16. Stay.
"Ne vous attardez pas sur le passé, ne rêvez pas de l'avenir, concentrez l'esprit sur le moment présent."
Buddha.
Azalea
— Ne stress pas mon macaron, tout va bien se passer, essaye de me rassurer Neya à travers l'écran de mon portable.
Ce dernier est maintenu contre mon miroir alors que je me lisse les cheveux, me brûlant les doigts tellement j'angoisse. Hier, Ezra est passé en coup de vent pour m'annoncer que son rôle de mannequin n'était pas "gratuit". En échange, je dois être prête à 21 heures pour un date avec lui. Et j'avoue que ça m'angoisse légèrement.
J'ai même reçu un message de ma Lune qui me souhaitait bonne chance pour ce soir en me promettant de passer bientôt me rendre visite.
— Tu penses que je devrais mettre une robe ou une combinaison ? Des talons hauts ou des bottines ? Et quel genre de manteau ? Doudoune ou cuir ?
Bon, d'accord, ça m'angoisse de fou. Et quand je suis anxieuse, je me réfugie dans la Modafinil mais j'ai promis à ma meilleure amie de ne pas y toucher, rien que pour un jour. Alors, j'ai passé la journée dans mes papiers, ne parlant à personne.
Rester focus sur un objectif me permet de ne pas penser à autre chose et donc de ne pas être stressée.
— Calme-toi mon macaron. Reste toi-même, Ezra te trouvera magnifique quoi qu'il arrive.
Une ampoule s'illumine dans mon esprit et Neya la bien compris à mes yeux qui pétillent. Elle tape dans ses mains comme une folle en me demandant quel tenue de vais finalement mettre.
Sans rien lui dire parce que j'ai peur de me rétracter, je fonce dans mon armoire et fouille au moins une dizaine de minutes avant de trouver ce que je cherchais. Je le brandis comme un trophée à Neya qui acquise immédiatement.
— Tu vas le faire tomber encore plus avec ça Aza' !
Je rigole et enfile mes vêtements avant de me maquiller. Juste une touche de gloss. Je m'admire dans le miroir sous l'œil attendri de Neya.
Cela fait longtemps que je n'ai pas porté ce genre d'habits, et je ne sais pas si ça me fait du bien ou pas, je suis un peu perdue. Un jean bleu clair et troué recouvre mes jambes et termine en ourlet pour qu'on puisse voir mon bracelet de cheville. J'ai mis un ancien sweat à capuche noir pour affronter le froid de la soirée. Je me suis habillé comme avant, quand j'allais au lycée. Quand j'étais libre de porter ce que je voulais sans que personne ne dise quoi que ce soit. Je rajoute quelques gouttes de mon parfum lilas au creux de mes clavicules avant de demander l'avis de Neya.
— T'es trop belle, mon macaron, affirme-t-elle.
J'ai un doute, je ne sais pas où il m'emmène. Et si c'était dans une soirée de gala et que j'arrive comme ça ? La honte !
— Non ! Refusé-je. Je ne peux pas rester dans cette tenue, impossible.
Je m'apprête à me déshabiller quand des coups sont frappés à la porte. Je m'immobilise alors que Neya me conseille de rester comme ça.
— Tu vas être superbe, fais toi confiance Azalea. Et bien sûr tu me raconteras tout, j'ai hâte de savoir si le couple Azra va finalement se former ! Jubile-t-elle avant de raccrocher.
Je me regarde une dernière fois dans la glace avant d'aller ouvrir à Ezra et souffle de soulagement en le voyant vêtu d'un jogging et d'un pull noir. Sa casquette cache ses cheveux blonds et sa capuche est rabattue sur cette dernière. Ses yeux bleus me reluque sans gène et un sourire nait sur ses lèvres.
Je ne sais pas comment je dois le prendre. Ai-je fait une erreur en m'habillant comme la jeune adolescente que j'étais ? Il s'attendait peut-être à ce que je me mette sur mon trente-et-un ?
— Je n'ai pas terminé, je reviens dans dix minutes, l'avertis-je en reculant pour aller me changer au plus vite. Fais comme chez toi, il y a du coca au frigo et des chips dans un des...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que ses doigts s'enroulent autour de mon bras. Je me retourne vers lui et doucement, sans émettre le moindre mot, il me fais tourner sur moi-même avant de me rapprocher de lui.
— Si tu comptes te changer, je t'arrête tout de suite. Tu es parfaite. J'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi, ma Star.
