Chapitre deux

   Une fois à l'écart du gymnase ainsi que certains d'être à l'abri, Kurapika et Win purent reprendre leur souffle. Ils se trouvaient derrière l'Institut. Assis sur l'herbe, visage dans ses mains à nouveau, le blond avait l'air complètement terrifié. La jeune femme perdit son air amusé et s'accroupit à côté de lui. Hésitante, elle déposa une main sur son épaule. 

— Pourquoi ? 

Surprise, la brune haussa un sourcil. Il ne daigna pas lever la tête. Ses doigts se crispèrent sur ses habits. 

— Pourquoi, est-ce que de toutes les personnes ici, c'est toi qui m'a aidé ? 

— Je ne comprends pas... 

Un rire jaune, presque froid secoua son corps. Il reporta son attention vers elle, ses deux pupilles écarlates fixés sur sa personne. 

— Arrête ton cinéma. Ne me fais pas croire que tu n'es pas au courant. 

— Au courant de quoi ? 

Il cligna des yeux, comme pour accumuler l'information. La couleur rouge s'estompa petit à petit alors qu'un sourire triste se dessina sur ses lèvres. 

— Tu ne sais pas, murmura-t-il à lui-même. 

Win ne comprenait pas. Son camarade avait l'air de tomber des nues. Derrière le lycée, en pleine après-midi, elle apprit quelque chose. Au-travers du regard de ce garçon, empli de tristesse et de colère, il y cachait une raison. De sa perte de contrôle soudaine. 

"— Ton frère ne t'a rien dit ?"

 La journée se termina. Il pleuvait des cordes. La brune, venue sans parapluie, rentra à pas lourds sous l'eau. Ses cheveux collaient à sa nuque et son visage. Depuis un moment, elle soupçonnait Kuroro de s'adonner à des activités douteuses. Il ne lui parlait jamais de ce qu'il faisait pendant son temps libre, mais ses excuses ou ses sourires énigmatiques le trahissaient. Il ne lui mentait pas, sans pour autant lui avouer quoi que ce soit. 

"— Tu as déjà dû entendre parler de la Brigade Fantôme ? Un groupe si meurtrier et si discret que personne ne connait leur visage ou leur Nen."

Un assassin. Son frère dirigeait un groupe de cette envergure alors qu'il se trouvait en dernière année de lycée. Win marchait sans but, tandis que son esprit ressassait la conversation de cette après-midi. La raison pour laquelle il lui épargnait les détails était parce qu'il savait que la jeune femme le désapprouverait. Mais ne pas l'apprendre de sa bouche réveilla un sentiment de colère profonde. Tout s'éclairait. 

"— Ce sont les mêmes personnes qui ont massacré le clan Kuruta il y a de cela quelques années. Mon secret n'a pas éclaté au grand jour, je t'en prie, ne trahis pas ma confiance. Ils ne savent pas qu'il y a un survivant."

Pourquoi Kuroro la surveillait à ce point, pourquoi il possédait la main mise sur ses fréquentations ou la raison pour laquelle Machi et Shizuku la surveillaient lors du cours. Quelque chose se tramait dans l'Institut, un peu plus important que ce qu'elle s'imaginait. 

"— Ils soupçonnent déjà que tu as quelque chose derrière la tête. Fais profil bas les jours à venir."

Arrivée sur le pas de sa porte, elle hésita à ouvrir. Win ne savait pas comment se comporter naturellement après une telle révélation. La brune prit alors une grande inspiration, entra les clefs dans la serrure puis entra. L'entrée donnait sur le salon, là où elle vit Kuroro en compagnie de plusieurs personnes. Assis en cercle autour de la table basse, ils relevèrent tous la tête en sa direction : Uvogin, Machi, Shizuku, Phinks et Feitan. 

— Tu finis les cours tard, constata son aîné. 

Il remarqua que son uniforme était trempée, ainsi que la totalité de son corps. Il ouvrit la bouche afin de faire une remarque, mais sa petite sœur ne lui laissa pas le temps. Elle retira veste pour la jeter sur le sol. L'atterrissage produit un son lourd et son cartable suivit, ainsi que ses chaussures. La seconde d'après, Win montait les escaliers puis claqua la porte de la salle de bains. 

— Quel caractère, constata Uvo. Quelle femme ! 

— Surveille tes mots, rétorqua Machi. On est chez le boss. 

La brune défit les boutons du haut de sa chemise, exposant son haut de sous-vêtement. Ses yeux gris se tournèrent vers le miroir. Elle posa ses deux mains de chaque côté du lavabo, épaules affaissées. Son maquillage avait coulé le long de ses joues. Win se saisit d'un coton afin d'essuyer le noir. Au même moment, la poignée s'enclencha pour laisser apparaître quelqu'un dans l'embrasure. Elle le regarda quelques secondes puis continua son dessein. 

— Oh, moi aussi j'ai droit au traitement de l'ignorance ? 

— Épargne-moi tes remarques, Feitan.

Il s'épaula contre le cadrant, bras croisés sur son torse. Un léger sourire amusé apparut sur ses lèvres. 

— J'ai appris que tu fricotais avec le blondinet dans les vestiaires, aujourd'hui. Tu sais, ta cible.

Win attrapa son col pour le tirer à l'intérieur puis refermer derrière. L'expression sur son visage semblait menacer l'épéiste. 

— Du calme, la plupart sont sortis acheter à manger et chercher les autres. Ceux qui sont restés doivent fumer dehors, on ne nous entendra pas.

— Arrête de ramener cette histoire sur le tapis, pesta-t-elle. Et je n'ai fricoté avec personne, j'ai quitté le cours en avance. Maintenant, si tu pouvais sortir, je dois me changer. 

— Je dois sortir quand tu te déshabilles, c'est nouveau ? 

Il reçut la chemise détrempée de la jeune femme sur le visage mais ne fut pas chassé de la pièce pour autant. Il attrapa le tissu d'une main afin de la retirer. Il regarda Win de haut en bas, qui ne portait plus que sa jupe et son haut de sous-vêtement. Son sourire se transforma en un rictus. 

— Passe-moi les habits accrochés à la porte, lui intima-t-elle. 

Il s'exécuta. La brune se revêtit d'un tee-shirt gris et d'un jogging noir large. Elle sécha ses cheveux grâce à une serviette, observée tout du long par Feitan. 

— Vous êtes tous là ce soir ? demanda-t-elle. 

— Je crois. Ton frère a organisé une réunion improvisée. 

— Parfait. Je vais m'organiser une réunion avec moi-même dans ma chambre. Le premier qui touche à ma porte ne serait-ce que pour y toquer, je le renvoie chez lui. 

Elle attrapa la poignée mais fut retenue par l'épéiste. Il venait de lui attraper le bras. 

— Un petit conseil, lança ce dernier. Quand tu mens, évite de t'énerver. Tu seras plus crédible face à Kuroro. 

Sans un mot de plus, Win se dégagea et accéda à sa chambre pour verrouiller derrière. Son regard fut attiré par des photos sur son bureau. Affolée, elle se jeta sur le papier glacé afin de le ranger dans un tiroir prévu à cet effet. Elle devait les avoir oublié après sa nuit blanche d'hier soir. Aucune ne se ressemblait, mais toutes représentaient la même personne : le garçon de son cours d'éducation physique au Nen, Kurapika. 

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