28 - SACRIFICE

[ Période : ??? ]

HILDA descendit en tremblant du vaisseau, seule geste trahissant ses émotions. À sa suite, son frère, Frederik, la regarda rouler des épaules lorsqu'elle toucha la terre ferme. Il fronça les sourcils en se rendant compte qu'en réalité, le sol était couvert d'une couche d'eau. Le monde qui les entourait était englobé dans une obscurité violette, des nuages éternels recouvrant le ciel, et pour seul relief une montagne un peu plus loin.

- Hil, appela-t-il. On devrait peut-être réfléchir à ce qu'on va faire. Déjà qu'arriver sur Vormir comme cela est dangereux, on ferait mieux de reconsidérer le plan. Surtout que cette planète est tout de même plutôt angoissante.

Elle lui jeta un regard en biais, s'arrêtant, un air déterminé et douloureux au visage. Elle lui empoigna le col, mais il ne flancha pas.

- Je suis prête à tout. Si ce  n'est pas ton cas, tu peux encore partir.

Il posa délicatement sa main sur sa joue, à l'endroit où quelques heures encore des larmes coulaient. Elle le relâcha, se radoucissant en sentant son cœur s'ouvrir légèrement à d'autres émotions que son chagrin.

- Je ne te laisse pas.

Elle lui embrassa rapidement la joue avant de reprendre sa route, le cœur mort dans sa poitrine. Elle serra ses poings en se rappelant du sang qui avait recouvert ses mains. Cela avait été un accident, un simple accident, rien de plus. C'est pourquoi elle devait rattraper le coup, à tout prix.

Une enfant qui courait au bord d'un ruisseau. Qui courait à la vitesse du courant, qui courait plus vite que ses pieds, qui courait à en faire s'emballer son cœur, qui courait...

Et puis, la fin brutale de la course. L'enfant ne courait plus, le ruisseau s'était tut. L'enfant ne courait plus, ses jambes étaient immobiles. L'enfant ne courait plus, son cœur non plus.

Une pierre mal placée sur un chemin peut être à l'origine de bien des malheurs, Hilda l'avait appris à ses dépends lorsque sous ses yeux, sa fille avait rendu son dernier souffle, une large plaie derrière le crâne.

Sigrid, cette petite fille aux cheveux roux resplendissant et aux yeux bleus comme des saphirs, s'était éteinte bien avant l'heure.

Et Hilda n'avait plus de place dans son cœur, à part pour des regrets. Si elle n'était pas tombée amoureuse d'un simple mortel, sa fille aurait survécu. Elle n'aurait pas été exilée pour être tombée enceinte de lui, et ne se serait pas trouvée dans cette forêt.

Mais elle allait bientôt comprendre que le destin fonctionnait toujours indépendamment de la volonté des gens.

- Alors, cria Frederik pour surpasser le sifflement du vent, la voix entrecoupée par l'effort alors qu'il gravissait une montagne. Tu es bien sûre de l'appeler Sigrid ? Je veux dire, ce n'est pas contre toi, mais je préfère largement celui que moi je voulais. Surtout que c'est un nom Midgardien, comme toi tu le voulais. Quand on aura ta pierre étrange, et qu'elle reviendra, tu pourras peut-être changer ?

Un sourire déforma le visage de sa sœur. Comme elle l'aimait lorsqu'il était ainsi, jouant le tout pour le tout pour la dérider, jamais à court de répartie. Certes des fois il valait mieux qu'il garde ses pics dans la bouche, mais dans des moments comme ceux-ci, elle lui en était reconnaissante.

Le cœur de son frère avait loupé un battement lorsque leurs amis commun, Loki et Thor, leur avaient parlé de cette pierre capable de contrôler l'âme des gens. Les héritiers d'Asgard, étaient les parrains de l'enfant. Odin avait accepté qu'ils le soient tous deux, étant donné que la petite était dépourvue d'une marraine. C'est pourquoi la nouvelle de sa mort les avaient anéantis, lorsque Frederik leur en avaient parlé. Les lèvres de Loki s'était tordu vers le bas, et même le visage jovial de Thor s'était considérablement terni, les deux portant la jeune fille dans leur cœur comme une nièce. Ils s'étaient donc empressés de trouver une solution, et celle-ci semblait être la bonne.

