9 - THE CONSEQUENCES OF THEIR ACTIONS

[ Période : Captain America : Civil War ]


   ANNA loupa ses cours du vendredi pour aller à la base des Avengers, où tous les autres étaient déjà. Elle avait dû soudoyer Tony en lui promettant qu'elle rattraperait les cours, et qu'elle irait lui chercher des shawarmas. Elle resserra son livre contre elle, regardant distraitement par la fenêtre.

   Elle se souvenait de son douzième anniversaire, c'était là qu'elle l'avait eu. Les Avengers y avait tous mis du leur, c'était une édition limitée qui coûtait extrêmement chère. N'aimant pas être le centre de l'attention, elle limitait ses amis à un seul cadeau, et quelque chose de pas trop extravagant, surtout avec Tony. On était jamais à l'abri qu'il lui achète une voiture.

   Ils n'avaient pas pu viser mieux. Son premier livre sur l'astronomie. En ouvrant la première page, elle passa ses doigts sur les dessins que Thor avait fait, représentant Yggdrasil et les Neufs Royaumes. Les choses semblaient un poil plus simple à cette époque. Les ennemis venaient de l'extérieur, pas de l'intérieur. En soupirant, elle referma le livre.

   Tony monta dans la voiture, s'asseyant à côté d'elle. Happy monta du côté conducteur et il démarra.

— Happy, dit le milliardaire, il faut qu'on aille chercher quelqu'un.

— Qui ?

— Le secrétaire d'Etat.

   Anna ferma les paupières, un pli soucieux barrant son front.

   Il y eut un silence inconfortable entre les trois pendant une bonne partie du trajet.

— C'est si grave que ça ? se décida à murmurer Anna.

   Sans rien dire, Stark fit monter la vitre noire et appuya dessus pour mettre la télé. C'était une rediffusion sur MSNBC. On pouvait y voir T'Chaka, le roi du Wakanda, s'exprimant sur ce qui venait de se passer.

— Des membres de notre communauté sont morts en terre étrangère. Ils ont été les victimes d'un groupe de criminels, et de l'indifférence de ceux qui étaient censés les arrêter. La victoire au prix du sang des innocents n'est pas la victoire de la justice. C'est la victoire de la honte.

   Anna baissa les yeux sur ses genoux, et Iron Man éteignit l'engin, baissant à nouveau l'écran.

— Oh.

    Il leva la main et lui prit l'épaule, pour la réconforter.

— T'inquiètes pas p'tite. On va trouver quelque chose.

   Elle hocha la tête avant de s'appuyer sur l'épaule de Stark.

— Décidément, ce serait bien que Thor et Banner soient là.

   Ils arrivèrent pas longtemps après chez le secrétaire. La jeune fille le détesta avant même qu'il ait ouvert la bouche. Cette façon hautaine qu'il avait de la regarder...Si Tony ne lui avait jamais appris à maîtriser son comportement en public, le trajet aurait eu des complications.

    Elle resta silencieuse alors que Tony et lui discutaient dans la voiture. Elle fut plus que ravie d'être au complexe, et ils furent reçus par Vision qui était arrivé quelques heures plutôt pour accueillir le reste des Avengers.

— Steve !

    La rousse courut vers lui et il l'attrapa au vol. Il la serra contre lui, avant de la reposer par terre.

— Tu m'as manqué. Il n'y avait personne pour faire des remarques sarcastiques.

— Je sais, je suis indispensable.

   Il rit en lui ébouriffant les cheveux. Il savait très bien qu'elle détestait cela. Rhodey, Sam, Natasha et Wanda arrivèrent à leur tour. War Machine s'avança vers elle, l'air faussement contrarié.

— Dès que Captain est là, elle ne voit que lui.

   L'adolescente leva les yeux au ciel avant d'avancer vers lui et de l'étreindre.

— Désolée, je salue un vieil homme à la fois.

— Eh bah toi, on sait qui t'a éduquée, ricana Sam.

   Elle lui fit un faux sourire, se rappelant quelques instants de son père. Natasha lui vint à la rescousse. Elle se pencha vers elle, les mains sur les hanches.

— Alors, tu as fais des ravages ?

   Anna s'approcha pour lui murmurer à l'oreille.

