32. Fighter.
"La seule limite à notre réalisation de demain sera nos doutes d'aujourd'hui."
Franklin D. Roosevelt
Azalea
Je le regarde. Ça fait bien dix minutes que je n'ai pas quitté ma loge, les yeux fixés sur lui. Mon cœur bat fortement contre ma poitrine, mon souffle se fait plus court et mes mains tremblent le temps d'une minute.
Je reste concentré sur mon objectif et sur mon envie. Je me mords la lèvre, le regard hésitant.
Pourquoi devrais-je continuer de sombrer alors que mon Sky me laisse briller à ses côtés ?
Bien décidé à ne plus tomber dans les flammes de ma folie, je prend le cachet et la boîte contenant ses congénères et les fait disparaître dans la poubelle.
Je compte bien vivre ma vie sans me laisser conduire par le Modafinil. J'ai même appelé pour savoir comment se désintoxiquer sans souffrir. C'est impossible, je vais devoir prendre sur moi, être forte une fois de plus. Mais je me dis que tant qu'Ezra et ma famille seront avec moi, je serais toujours entre de bonnes mains si jamais je flanche.
Je suis confiante pour la suite. Je pars déjà avec un bon début car cela fait deux jours que je n'ai pas pris un seul gramme de cette drogue. Je ressens certains symptômes du manque mais je gère. Neya m'a déjà trouvé un centre de désintox.
Une paire de boucles d'oreilles et une pression de parfum plus tard, je m'observe devant le miroir. Et je souris.
En l'espace de quelques mois, je suis redevenue l'Azalea d'autrefois. Celle que je ne croyais plus jamais revoir. Celle qui rayonnait grâce à son sourire, qui trouvait toujours de la lumière dans les moments difficiles. Mes cernes ne sont plus visibles, mon teint blafard a laissé place aux rouge aux niveaux de mes joues.
Pour ce soir, j'ai optée pour un legging noir recouvert d'une robe de gala et des talons rouges, le tout scintillant par des paillettes. Mes cheveux sont attachés en une natte et mon maquillage est simple. Plus naturel que d'habitude, plus d'anti-cernes, d'une tonne de fond de teint, ni de trois rouges à lèvres aux nuances diversifiées.
Neya m'a aidé pour finaliser ma tenue et je n'ai pu m'empêcher de l'observer. Depuis quelque temps, elle paraît différente. Sa garde-robe composé seulement de blanc alors qu'elle ne jurais que part le multicolore, ses cheveux qu'elle a coupé au carré et ses nombreuses absences à cause de ses rendez-vous pour son divorce et son stage en cuisine pour réaliser son rêve.
Je me doute que Liam en est pour beaucoup, mais je sens qu'il y a autre chose, elle semble éteinte comme si vivre ne comptait plus pour elle. Et Liam ne semble pas être le responsable de cette partie de sa tristesse, je peux le jurer.
J'ai la boule au ventre mais l'excitation coulant le long de mes veines me fait tenir debout. D'ici une heure, on me présentera au monde entier comme la nouvelle styliste de Paris, la plus réputée dans son domaine et je pourrais enfin exercer mon don comme je le veux. Je ferme les yeux un instant en soufflant un bon coup. Je force mon cerveau à ne se concentrer que sur la Fashion week et rien d'autre, m'étant mon stress de côté en essayant de calmer mon palpitant qui n'en fait qu'à sa tête.
Quand je rouvre les paupières, mes yeux tombent sur mon collier qui orne mon cou, je le caresse du bout des doigts. Me remémorant notre couple de son commencement à sa rupture pour recommencer à nouveau et ne plus se quitter.
Après tout, ne dit-on pas que l'échec est seulement l'opportunité de recommencer de façon plus intelligente. Et je crois que c'est exactement ce qu'on a fait.
On frappe à la porte et après un "entrée" de ma part, je vois Ezra apparaître dans le reflet du miroir.