Je hoche la tête, perturbé par sa façon de me regarder et de sa bouche à quelques centimètres de la mienne.
— Arrête les tenues de riche et le maquillage quand tu es avec moi. Je veux être avec la vraie Azalea, celle qui n'a pas peur du regard des autres.
— D'accord, soufflé-je.
Il se recule, coupant tout contact avec moi avant de m'ouvrir la porte d'entrée pour me laisser passer. J'ignore le froid qu'il m'a procuré en s'en allant et l'ouragan qui me parcourt le corps.
Arrivé en bas de l'immeuble, je vois sa moto et la reconnais tout de suite. Je m'approche et l'effleure du bout des doigts. La lumière des lampadaires se reflète sur sa carrosserie noire brillante, elle tient sur sa béquille et ne semble pas avoir changé malgré les années passées.
— C'est vraiment elle ? Demandé-je en me tournant vers Ezra.
Il sourit et me montre les clés où pends un petit corbeau en coton, celui que je lui avais offert quand j'ai eu le droit de monter sur sa bécane. Je disais que ça contrastait avec son côté bad boy d'avoir une peluche suspendue à son trousseau de clé.
Il aimait tellement sa moto que personne n'avait le droit de monter dessus. Il la chouchoutait comme si c'était son enfant, lavant la moindre trace de boue, vérifiant qu'il y est toujours du carburant...
— Tu m'autoriserais à grimper dessus ? Questionné-je en ricanant.
— Bien sûr, tu sais très bien que tu es une privilégiée, s'amuse-t-il en me tendant un casque.
Je l'enfile en vérifiant l'attache et il enjambe son bébé avant de me tendre la main. Je la prends et il m'aide à monter derrière lui, je baisse ma visière et m'accroche aux poignées qu'il y a de part et d'autre de la moto.
J'entends qu'il démarre, mais il ne semble pas de cet avis en tournant la tête vers moi. Derrière son casque, je ne peux que voir ses iris océan qui m'hypnotise et me fait ressentir tout un tas d'émotions.
Il avait un regard perçant, un de ceux qui intimidaient les autres. Sa couleur claire détonnait avec mon marron foncé. Bleu, comme l'océan qui s'y déchaînait, une touche de gris pour l'orage qui envahissait le ciel. Des éclats brillants à l'intérieur mais froid comme l'acier à l'extérieur. Il fallait juste réussir à passer les barrières qu'il construisait pour s'infiltrer dedans et découvrir ses merveilles.
— Accroche-toi à moi.
Je secoue la tête en maintenant ma position et je commence sérieusement à le regretter quand un rictus diabolique s'affiche sur son visage alors qu'il me répond un simple "d'accord".
Un mauvais pressentiment s'empare de moi quand je sens le moteur vibrer sous mon poids. Ezra accélère d'un coup pour freiner la seconde d'après, je me retrouve propulsé en avant, me cognant dans son dos en béton, mes bras instinctivement enroulés autour de lui.
— T'es complètement fou ou quoi ? Crié-je alors que je sens ses abdos se contracter sous son rire.
— Fou de toi, oui !
Je lève les yeux face à sa disquette tout droit sortie des années 80 alors qu'il s'engage dans les rues parisiennes. Il zigzague entre les voitures, démarre au quart de tour quand le feu passe au vert. Moi, je profite de la vue et de l'adrénaline que je suis heureuse de retrouver alors que sa main gauche caresse ma cuisse par-dessus mon jean.
Les souvenirs affluent tel une vague sur mon cœur, surtout celui où il m'a fait monter sur sa moto.
Il était le fantasme de toutes les filles de notre collège et on pouvait difficilement lui enlever cette étiquette de son front. Un visage sombre malgré la clarté de ses cheveux, ses yeux froids qui n'exprimaient rien d'autre qu'un vide. Ses tatouages à seulement 16 ans et son addiction aux clopes. Ajoutez une bonne dose d'insolence et peur et vous aurez le célèbre Ezra Marshall.
Il était craint de tous et même si j'avais un gros crush sur lui, comme toutes les filles, j'étais terrifié à l'idée de travailler avec lui. C'est cette professeure de Français qui nous a obligés à nous mettre ensemble. Et même si devant ma mère il semblait être un garçon poli et gentil, son côté arrogant prenait vite le dessus elle nous laissait seuls.
Plus les mois sont passés, plus je le voyais différemment. À mes yeux, il n'était plus le mec ténébreux qui nous faisait peur. Mais un jeune adolescent cassé par les obstacles de la vie qui cherchait un peu de lumière.
