10 - FIGHTING BEGINS WITH WORDS
[ Période : Captain America : Civil War ]
ANNA sortit ses affaires de cours de son sac, maugréant et retirant ses lunettes. Steve et Tony s'y étaient mis à deux pour la forcer. Elle n'était pas d'humeur à riposter, sinon, tout héros qu'ils soient, elle les aurait envoyés se faire mettre par le marteau de Thor.
Enfin, dans la limite du possible.
Elle aurait juste râlé.
— Merde, marmonna-t-elle.
Steve lui fit les gros yeux, et elle lui offrit son sourire le plus hypocrite.
— Besoin d'aide p'tite ? proposa Tony.
Elle plaça son visage dans ses mains, grommelant dans sa barbe.
— J'ai oublié mon livre d'algorithmes dans le bus quand il y a eu l'accident.
— Quel accident ?
Rogers et Stark avaient parlé en même temps. Elle releva la tête d'un coup, et se frappa le visage dans un geste d'impuissance.
— Merde, répéta-t-elle.
— Sans vouloir te brusquer, dit Iron Man, mais ton langage est putain de vulgaire.
Captain lança un regard peu amené à son ami.
— Comment ça se fait qu'on en ait jamais entendu parler ? demanda-t-il.
Anna posa son stylo sur son cahier, s'enfonçant dans son siège.
— Je vais bien, j'ai rien eu. Et puis, il n'y a pas vraiment eu d'accident, puisque...Spider-Man était là. Il a arrêté le bus. C'est sans doute sur Youtube.
Tony haussa un sourcil, s'adossant lui aussi. Parler de lui fit penser à Anna qu'ils n'avaient pas discuter depuis le soir où il s'était introduit dans la tour. Ils auraient peut-être dû, vu l'ampleur des secrets qu'ils possédaient l'un sur l'autre.
— Spider-Man, hein ?
Elle hocha vigoureusement la tête, voulant se débarrasser au plus vite de ce sujet de conversation.
— Ouais, le héros en jogging rouge et bleu qui sauve les gens à New York pendant que vous sauvez le monde.
Steve se pencha vers elle, appuyant ses avant-bras sur la table.
— Alors...c'est ton ami ?
Anna pouffa en pensant à l'air outré de Peter quand elle lui avait enlevé son masque.
— Je sais pas, je l'ai vu qu'une fois et j'ai pas eu le temps d'aller le voir et de lui demander "tu veux pas être mon ami ? On pourra jouer au bac à sable ensemble". Sérieux, Captain, vous avez plus important à gérer que mes états d'âmes ou mes devoirs d'arithmétiques.
Comme pour appuyer ses dires, Sam et Rhodey commencèrent un débat sur les accords. Steve et Tony se levèrent, la laissant à la table alors que l'un s'asseyait sur une chaise, et l'autre s'allongeait sur le canapé. Steve prit un livre, et Tony plaça sa main sur son visage, exténué.
Anna ne voulait pas faire à nouveau parti de la discussion sur les accords. Avoir assistée à la réunion l'avait déjà épuisée, et même si elle avait compris l'ampleur de ce qui était entrain de se passer, elle se doutait bien qu'elle serait de trop dans ce débat. Ses petites remarques sarcastiques lui suffiraient.
Elle demanda par message à Michelle de lui envoyer les exercices, ce qu'elle fit sans poser de questions ou démarrer une conversation. Anna fit semblant de se plonger corps et âme dans son cahier, alors qu'elle écoutait toujours les autres parler.
— Je vous propose une équation, lança Vision.
— Non merci, dit Anna. J'en ai déjà marre alors que ça fait deux secondes.
Les regards convergèrent vers elle, et elle fit comme si de rien n'était.
— En huit ans, après que Monsieur Stark se soit fait connaître comme Iron Man, reprit-il, le nombre de personnes déclarées optimisées s'est accru de façon exponentiel. Et au cours de la même période, on a constaté une multiplication proportionnelle du nombre de crises potentiellement apocalyptique.
Tout compte fait, les algorithmes devant Anna avait un tant soit peu plus de sens.
— Ce serait notre faute ? demanda Steve, relevant les yeux.
— Le rapport de cause à effet n'est pas à écarté. Notre force en soit est un défi, et tout défi a tendance à engendrer un conflit, et les conflits... provoquent des catastrophes. En d'autres termes, un regard extérieur sur nos activités peut avoir un certain intérêt.
— Merci, lâcha Rhodey en regardant Sam.
— Anna aurait pu être ce regard extérieur, dit-il.
— C'est une enfant, intervint Wanda.
— Et elle est juste à côté, déclara l'intéressée. Coucou. Sinon, j'ai parfaitement la capacité d'être objective même si je suis une "enfant", mais ne m'incluez pas là-dedans. J'ai déjà du mal à reformer mes paires de chaussettes.
Il y eut un silence dans la salle, et Anna fit mine de réfléchir à nouveau.
— Tony, dit Natasha. Cette absence totale de réaction oratoire ne vous ressemble pas.
