Rosalind Crowe
Un parfum de brûlé et de chaud s'élève dans tout le Bosquet des Sorciers et je regarde ma maisonnette partir en fumée. Il s'agit du plus incroyable des spectacles, et du plus terrible aussi.
Je demeure plantée là, bras ballants, n'ayant aucune idée de comment remédier à ce problème de taille.
Toutes mes affaires... Les trois sacs de voyage que j'ai rassemblés chez moi, à Vinluçon, avec le peu de vêtements qui m'ont appartenus, avec les deux cadres familiaux que mes parents ont payés une fortune et m'ont permis d'emporter ici pour avoir une trace d'eux avec moi, l'unique collier en or dans ma collection de bijoux que mon dernier petit ami m'a offert en cadeau pour mon anniversaire cette année, l'ancienne chevalière des Crowe qui était gage de la puissance de ma famille à une époque distante et qui se transmet encore de génération en génération même si elle a perdu tout son sens, mes manuels achetés au prix fort dans la réserve du bibliothécaire, et y compris quelques biscuits de ma ville natale qui m'auraient manqués à l'académie... Tous mes biens matériels anéantis dans un immense incendie...
Non, hors de question. Je guette une ouverture, une opportunité et dès que j'en vois une, je m'élance tête baissée. Mes parents ont toujours dit que je finirai par me tuer moi-même, parce que je suis maladroite, parce que je ne réfléchis pas assez et parce que je suis trop têtue pour mon propre bien. C'est vrai. Je n'ai jamais cherché à le nier, ou à m'améliorer, à me réparer. Et à partir d'aujourd'hui, toute l'académie saura que Rosa Crowe est la fille stupide et obstinée qui s'est jetée dans une maisonnette en flammes.
— Mais qu'est-ce qu'elle fait ?
— Elle est folle !
— On parie combien qu'elle ressort sans cheveux ?
— On parie combien qu'elle ne ressort pas du tout ?
Les commentaires fusent dans tous les sens, alors que je pousse la porte en bois de ma maisonnette et pénètre à l'intérieur de cette fournaise. Les flammes menacent de me griller sur place et j'entame un jeu pitoyable d'esquive, sautillant ci et là pour me frayer un chemin jusqu'à la chambre. L'endroit n'est pas spacieux, ce qui me facilite la tâche. Une minuscule cuisine, avec un évier et de quoi préparer des boissons chaudes, un placard avec une assiette unique, un assortiment de couverts, et un verre ; un ridicule salon, avec un fauteuil long où deux à trois personnes peuvent s'asseoir si elles se serrent un peu, avec des cadres accrochés au mur proposant des vues diverses de l'académie, soit par des dessins des salles de classe ou des couloirs, soit des paysages de ses jardins ou des différents lieux de vie de chaque Ordre ; et une chambre étroite avec une armoire et un lit, ainsi qu'un tapis doux et si agréable au toucher.
Bien sûr, tout cela n'importe déjà plus, puisque tout s'est embrasé. Les cadres sont dévorés par les flammes et certains tombent des murs. Le long fauteuil produit le plus de chaleur et de fumée, juste à côté d'une table basse en bois qui accueille le feu avec ardeur. Le lit est rongé, le tapis n'est plus que cendres et tous mes vêtements rangés ce matin même dans l'armoire n'existent plus. Quand je m'aperçois enfin de la réalité, que je ne réussirai pas à sauver mes affaires, une rage profonde m'envahit. Pourquoi moi ? Pourquoi ma maisonnette ? Je suis arrivée à l'aube à l'académie, il y a seulement cinq heures, et j'ai tout juste eu le temps de visiter le Bosquet des Sorciers. Pourquoi un drame pareil m'atteindrait dès le premier jour ? Dès les premières heures ?
Tout à coup, les poutres au plafond craquent sourdement. Je bondis en arrière et échappe de peu à un accident grave. Cependant, le bois qui s'effondre répond volontiers aux flammes et des crépitements résonnent un peu partout autour de moi, envoyant quelques étincelles droit dans mes yeux. Je me protège avec mes bras et très vite, les manches de mon manteau s'enflamment à leur tour. Je m'agite en essayant de m'en débarrasser, tout en battant en retraite. Mais, le sort n'est décidément pas de mon côté, car, devant ma porte, le placard de la cuisine bascule sur le côté et je dois reculer à toute vitesse pour éviter le feu ravageur qui se dégage de ce désordre. J'envisage tout de suite de passer par une fenêtre, mais ces chemins sont également bloqués.