Et ça tombait bien, ma mère répétait toujours que j'étais son rayon de soleil.
Ezra se confiait à moi, même si c'était infime, il me laissait toujours une chance pour le découvrir et être proche de lui. Mais on a vraiment dépassé le stade de simples connaissances quand il m'a ramené chez moi en moto.
J'attendais depuis une bonne demi-heure devant le portail du collège quand j'avais décidé de rentrer à pied à la maison. Je n'avais pas envie de déranger David qui fermait sa boutique et ma mère devait être avec Ayden pour son interview. Je regardais l'heure sur mon portable avant qu'il ne s'éteigne sous mon soupir de frustration.
Heureusement qu'il faisait beau. Je marchais, un écouteurs enfoncés dans mon oreille quand j'entendis un moteur de moto se dépasser à une vitesse fulgurante. Je n'y fis pas attention mais cette dernière faisait demi-tour avant de piler devant moi me faisait presque atteindre la crise cardiaque. Je n'attendais pas que cette personne ne dévoile son identité pour lui hurler dessus sur sa façon de conduire comme un phoque en décomposition.
Quand la dite personne retira son casque, ma bouche s'ouvrit toute seule face à Ezra qui rigolait à en avoir les larmes aux yeux. C'était la première fois qu'il riait, qu'il se laissait aller devant moi de cette façon. À cet instant, je me suis promis de tout faire pour entendre à nouveau ce son aussi grave et rare soit-il.
— Qu'est-ce que tu fais là Azalea ? Me questionnait-il en passant une main dans ses cheveux pour les discipliner, sans pour autant réussir.
— Je rentre chez moi, tu sais comme font tous les adolescents pourvus d'au moins deux neurones. Mais apparemment t'en fais pas parti.
Il secoua la tête avant de poser son casque sur son genou.
— Mais ta mère n'est pas venue te chercher ?
— Occupée, justifiais-je. Bref, à demain Ezra.
Je laissa la musique guider mes pas quand il m'appela, je me retourna en soufflant pour la forme.
— Viens je te ramène, me proposa-t-il.
— Toi ? Ezra Marshall, amoureux de sa moto me laissera monter sur celle-ci sans m'insulter et de son plein gré ? Répliquais-je en ricanant. Non, désolé trop facile pour qu'il n'y ait pas de piège.
Toujours sur sa bécane, il souffla avant d'avancer vers moi à l'aide de ses pieds pour me faire face, en insistant. Je capitula et il m'aida à grimper sur son bolide.
— Si ma mère le sait, on est tous les deux morts, tu le sais ? Disais-je alors qu'il me tendait son propre casque.
— Alors trouve une solution pour ne pas qu'on finisse six pieds sous terre, rétorqua-t-il en démarrant doucement sur la route.
Puis, lorsque je me suis agrippé à son ventre, il a commencé à accélérer sous mon cri d'euphorie. Mon cœur battait la chamade et j'ignorais si c'était à cause de la peur et de la sensation de son t-shirt sous mes doigts. Voyant que j'aimais beaucoup, il n'hésitait pas à nous ramener au lycée sous le regard rempli de jalousie des filles.
Disons, que parmi toutes les personnes de l'établissement, j'étais la seule à avoir la chance de monter sa merveilleuse moto. Et cela faisait gonfler mon égo à bloc.
Ezra commence à ralentir et prend un virage qui me paraît familier et je reconnais facilement notre ancien collège. Il y a toujours le portail en fer rouge haut de trois ou quatre mètres, les arbres qui nous protégeaient de la chaleur de l'été. Le sol en béton avec les inscriptions des salles de classes faites à la bombe blanche et les casiers sous le hall de différentes couleurs. Plus loin, dans le fond de la cour, il y a la pelouse toujours entretenue avec ses petites bosses qui la déforment.
Ezra coupe le contact et j'enlève mon casque et essayant de me recoiffer comme je peux. Puis je descend et il me suit et se place à mes côtés alors que ma mémoire s'amuse à me faire revivre mes années de collège.
— Pourquoi tu nous as amenés ici ? Interrogé-je en ne quittant plus le bâtiment des yeux.
Il hausse les épaules et je sens son regard sur ma personne.
— Je sais pas, avoue-t-il. Je n'avais pas envie d'être assis sur une chaise qui fait mal au cul à manger deux crevettes et une feuille de salade à 35 euros.
