3 - 911, I'D LIKE TO REPORT A MURDER
[ Période : pré Captain America : Civil War ]
PETER ouvrit difficilement les yeux. Il se sentait mal, très mal. Il avait l'impression d'être un ordinateur dans lequel on avait implanté un virus. Et ce virus lui brûlait les veines. Il avait commencé à ne pas se sentir bien après être sorti de la tour Osborn. À bien y réfléchir, il ne se sentait pas bien depuis qu'il s'était fait mordre par cette araignée aux couleurs vives. Il avait dû annuler son rendez-vous avec Anastasia, et l'avait reporté à l'après-midi du dimanche.
L'esprit embrouillé, il saisit son téléphone pour regarder l'heure. Quatre heures du matin. Et on était lundi.
Est-ce qu'il venait sérieusement de dormir pendant plus de vingt-quatre heures ?
Il se releva un peu vite et parcourut les messages que sa partenaire à la crinière flamboyante lui avait envoyé. Elle était en colère, et Peter allait passé un sale quart d'heure quand il irait en cours dans quelques heures.
Il ne devrait pas se sentir aussi menacé par son message, étant donné qu'il avait des problèmes plus importants en cet instant. Par exemple, le fait qu'il ait dormi plus de vingt-quatre heures !
Peter était un adolescent comme les autres. Quand il dormait plus de huit heures, il était malade. Alors là.
Le sommeil ayant déserté son corps, il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Il se figea en se regardant dans le miroir.
— Ma maladie...m'a donné des abdos ?
Il s'inspecta pour voir d'autre changement, et il put se rendre compte que sa masse musculaire avant grandement évolué. Il hésitait entre trouver ça génial et inquiétant. Il mit ses lunettes, avant de les enlever, de les remettre à nouveau et de définitivement les poser.
— Au moins je n'ai plus besoin de ça.
Il jeta un regard à l'endroit où l'araignée l'avait piqué, pour se rendre compte qu'il n'y avait presque plus rien, à part deux légers points à peine visibles.
Il y avait une partie de son cerveau qui était totalement paralysée par la peur. Qu'est-ce qui allait encore changer chez lui ? Et si ça s'aggravait, et s'il mourait ?
Mais d'un autre côté...le futur scientifique en lui était totalement fasciné. Et voulait en parler à Ned. De toute urgence.
Inquiet, il finit de se préparer pour aller en cours.
Anna, elle, n'était toujours pas réveillée. Elle avait vaguement conscience qu'elle allait arriver en retard au lycée, mais elle ne pouvait se résoudre à ouvrir les yeux. Elle se sentait ridicule d'avoir poireauté pendant une heure dehors le jour précédent. Tout ça pour que Parker lui pose un lapin. Et il n'avait même pas répondu à ses messages. Elle qui se disait qu'il n'était pas si mal que cela, pour quelqu'un qui agressait des pieds, elle commençait à remettre sa pensée en doute.
Dans un élan de lucidité, elle ouvrit enfin les yeux, et se leva précipitamment pour se préparer. Elle enfila les vêtements qu'elle avait sous la main, mit ses lentilles efficacement et rapidement—elle avait l'habitude—, et courut dans le salon.
— Je suis en retard !
Elle eut le temps d'entendre son père marmonner qu'elle n'était bonne à rien avant de claquer la porte et de sortir. Ça aussi, elle avait l'habitude.
Une fois au lycée, elle retrouva MJ, qui partageait les mêmes cours qu'elle.
— Alors avec Peter ?
Anastasia fit la grimace, secouant la tête.
— Il m'a posé un lapin au dernier moment et ne s'est même pas excusé. La galanterie de nos jours...
MJ ricana avant d'avancer vers leur prochain cours. La matinée était ennuyeuse. Comme toute matinée de cours, se dit Anna. Même si elle était douée en cours, ça ne voulait pas dire qu'elle aimait ça.
À midi, elles mangèrent à la même table que Peter, quelques places plus loin. Il ne la remarqua même pas, trop occupé à parler au garçon à côté de lui. Elle l'observait les yeux mi-clos, étonnée de le voir sans lunettes.
Anna devait l'avouer, elle s'était un petit peu de soucis pour Peter, quand il n'était pas venu. Mais elle avait mis ça sur le compte de son anxiété qui faisait des siennes.
— C'est Ned. Son meilleur ami.
La rousse dévisagea son Michelle.
— Comment tu sais ça, toi ?
Elle haussa les épaules.
— Je suis observatrice.