- Sigrid, et c'est mon dernier mot, répondit-elle.

- Pauvre enfant, marmonna-t-il. Même Loki et Thor aiment celui que j'avais choisis. Écoute donc la voix de la raison.

Elle se stoppa, le faisant s'arrêter lui aussi comme elle était devant.

- Premièrement, je ne suis pas sûre qu'ils soient la voix de la raison. Ou bien les mondes courraient à leur perte. Ensuite, j'espère qu'elle n'aura pas ton sarcasme quand elle sera plus grande.

- J'espère qu'elle n'aura pas ton nez.

Elle leva les yeux au ciel, se penchant pour donner une pichenette sur celui de son frère.

- On a le même, crétin !

   Il haussa les épaules, l'air de dire que ce n'était pas de sa faute.

- J'espère qu'elle aura plus de respect pour son prochain, dit-il en s'appuyant nonchalamment sur une pierre.

Pour toute réponse, elle secoua la tête. Hilda et Frederik faisaient toujours tout ensemble. Combattre, étudier, vivre. Ils n'étaient jamais l'un sans l'autre. Ils étaient jumeaux, et ce que certains considéraient comme une malédiction, eux, le vivaient comme un don. Une extension d'eux-même qui était toujours là. Ils vivaient dans l'optimisme, et voyaient toujours tout du bon côté. Avec eux, les "si" se transformaient en "quand", et les "je pourrais" en "je peux".

   Si l'un d'entre eux venait à mourir, une partie du survivant serait à jamais morte. Ils ne pouvaient pas se figurer une vie seule, cela leur était impossible.

   Mais le sort n'a généralement rien à faire des sentiments.

Elle tapota le dos de son frère lorsqu'ils arrivèrent en haut, ce dernier plié en deux sous l'effort. Il se dégagea en ronchonnant.

Une forme flottante et noire s'approcha, les faisant se poster sur leur garde, prêts à se battre. Il tenta comme à son habitude de se placer légèrement devant elle, devant se prendre un coup dans le genoux pour le faire se replacer à côté.

- Bienvenue, Hilda et Frederik, guerriers asgardiens. 

Ce dernier haussa un sourcil, abaissant de quelques centimètres son arme.

- Tu nous connais ?

   Il se remit vite en garde en voyant l'autre chose s'approcher.

- Ma malédiction est de connaître tout ceux qui s'aventurent ici.

Hilda rejeta ses cheveux derrière son épaule, pas apeurée pour deux sous. Après avoir vu des géants des glaces, elle pouvait difficilement se laisser impressionner par une sorte de fantôme.

- Sympa pour se faire des connaissances. En attendant, donnes-nous la pierre de l'âme.

- Sachez qu'elle exige un lourd tribut.

   Frederik se pencha vers sa sœur, un sourire narquois aux lèvres.

- On dirait toi quand les hommes te couraient après, chuchota-t-il.

Il se prit un coup de coude dans les côtes. En se redressant, il se massa l'endroit où sa sœur l'avait frappée.

- Je suis prête à tout pour ramener ma fille.

La chose descendit à leur hauteur, révélant un crâne rouge dont certaines parties manquaient.

- C'est ce qu'ils pensent tous. Ils ont tous tort.

L'Asgardien fronça le nez.

- Vous devriez aller voir ce que les Midgardiens appellent un chirurgien esthétique.

Avec un regard dédaigneux, il flotta au loin, les jumeaux à sa suite. Une fois arrivés devant un gouffre, entre deux colonnes de pierres, ils se stoppèrent, les deux Asgardiens regardant dans le vide.

- Ce que tu convoites, se trouve devant toi, de même que ce que tu redoutes.

   La femme haussa un sourcil, sarcastique.