Je tente même de faire appel à mes pouvoirs, avant de me confronter à ma vérité amère : je suis peut-être née de parents Sorciers et j'en suis peut-être une, mais ma magie s'est montrée d'une faiblesse insultante toute mon enfance et elle ne risque pas de se manifester maintenant, même avec la motivation de mon instinct de survie. Alors, désespérée, je me demande si, fichu pour fichu, je ne pourrais pas fouiller dans les cendres et les flammes pour retrouver mon collier ou ma chevalière ou quoi que ce soit qui m'appartienne encore. Seulement, la fumée et la chaleur commencent à me monter à la tête. Une migraine de plus en plus tenace se niche sous mon crâne et je suis saisie de violents vertiges. Dans le lointain...très lointain, je perçois le tumulte et des cris et des avertissements, et puis rien d'autre...
Je trébuche pour fuir une flamme terrifiante et chute à la renverse. Et comme l'un des étudiants l'a parié, je manque de brûler toute ma chevelure d'ocre. Je me redresse de justesse, mais tout s'écroule autour de moi et une toux brutale m'agrippe la gorge. Soudain, les regrets fondent en moi, telles des griffes d'acier qui lacèrent mon cœur. Je me questionne sur mon choix d'avoir postulé à la Starborn Academy, pourquoi je ne suis pas restée en France, avec le commun des mortels où j'aurais vécu simplement, pourquoi je me suis crue digne d'embrasser ma part de Sorcière et pourquoi j'ai décidé de jouer avec ma destinée en venant ici, à Caeddarah... Pourquoi ? Pourquoi ?
Une colère gronde en moi au moment où je décide de me ressaisir, prête à me lever et à sortir de cet enfer sur-le-champ.
Mais, c'était sans compter sur une main ferme qui s'enroule autour de ma cheville. Je sursaute et me retourne, auparavant sur mon ventre. Je me heurte à un regard d'ambre et de miel, mais sans la moindre douceur et empli de férocité. Un jeune homme, de mon âge, de toute évidence, donc un autre étudiant. Il se tient au milieu de deux flammes qui ne semblent pas vouloir le manger et son Ordre me paraît aussitôt d'une évidence frappante. Un Cavalier de Dragon. Que fait-il ici, dans le Bosquet des Sorciers ? Leur territoire se situe littéralement à l'opposé. Il ne bronche pas à l'incompréhension dans mes yeux de biche et me tire brusquement à lui. Je glisse sur le sol cendreux et ni une, ni deux, il m'attrape par les cuisses, me soulève sur son dos et me porte comme une vache morte à l'extérieur. Le feu ne nous frôle pas.
À la seconde où il met un pied dehors, la maisonnette vibre sous l'assaut cruel du feu, à deux doigts de se replier sur elle-même, les murs ne tenant plus. J'écarquille des orbes horrifiés, tête en bas, et remue sur son épaule pour qu'il me dépose. L'étudiant ne se fait pas prier et me balance sans ménagement par terre, puis époussette son élégant manteau long. Je retiens une ou deux injures et me lève d'un bond, décidée à faire quelque chose pour arranger ma situation mais sans aucun outil à ma disposition pour m'aider.
Les spectateurs réagissent avec passion, tous des Sorciers pour la plupart, et il y en a certains dans le lot qui possèdent sûrement un moyen d'éteindre l'incendie, sauf qu'aucun ne s'avance pour proposer un coup de main. Je ravale ma rage, mais n'arrive pas à essuyer à temps une larme. Le jeune homme glousse, nettement moqueur, toujours à côté de moi et me fixant sans ciller en un défi silencieux, attendant de voir ce que j'ai dans le ventre... Il va voir ! Je fais trois pas vers les murs agonisants, n'ayant pas une seule idée brillante à l'esprit, quand une voix me coupe dans mon élan :
— Attends !
