[ Période : Captain America : Civil War ]

ARRIVÉS à l'hôtel, elle s'était assise sur le lit, le téléphone devant elle en attendant des nouvelles de Tony. Il lui répondit vaguement qu'ils rentraient demain pour que Rhodey soit soigné aux États-Unis, maintenant qu'il était dans un état stable.

   Peter sortit son propre téléphone et se mit à se filmer, une fois qu'il s'était changé. Anna savait qu'il s'était contenu pour elle, alors elle n'en tint pas rigueur, cela lui fit même esquisser quelques sourires.

- C'est le truc le plus dingue qui me soit jamais arrivé ! Monsieur Stark a crié "Pyjama à toi !" et là j'ai fait une arrivée stylée, j'ai piqué le bouclier de Captain America, et après j'ai crié "Salut tout le monde !" et Anna était super forte ! Elle leur a botté les fesses ! Et...

   Il fut coupé par un coup à la porte.

- Euh une seconde, j'arrive !

   Happy entra, une tête d'enterrement et portant une robe de chambre.

- Ça va ? demanda l'adolescent d'une voix aiguë.

- Les murs sont fins ici.

   Cela fit échapper un semblant de rire à Anna. Peter coupa le téléphone et s'approcha d'elle, tentant de réfréner son excitation.

- Je suis désolé.

- T'en fais pas Peter. Je suis juste fatiguée. Je pense que je vais dormir.

   Elle s'allongea douloureusement dans son lit, son corps lui faisant atrocement mal.

   Peter sortit de la pièce, fermant doucement la porte derrière lui. Elle eut à peine le temps de commencer à sérieusement se demander ce qu'il faisait avant qu'il ne revienne avec des chocolats chauds et des bonbons.

- Heu... je me suis dit que...

- Merci Pete.

   Il lui offrit un sourire alors qu'elle prenait la tasse et s'asseyait dans les oreillers. Peter se mit à côté d'elle, le paquet entre eux. Anna prit une télécommande et alluma la télé, mettant un film.

   Ils finirent la soirée comme ceci, dans le lit de la jeune fille, avec des boissons chaudes et devant Star Wars. Cela fit du bien à Anastasia, lui permettant de penser à autre chose. Autre chose qu'au fait que sa vie venait juste de s'effondrer autour d'elle.

   Alors que dehors il faisait nuit noire et qu'ils en étaient au quatrième film, dans l'ordre de sortie, Anna commençait à piquer du nez.

- Peter ?

- Ouais ?

   Elle se tourna dans son lit pour lui faire face.

- Merci de ne pas m'avoir écouté quand je t'ai demandé de ne plus être mon ami.

- De-de rien.

   Elle lui sourit, les yeux teintés de rose et de violet, qui avaient remplacés le bleu. Elle finit par s'endormir, loin de ses problèmes et de tous les mauvais côtés de cette journée, sur le torse de Peter.

   Anna se réveilla à cause d'un oiseau assez casse couilles qui n'arrêtait pas de chanter. Elle était sur une surface moins agréable que le torse de Peter Parker, elle devait bien l'avouer. Elle profita des quelques instants où elle ne se souvenait plus très bien ce qu'il s'était passé, les yeux clos, sans doute un filet de bave tachant le matelas.

   Puis, elle se rembrunit en voyant le lit vide de Peter. Elle se leva, s'habilla, et prépara ses affaires. En regardant son téléphone, elle réalisa que ce n'était pas un oiseau, mais une notification qui l'avait réveillé. Peter et Happy l'attendaient dehors.

   Elle sortit de l'hôtel, ses yeux bleus nuits dissimulés derrière ses lunettes, alors qu'elle se repassait dans la tête le bruit impressionnant que Rhodey avait fait en s'écrasant au sol.

   Personne ne parla dans la voiture, ni dans l'avion d'ailleurs. En plein milieu du vol, Peter et Anna s'étaient endormis, exténués par leur soirée. Happy, pour se venger des vidéos qu'ils avaient tournées, avait pris une photo d'eux. La jeune fille avait la joue sur l'épaule de l'adolescent, et celui-ci avait la tête rejeté en arrière.

   En montant dans la voiture qui les ramènerait chez Peter, Tony les rejoignit. Anna monta donc à l'avant, aux côtés de son chauffeur favori. Le milliardaire l'avait rassuré en lui disant que Rhodey n'allait pas mourir, et elle se sentait un peu plus légère. Toutefois, elle avait la désagréable impression qu'il lui cachait quelque chose.

   Alors qu'ils arrivaient, Peter tenta discrètement d'allumer son téléphone. Bien sûr, Tony le remarqua immédiatement.

- Tu fais ton journal intime en vidéo ?

   Anna leva les yeux au ciel, observant Tony dans le rétroviseur, un fin sourire aux lèvres.

- Ou-ouais.

- Ça marche. J'aurais sûrement fait pareil.

- Tu aurais définitivement fait pareil, reprit Anna, sauf que toi tu l'aurais montré à tout le monde.

- Je lui avais dit de pas le faire, se défendit Happy, il filmait absolument tout. J'effacerai la mémoire.

   Peter protesta faiblement alors qu'Anna souriait encore plus au souvenir de la courte vidéo sur le réveil forcé de Happy dans l'avion.

- Tu sais quoi, on devrait se créer un alibi vidéo pour ta tante May. Tu es prêt ? Viens dans le cadre. Prends Anna aussi.

- Tuez-moi, dit-elle entre ses dents pour que personne ne l'entende, forçant un sourire.

