6. Bad romance.
"La vie, c'est 10% de ce qui nous arrive et
90% de la façon dont nous y réagissons."
Charles R. Swindoll.
Azalea.
Il fait beau, le soleil tape contre la vitre de la cuisine alors qu'Ezra et moi préparons des crêpes. Sauf que la recette à virer en bataille d'ingrédients.
Je cours autour du plan de travail, sortant de ma tête la soufflante que je vais me prendre par ma mère s'y elle voit le bazar dans sa cuisine d'habitude immaculée.
Mes affaires sont remplis de farine, alors qu'un jaune d'œuf coule dans les cheveux blonds d'Ezra. Il arrive avec une poignée de farine en main, un sourire carnassier sur le visage.
Avec ses grands jambes, il parvient à me coincer contre la gazinière, un bras m'emprisonne alors qu'il étale la farine sur mon visage.
— Ça t'apprendras à me chercher, déclara-t-il en restant dans la même position.
J'attends qu'il se décale, mais il semble pas en avoir envie. Une chaleur inconnue me traverse tout le corps quand ses yeux océan trouvent les miens. Je sens ses abdominaux contre mon ventre alors qu'il est entre mes jambes. Rien que d'y penser mes hormones sont en feu, ainsi que mes joues.
— T'es mignonne quand tu rougis Star, me taquina-t-il en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
— N'importe quoi ! m'emportais-je me dégageant de sa prise. Et je t'ai déjà dit de ne plus m'appeler de cette façon, j'ai un prénom.
Il fallait que je trouve quelque chose à faire, vite. Pour échapper à son regard perçant et mon envie de l'embrasser. J'attrape l'éponge à la hâte et commence à frotter le plan de travail, sentant ses iris insistantes sur ma personne.
— Pour moi, tu resteras Star, répliqua-t-il.
— Je ne vois même pas pourquoi tu t'obstines à me surnommer comme ça. Et Jack, il s'appelle BG? Narguais-je en me tournant vers lui.
Ezra fronça les sourcils en inclinant la tête.
— Pourquoi? Ça le représente? Questionna-t-il durement.
Sa voix rauque fit battre mon cœur plus fort alors que je fais tout pour ne rien laisser paraître du trouble qu'il cause en moi. Bien décidé à le rendre fou comme il le fait avec moi, je pose un doigt sur mon menton, faisant semblant de réfléchir.
— Je ne sais pas, je le trouve mignon avec ses cheveux bruns.
J'allais rajouter autre chose, mais Ezra fut plus rapide en me prenant par la taille pour coller nos corps; il se pencha pour atteindre mon oreille alors que des frissons parcouraient mon corps.
— N'oublies pas que je sais quand tu mens, tu as cette lueur dans ton regard qui ne me trompe pas.
Je sens mes joues devenir tellement chaudes qu'on aurait pu cuire un œuf dessus. Il se recule et me fais tourner sur moi-même.
Je ne peux m'empêcher de lever le regard vers lui quand son souffle percute ma joue, je sens ma respiration se couper et son corps contre le mien ne m'aide pas à reprendre mes esprits. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres quand une alarme retentit dans la cuisine.
Je me réveille en sursaut, perdue encore dans les méandres de mon rêve, qui est plutôt un souvenir. Je secoue ma tête en insultant mon subconscient de me faire rêver de lui. Je jette un coup d'œil au réveil qui indique sept heures pile.
C'est parti pour une journée intense. Mais d'abord, j'ai besoin d'une docuhe, de toute urgence.
***
C'est la catastrophe!
Les invitations viennent d'être envoyées ce matin, et on annonce que l'adresse n'est pas la bonne. Ensuite, les équipes du back stage ne sont toujours pas composées, et il nous manque la moitié des mannequins, et je n'ose pas imaginer le reste des préparatifs.
Une migraine vient me transpercer la tête alors que je range ma boîte de Modafinil. Je me lève et quitte mon bureau avec mon calepin en main. Arrivé dans l'atelier des créateurs, le petit personnel qui la compose arrête tout mouvement. Il ne faut qu'un sifflement de ma part pour que les tenues soient présentées dans l'allée.
Je marche lentement, analysant chaque pièce qui définit chaque tenue dans son ensemble. Je touche le tissu, inspecte les coutures, grimace devant le travail bâclé. Je note mes appréciations avant de relever la tête pour croiser une vingtaine de paires de yeux qui me scrutent, attendant mon verdict.
— Les tenues numéro deux, cinq, quinze, dix-neuf, et vingt reprenaient votre travail. Quant aux autres, recommençaient, ordonnais-je en faisant demi-tour.
Ce n'est pas dans mes habitudes d'être hautaine et froide, mais la Fashion Week arrive à grands pas, et il nous faut être à la pointe de l'excellence. Aucun faux pas ne doit être autorisé.
J'ai une attitude professionnelle, mais mes pensées se bousculent dans tout le sens pour essayer de trouver une solution rapide et efficace contre tous ces problèmes.
Je souffle en passant la porte de bureau et manque de sursauter en voyant Ezra pencher sur mon tableau d'inspiration.
Il tourne la tête vers moi et se redresse en m'adressant un sourire en coin. Ses cheveux blonds retombent sur son front, alors que ces yeux bleus me regardent comme si j'étais une merveille. J'évite son regard alors que mon cerveau m'envoie des images de mon rêve.
— Bonjour, ma Star, me salue-t-il. Cassandra m'a demandé de te remettre ça, continua-t-il en désignant une pile de paperasses du menton.
J'accroche mes notes à mon tableau avant de m'asseoir sur mon fauteuil pour rayer une tâche de ma "to-do list.".
— Cassandra? Tiqué-je en grimaçant.
