Chapitre un
Arrivée dans un immense amphithéâtre, Win chercha un endroit où s'asseoir. Toute la dernière rangée était prise par d'autres élèves, seuls les deux sièges de la fin ne semblaient attribués à personne. Leur professeur encore absent, la cohue régnait. Quelques têtes familières trônaient par-ci par-là, mais rien de trop excitant. Elle prit donc place et attendit sagement le début du cours sur son téléphone.
— Cette place est prise ?
Surprise, la brune s'apprêta à maudire quiconque lui adressait la parole. Ses yeux gris tombèrent face à un garçon en uniforme, comme la totalité des autres. Un petit silence régna entre le duo une poignée de seconde jusqu'à ce que, d'un signe de tête, elle l'autorise à venir. Il déposa son sac sous la table et déplia le siège. Une main dans ses cheveux blonds qu'il recoiffa en arrière, son regard glissa vers sa voisine de table. Elle le dévisageait du coin de l'œil.
— Win, c'est ça ?
Prise sur le fait, cette dernière reporta définitivement son attention vers lui et verrouilla l'écran de son cellulaire.
— J'ai entendu des gens parler de toi depuis ce matin, avoua-t-il. Je m'appelle...
— Kurapika, je sais. Tu es ami avec Gon et Kirua.
Il ne parut ni déconcerté ni pris au dépourvu. Bien étrange, elle ne put s'empêcher de noter. Mais au lieu de se poser des question, la brune se contenta de mettre son visage entre ses bras, déjà ennuyée. Leur professeur finit par entrer à l'aide d'une porte tout en bas de l'amphithéâtre.
— Bon début d'année à tous ! s'exclama une voix féminine. Comme vous l'avez vu sur vos emplois du temps, je serais votre professeure d'éducation physique au Nen. Autrement dit, mon cours portera sur l'entraînement des Hatsu mais aussi...
— Biscket, soupira Win à elle-même. Toujours aussi énergique. Je me coupe un bras si on n'a pas le droit à un exercice d'ici cinq minutes.
— Tu connais les profs du cycle secondaire ? s'étonna Kurapika.
Il n'obtint aucune réponse. Les yeux gris de sa voisine de classe se concentraient sur leur enseignante. Intrigué, quelle ne fut pas sa surprise quand la jeune femme leva la main. Biscket l'interrogea.
— Douze, déclara cette dernière.
— Correct, Win ! s'exclama la blonde.
Un doigt pointé vers le ciel, elle laissa apparaître le numéro formé avec son aura dans l'air, un sourire sur les lèvres.
— Au cours de cette année, vous travaillerez votre temps de réaction. Comme Win vient de le démontrer en utilisant Gyô, parfois, vous serez soumis à des tests surprises. Je ne vous préviendrais pas. Tous ceux qui échoueront auront des devoirs supplémentaires. Vous n'en êtes qu'à votre deuxième année d'apprentissage au Nen, vous avez tous beaucoup à apprendre. Prenez vos affaires.
Sans lâcher un immense soupire, la brune récupéra son sac. Son regard dévia vers son voisin de table qui venait à peine de se lever. Mais au lieu de partir, il se tourna afin de l'attendre. Son comportement attisa la méfiance de cette dernière pour une raison inconnue. N'importe qui serait capable de montrer de la gentillesse avec autrui, sauf que la sienne semblait presque hypocrite. Bien décidée à rentrer dans son jeu, elle marcha donc avec Kurapika jusque dans les couloirs.
— Où tu crois qu'elle nous emmène ? demanda-t-il.
Win ne répondit pas. Trop perdue dans ses pensées, ses paroles ne l'atteignirent pas. Il posa une main sur son épaule comme pour la réveiller mais celle-ci fut balayée en un instant. Sa camarade reporta son attention vers lui, yeux écarquillés et une pointe de rouge aux joues.
— Excuse-moi, je ne voulais pas...
Comme réponse, elle accéléra le pas. Une vague de nervosité envahit la jeune femme. Son attitude avait définitivement quelque chose de suspect. Était-ce par sa familiarité non-justifiée, la pointe d'hypocrisie au fond de sa voix, ou le sentiment de culpabilité de Win qui projetait sa peur que ce garçon apprenne la triste vérité de pourquoi elle connaissait déjà son prénom ? Puis, après une longue réflexion, ses pensées finirent par se calmer. Perdre le contrôle de ses émotions serait le pire scénario. Elle ne faisait qu'analyser plus que nécessaire.