Les équipes l'ont habillés d'un pantalon large beige et d'un polo blanc ouvert sur les deux boutons, ses cheveux ont été plaqués au gel malgré leur dur combat pour rester en bataille.
Autant dire qu'on est bien loin du Ezra que je connais, héritier du gang de New-York. Et je dois dire que même si vêtu de cette manière il est beau, je préfère son style de bad boy avec son éternel manteau sans manches qui laisse ses tatouages ressortir. Il est plus sexy quand il s'habille lui-même même si c'est son sourire en coin qu'il fait quatre-vingt-dix pour cent du travail.
— Je sais, soupire-t-il avec ce fameux sourire. Il manque plus que les lunettes pour que je passe pour l'intello de la fac.
Je rigole à sa remarque en le traitant d'idiot alors qu'il s'approche de moi jusqu'à ce que son torse rencontre mon dos et que ses mains glissent sur mes hanches.
— T'as vu comment on est beaux, se vante-t-il en nous admirant dans la glace.
Je lève ma tête vers lui pour le voir réellement et pas à travers un reflet. Il capture mes lèvres immédiatement, me faisant sourire. Puis, il me prend la main et me fait tourner sur moi-même pour revenir à lui. Malheureusement notre bulle éclate quand Cassandra ouvre la porte pour nous dire, je cite "de nous grouiller avant qu'on ne soit en retard".
Un pas en dehors de ma loge et nous chemin était séparé. Ezra devait défilé pour la collection automne-hiver du prêt-à-porter masculine et moi, je verifié chaque entrée avec les assitantes qui angoisser comme des folles. Le show se fait en quatre temps : montage, répétitions, défilé, démontage. Alors tout doit être organisé à la minute près, surtout après l'after-show pour clôturer la soirée.
Comment suis-je censée me calmer alors que ça stresse de toute part ?!
Au bout d'une trentaine de minutes, je suis enfin prête. Oreillette en place, sourire sur le visage, bras le long du corps. Je n'attend plus que la responsable au bout de l'oreillette m'indique que c'est mon tour pour faire briller le monde entier grâce à mes créations.
Étant donné que la Fashion week n'est pas ouverte au public, ma famille ne pourra pas y assister, mais depuis 2017, les journalistes et autres ont le droit de le diffuser sur les réseaux.
Dès que mon oreillette grésille et que la voix de la responsable se manifeste, je souffle un coup avant de rentrer sur le catwalk. Je défile sous les yeux du public qui apprécie ce qu'il voit. Les épaules droites, le menton relevé, je suis fière que derrière chaque tenu qu'ils ont vu et qu'ils ont achetés, ça sera moi la créatrice de leurs vêtements.
Et dans quelques minutes, je serai la directrice de Brown Luxury. Réalisant mon rêve de petite fille après tant d'années à travailler dur.
La musique et le jeu de lumière accompagnent mes pas jusqu'au bout du podium où je fais la pose sous les flashs des photographes. Puis, je termine mon défilé pour rejoindre Frank qui vient d'arriver sous des acclamations qui résonnent dans tout le Carrousel du Louvre.
Je lui serre la main, jetant un coup d'œil au costume qu'il a pris la peine de mettre, celui-ci ne le boudinne pas comme d'habitude. Je me place à ses côtés, ignorant le regard pesant de son fils sur ma personne.
Je n'ai pas peur, je sais qu'Ezra est tout près, un pas de travers de la part de Jason et il est mort. Ezra n'en aura rien à foutre de cette Fashion week s'il ose me toucher.
Le directeur s'avance d'un pas, faisant face à une centaine de caméras, micro en main, il se racle la gorge avant de prendre la parole de sa voix gutturale.
— Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, c'était la collection automne-hiver 2024 de Brown Luxury. Imaginée et créée par mon fils, Jason Brown qui dirigera à présent l'entreprise familiale, à ma plus grande fierté, en tant que directeur !
Frank fait une accolade à son fils avant que ce dernier ne salue le public avec un sourire hypocrite.