L'intéressé retira la main de son visage.
— Sa décision est déjà prise apparemment, dit Steve.
— Comme vous me connaissez bien, lâcha ironiquement le milliardaire en se redressant, se tenant la tête. Il se trouve que j'ai une migraine d'origine électromagnétique.
Il se dirigea vers la cuisine pour se faire un café.
— C'est aussi simple que ça Captain, j'ai mal. Je ne me sens pas bien. Qui a versé du marc de café dans l'évier ? s'énerva-t-il. J'ai l'impression de tenir une auberge de jeunesse pour Hell's Angels.
Anna se demanda vaguement ce que c'était, mais quelques fois les références de Tony lui échappaient. Celui-ci plaça son téléphone dans une corbeille de fruits, et il afficha dans l'air une photo d'un jeune garçon, souriant.
— Ah oui, ce garçon se nomme Charles Spencer. Un garçon épatant. Étudiant en informatique, très bien noté par ses professeurs, comme Anna en astronomie. Un petit boulot d'appoint, en attendant un vrai poste à la rentrée. Mais d'abord, il a voulu voir du pays, avant de s'enchaîner à un bureau pour la vie. Bourlinguer quoi. Et pourquoi pas rendre service. Anna, tu te souviens de ton projet d'aller en France ? J'y viendrais plus tard. Charles n'est pas parti ni à Las Vegas, ni en Floride, comme moi j'aurais choisi, ni à Paris comme Anna, ni à Amsterdam pour faire la fête. Il a décidé de passer toutes ses vacances à monter des logements pour les pauvres. Et où ça ? En Sokovie.
Il y eut un gros silence dans la salle. Ils se regardaient tous, honteux, tristes, coupables. Wanda commençait à avoir le menton qui tremblait. Anna avait du mal à contrôler ses pouvoirs sous le raz-de-marée d'émotions que ses amis provoquaient. Elle resserra ses doigts autour de son stylo, luttant contre ses propres sentiments.
— Il pensait se rendre util sans doute, malheureusement on ne le saura jamais puisqu'on lui a balancé un immeuble sur le crâne dans le feu de l'action.
Il prit une gorgée de sa tasse, la reposant lourdement sur le bar, faisant sursauter Anna, la tête baissée.
— Cette discussion n'est même pas nécessaire. Nos activités doivent être contrôlées, quelque soit la forme que ça prendra, je jouerais le jeu. Si nous ne sommes pas capables d'accepter certaines limites nous ne valons pas mieux que ceux que nous combattons.
— Quand des gens dont on doit assurer la protection sont menacés, on ne les abandonne pas, déclara Steve.
Anna jetait des coups d'œil anxieux vers eux, peu désireuse que la situation dégénère.
— J'ai pas dit ça.
— Mais ça revient à ça si nous devons plus décider d'agir. Ce document nous prive de nos responsabilités.
— Pardon, Steve, intervint Rhodey, mais...je sens une certaine arrogance dans votre point de vue. Il s'agit des Nations Unies. Pas du conseil mondial de sécurité, ni du SHIELD, ni de HYDRA...
— Je sais, coupa Steve, mais les responsables politiques ont des centre d'intérêts qui changent.
— Et c'est une bonne chose, reprit Tony, c'est pour ça que je suis là. Quand j'ai compris quel usage des gens malintentionnés peuvent faire de mes armes, j'ai décidé d'arrêter leur production.
— Tony, c'est vous qui avez décidé de le faire. Si nous signons ça nous perdrons notre pouvoir de décision. Imaginez qu'on nous envoie sur un terrain où on ne veut pas aller. Ou qu'on ne nous laisse pas aller où on estime que c'est nécessaire ? Nous ne sommes pas parfaits, mais je crois que les moins dangereux sont encore nous.
— Et si c'était Anna qui était morte à la place de Charles Spencer ? C'est différent n'est-ce pas ?
L'intéressée leva brutalement la tête, sortant de sa rêverie. Elle dévisagea Tony, espérant qu'elle avait mal entendu.
— Pourquoi est-ce qu'on aurait plus de responsabilités sur elle que sur Charles Spencer ? Parce qu'on la connaît ? C'est autant notre rôle de la protéger elle que de protéger les autres.
Steve plaça ses coudes sur ses genoux, alors que la jeune fille n'en croyait pas ses oreilles. Elle croisa les bras, sentant la colère monter.
— C'est différent Tony, répondit Steve. Tu sais que c'est différent.
— Ces accords nous permettent de sauver des gens en limitant les dégâts que nous causons.
Anna était d'accord avec cette idée, mais la rage tempêtait en elle. Elle prit ses affaires et les fourra dans son sac dans un geste rageur. Elle se dirigea vers la sortie devant tout le monde, et prit soin de s'arrêter devant Stark.
— C'était un coup bas, et tu le sais très bien. Tu n'as aucun droit de lui dire ça pour le convaincre, lui murmura-t-elle.
Sur ce, elle les laissa et sortit de la pièce.
modifié le 03/05/20
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