— J'ai frappé un attardé qui aime frapper plus petit que soit. Je suis petite, mais pas sans défense.

   Natasha lui fit un clin d'œil en lui frappant dans la main. Sam s'approcha et posa sa paume sur l'épaule de la jeune fille. Rhodey marmonna dans sa barbe qu'il n'était pas sûr que ce soit une bonne chose.

— J'aimerais bien te dire que t'as grandi mais...

   Elle lui frappa doucement l'avant-bras.

— Toi, tu as bien une cervelle d'oiseau.

   Alors que le faucon maugréait, Anna s'avança vers Wanda, en retrait. L'adolescente la prit dans ses bras, l'étonnant par la rareté du geste.

— C'était pas de ta faute, tu as fait au mieux.

   Wanda raffermit sa prise, avant de la relâcher.

— Tony nous a tenu au courant pour ton père. Je suis désolée.

   La jeune fille se referma sur elle-même, forçant à nouveau un sourire.

— Si les effusions sont terminées, nous pouvons commencer, coupa le secrétaire d'État.

   Anna lui offrit son regard le plus noir derrière ses nouvelles lunettes. Ils allèrent dans une pièce entourée de vitre et avec une table au centre. Steve l'arrêta avant qu'elle rentre.

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu ailles là-dedans. Tu risques de voir des choses qui ne vont pas de plaire, et on sait comment tu réagis.

   Steve savait que pour la convaincre, il ne devait pas insister sur le fait qu'elle était trop jeune, mais sur autre chose. Sauf que cette fois, cela ne fonctionna pas.

    Elle descendit la main qui lui barrait la route.

— C'est bon, Steve.

   Elle entra dans la pièce, et se plaça en bout de table, en face du secrétaire d'Etat. Elle remarqua du coin de l'œil que Tony s'était mis en retrait, comme depuis leur arrivée. Elle le soupçonnait de déjà savoir ce qui allait arriver.

   Le secrétaire commença par raconter sa vie. Anna plaça sa joue dans sa paume, jouant avec son verre d'eau avec l'autre. Une histoire de golf et de crise cardiaque. Elle ne faisait faisait pas du tout le lien. Il conclut qu'il relativisait. "Tant mieux pour lui", pensa Anastasia.

— Il est indéniable que notre monde a une immense dette envers les Avengers, finit-il par dire, faisant Anna se redresser. C'est certain, vous défendez, vous vous battez pour nous, au péril de vos vies. Et pourtant, même si pour l'opinion publique vous êtes des héros, certains...emploient plutôt le mot justicier.

— Et vous, quel mot choisiriez-vous monsieur le secrétaire d'Etat ? demanda Natasha, dégoulinante de sarcasme.

— L'adjectif dangereux. Comment qualifier autrement un groupe d'individus optimisés, qui alors qu'ils sont basés aux États Unis s'autorisent à ignorer systématiquement les frontières et à imposer leur volonté quand il leur plaît et où bon leur semble ? Et qui plus est, sans prendre en compte les pertes que ça peut occasionner.

   Anna s'enfonça dans son siège, croisant les bras.

— Ils font ce qu'ils peuvent. Ils en ont sauvé plus qu'ils en ont tué, dit-elle.

— Pas maintenant, Anna, lui murmura Sam à côté d'elle.

   Elle se renfrogna, serrant les poings alors que l'homme devant elle l'ignorait royalement. Il alluma l'écran derrière lui, affichant une carte du monde.

— New York, dit-il alors qu'une image d'un vers de l'espace suivant Tony apparaissait.

   Anna sentit ses ongles rentrer dans sa peau, seul chose qui trahissait ses émotions. Il les montrait sous leur pire jour, affichant les passant en bas, courant dans tous les sens, et les bâtiments que Hulk détruisait. Rhodey baissa les yeux, tournant la tête vers Natasha et Steve, avant qu'ils se retournent tous vers la jeune fille. Elle haussa les épaules, pour leur dire que ça allait.

— Washington.

   À nouveau, il montra les dégâts causés. La flotte du SHIELD se rentrait dedans, détruisant des bâtiments entier, créant des vagues quand l'un d'entre eux tomba à l'eau. Anna saisissait la gravité de ce qu'il leur montrait, ainsi que la part de responsabilité des Avengers. Ce n'était pas pour cela qu'elle accepterait.