Leur groupe finit par arriver à l'intérieur d'un gymnase amélioré, formé en dôme. Biscket se tourna vers tous ses élèves, bras écartés de son corps.
— Pour notre première classe ensemble, j'aimerais observer le potentiel de chacun. Je connais certains d'entre vous, mais je suis certaine que vous avez évolué depuis. Vous passerez par pairs devant moi et vous combattrez afin de montrer votre potentiel. Choisissez votre partenaire.
Ennuyée, Win sentit que l'exercice allait être une perte de temps monumentale. Bien évidemment, Kurapika lui donna un coup de coude, comme pour lui demander de se mettre avec lui.
— Premier arrivé, premier servi, je suppose, obtempéra la brune.
Il se décalèrent de la masse afin d'annoncer à leur professeure qu'ils travailleraient ensemble. Mais à leur plus grande surprise, cette dernière les interpella avant même qu'ils ne fassent quoi que ce soit.
— Kurapika et Win, vous vous séparez, déclara-t-elle.
— Quoi ? Mais...
— Pas de protestations, jeune homme !
La brune ne put retenir une légère expression d'étonnement sur son visage. Elle connaissait Biscket depuis deux ans, mise à part lors d'une trop grande différence de niveau ou une turbulence répétée, elle ne changeait presque jamais les pairs. Au vu de l'aura de son précédent partenaire, certes retenue, il aurait pu avoir ses chances. Alors pourquoi...
— Je vais échanger deux duos, marmonna leur professeure. On peut dire... Ah, voilà ! Win, va avec Shizuku et Kurapika avec Machi !
Ces pairs sonnaient encore moins justes. Son regard dévia vers les deux filles appelées, qu'elle connaissait d'ailleurs très bien. Son plan afin d'éviter les larbins de Kuroro n'aurait pas duré bien longtemps, cette année.
— Faisons de notre mieux, lui souffla Shizuku une fois placée à ses côtés.
Win l'ignora. Au plus la journée avançait, au moins les choses semblaient avoir de sens.
— Vous avez moins de dix minutes pour récupérer vos uniformes de sport et revenir. Je n'hésiterais pas à empiéter sur votre prochain cours si l'évaluation n'est pas terminée ! déclara Biscket.
Leur classe s'exécuta. Win fut l'une des premières changée et à revenir sur le terrain. Sa pair n'était toujours pas là, ce qui l'empêcha de passer tout de suite. Leur professeure fit commencer d'autres personnes. Lassée, la jeune femme s'assit en tailleur sur le sol afin d'observer ses camarades et la démonstration de force qui allait s'en suivre.
Les minutes défilèrent à tout vitesse. Posée en silence entre Shizuku et Machi, jambes contre sa poitrine, la première année s'ennuyait à mourir. Rien de palpitant ne s'annonçait pour aujourd'hui.
— Win, Shizuku, c'est à vous ! les appela leur enseignante.
Enfin. La brune sauta presque sur ses appuis afin de positionner. Cette évaluation lui apporterait une nouvelle bonne note en plus, comme toute l'année dernière. La seule chose qui la motivait un tant soit peu, c'était de se retrouver contre une personne de la bande de Kuroro.
— Montrez-moi ce que vous avez fait cet été.
Win ferma les yeux. Une aura simple, légère se forma autour de son corps. Puis, comme portée, elle leva ses bras et tournoya. Cette aura se transforma en torrent, perdant sa couleur blanche pour virer au gris, voire au noir.
Danse Macabre
Utilisatrice de Nen du Renforcement, Win n'a pas d'Hatsu. Juste une maîtrise des arts martiaux si poussée qu'on croirait la voir danser. Chacun de ses coups est chargé d'aura et ne laisse presque aucune chance de survie à un adversaire mal préparé. Fluide, rapide, précise. Elle sauta ainsi vers Shizuku qui tenait son fameux aspirateur entre les mains. Encore dans les airs, la jeune femme infligea un violent coup de pied en plein sur le manche de ce dernier. Le choc créa un léger vent qui dura moins d'une fraction de seconde. Les deux se dévisagèrent et le combat commença enfin. Dans une souplesse arrière, Win en profita pour se replacer afin d'encaisser la prochaine attaque de son adversaire qui ne tarda pas. Manquant d'être frappée par Deme-chan en pleine tête, elle contra avec ses deux bras et profita de l'inattention de Shizuku pour lui infliger un coup de genou au niveau du ventre.
— Elle n'a pas la moindre chance.
Interpellé, Kurapika dévisagea Machi. Elle semblait concentrée sur le combat mais venait bien de lui parler.