- Je suis pas sûre d'être venue ici pour un gouffre, dit-elle platement.

   Son frère poussa un soupir, faussement exaspéré par le comportement de sa sœur.

- C'est le prix à payer. Pour s'assurer que quiconque la possède a compris son pouvoir, la gemme exige un sacrifice.

Frederik se recula, dévisageant l'ombre.

- Nous avons plein de vaches sur Asgard.

- Afin de t'emparer de la pierre, continua-t-il sans prêter attention à l'homme, tu dois perdre ce que tu aimes. Une âme, contre une autre.

Hilda recula doucement, dévisageant le fantôme en titubant. Frederik la prit dans ses bras, la serrant contre lui. Elle se laissa aller, les yeux secs, regardant dans le vide.

   Il n'y avait pas beaucoup d'options. En cet instant, celui qu'elle aimait le plus la serrait dans ses bras en sachant pertinemment ce qui l'attendait.

   Il y avait un silence de mort, seulement troublé par le doux hululement du vent, et des gémissements de douleur de Hilda.

Elle releva la tête vers son frère, les mains tremblantes sur ses joues.

- Je ne peux pas faire ça, Freddie. Je ne peux pas te tuer.

Elle avait un air désespérer sur le visage, et tout son corps tressautait sous des sanglots silencieux, qui allaient finir par s'échapper de ses yeux. Il replaça son visage sur son torse, la berçant contre lui, essayant de maîtriser la peur qui grandissait en lui à l'idée de ce qui allait lui arriver. Il chuchotait doucement à sa sœur de se calmer, alors qu'il sentait des pleurs la traverser. Il caressait doucement son dos, avant de la forcer à le regarder dans les yeux, prenant son visage entre les mains. Il essaya de figer son propre visage dans un masque avenant, ne désirant pas qu'elle le voit paniquer. Non, il ne devait rien trahir pour être sûr qu'elle allait le faire. Pour Milia.

- Eh, ça va aller. Je la regarderais grandir à partir du Valhallah. Tu peux le faire Hil. Aux dernières nouvelles, la seule que tu ne sais pas faire, c'est rien faire.

Elle secoua frénétiquement la tête. Son frère avait l'air si convaincu, et elle si apeuré. Elle avait du plomb dans l'estomac et de l'acide dans le cœur. Des composants chimiques jouaient à exploser dans son cerveau. Elle se mordit la lèvre, se détachant de lui. Elle posa ses mains sur ses genoux, les larmes dévalant ses joues avant de s'écraser sur le sol.

   Elle était à bout de souffle, épuisée par tous ses sentiments dévastateurs. Ne pouvait-elle pas avoir un moment de répit ? Après avoir perdu sa fille, devait-elle vraiment perdre son frère aussi ? C'était tellement injuste.

Frederik profita de ce moment d'inattention pour regarder l'ombre, toute son angoisse transparaissant sur son visage. Ses airs étaient crispés et ses cheveux roux en bataille à cause de ses mains qui passaient dedans. Il avait les yeux exorbités, et son cœur battait à mille à l'heure sous l'adrénaline. Il allait mourir, et cela lui allait très bien. Mourir pour sauver une vie, il n'y avait pas de meilleur mort possible à ses yeux. Surtout pour la vie de sa nièce. Il souffla, tentant de s'armer de courage en voyant sa sœur se relever.

En la voyant hésiter, il leva les yeux au ciel, faussement indolent, attrapant la main petite mais forte de Hilda et la plaçant sur son torse. Il les fit s'avancer jusqu'à ce que ses talons soient dans le vide. Sa sœur avait la bouche entrouverte, les joues barbouillées de larmes et une douleur insondable dans les yeux.

- Tu vois ? dit-il en tentant de maîtriser sa voix. Facile. Une toute petite impulsion et tu auras ta fille.

   Il avait quelque peu trahi sa peur en mentionnant de façon si désinvolte le geste qui allait le tuer. Hilda le ressentit et se mit à paniquer.

- Mais je ne t'aurais plus toi ! hurla-t-elle.