Quant à moi, je recule de plusieurs pas, mon dos frôlant le rideau de la scène. Le sourire figé, le corps tendu, je ne réalise pas encore la trahison de Frank.
Comment a-t-il osé se jouer de moi de cette façon ?
On avait un putain d'accord ! Je l'aidais avec son pari ridicule contre Wilson et si on réussissait, je serais élue directrice.
Frank n'est qu'un menteur et idiote que je suis, j'ai directement plongée dans son piège. Je croise son regard vicieux et manipulateur quand il vient vers moi alors que son fils est acclamé par la foule.
C'est à moi que revient le droit de sourire et de signer des autographes, pas cet enfoiré, pas celui qui m'avait presque violée.
La main de Frank se pose sur mon épaule alors que je le foudroie du regard. Comprenant mon attitude, il la retire, osant aborder un air compatissant.
— Désolé ma perle rare, mais le business c'est le business. Me dit-il simplement tandis que je me dégage de son contact.
À cet instant, je le méprise au plus haut point. J'ai contribué à la montée fulgurante de Brown Luxury, c'est moi derrière chaque création, chaque idée. Je suis le cerveau de l'entreprise, je mérite ce poste, j'y ai travaillé toute ma vie pour cet instant. Sans moi, la maison de mode aurait déjà fait faillite. Les gens n'achètent pas pour leurs tenues mais les miennes !
L'âme en peine, et les larmes aux yeux, j'essaye de me contenir pour ne pas craquer devant le public qui n'attend qu'une scène dramatique. Mais le destin a décidé de se mettre contre moi car Jason vient vers moi, suivi d'un groupe de fans. Apparemment Jason n'en a pas fini, décidant d'enfoncer le couteau plus loin et plusieurs fois en me privant de ma passion une bonne fois pour toute.
— Ma beauté ! Je suis heureux de t'annoncer que tu es dorénavant virée ! M'annonce-t-il avec un grand sourire.
— Je parie que tu as rêvé de me dire ça toute ta vie, craché-je avant de me détourner pour regagner ma loge.
Cela ne sert à rien de m'énerver, surtout devant le monde entier. Alors je freine mon envie de le tuer sur le champ. Zigzaguant entre les équipes de la Fashion week. Je claque la porte de ma loge, prend mon sac et file en dehors de cet enfer.
Plus vite, je serai loin de cet endroit, plus vite, je pourrais laisser éclater ma colère.
Je mets le contact et démarre au quart de tour, n'essuyant rageusement mes larmes qu'au deuxième feu rouge, quand je suis et certaine que le Carrousel du Louvre est bien loin derrière moi. Je roule dans les rues de Paris, ne sachant même pas quelle route j'emprunte.
Tout ce que je veux, c'est arrêter de souffrir.
Que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, que je vais me réveiller dans les bras d'Ezra qui me rassurera en m'embrassant le front. Mon avenir s'est effondré, mon château dont j'ai durement posé chaque briques vient de se détruire sous mes yeux impuissants. Je n'ai plus part où je pourrais exercer ma passion sans que l'on m'utilise pour leurs fins personnels.
Frank Brown a réussi à me faire baisser les bras alors que j'ai travaillé pendant plus de dix ans dans le monde luxueux de la mode. Personne n'avait pu me faire abandonner mon rêve. J'ai tout donné, tout !
Évitant les obstacles, les coups bas des envieux, consacrant mes soirées à la couture, gardant toujours un calepin sur moi pour noter mes idées. Ma santé y est passée, je suis devenue addicte à cause d'eux, j'ai négligé ma famille et mes amis, mes loisirs et des journées entières coincées dans un bureau !
Je me gare sur le bas-côté de la route et active le frein à main. Puis, j'éclate en sanglots, laissant mes émotions prendre le dessus. Le crâne contre le volant, mes pleurs ne cessent pas.