Je fais volte-face et distingue entre les chênes épais du Bosquet la silhouette fine et frêle d'une jeune femme, une étudiante comme moi, avec des mèches blondes, aux reflets gris violacés. Elle court dans ma direction, un homme sur les talons. Celui-là est clairement plus âgé que nous tous, mais de peu. Probablement entre vingt-cinq et vingt-huit ans, tandis que tous les admis de la Starborn Academy débute leur année à vingt ans. Il est vêtu avec tout le raffinement pompeux d'un professeur, un costume chic brun et une veste à carreaux assortie ; des cheveux blonds foncés, presque bruns, plaqués en arrière et une barbe de trois jours qui lui donne un air plus mûr. Il marche à grands pas, alors que le brun à côté de moi pouffe, une grimace acerbe sur les lèvres. De toute évidence, l'étudiant qui vient de me sauver la vie n'aime pas beaucoup la tornade qui se rapproche. Tornade qui ne tarde pas à frapper.
— Qu'est-ce que ce bazar ? aboie-t-il. Premier jour et vous ne contrôlez déjà pas vos pouvoirs ? C'est inadmissible ! Je vous préviens. Au mieux, vous écoperez d'une retenue tous les soirs durant toute l'année. Au pire, et je ferai en sorte que ce soit la décision finale, vous serez virée. Vraiment inadmissible. Cette académie n'est pas habituée à accepter des étudiants aussi médiocres. Mademoiselle...?
Je blêmis et m'écrie immédiatement en bredouillant quelque peu, les joues fumantes d'indignation :
— Pour perdre le contrôle sur mes pouvoirs, Monsieur, il faudrait déjà que je sache les utiliser ! Je n'ai pas provoqué cet incendie.
— Ne pouvez-vous pas l'éteindre par vos propres moyens ?
Je me tais, une moue honteuse sur les lèvres, pendant que les autres Sorciers se paient ma tête en riant et en me critiquant. Une fureur sans nom grimpe le long de ma gorge et je leur hurle :
— Si vous êtes si talentueux et si confiants, éteignez ce feu !
Or, le professeur me rabroue du tac au tac en affirmant, le ton sourd et tranchant :
— Chaque être doté de magie se débrouille seul et chaque citoyen de Caeddarah accomplit ses batailles sans l'aide de personne. Vous devriez le savoir, Mademoiselle...?
Il insiste pour avoir mon nom, sûrement pour me faire virer dans la foulée.
— Je n'ai pas démarré cet incendie. Je n'étais même pas présente lorsqu'il s'est déclaré.
Le professeur sourit méchamment pour réponse. Mes piètres biens brûlent dans mon dos. Par miracle, l'incendie ne se propage pas dans le Bosquet, confirmant qu'il a été créé par de la magie. Mais, pas la mienne. J'observe la foule de Sorciers avec la mine d'un cerbère enragé, me préparant à sauter à la gorge de celui qui m'a fait ça, mais ils arborent tous des rictus sardoniques et m'ont tous l'air suspect. Le blond pivote vers l'étudiant et le scrute de la tête aux pieds, avant de marmonner :
— Les Grottes des Cavaliers se trouvent par là-bas. Vous pouvez disposer, Crimson.
Ledit Crimson croise les bras, défiant, et rétorque :
— Oh non, je veux savoir comment tout ce désastre se termine.
— Et vous n'avez rien à voir avec ce désastre, Crimson ? raille le professeur. Rien du tout ? Un Cavalier de Dragon, détenant un fort pouvoir de feu, se tient sur la scène de l'incident uniquement pour préserver la demoiselle en détresse des flammes ? Ne me prenez pas pour un imbécile !
— J'ai sorti Crowe des flammes, oui. Sans mon intervention, elle serait déjà rôtie.
Avec cette réponse dédaigneuse, il espère se détacher de tout soupçon, mais cela génère l'effet inverse. Le professeur a raison. Les Cavaliers s'emparent de l'énergie de leur monture, obtenant la magie du feu. Quant aux Sorciers, nous ne formons pas l'un des Ordres les plus faibles pour rien. Nos pouvoirs sont infiniment complexes à maîtriser et il faut toute une vie parfois pour nous les approprier. Je doute que des étudiants, à leur arrivée à l'académie, soient capables d'une telle prouesse. En mettant de côté ma rancœur, j'avoue que cet incendie est franchement impressionnant et n'est pas à la portée de n'importe qui. De toute façon, je le déterminerai tôt ou tard, en analysant mes semblables, en vérifiant qui aurait pu commettre un acte de cruauté pareil. Et si personne ne se prouve digne de cette démonstration de force, l'accusation retombera en toute logique sur les épaules de ce Crimson. Il aurait pu me sortir des flammes, justement parce qu'il n'avait pas imaginé que je m'y précipiterai et qu'il n'avait pas prévu d'accident grave, voire de mort, ce matin.