Il déglutit difficilement, lui offrant un sourire en demi-teinte. Il était aussi secoué qu'elle car pour une fois, leur optimisme s'était tu dans leur cœur. Elle serra son autre poing jusqu'à ce que ses ongles rentrent dans sa peau. Elle était sur le point de perdre la moitié de sa vie, et la moitié de son cœur. Elle n'était définitivement pas prête, et pourtant, elle devait le faire. Pour sa petite fille qui méritait de vivre la vie chaleureuse qui lui était réservée.

   Son frère s'approcha et posa un dernier baiser sur son front, se reculant à nouveau à sa place, hochant la tête pour lui montrer que c'était le bon choix.

Alors que Frederik lui souriait une dernière fois, mettant tout son cœur dans ce geste, elle baissa la tête, ne voulant pas voir ce qu'elle-même allait faire.

- Je t'aime, dit-elle.

Et avec une petite impulsion, comme il l'avait dit, Frederik dégringolait vers le sol en contrebas avec aucune chance de s'en sortir.

Hilda avait un souvenir très vague de ce qui arriva ensuite. Elle se souvenait juste d'avoir atterri dans un endroit vaste, et la seconde suivante, sa fille agitait une pierre orange étincelant au contact de sa main, regorgeante de vie. Elle lui rappelait un autre, et cela lui brisait petit à petit le coeur, alors qu'il était déjà en miettes.

   Elle se souvenait par contre des jours qui suivirent, de la douleur qui accompagnait chacun de ses gestes. Elle ressentait tant d'émotions contradictoires. Tant de bonheur en voyant sa fille, tant de malheur en voyant son frère en elle.

- Jack, dit-elle un matin en appelant le père de la petite fille, le faisant avancer vers elle.

Il arriva, tout sourire, ne se rendant pas compte de la tristesse dans le regard de la femme qu'il aimait, trop occupé par le bonheur d'avoir retrouvé son enfant.

- J'ai quelque chose à te dire, continua Alessandra, comme elle se faisait appeler sur Midgard.

   Il se calma un peu, reprenant un air parfaitement sérieux.

- Je t'écoute.

Avec ce sourire en demi-teinte si propre à cette famille, ce sourire qui exprimait une telle tristesse, mais un bonheur tout aussi conséquent, le sourire de quelqu'un qui arriverait à vaincre son malheur, le sourire d'une personne qui voulait s'en sortir et oublier le passé, elle le regarda dans les yeux.

   Elle frissonna de dégoût lorsque Jack posa sa main sur elle. Cela aussi, elle apprendrait à le surmonter. Pour leur fille.

- Tu es vraiment sûr pour le prénom ? Parce que j'aime bien Anastasia. Enfin, c'est pas vraiment moi qui aimait ce prénom... Disons que c'était un conseil plutôt appuyé.

Et comme si l'enfant se reconnaissait, elle se retourna, riant aux éclats.

Oui, Anastasia était tout simplement fait pour elle.

Omgggg j'ai tant pleuré en écrivant ce chapitre les gars, jpp de moi

Sinon bonsoir je m'appelle Ro' et j'adore créer des personnages auxquels je m'attache avant de les tuer

Donc voilà, des explications sur la pierre autour du cou de Anna EHEHEHEH
Certains l'avaient déjà
prédit x)

Eh oui, elle tire bien ses pouvoirs de la pierre de l'âme mwahah
( en espérant que ça pose pas de problèmes à thanos si vous voyez ce que je veux direeeee )
Et en plus elle est à demi asgardienne ! C'est pas bow ça ?

Bon j'avoue, la partie sur Thor et Loki qui sont les parrains c'ÉtAiT pAs TrOp PrÉvU, mais bon, j'aime bien x)
Je clarifierais les quelques incohérences que ça aura créé dans le prochain chap ehe

Bref, on se retrouve avec un autre chapitre en compagnie d'Anna et de notre tête de chèvre, j'espère que vous avez aimé ce chapitre !

Chalut !

/!\ Indice du prochain chapitre /!\

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