Comment je vais m'en sortir ? Je suis virée de mon travail, personne ne me connaît dans ce monde rempli d'hypocrites. Suis-je destinée à rester dans l'ombre de la mode ? À faire un boulot qui ne me plaît pas et à enfermer mon don dans une boîte fermée à double tour ?
Le stress de ces quelques heures retombent sur mes épaules comme un poids impossible à retirer. J'ai passé des centaines de nuits blanches, des jours entiers sur un croquis avant de le créer. Des milliers d'idées rejetées à cause de ma façon de voir la mode, des années de travail acharnés pour rien !
Pour un putain de retour à la case départ !
La rage prend part de mon corps car je commence à frapper le volant de mes poings, extériorisant ma fureur autant que je peux. Mais ce n'est pas assez, ça ne le sera jamais.
À part si je trouve de quoi me défouler.
Je rejoins la circulation de la capitale de France et m'arrête devant son appartement. Je claque la portière et monte les marches jusqu'à sa porte où j'insère le double de ses clefs.
Je ne prends pas la peine de regarder le décor, mon esprit focaliser sur le punching-ball suspendu au plafond. Ne réfléchissant pas plus longtemps, je délaisse mon sac, mes talons et ma robe pour me placer devant le sac de frappe. Vêtue d'une brassière et de mon legging noir. Je tape d'abord faiblement, pour voir ma puissance de frappe.
Puis, au fil des minutes, j'arrive à suivre le rythme du gauche-droite sans problème, imaginant le visage de Frank ou de Jason. Je frappe à n'en plus m'arrêter, mettant toute ma colère dans chaque coups que je porte.
Au bout d'une heure, je suis littéralement en sueur, mais je continuais quand même. Ma fureur prend le contrôle de mon corps et dirige celui-ci dans une folie dangereuse et inépuisable.
Je ne compte plus le temps qui défile, oubliant tout du monde cruel qui m'entoure. Je ne pense pas à ma famille qui doit s'inquiéter de ne pas me voir étant déjà au courant de mon échec grâce aux réseaux sociaux, ni à Neya et à Ezra.
Je fais le vide dans ma tête, ne gardant que ma douleur et ma rage comme énergie.
Mes larmes ont fait couler mon mascara, je sens des mèches de cheveux se coller à mon visage, s'étant échapper de ma natte et des filets de sang décorent les jointures de mes mains à force de frapper.
Je suis à bout de force mais je ne lâche pas me punissant pour ma naïveté, pour avoir été aussi conne. Parce que c'est de ma faute si je ne suis pas directrice. Je n'ai pas été au bout de mes talents, j'ai sûrement fait une erreur quelque part car comme Frank l'a dit : Le business c'est le business.
Alors si je suis sa logique, j'aurais dû faire partie de l'élite. Il n'aura pas jeté sa perle rare, non ?
Je ne sais plus, j'ai l'impression de me perdre complètement. Je suis sans repère, sans but précis dans la vie, sans rêve.
Un sanglot comble de silence de l'appartement alors que je continue faiblement de taper ce putain de sac de frappe. Je veux avoir mal autre part pour ne plus que mon cerveau m'accuse de ma défaite et de mon idiotie.
Mon corps se bat contre mon esprit alors que je sombre dans une folie douloureuse.
Meurtrière pour moi.
Je le sens, ma lueur s'est épuisée après ces années de souffrance, contrôlée par un manipulateur.
Je ne brille plus.
Je ne serais pas la Star du monde entier.
Je ne suis plus personne.
***
Hey mes stars ! Comment allez-vous ?
Gros pas en avant contre la drogue ! Ma petite Neya qui est complément perdue et transformée...
Gros retournement de situation ! Ma pauvre Aza qui en a tellement baver pour cette Fashion Week se retrouve à la case départ !
Qui a envie de tuer les Brown ? ✋
PS : Il reste 3 chapitres avant la fin et je sais pas si j'ai envie de pleurer ou de sourire...
Sur ce, prenez soin de vous et n'oubliez pas que vous êtes des pépites ! ✨
Kiss. 💋
Naëlle.
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