[ Période : Captain America : Civil War ]

   ANNA se dirigea vers la salle de biologie, consciente que Peter devait être quelque part derrière elle. Ils s'assirent dans le calme, et Michelle la questionna silencieusement au sujet de son bleu et de Peter, son regard passant entre les deux. Anna se contenta de secouer la tête.

   Une heure s'écoula, et les deux adolescents n'échangèrent pas un mot. Elle l'admirait silencieusement pour avoir tenu jusqu'ici sans partir en pleurant.

   Elle oublia aussi d'être fière d'elle pour exactement la même chose, mais ce n'était pas la première fois.

— Tu sais, dit-il en chuchotant, tu peux tout me dire, Anya.

   Il avait mis du temps à sortir sa phrase, ne sachant pas vraiment comment la formuler.

   Anna grommela pour toute réponse que c'était ça, le problème. Peter avait tendance à l'amadouer, et ça ne lui avait jamais rien apporté de bon. Elle se concentra sur sa feuille, essayant de trouver un sens aux questions.

   Elle releva subitement la tête, un fin sourire aux lèvres.

— Comment tu m'as appelé ?

   Il lui jeta un regard par dessus son épaule, et elle put voir la rougeur gagner son cou.

— Anya. Comme dans le...dans le film.

   Il avait buté sur les mots, la faisant sourire encore plus. Elle le poussa légèrement au niveau de l'épaule.

— Oh Pete. C'est trop mignon.

   Elle crut un instant qu'il allait s'enflammer spontanément. Elle pouvait voir la rougeur disparaître sous sa chemise recouverte par son pull. Elle se rappela soudainement le t-shirt de Peter, jeté quelque part dans son immense chambre à la tour Stark. Elle allait devoir lui ramener.

   Elle haussa les épaules et son regard tomba sur Michelle, qui la regardait avec un sourcil haussé. Anna l'imita, ne comprenant pas où elle voulait en venir. MJ détourna le regard, l'air de rien. Elle se tapota la joue avec son stylo.

   Pour quelqu'un qui cachait tout à tout le monde, son choix en matière d'amitié était étrange. La brune était clairement capable de la percer à jour. Mais elle était surtout capable de se taire si nécessaire. Et c'était une qualité non négligeable.

   Peter se volatilisa à peine la sonnerie avait elle retentit. Étonnée, Anna se dirigea lentement vers son amie, alors que Ned partait.

— Je sais que tu as emménagé avec Tony Stark.

   Les poils de la rousse se hérissèrent, et elle secoua la tête, piégée.

— Les nouvelles vont vites.

— Et je sais aussi que tu était dans l'incident avec Spider-Man ce matin.

   Anna haussa un sourcil.

— Spider-Man ? C'est comme ça qu'il se fait appeler ? Pourquoi pas Tarzan, c'était plus évident.

   Michelle haussa les épaules, avançant vers la sortie du lycée. Son amie suivit le mouvement, pressée de rentrer.

— Tu veux m'en parler ?

   Inutile de demander de quoi il s'agissait, c'était littéralement inscrit sur son visage. En bleu.

— Non.

   MJ acquiesça, n'en demandant pas plus. La rousse l'appréciait principalement pour ça. Même si elle ne se doutait pas que la brune avait très bien compris de quoi il retournait.

— Fais attention. Maintenant tout le monde risque de vouloir s'attaquer à toi, vu que tu vis avec Iron Man, dit-elle à la place d'un banal au revoir.

   Michelle Jones ne faisait définitivement pas dans le banal. Pas du tout.

— Prends soin de toi aussi, psychopathe.

   Sur son ricanement sarcastique, les deux filles se séparèrent. La musique dans les oreilles, Anna pressa le pas pour avoir son bus. Il ne lui fallut qu'un message à rédiger pour qu'elle le loupe.

   Agacée et ne voulant pas attendre des heures à l'arrêt de bus pour arriver en retard à la tour, elle fit un rapide calcul et en conclut qu'il valait mieux qu'elle rentre à pieds. Elle n'avait pas quitté Forest Hills qu'elle en avait déjà assez.

   Elle détestait marcher. Surtout si c'était pour le faire dans des rues recluses pour éviter les regards indiscrets.

   Elle s'arrêta quelques instants pour enlever ses lentilles qui commençaient à la gêner, et ajusta ses lunettes sur son nez.

   En suivant son GPS à la lettre, sous la lumière déclinante du jour, elle ne se rendait pas compte qu'elle avançait vers une ruelle, d'où très bientôt elle entendrait des cris.

   Spider-Man, dans son jogging coloré, jouait de ses pieds et de ses poings, pour repousser ses attaquants. Ses sens s'affolaient à chaque fois qu'un coup le frôlait. Il en esquiva un avant d'envoyer son adversaire au tapis. Il devait penser à retenir ses coups, pour ne pas vraiment faire mal à ses assaillants.

   Un éclat de cheveux roux attira son attention. Il se figea, pas sûr de ce qu'il avait vu. Et pourtant, Anna était bien là, jetée dans la bataille. Elle échangea quelques coups avec un des hommes, et lui mit un coup de coude dans la mâchoire, l'envoyant au sol.

   Peter, distrait sous son masque, ne remarqua pas l'arme que son assaillant avait sorti. Il évita de justesse qu'elle se plante dans son torse, mais le couteau lui atteignit l'épaule. Il poussa un petit cri et plaqua sa main sur sa blessure.

   Anna, au prise avec un autre homme, remarqua distraitement que Spider-Man n'était pas en position de force. Elle sursauta en entendant son cri. Elle se dépêcha d'envoyer son attaquant à terre, et se précipita sur le dernier, armé.