— Et psychopathe sur les bords. J'aime bien.
Michelle lui sourit en avalant une frite. Anna commençait à se sentir à l'aise avec elle, presque autant que lorsqu'elle était à la tour. Bien sûr, ce n'était pas pareil, puisque MJ ne savait pas tout sur elle—et encore heureux, elles ne se connaissaient que depuis une semaine à peine.
Elle songea quelques instants à passer la nuit à la tour, et à faire croire à son père qu'elle dormait chez MJ. Elle n'avait pas envie de le voir, pas alors que l'anniversaire arrivait à grands pas. Stark serait sans aucun doute d'accord pour qu'elle reste, mais il finirait par lui poser des questions. Le jeu en valait sans doute la chandelle, mais elle pouvait encore repousser l'échéance.
— La terre appelle Anna ?
Elle releva les yeux sur Michelle, secouant la main devant elle.
— Et Anna ne répond pas. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— On va en cours. À moins que tu veuilles avoir du retard en bio ?
Elles saisirent leurs affaires et se dépêchèrent d'aller dans la salle de classe. Elles passèrent au dernier moment, alors que la porte se refermait. Elles se confondirent en excuses, et se dirigèrent vers leur place, la tête baissée.
Anna s'assit à côté de Peter, qui se tourna vers elle, les joues rouges. Elle soupira intérieurement.
— Je suis désolé pour ce week-end. Je suis tombé malade et j'ai dormi très longtemps alors j'ai pas pu t'envoyer de messages.
La rousse leva les yeux au ciel. Elle ne put s'empêcher de le trouver adorable, avec son air gêné et son inquiétude vis-à-vis de son ressenti. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Après tout, ce serait stupide étant donné que la raison de Peter était plus que recevable.
— Tu sais quoi ? dit-elle avec un petit sourire. Arrête de t'excuser Parker, et emmène moi manger une glace mercredi après les cours. Après on ira réviser à la bibliothèque autant que tu veux. Ça te va ?
Ses yeux bruns s'écarquillèrent, et son visage respira l'étonnement.
— Heu... Ouais-ouais. Cool.
Il se racla la gorge, et Anna eut un sourire en coin.
— Parfait.
Au moins, ça lui permettrait de gagner du temps avant de rentrer.
✧
TOUS les jours avant leur sortie se fondirent entre eux, devenant une masse qui avait mis du à passer. Ils se parlaient souvent au lycée, et le soir par message. Le garçon demanda plusieurs fois pourquoi elle était inactive pendant plusieurs heures, quelques fois, désertant tous les réseaux. Elle n'avait jamais eu la force de lui répondre que c'était parce qu'elle était occupée à cacher les trace de la violence psychologique de son père.
Elle avait appris que les parents de son ami étaient morts, et qu'il vivait avec sa tante et son oncle, qui avaient pris leur place. D'ailleurs, elles les avaient, une fois ou deux, à cause de leur projet en science. Ils étaient vraiment adorable, l'un comme l'autre. Elle comprenait pourquoi Peter les aimait autant.
Elle avait été touchée par l'affection de Peter lorsqu'il en parlait. Mais elle ne l'avait pas montré, bien sûr que non, et était restée bien cachée derrière ses lentilles de contacts, comme si l'idée même d'avoir des sentiments autre que la tristesse, l'indifférence et la froideur seraient du poison pour elle.
Le mercredi passa lentement, et elle attendit Peter à la sortie. Il lui sourit en arrivant.
— Je connais un endroit où acheter une glace, juste à côté de chez monsieur Delmar.
— Ça m'a l'air bien.
Elle se laissa entraîner dans les rues, suivant son guide à la trace, n'ayant aucune idée de qui Peter parlait. Ils achetèrent chacun leurs glaces, et s'assirent un peu plus loin sur un banc dans un parc.
Ils s'étaient mis à l'ombre sous un arbre. Anna avait choisi la place, et le parc. Elle avait de l'expérience pour se cacher des paparazzi. Parce que oui, être une adolescente de quinze ans ne l'empêchait apparemment pas d'être de la cible de personnes voulant ternir sa réputation.
Elle avait remarqué que Peter avait du mal à communiquer sa pensée, au début des conversations. Comme s'il avait peur de dire quelque chose qui n'allait pas. Elle appréciait énormément le fait qu'il veuille bien faire.
Enfin, jusqu'à ce que sa langue ne se délie.
— Comment ça le premier Indiana Jones était nul ? J'aurais tout entendu !
Peter rit doucement en terminant sa glace.
