Je suis à la fois heureuse, soulagée et en colère. Sur les nerfs. Fatiguée. À bout. Quand le vaisseau se pose à la base je suis en plus angoissée, car je sais que je vais devoir faire face aux Maîtres et répondre de mon échec. Alors, au moment de descendre et de me mettre en marche à travers la base, c'est plus par réflexe que je me déplace, regardant dans le vide.

"T'en fais pas, me rassure Anakin. Je vais bien m'occuper de toi, ça ira mieux.

-Je te crois.

-... Tu m'as manqué tu sais...

-J'espère."

Nous nous dirigeons donc vers la salle des Maîtres, tantôt rapidement tantôt très lentement, en fonction de ce que mes jambes décident pour moi. Cependant, alors que nous ne sommes plus qu'à deux couloirs de notre point d'arrivée, des pleurs attirent mon attention. Aussitôt, je me stoppe, et Anakin parcourt quelques mètres de plus avant de s'arrêter à son tour et de faire volte-face.

"Gem, je sais que tu n'as pas envie d'y aller, mais plus vite on ira, plus vite ça sera fini..., tente-t-il de m'encourager.

-J'entends quelqu'un pleurer. Et ce sont des pleurs aigus... Une petite fille. Il n'y a pas beaucoup de petites filles sur ce vaisseau. Juste Cyra et toi."

Anakin ouvre la bouche comme pour protester, mais je me suis déjà engouffrée dans la cellule relativement douillette (pour une cellule j'entends).

"Cyra ? Cyra qu'est-ce qu'il y a ? je commence en approchant de la fillette.

-G... Gem ? fait-elle en levant des yeux rougis vers moi.

-Oui, je sais ça fait longtemps, oui, je sais j'aurais pu passer plus souvent... mais... bref. Qu'est-ce que tu fais encore là ? Je pensais que les Maîtres voulaient se servir de toi comme monnaie diplomatique ? Et pourquoi pleures-tu ?

-Le... le... le vieux monsieur... tout moche... Il...

-Le vieux monsieur tout moche ? Oula il va falloir donner plus d'indications, la liste va être trop longue...

-Il a un... visage tout déformé... et une voix très moche aussi... il... il arrive à m'empêcher de crier sans me toucher...

-... Sidious ? Qu'est-ce qu'il t'a fait Sidious ? je demande en commençant à devenir suspicieuse.

-Il... m'a... déshabillée et... a... attachée avant de... je... j'en peux plus..., répond-elle en pleurant de plus belle.

-Quoi ?? Il t'a violée ?? je fais en serrant les poings.

-Je... je crois qu'on dit comme ça... oui...

-Oh le petit enfoiré de sa licorne unijambiste ! Je vais le buter !!"

Anakin, qui était resté en retrait jusque-là, s'interpose et me prend par les épaules.

"Gem, je sais que tu vas mal, mais il faut que tu fasses attention à ce que tu dis et à ce que tu fais quand même, tu es en vie et je voudrais que ça dure le plus longtemps possible...

-Anakin tu ne comprends pas. Le viol détruit tout ce qu'il y a de bon en nous. C'est un crime, un crime qui plonge sa victime dans un désespoir sans nom, qui la prive de toute joie de vivre, et cet enfoiré a profité de cette enfant ! Une enfant merde ! Tu as vu ce que ça a fait sur moi ? Alors sur elle merde !!"

Ne lui laissant pas le temps de répondre, je ressors de la cellule d'un pas déterminé, me dirigeant de nouveau vers la salle des Maîtres. Ayant perdu toute appréhension, j'ouvre la porte magnétique et j'entre dans la pièce, m'avançant vers les trois Sith.

"Gem, tu es revenue ? Nous commencions à nous inquiéter, commence Maître Caydol. Gem... que fais-tu ?"

Continuant mon avancée vers Sidious, je ne réponds pas avant d'être assez proche.

"Ça ne sera pas long ne vous en faites pas, je ne vous dérange pas longtemps", j'annonce simplement.

Sur ces mots, je sors mon couteau et d'un seul mouvement, je tranche la gorge de cet infâme personnage. Dans son regard vitreux je peux apercevoir de l'étonnement, de la peur et de la souffrance. Tout ce que j'attendais.

"Je voulais vérifier que votre sang était bien rouge espèce d'ordure. Parce que s'il était aussi sale que vous, il serait soit noir soit marron."

Je m'écarte pour éviter le sang qui gicle au rythme des battements du cœur de Sidious, sous les yeux ébahis du reste de l'assemblée. Snoke et Maître Caydol n'ont pas esquissé le moindre geste, ne s'attendant sûrement pas à cette initiative ambitieuse de ma part.

D'un geste lent, j'essuie de ma veste une goutte de sang que je n'ai pu éviter, me jurant de brûler ce vêtement pour ne pas risquer d'attraper de maladie. Je suis sûre que cette ordure est un nid à microbes... Enfin, une fois Sidious effondré au sol, je me tourne vers les Maîtres encore en vie.

"L'air devrait être plus respirable maintenant. Enfin bref, c'est tout pour moi."

Tous les occupants de la pièce me regardent encore sans un mot, bouche-bée. On n'entend plus que le son discret du sang qui continue à se vider lentement sur le sol lisse.