Je ricane et confiant qu'il n'a pas complètement tort.
Puis, sans que je ne l'anticipe, il se met à courir en direction du portail avant d'y grimper avec aisance, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Une fois en haut, il saute de l'autre côté en retombant accroupie sur ses pieds. Mes yeux s'arrondissent alors que je me rapproche pour prendre le portail entre mes mains.
— Qu'est-ce que tu fais ? Reviens, on a plus l'âge d'aller sur les bancs de l'école.
— Fais pas ta prudente Star, réplique-t-il en reculant d'un pas. Et puis, on sera enfin si le proviseur dort vraiment ici.
Une grimace synchronisée défigure notre visage quand l'image de notre directeur se visualise dans notre esprit. Un vieux qui devait être à la retraite au lieu de surveiller un lieu rempli de jeunes sous son regard pervers. Rien que de penser à sa façon de se lécher les lèvres quand on atterrissait dans son bureau me provoque des frissons dans le dos.
Je le regarde pendant quelques instants et me dis que si on se fait prendre, je dirais qu'il m'a forcé. Et dire que je n'ai plus remis les pieds ici depuis que je l'ai quitté. N'étant pas aussi habile qu'Ezra, j'agrippe les tiges en fer et coince mes pieds dans l'espace entre les deux pour grimper. Puis je laisse mon corps pendre de l'autre côté avant qu'Ezra me rattrape en me prenant par les hanches.
Ses doigts glissent sous mon pull avant de me remettre au sol, son regard dans le mien. Le bleu contre le marron, la fraîcheur du ciel contre la chaleur de la terre. Ces deux êtres qui ne se toucheront jamais, qui ne profiteront jamais de la caresse de l'autre. Pourtant le ciel trouve toujours de quoi en prendre soin. L'abreuvant de sa pluie et la protégeant de ses nuages.
J'observe la cour de récré dans laquelle j'ai grandi, courant après les gars quand ils volaient nos sacs, discutant pendant la pause déjeuner avec les copines, restant des heures dans les toilettes à consoler chaque fille au cœur brisé...
L'Azalea de 15 ans me mettrait une baffe en voyant la femme que je suis devenue. Une simple marionnette qui obéit à son directeur pour essayer de trouver une place dans un monde qu'elle détestait plus jeune.
Je sens la main froide d'Ezra s'emparer de la mienne avant qu'il ne me guide vers l'une des portes du collège. Celle-ci étant fermée, il en essaye une autre et une troisième avant de me sourire en me tirant vers la dernière porte, celle près de l'infirmerie. Si notre infirmière légèrement amnésique est restée à son poste durant toutes ses années, alors elle doit encore avoir oublié de fermer la porte à clé. Les enseignants le savent mais n'y prêtent pas d'importance. C'est vrai qui souhaiteraient retourner au collège en plein vacances scolaires ?
Ah oui, c'est vrai nous.
— Bingo, murmure Ezra en actionnant la poignée, me regardant avec une pointe d'amusement au fond de ses prunelles.
J'avoue que mon ventre se tord d'excitation et d' anxiété à l'idée de pénétrer dans un bâtiment interdit, en pleine nuit, avec lui. Nous marchons dans les couloirs, et heureusement pour moi, j'ai remis mes chaussures plates.
Je suis Ezra à travers notre ancien collège, montant les escaliers jusqu'au dernier étage, celui réservé à l'apprentissage des langues. Plus on avance, plus je souris en réalisant ou il nous emmène.
Sur le toit.
Comme avant.
Quand on en avait marre d'être épié à chaque geste qu'on faisait, à chaque parole qui sortait de notre bouche, comme si nous étions le seul couple de notre école. On montait sur le toit, appréciant la vue de nos camarades qui se transformaient en petites fourmis.
Le vent me fouette le visage quand il ouvre la porte sécurisée. L'air de la nuit emplit mes poumons d'une bouffée d'oxygène et le silence ténébreux m'apaise, mon corps se détend et je profite du paysage en m'asseyant en plein milieu du toit.
Je ne suis pas suicidaire, hors de question que je mette un pied vers le bord.
Ezra me rejoint en prenant place à mes côtés, ses avant-bras sur ses genoux, les fesses par terre. Ensemble, nous nous plongeons dans nos pensées respectives, alimentées par notre visite nocturne entre les murs de notre adolescence.
— Tu te souviens de notre rencontre ? Demande-t-il soudainement ses yeux rencontrant les miens.