   Elle se rapprocha pour qu'elle puisse paraître sur la vidéo.

- Bonjour May ! dit Tony alors qu'Anna faisait un petit signe et Peter souriait comme un idiot. Comment ça va ? Vous portez quoi, une micro jupe j'espère ?

   Peter eut un air offusqué sur le visage, se tournant vers Tony. Anna frappa le bras du milliardaire.

- Arrêtes ça Tony, j'ai des images indélébiles dans ma tête maintenant.

   Il explosa de rire avant de tapoter l'épaule de Peter, lui arrachant un rire nerveux.

- Non ça ne se fait pas, tu as raison. On recommence, tu vireras tout ça.

   Ils se replacèrent, tentant de recouvrer leur sérieux.

- 3,2,1. Salut May ! Mes aïeux ! Je tiens à vous dire que votre neveu a fait un travail incroyable lors de ce week-end de séminaire dans le cadre du stage Stark Industries. Il nous a tous impressionné, n'est-ce pas Anna ?

   Celle-ci fronça les sourcils, l'air hagard. Les mensonges elle maîtrisait, l'improvisation beaucoup moins.

- Ouais, ouais. Il était génial. Ce stage était... tout en... acrobaties.

   Peter lui lança un regard mutin.

- Tout le monde était... commença Tony avant de se faire interrompre par un klaxon qui fit sursauter tout le monde.

- Punaise, j'étais prioritaire, désolé, expliqua leur chauffeur.

- C'est parce que tu n'es pas sur le Queens Boulevard ! Tu vois, Happy a eu l'ambition de se mettre à la gestion de notre portefeuille d'actions. Il avait la casquette de la sécurité et avant il était chauffeur.

- C'était une conversation privée, lâcha celui-ci, la caméra braquée sur lui. Je rigole ni sur mes cheveux, ni sur mon avenir.

- Mais tu n'as ni l'un ni l'autre ! s'écria Anna.

   Peter tourna la caméra vers elle, hilare, toute tordue sur son siège tant son rire était puissant. Elle avait les larmes aux yeux. Tony et Peter étouffèrent eux aussi un rire, alors qu'Happy s'offusquait.

- Non sérieux, reprit Tony, il a ronflé comme un porc...?

   Il fut coupé par Happy freinant brusquement. Peter avait un air gêné tandis que le milliardaire et Anna rigolaient, la dernière produisant des sons se rapprochant d'une otarie.

- Je... vais... mourir... hoqueta-t-elle.

- Happy tu nous laisses un instant ? demanda Stark.

- Vous voulez que je sorte de la voiture ?

- Tu peux sortir la valise de Peter du coffre ?

   Anna finit par se calmer, étonnée par ce qu'elle venait d'entendre. Peter descendit doucement le téléphone avant d'arrêter de filmer, sous le choc.

- Je peux garder le costume ?

- Ouais, on en discutait justement. Toi aussi Anna. Il est déjà dans ta chambre en fait.

- C'est génial ! Merci Tony !

- Peter, rends moi un service tu veux ? Happy sera ton officier de liaison alors ne le stress pas, ne fais rien de stupide. Ça vaut pour toi aussi ça, duchesse. J'ai vu son électrocardiogramme.

   Celle-ci leva les yeux en l'air, un sourire toujours plaqué sur le visage.

- Surtout ne faites pas ce que je ferais, continua-t-il. Encore moins ce que je ne ferais jamais. Il vous reste quand même une petite zone floue dans laquelle vous pouvez manœuvrer.

- En gros, on se précipite vers le danger, puis on s'arrête et on va chercher un burger. Jusqu'ici je suis, ironisa Anna.

- Ça veut dire qu'on est des Avengers ? demanda Peter, des étoiles pleins les pupilles.

- Non.

- Ah ! s'écria Anna, les yeux exorbités. C'était clair, net et précis. Ça pique un peu.

   Happy toqua à la vitre de Peter, une valise à la main.

- C'est ça ?

- Au septième étage !

- Laissez, je la montrais, vous fatiguez pas, se proposa Peter.

- Tu vas la prendre ?

- Heu ou-ouais. Je peux le faire.

- C'est gentil, dit-il en regardant Anna et Tony dans les yeux.

   La jeune fille étouffa un rire.

- Alors-alors c'est quand notre prochain "séminaire" genre, dit Peter en mimant les guillemets.

- Notre prochaine mission ?

- Ouais la mission, euh les missions.

- On t'appellera.

- Vous avez mon numéro ?

   Anna éclata de rire, se tapant les mains sur les cuisses.

- Mais non Peter ! ria-t-elle. Quelqu'un t'appellera.

- Oh. De votre équipe ?

- Tu as tout compris, dit Tony en se penchant pour ouvrir la porte.

   L'adolescente se remit à produire des sons d'otarie mourante lorsque Peter crut qu'il recevait un câlin.

- Du calme, c'est pas un câlin, je t'ouvre juste la portière, on n'en est pas encore là.

Peter lâcha un petit bruit de déception.

- Ciao ! s'écria le milliardaire quand il sortit.

- A bientôt Peter, réussit à sortir Anna entre deux éclats de rires.

   Une fois calmée et Happy remonté dans la voiture, elle se tourna vers Tony.

- Et maintenant ?

- On va voir Rhodey.

   Ces simples mots lui firent l'effet d'une douche froide, à croire que Peter avait emmené la bonne humeur avec lui dans son immeuble. Pas de doutes, Anna était de nouveau enfermée dans sa bulle de tristesse.