— Comment ça ? s'étonna-t-il. Elles viennent à peine de commencer.
— Tu as encore des choses à apprendre. Regarde mieux.
Il se concentra. En prêtant plus attention, il constata que Win ne faisait qu'épuiser Shizuku. Cette dernière l'attaquait sans relâche et la brune ne ripostait qu'à chaque occasion parfaite. Une fois sûre de ne recevoir aucun coup en retour. Elle l'épuisait. Et lorsqu'elle le remarqua, Win attrapa le col de son uniforme de sport afin de la projeter dans une prise parfaitement contrôlée, dos contre le parquet. Acculée, Deme-chan disparut ainsi que l'aura autour de son corps.
— Très beau travail ! complimenta Biscket. Je vois que tu ne t'es pas tournée les pouces cet été, Win ! Shizuku, toi aussi, mais tu as besoin de travailler tes capacités d'analyse.
Elle remercia leur professeure d'un signe de tête puis retourna s'asseoir. Le prochain duo annoncé était Kurapika et Machi. Intéressée sans trop l'être, la première année consulta son téléphone et jeta des regards à plusieurs reprises.
— Eh ! Si j'ai organisé un exercice, ce n'est pas pour une démonstration de votre Ren ! Je veux voir du Hatsu !
Son précédent voisin de classe grimaça. Quelque chose semblait le tracasser au fond de son regard. Et ça, Win pouvait le voir. Il se contentait d'esquiver les fils de Nen de Machi, sans jamais riposter. Jusqu'à ce qu'éventuellement, il lève la main en signe d'abandon.
— Mauvais, pesta Biscket. Tu as intérêt à ne pas me décevoir la prochaine fois !
Un sourire forcé sur les lèvres, le blond ne retourna non pas avec ses camarades mais droit vers les vestiaires. Persuadée que quelque chose clochait, Win commença à se lever avant que quelqu'un lui attrape violemment le bras : Machi. Elle la dévisagea une poignée de secondes avant qu'un rictus ne se dessine sur ses lèvres.
— Je comprends mieux, fit-elle à voix basse. Mon frère avait donc bien un rapport.
Elle se dégagea violemment. Son expression faciale arracha presque un frisson à Shizuku et sa consœur.
— Dites à votre "boss" de se mêler de ses affaires, cracha la brune.
Sur ces derniers mots, Win rejoignit les vestiaires d'un pas rapide. Elle se dirigea jusqu'à celui des garçons et ouvrit la porte sans prendre la peine de frapper. Kurapika se trouvait là, assis sur un des bancs, visage dans ses mains. Elle s'approcha d'un pas assuré pour se poster à côté de lui, debout.
— Tu caches quelque chose, lui lança-t-elle.
Aucune réponse. Elle approcha ses doigts de lui, comme pour le secouer, mais il la repoussa. Un sourire satisfait se dessina alors sur ses lèvres. Sans prévenir, elle saisit son poignet. Elle arracha ses mains de devant sa physionomie. Sous le coup de la surprise, Kurapika lui jeta un regard courroucé. Win se figea sur place. Ses deux iris normalement bleues avaient viré au rouge.
— Tu es...
Mais avant qu'il ne puisse rétorquer, elle entendit des pas se diriger vers eux. Sans réfléchir, elle se précipita vers la porte et la verrouilla.
— Qu'est-ce que tu fiches ? cracha-t-il.
Win se posta à nouveau devant lui. Elle put lire de la peur au fond de ses deux pupilles écarlates. Dans un sourire que Kurapika ne comprit pas, la jeune femme lui tendit la main.
— Personne ne doit te voir comme ça. Suis-moi.
Son regard passa d'elle à ses doigts. On toqua à la porte plusieurs fois. Des éclats de voix leur parvinrent, quasi incompréhensibles. Hésitant, ce dernier finit par accepter l'aide proposée.
Lorsqu'on réussit à ouvrir les vestiaires, il n'y avait aucune trace de Kurapika ou Win. Le cours se déroulait toujours dans le gymnase. La première personne à passer l'embrasure fut Machi.
— Je croyais qu'ils étaient enfermés dedans, pesta une voix masculine. Vous me faites perdre mon temps.
— Feitan, ne commence pas, rétorqua la rose. On est deux à les avoir vu.
— J'étais en pause, soupira-t-il. Les vestiaires sont vides, donc par conséquent, j'y retourne. Vous rapporterez vos hallucinations au boss plus tard.
Puis, sans un mot de plus, le garçon s'en alla, laissant les deux femmes dans l'incompréhension la plus totale.
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