nonchalance qu'elle maintient envers et contre tout. Je veux le détruire. La révéler.
Mon pouce caresse sa joue et serpente jusqu'à la commissure de ses lèvres. Rosie choisit ce moment-là pour les humidifier. Le bout de sa langue frôle la pulpe de mon doigt. Elle ne relâche pas la tension entre nous. Au contraire, un air de défi semble me pousser plus loin. Je mène mon index à mes propres lèvres ; je sens cette odeur de framboise et une pulsion me souffle de lui voler un baiser, rien que pour goûter à la saveur fruitée de son gloss. Celui-ci me taquine, mettant en valeur son sourire narquois. Nos visages tombent dangereusement vers l'avant. Elle ne vibre pas pour les mêmes intentions que moi, je le sais. C'est un jeu pour elle. Je me rends compte que je ne suis pas l'unique prédateur dans le bar. Elle me teste. Et si je mords sa bouche insolente, est-ce qu'elle m'en empêchera ? Est-ce qu'elle me giflera ?
Je ne le saurais pas cette nuit.
Nous sommes tous les deux déconcentrés par des exclamations provenant de notre table. Misty peste, Evelyn se cache les yeux, pendant que Conrad bondit de son fauteuil et se poste à côté du velours écarlate de Skinner. Il s'abaisse et lui claque un baiser colérique, avant de s'écrier :
— Tu comptes la fermer ? Ou devrais-je te faire taire ?
Skinner réagit immédiatement, hurlant à l'agonie et au scandale. Mauvaise idée de provoquer un Sirène récemment éveillé. Misty serre ses accoudoirs, prête à intervenir au besoin.
— Comment oses-tu ? s'égosille Skinner. J'ai toujours su que tu étais homosexuel !
Conrad ouvre grand la bouche, pris de court par cette remarque hors-sujet.
— Ça n'a rien à voir, braille-t-il, et je ne suis pas homosexuel, sombre crétin ! Autrement je ne tolérerais pas tes jacassements énervants depuis des heures juste pour séduire Eve ! Ce qui est franchement impossible, puisque tu parles tout le temps, sans arrêt ! Tais. Toi.
Skinner s'est transformé en boule de nerfs et de rougeurs. Conrad l'attrape par son pull pour le soulever et prend rapidement son fauteuil, à côté d'Eve. Elle rit gentiment, embarrassée. Au final, le blond atterrit à droite de Misty et son regard foudroyant lui promet mille et un tourments s'il ouvre de nouveau la bouche. Il aura seulement fallu trois heures à mon ami pour se rapprocher de sa belle blonde. Je n'ai pas besoin de le vérifier pour savoir que j'ai totalement perdu un instant en or avec Rosie qui surveille la situation de près, tendue. Intéressant. Elle n'est définitivement pas aussi naïve que l'autre. Elle n'autorisera pas le Loup à manipuler si aisément l'innocente bergère.
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