— La Sokovie.

   Anna baissa la tête, ne voulant pas en voir plus. Les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu'elle regardait discrètement ses amis. Elle laissa aller son pouvoir, touchant les Avengers. Leur culpabilité lui prit la gorge, la faisant haleter quelques instants. Leur tristesse fit glisser quelques larmes sur ses joues. Elle ne comprenait pas comment il pouvait rester ainsi, sans bouger, stoïque, alors que leurs émotions faisaient faiblir Anna, lui fendant net le cœur. Steve lui prit la main, la serrant dans la sienne.

— Lagos.

   L'adolescente étouffa un sanglot, les ressentis de Wanda prenant le pas sur tous les autres. Elle porta la main à sa bouche en voyant une fille de son âge à peine, allongée sur le sol, inerte. Elle broya la main de Steve, les larmes roulant, incessantes. Même si le fait de pleurer l'irritait, elle n'arrivait pas à arrêter, et ne pouvait pas sortir de la tête de son amie.

— Wanda...chuchota-t-elle à Steve.

   Il hocha la tête, retirant doucement sa main.

— Bon, ça suffit, dit-il d'une voix forte.

   Le secrétaire coupa la vidéo, se tournant vers le groupe de héros. Anna prit une grande inspiration en arrivant enfin à se défaire des émotions de la sorcière rouge, retirant ses lunettes pour essuyer ses larmes, révélant ses yeux de la même couleur qu'un ciel couvert par des nuages d'orages.

— Depuis quatre ans vous vous êtes arrogés des pouvoirs quasiment illimités, vous avez opéré sans aucun contrôle, c'est un état de fait que les gouvernements du monde ne saurait tolérer, continua l'homme. Mais je crois que nous avons trouvé une solution.

   Un de ses gardes du corps lui tendit un paquet de feuille. Anna se replaça sur son siège, se remettant difficilement de ses émotions. Il tendit les papiers à Wanda.

— Les accords de Sokovie. Ils ont été approuvés par cent dix-sept nations, il en ressort que les Avengers et leur...protégée, dit-il en crachant presque le mot, lui valant un regard noir de la concernée, ne seront plus une organisation privée, et que désormais ils opéreront sous le contrôle d'un comité des Nations Unies, et uniquement lorsque cette autorité l'aura jugée nécessaire.

   Le feuillet arriva à Anna, qui le considéra sans esquisser un mouvement.

— Les Avengers ont uni leur force pour rendre le monde plus sûr, dit Steve. Et je pense qu'on a réussi.

— Dites-moi Captain, lui répondit le secrétaire, savez-vous où sont Thor et Banner à l'heure où nous parlons ?

   Tony remarqua que la rousse avait ouvert la bouche pour parler.

- Anna...non.

   Elle voulut protester. Ils étaient amis, ce n'était pas une raison pour savoir ce que chacun faisait à tout instant. Hulk avait besoin de rester seul, et Thor avait un royaume à gérer. Elle se ravisa, écoutant Tony.

— Deux bombes atomiques qui se baladent dans la nature, ça peut avoir de très fâcheuses conséquences, reprit l'homme.

   Il se remit à déambuler autour de la table.

— Compromis, responsabilités, deux mots clés dans le monde d'aujourd'hui. Croyez-moi, c'est un arrangement raisonnable.

   Il s'arrêta devant Rhodey, qui tapota sur les accords, qu'Anna lui avait glissés.

— Donc, l'affaire est entendue.

— Dans trois jours à Viennes en assemblée plénière, les Nations Unies doivent ratifier les accords.

   Steve lança un coup d'œil accusateur à Tony, qui soutint son regard. L'adolescente les regarda, se mordant la lèvre.

— Discutez-en, conclut le secrétaire.

   Il se dirigea vers la porte.

— Et si nous prenons une décision qui ne vous convient pas ? demanda Natasha.

— Alors vous serez à la retraite.

   Elle lui sourit ironiquement, alors qu'il quittait la pièce.

— J'hésite entre "enflure" et "connard", déclara Sam.

— Les deux, soutint Wanda.

   Anna posa ses bras sur la table et enfouie sa tête dedans.

— J'opterais plus pour "merde alors", murmura-t-elle.




modifié le 02/05/20

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