— Oui, c'est son prénom; tu veux que je l'appelle comment? Questionne-t-il en inclinant la tête.
Je secoue la tête et me maudis intérieurement d'avoir accordé une importance. Je me concentre sur les différents papiers qui indiquent le budget pour le lieu, les décorations, les adresses des cuisiniers pour le buffet, et un petit mot de cette CAT qui m'annonce que je serais obligé d'aller dans les Cévennes pour un problème de tissu.
— Dis-moi, tu ne serais pas jalouse? M'interroge Ezra en se penchant au-dessus de mon bureau.
— Moi, jalouse? Ne prends pas tes rêves pour la réalité, rétorqué-je en tassant les documents sur la surface de mon bureau.
Je sens son odeur de tabac froid et sa présence au-dessus de moi me perturbe plus qu'elle ne le devrait. Voyant qu'il ne bouge pas, je lève les yeux vers lui alors qu'il me transperce du sien.
— Qu'est-ce qu'il y a? Demandé-je.
Il me lance un sourire narquois avant de se reculer.
— Rien, je vérifiais juste un truc.
— Que t'avais toujours l'air d'un con? Rassure-toi, ça n'a pas changé.
— Non, Je voulais savoir si cette lueur dans tes yeux quand tu mens est toujours présente, ricana-t-il en reculant de plusieurs pas.
Je me lève, prête à effacer son sourire quand la porte s'ouvre avec fracas. Je vois Ezra froncer des sourcils alors qu'il porte sa main à sa ceinture, comme si c'était un réflexe.
Malheureusement, je n'ai pas le temps de me focaliser dessus qu'une horde de journalistes arrive en trombe jusqu'à moi, accompagné de Jason. Ses cheveux longs bruns s'arrêtent aux épaules, son costume d'homme d'affaires moule son corps tandis que ses yeux marrons ne me lâchent pas.
Un frisson remonte le long de mon échine dorsale alors qu'il m'agrippe par la taille d'une main possessive. Je ravale les insultes de haine à son encontre et souris faussement au public qui nous pose mille et une questions.
Mon bureau est mon espace personnel, je le considère comme une part de moi, de mes créations, et personne n'a le droit d'y pénétrer sans mon accord, Jason le sait très bien. Mais c'est le fils du directeur alors je prends sur moi et me contente de répondre aux questions en écrasant bien son pied avec mon talon.
Sûrement pour me punir de mon acte, il tourne sa tête vers moi pour m'embrasser. Baiser auquel je réponds, avec une envie de vomir. Il a encore le goût de l'hamburger qu'il a dû avaler y'a à peine une heure. Il se recule et me pince la hanche pour me rappeler que je dois me tenir à carreaux.
En ce moment, le monde de la mode est en paroxysme. Avec la Fashion Week qui arrive à grand pas, toutes les maisons sont prêtes à faire parler d'elles, même nous.
Et quel autre scoop pourrait surpasser le couple phare de la plus grande styliste et de l'héritier de Brown Luxury?
Les micros s'empressent dans notre direction alors que nous partageons notre amour via les caméras. Durant un laps de temps où on m'ignore pour questionner Jason, je cherche Ezra du coin de l'œil.
Forcée de constater qu'il est bel et bien parti.
Une fois que la troupe s'est envolée, je retire vivement le bras de Jason et rejoins mon bureau. Bien décidé à lui faire comprendre qu'il n'y aura pas plus.
Cela fait deux mois que Frank a supposer l'idée que nous soyons un couple qui s'est formé dans les coulisses de la maison de mode.
Son seul argumentv? "Il y a des couples phares dans toutes les entreprises de mode, nous devons en faire autant."
Étant la plus talentueuse des stylistes de la maison, cette responsabilité retombait sur ma personne. J'ai accepté par pure égoïsme, car Frank a dû augmenter mon salaire de vingt pourcent. De plus, mon nom est maintenant connu de tous, certes en tant que petite-amie du futur héritier, mais au moins quand on sera "divorcé", je le ferais passer pour le trompeur et moi, la jeune femme que tout le monde comprendra.
Au début, c'était amusant, je le faisais tourner en bourrique devant les caméras. Mais ce type doit être sadique, parce que plus je le rejette, plus il revient à la charge.
— Tu es ravissante aujourd'hui, Azalea, me complimenta-t-il en plissant sa veste.
Pendant une seconde, je pense à Ezra. Il est clair qu'il aurait fait un meilleur petit-ami que Jason. Comme si cette pensée était stupide, je la chasse de mon esprit et répond froidement à Jason, qui semble attendre un signe de ma part.
— Merci, mais je le savais déjà.
Le problème de cette idée est que Jason est apparemment tombé sous mon charme, malheureusement pour moi. Chaque fois qu'on est devant les caméras, il en profite sachant très bien que je ne peux que lui écraser le pied avec la pointe de mon talon. Et dès qu'on est seul, il ne peut s'empêcher de me draguer et d'essayer de se rapprocher de moi par toutes les façons, restaurant, cinéma...
Mais on dirait que ma haine envers lui décuple son amour pour moi.
Je le laisse monologuer tout seul et me surprend à préférer la présence d'Ezra à la sienne.
Voyant qu'il n'est pas prêt de s'arrêter, je le coupe en levant ma main vers lui.
— Pas que je sois désolée de te déranger, mais si tu peux t'en aller pour que je puisse être enfin seule, ça m'arrangerait.
Sa tête arrondie se décompose alors que je lui souris comme une garce. Il hoche la tête et sort de mon bureau sans m'avoir envoyé un bisou volant avec sa main que j'écrase avec mon talon.
Je m'étale dans mon fauteuil, regardant tout ce qu'il me reste à faire avant la fin de la journée. Autant vous dire que je vais passer la soirée entre deux piles de paperasse.
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