— Crowe ?
Le professeur me dévisage ensuite.
— Rosalind Crowe ?
Il sait qui je suis ? La blonde hoquette à côté de moi, s'interrogeant sur qui je peux bien être pour avoir retenu l'attention d'un professeur. Mais, je ne suis personne. Je hausse un sourcil, troublée par la brume dans son regard quand il me détaille avec soin. Il reprend rapidement contenance et fait le tour des spectateurs curieux en leur aboyant de se disperser. Nul n'ose le contredire, optant pour brosser cet homme dans le sens du poil, en particulier puisqu'il attribuera sûrement des notes dans l'un de nos cours. Ma sauveuse choisit cet instant pour se coller à mon oreille et me chuchote :
— J'ai cherché de l'aide dès que j'ai vu ta maison en feu. Il provient de l'Ordre des Sirènes, apparemment.
Pour une raison qui m'agace, je me méfie de sa gentillesse et maugréé :
— Personne n'a essayé de m'aider. Ils ont tous ri et applaudi tout du long. Pourquoi tu as fait ça ?
Quelques heures dans cette académie et j'ai d'ores et déjà cerné mes camarades. La plupart sont nés et ont évolué à Caeddarah, avec tous les enfants des Ordres, dans un environnement sans pitié et compétitif, ce dont j'ai été prévenu par mes parents. J'ai grandi en France, dans un milieu rural, auprès d'humains tout à fait normaux et dans une banalité calme. Je me suis éveillée à mes pouvoirs, bien entendu, mais je n'ai jamais appris à m'en servir. Cela ne m'a pas empêché d'étudier comme une acharnée, toutes les disciplines magiques, ce qui m'a permis de m'ouvrir les portes de cette académie lorsque j'ai passé les tests de pré-rentrée. Toutefois, rien qu'en posant mes sacs dans ma maisonnette, j'ai compris que rien ne serait rose et amical ici. Les Sorciers se dévisagent entre eux et ont formé des petits groupes, des binômes, des alliances même. Comme si une guerre se préparait et qu'ils se tenaient prêts.
— Eh bien...
La blonde jauge les alentours, également, et elle doit deviner où je veux en venir, puisqu'elle s'empourpre, trépignant d'un pied à l'autre.
— Je déteste cette académie, avoue-t-elle. Mes parents m'ont forcée à passer les tests et j'ai été admise...je ne sais pas comment. Peu importe. Je ne suis pas du genre à laisser tomber des gens dans le besoin ou me moquer de leurs ennuis.
Le professeur revient finalement sur ses pas et se poste face à la maisonnette. Je ne réplique rien à l'étudiante, concentrée sur lui. Les Sirènes font partie des Ordres les plus remarquables, puisque, en plus de leur capacité d'attirance et de charme sur autrui, et l'influence qu'ils exercent, ils manient l'un des quatre éléments, l'eau. La blonde s'est révélée plus rapide et bien plus efficace que j'aurais pu l'être en recherchant une personne compétente pour me venir en aide – au lieu de foncer stupidement dans les flammes. Une rivière torrentielle se déverse sur l'incendie et mue par l'émotion de voir mon nouveau chez-moi déjà détruit, j'étreins cette fille. Elle note l'abattement dans mes yeux humides, et dans la courbure de mes épaules, et me serre avec toute sa délicatesse et sa bienveillance, en un geste de réconfort.
— Je m'appelle Rosa. Rosa Crowe. Et toi ?
Elle s'égaye instantanément et je me nourris de son sourire pour me détendre un peu.
— Evelyn Dupree. Tu peux m'appeler Eve. Evie. Ou Lyn. Tu veux bien être mon amie ? En fait, j'errais dans le coin parce que j'étouffais déjà au dortoir des sans-ordre et...et là-bas, tout le monde est trop embarrassé pour parler aux autres et ceux qui ont des Ordres ne souhaitent pas s'associer à nous, donc...