— Comment l'oublier ? Sourié-je en lui mettant un coup d'épaule. J'étais assise avec Neya et les autres dans l'herbe quand un ballon a failli me tuer.
— T'exagères, j'avais pas tiré si fort, argumente-t-il sous mon air offusqué. Et puis, je suis venu m'excuser.
— T'excuser ? C'est la meilleure celle-là, grondé-je en me levant.
Je lui retire sa casquette sous son grognement, baisse un peu mon jean pour qu'il découvre ma culotte et adopte une démarche nonchalante. Ezra arque un sourcil, se questionnant sûrement sur mes attentions. Pour être honnête, je n'en sais pas plus que lui. Je... Je crois que je me laisse aller, n'étant plus dans la réserve. je me lâche devant lui, comme avant, et ça fait du bien.
— Ça va minimoys, commencé-je en prenant une voix grave. Tu t'es pas fait mal ?
Il semble comprendre mon jeu et il s'y prête à coeur joie en passant une main dans ses cheveux pour enrouler une mèche invisible autour de son doigt.
— Non, mais t'es malade ou quoi ? M'imite-t-il d'une voix perçante et pas du tout ressemblante à la mienne. Tu veux que je finisse à l'hôpital espèce de trou du cul poilu !
Je me retiens d'exploser de rire et essaye de reprendre son sérieux avant de reprendre :
— Oh, pas la peine d'en faire un drame, il t'a même pas touché !
— Et heureusement, t'imagines si cette chose me toucher, je m'éffondrerais.
J'écarquille les yeux et le pointe du doigt sous son mensonge.
— Espèce de menteur j'ai jamais dis ça, me défendé-je sous son rire grave.
Enfin, je le retrouve après toutes ses années, je peux écouter la mélodie de son rire qui m'avait terriblement manqué. Je lui fais les gros yeux en mettant mon index sur ma bouche pour lui intimer de se taire. Mais ses yeux humides de larmes, son sourire jusqu'aux oreilles me fais craquer alors j'explose rire avec lui, me soutenant le ventre tellement j'ai mal aux abdos.
Malgré nos rires pas du tout discrets, je ne peux m'empêcher de penser à cette complicité qui est restée malgré les années passées. Je m'effondre à ses côtés, mon dos heurtant le béton et mes yeux rencontrant le ciel qui scintille par ses étoiles et la lune. Je profite de cette liberté où Ezra m'emmène sans me soucier des conséquences ni du boulot qui m'attends demain matin.
Toujours assis, au-dessus de moi, il essuie une de ses larmes qui le rend plus vivant et qui me fait tomber une seconde fois pour lui et ses beaux yeux.
— Tu te rappelles que c'est ici que j'ai trouvé ton surnom ? Lui demandé-je.
— Oui, confie-t-il. Il faisait nuit et t'avais sauté de la fenêtre de ta chambre pour me rejoindre. On a marché pendant longtemps jusqu'à atterrir ici où tu as observé le ciel en trouvant qu'il me ressemblait.
J'acquiesce en silence, émue qu'il s'en souvienne.
Je le regarde profondément, comme si je voulais connaître ces secrets les plus intimes. Et au fond c'est ce que je souhaite, juste savoir sa vie depuis dix ans. J'aimerais qu'il ait assez confiance en moi pour pouvoir me le dire, qu'il me considère comme une personne qui peut encaisser les choix difficiles de la vie mais aussi les écouter.
Des larmes me montent aux yeux et elles ne sont pas de joie quand je murmure cette question qui me taraude.
— Pourquoi ?
Si tu ne veux pas me dire ta vie personnelle de ces dix dernières années, alors dis-moi la raison qui t'as poussé à m'abandonner.
Il détourne le regard, comme pour ne pas que je lise la vérité à l'intérieur de celui-ci, admirant le paysage que nous offre la nuit.
— Crois-moi Star, tu ne veux pas savoir, souffle-t-il.
— Comment peux-tu savoir ce que je veux ou pas ? Interrogé-je sur la défensive en me relevant.
Il esquive encore la question et cela me rends folle. Mais je ne peux pas lui en vouloir, ayant moi-même menti pour me protéger. Ezra reste muet pendant un certain temps et quand je crois qu'il ne dira plus rien il ouvre enfin la bouche en se tournant vers moi.
— Parce que les monstres n'ont pas leur place à côté des étoiles brillantes, me répond-t-il d'une voix cassée par ces démons.
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