— Je trouve juste que celui avec le Graal est mieux.
Anna écarquilla les yeux et leva les bras vers le ciel.
— N'importe quoi ! Et moi qui pensais que tu t'y connaissais en film. Tu devrais avoir honte, Parker.
Il porta une main à sa poitrine, l'air faussement outré.
— Hé ! Je n'y peux rien moi si le premier était nul.
La rousse secoua la tête.
— Tiens tu vois, tu l'as dit. Incroyable. Tu me déçois. Tu devrais t'excuser, là, maintenant.
Peter rit à nouveau, rejetant la tête en arrière.
— C'est toi qui m'a dit de ne plus m'excuser ! Je déteste juste le moment avec la boule au début. Comment est-ce qu'il a fait pour survivre ? C'est impossible.
Il mima la pierre roulant avant de donner un coup de poing dans le dossier du banc pour simuler la mort d'Indy. Mais son poing, au lieu de se cogner douloureusement contre le bois, le traversa comme du beurre.
— Oh la vache, Peter !
Elle prit sa main et l'inspecta, découvrant avec surprise qu'elle était intacte. Anna releva les yeux vers Peter et bondit hors du banc, l'air ahurie.
— Peter, comment t'as fait ça ?
L'adolescent continuait de regarder ses phalanges, choqué. Il ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois d'affilés.
— Je-je dois partir.
Et sans un mot de plus, il fit demi tour en courant à toutes jambes. Anna resta plantée là, incrédule. En plus de défoncer de pauvre banc innocent, Peter Parker lui avait à nouveau posé un lapin. Énervée, elle fit le chemin vers sa maison d'un pas vif, décidant qu'elle appellerait Peter plus tard dans la soirée. Pour prendre de ses nouvelles
Et aussi lui dire que de lui cacher sa capacité à tuer des bancs était idiot. Après tout, elle était en contact avec les Avengers, et ce n'était pas la chose la plus étonnante qu'elle avait vu.
Pas depuis qu'elle avait entendu Thor ronfler. Elle était presque sûre que ses os avaient tremblés.
En rentrant, elle ne fit pas attention à son père, qui s'était réduit à une épave puant l'alcool sur le canapé. Elle ne put toutefois s'empêcher de se sentir honteuse. Sans l'aide financière de Tony, père et fille serait à la rue. Elle ne remercierait jamais assez Stark pour cela, et elle avait une dette éternelle envers lui.
L'esprit absent, elle fit ses devoirs distraitement. Elle n'avait plus faim, plus du tout même. Son père ne lui demanderait pas de faire à manger, pour la simple et bonne raison qu'il ne se réveillerait pas. Alors, elle s'allongea ensuite dans son lit, les yeux clos.
Elle s'endormit, avant de se réveiller en sursaut, à peine quelques heures plus tard, à cause d'un cauchemar. Elle avait dû trop penser aux ronflements de Thor.
Elle se rappela subitement qu'elle avait oublié d'appeler Peter. Il devait être tard, mais après tout si ça le réveillait, il l'avait un peu mérité pour les deux vents qu'il lui avait mis, non ?
Elle ne s'attendait pas à ce qu'il décroche, et fut prise de court lorsqu'il le fit.
— Dis donc Parker, il n'y a pas écrit clapier sur mon front alors arrête un peu de me poser des lap...
— Anna ?
La jeune fille sentit son cœur tomber dans sa poitrine. La voix de Peter était brisée, désarticulée. Elle était secouée de sanglots, et Anna le ressenti jusque dans ses os.
— Peter ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle l'entendit hoqueter pour retrouver sa respiration, avec de finir par répondre d'une voix entrecoupée de tristesse.
— C'est oncle Ben.
Anna serra le poing contre son front en se passant la main sur le visage par le même geste. Elle réfléchissait à toute vitesse, pour essayer de trouver un moyen de rejoindre Peter. Elle ne s'était pas vraiment poser la question de pourquoi elle le faisait.
Elle avait juste le sentiment que Peter ne devait pas rester tout seul, ce soir-là. Pas comme elle, lorsque sa mère était partie. Elle ne voulait pas que quelqu'un d'autre ait à vivre ça.
— Tu es chez toi là ?
— Ou-oui.
Toujours au téléphone, elle ouvrit la fenêtre de sa chambre et l'enjamba pour utiliser l'escalier de secours. Il ne restait plus qu'à prier que son père ne se réveille pas.
— J'arrive tout de suite.
modifié le 25/04/20
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