Donc, elle se sent seule au monde. J'ai déjà entendu des histoires sur les sans-ordre, mais je ne pensais pas qu'ils étaient admis dans des académies, surtout la Starborn si réputée et prestigieuse. Je n'ai jamais adhéré à la profusion de haine, de critiques et de mépris qu'ils reçoivent. Ce ne sont rien de plus que des êtres de magie qui ont démontrés quelques aptitudes surnaturelles, mais qui ne se sont pas éveillés ou bien leur Ordre n'apparaît pas de manière distincte. Et ils deviennent des parias, des objets de blagues idiotes à Caeddarah. Beaucoup fuient dans le monde humain le temps de se trouver. Evelyn recule d'un pas, rouge de honte, et je me rends compte que mon mutisme s'est éternisé. J'attrape vivement ses mains et affiche mon sourire le plus honnête :
— Pitié, oui ! J'ai terriblement besoin d'une amie. Je hais cet endroit tout autant que toi. Dire que nous sommes arrivées ce matin et qu'il nous reste encore toute une année à affronter.
— L'horreur, approuve Evelyn. J'en veux sérieusement à mes parents pour m'avoir abandonnée dans cet enfer. J'ai pleuré toute la dernière heure avant de sortir de notre dortoir. Tout le monde pleure là-bas, c'était déprimant.
— Pourquoi tes parents t'ont obligée à venir dans cette académie ? Tu as postulé ailleurs ? Si tu as réussi à entrer ici, d'autres écoles ont certainement voulu de toi.
— Oh oui, j'ai soumis ma candidature à des dizaines d'écoles et j'ai été acceptée dans une douzaine d'établissements. J'en avais sélectionné un tout près de chez-nous pour rentrer souvent les fins de semaine et puis, ma mère s'est interposée et m'a propulsée dans cette cage à vipères. Ils ont vu que la meilleure académie du royaume me laissait ma chance et ils ne m'en ont laissé aucune pour défendre mes arguments, donc me voici. Et toi ? Ta venue ici était volontaire ou tu es une prisonnière de plus ?
— Volontaire et une prisonnière. Volontaire au début et très excitée de m'installer ici... Et la réalité m'a frappée de plein fouet. Je ne me souviens même plus pourquoi j'ai envoyé ma candidature ici.
Dans mon dos, Professeur Chien qui Aboie achève l'inondation de ma maisonnette et se frotte les mains, faisant couler quelques gouttes d'eau autour de lui. Il est clair qu'il ne me conseillera pas pour dénicher du nouveau matériel ou pour restaurer mon lieu de vie pour les prochains mois. À vrai dire, il s'apprête à repartir vaquer à ses occupations, mais lâche abruptement avant :
— Vous feriez mieux de vous en souvenir, Mademoiselle Crowe, car cette académie n'éprouvera pas une once de remords à vous éjecter. Par ailleurs, je vous suggérerais de baisser les bras, toutes les deux, dès maintenant pour que nous puissions convoquer des étudiants qui désirent réellement être ici et qui méritent leur place plus que deux ingrates comme vous.
Les Sorciers qui traînent encore dans les parages ricanent sous leurs coudes et Professeur Agaçant se met en tête de les chasser tous, en filant loin de ma maisonnette trempée qui menace de s'effondrer à tout instant. Je ne me démonte pas et contrairement à Evelyn, je ne ressens pas de gêne à son commentaire dur. J'ai conscience de ma chance inimaginable de pouvoir étudier à la Starborn, mais j'ai aussi conscience de l'atmosphère tendue de rivalité qui règne à Caeddarah. Pour ses beaux yeux, je ne renierai pas mes sentiments quant à cet endroit. Je remarque alors que le Cavalier ne s'est pas éloigné. Ses yeux sont rivés sur nos mains entrelacées et envoient des éclairs. Quoi ? Deux filles n'ont pas le droit de se toucher dans cette académie de malheur ?
— Bonne chance, Rosie.
Sur ce, il suit le sillage du professeur, me submergeant de colère. Entre ce surnom à la noix, son timbre narquois et le fait qu'il me connaisse, et que ce ne soit pas réciproque, une sensation d'inconfort naît dans mon estomac à l'idée que cet étudiant respire le même air que moi. Qu'est-ce qu'il me veut ? Et est-il à l'origine de cet incendie ? Qui que ce soit, je compte bien le faire payer...et lui demander ensuite sa motivation pour m'avoir infligé un coup bas dès le premier matin.
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