   Agilement, elle l'éloigna du héros. Elle fut surprise de sentir l'arme sous son cou. Celui-ci était intelligent. Pas mal.

— Eh ! lança Spider-Man. On peut s'arranger, non ?

   Anna haussa un sourcil. Ce n'était pas du tout la voix d'un adulte. Il aurait très bien put être au lycée avec elle.

   Uh. Maintenant qu'elle y pensait...

— Tu me laisses partir et je la relâche.

   La jeune fille leva les yeux au ciel, coupée dans sa réflexion.

— Qui te dit que tu me tiens ?

   Elle rejeta sa tête en arrière et sentit le nez de l'autre entrer violemment en contact avec son crâne. Il gémit en la relâchant.

   Le couteau toujours en main, il réussit tout de même à l'atteindre à la cuisse.

— An-!

   Peter se retint juste à temps, lui évitant de se vendre. Il eut un mouvement protecteur, s'avançant vers elle. Il réfléchit à toute allure, pour attaquer l'autre sans la blesser.

   Spider-Man s'agrippa avec son fluide au mur à l'aide de son bras valide, et prit de l'élan avant de balancer ses pieds dans le visage de l'autre, l'assommant au passage.

— C'était génial ! s'exclama-t-il, extatique. D'où tu sors toutes ces techniques ?

   Il remarqua sa blessure d'où le sang s'écoulait.

— Tu te sens bien ?

   Anna le dévisagea, étonnée de sa réaction.

— Tu m'as l'air bien heureux pour quelqu'un qui a la moitié de l'épaule ouverte. Et c'est juste une égratignure. J'ai été entraînée par la Veuve Noire, et crois-moi, j'ai vu pire.

— Génial !

   Il regarda sa plaie, se calmant, ses yeux mécaniques se plissant. Puis son regard se posa sur celle d'Anna.

— Je vais pas pouvoir te laisser...heu...rentrer comme ça, gémit-il.

   La jeune fille s'approcha de lui, et il eut un mouvement de recul quand elle lui toucha l'épaule. Elle sentit un pic de douleur à chacun de ses pas.

— T'inquiète Spider-Boy. J'ai l'habitude des héros en difficulté.

— C'est...c'est Spider-Man. Je suis un homme.

   Elle ricana en écartant les pans de vêtements déchirés.

— Vraiment, tu es sûr de ça ? Parce que tu me rappelles quelqu'un du lycée...

— Non, non ! Je ne suis pas au lycée !

   Elle regarda la profondeur de la blessure, refoulant son dégoût. Peter essayait de ne pas gémir alors qu'elle manœuvrait autour de sa plaie, lui causant des ondes de douleur.

— Si tu le dis. Tu vas peut-être avoir besoin de points de suture, ou au moins de désinfectant. Je suppose que tu ne peux pas aller à l'hôpital ?

   Il secoua vivement la tête, les yeux sans doute écarquillés. Elle mit ses mains sur ses hanches.

— Ouais. Moi non plus.

   Elle évalua sa propre plaie, et jugea qu'elle n'avait besoin que d'un bandage, contrairement au héros qui avait sans doute besoin de plus. Anna considéra les options qui se présentaient. Soit elle le laissait rentrer comme cela, et lui faisait risquer une infection, soit elle l'emmenait à la tour en essayant d'échapper à Vision. Ça ne devrait pas être dur, il n'entrerait sans doute pas dans sa chambre.

   Elle regarda sa montre, puis le GPS, pour se rendre compte qu'elle était en retard. Et sa démarche n'allait rien arranger.

— Je peux te ramener, proposa-t-il soudainement. Si tu veux ?

   Elle considéra la personne en face d'elle, dubitative. Elle secoua la tête, souriante.

— Dans ton état, c'est plutôt moi qui vais te ramener.

— Je peux toujours me balancer avec un seul bras. Et ton état n'est pas mieux.

   Pour appuyer ses dires, il se balança entre les deux immeubles de chaises côtés de la rue. En retombant, il pencha dangereusement sur le côté, et manqua de tomber dans les poubelles, déséquilibré. La blessure sur son épaule battait comme un deuxième cœur, et lui arracha une grimace de douleur.

— Outre le fait que tu me demandes de me balancer avec un inconnu pour aller à New York, ça m'a pas l'air très sûr. On ferait mieux d'y aller à pieds.

   Anna évitait de parler de son vertige. Si elle avait réussi à cacher à tout le monde qu'elle pouvait voler dans ce but précis, ce n'était pas pour se balancer à plusieurs mètres du sol.

— On ?

   Elle roula des yeux.

— Je ne vais pas te laisser rentrer comme ça.

— Je viens seulement si tu me laisses nous balancer. Tu risques de te faire mal.

— Je sais pas si tu es au courant, Spidey-Boy, mais on parle de santé.

— Justement.

   Elle jura discrètement et s'approcha de lui. Il se baissa pour la laisser monter. Elle le fit, lentement, en râlant.

— Les jeunes de nos jours...

— Je ne suis pas un lycéen !

   Il passa ses bras sous les genoux d'Anastasia, qui le maudissait sur trois générations, grimaçante de douleur.

— Quelle bande de bras-cassés.

— Désolé...

   Définitivement, sa voix lui disait quelque chose. Elle serra son cou, pour être sûre d'être bien accrochée.

— Si tu nous tues, je t'en voudrais.

   Il ria, balançant un peu sa tête en arrière.

— C'est noté.

— La ferme et décolle, Spidey-Boy.

   Il obtempéra, et alors qu'elle avait le cœur dans l'estomac, il se mit à se balancer.

modifié le 30/04/20