Chapitre 27

Je lance le chapitre et je pars me cacher ! 

Sorry panne d'inspi, j'espère qu'il passera quand même ! 

Loutres ! 


- Yoongi, je veux voir l'endroit où Jin est mort.

Le visage de Yoongi se crispe au son de ma demande, de ma supplication. Ses yeux se détournent rapidement des miens, il fuit mon regard. Il n'ose pas me regarder. Comme s'il avait honte, comme s'il s'en voulait. Comme si me regarder en face ne ferait qu'accentuer ce genre de sentiment en lui.

Il est effrayé. C'est indéniable.

En une seule phrase j'ai réussi à l'effrayer.

Je ne l'ai jamais vu comme ça. Du moins je ne me rappelle pas l'avoir déjà vu comme ça.

Oui, je ne me rappelle pas. Parce qu'il y a encore des passages de mon passé qui ne sont pas encore débloqués. Je le sens. Ils sont enterrés au plus profond de ma mémoire. Ils sont loin, extrêmement loin, et je ne peux pas les atteindre.

Pas encore.

Mes doigts toujours sur le visage de Yoongi se serrent légèrement et tourne son menton, de telle manière à ce qu'il me fasse de nouveau face.

- Jungkook...

Il murmure, la voix presque tremblante.

- Je sais pas si c'est une bonne idée...

Ses mains attrapent alors les miennes et les retirent de ses joues, pour les laisser tomber contre les pans de mon corps.

- Je ne pense pas que tu sois encore prêt.

Je fronce les sourcils. Il est con. Pourquoi est ce qu'il dit ça ? C'est bien lui qui me disait il y a quelques heures qu'il voulait m'aider à me souvenir. Et maintenant il dit que je ne suis pas prêt.

Et puis de toute façon, prêt ou non, personne ne pourra m'arrêter maintenant.

- Yoongi, emmène moi où Jin est mort. Et si tu ne veux pas, je le ferais seul. Que tu le veuilles ou non, que Hoseok le veuille ou non, que le monde entier le veuille ou non, je me souviendrais. Quoi qu'il m'en coûte. Même si je dois souffrir, même si la vérité doit me faire un mal de chien. Je préfère de loin ça, plutôt que de vivre dans le mensonge encore une journée de plus.

Je tourne alors le dos à mon interlocuteur et commence à avancer dans la direction opposée de ce dernier. Seulement, au bout de seulement quelques secondes, je sens sa présence de nouveau à côté de moi.

Ses doigts attrapent prudemment les miens et il murmure en regardant l'étendu de vide devant nous.

- Je t'ai dit que je ne lâcherai pas ta main Kook, quoi qu'il arrive. Alors même si tu hais le monde entier après ça. Même si tu me hais moi, je resterai avec toi.

Mon cœur s'emballe encore une fois à ses mots. Il a toujours eu le don de me faire ce genre d'effet. Me faire frissonner à chaque toucher, faire soulever rapidement ma poitrine à chaque parole, m'embrouiller complètement l'esprit à chaque fois qu'il se trouve près de moi.

Si j'ai ne serait ce qu'un peu d'emprise sur Yoongi alors il en a dix fois plus sur moi. Seulement, je pense qu'il ne le sait pas. Parce que, malgré toutes les faiblesses que j'ai pues lui montrer, je ne lui ai jamais dit que ma plus grande, ça a toujours été lui.

D'un côté, enfin pour moi, c'est logique. Parfaitement logique.

Toutes les personnes de mon entourage n'ont jamais approuvé Yoongi pourtant. Parce qu'ils n'aimaient pas la personne que j'étais que je restais avec lui. Seulement, et de manière indirecte, ils disaient alors, qu'il n'aimait pas le véritable moi.

Parce que, même si je n'étais certes pas la personne la plus recommandable du monde, quand j'étais avec Yoongi, au moins j'étais moi. Je ne pensais plus à me cacher, à essayer de faire plaisir à mes proches, à paraître propre et gentil. J'étais moi tout simplement.

J'étais mes véritables défauts et qualités. J'étais violent et heureux en même temps, j'étais cinglé et libre. Je respirais. Je voyais réellement ce que ça faisait d'être celui qu'on avait envie d'être.

Et sincèrement, ce genre de sensation, de sentiment, vaut toutes les reproches et les remarques du monde.

Je me foutais de l'avis des gens, parce que j'avais Yoongi, et qu'il a toujours été le seul à me voir et m'accepter comme j'étais vraiment. Et au final, malgré tous ses mauvais côtés, ce simple fait suffisait amplement pour qu'il devienne l'une des personne les plus importantes pour moi.

Pourtant, j'ai oublié. Je l'ai oublié. Et je ne comprends pas quelle raison aurait pu me pousser à faire ça. Pourquoi est ce que j'aurais voulu l'oublier ?

Ce n'est pas logique.

Rien n'est logique en ce moment.

La douleur et les ténèbres envahissent peu à peu mon esprit. Je suis à peine maître de mon corps. Yoongi doit même m'aider à monter difficilement dans le taxi qui vient de s'arrêter devant nous.

Le moteur vrombit puissamment et la voiture commence à partir dans la nuit noire. La tête appuyée contre la vitre, je regarde le paysage, légèrement éclairé par les lampadaires, défiler rapidement. Les arbres et autres maisons de banlieue finissent par être remplacés par de grands immeubles vieux et délabrés. Les murs sont complètement jonchés de tags en tous genre.

A chaque seconde qui passe, je sens la main de Yoongi se serrer de plus en plus dans la mienne. A chaque seconde qui passe je sens son pouls dans le creux de ma paume devenir de plus en plus rapide. A chaque seconde qui passe son appréhension ne cesse de grandir.

Parce que chaque seconde qui passe, c'est une seconde de moins dans le doux mensonge qui semblait rassurer beaucoup de monde.

Le taxi finit par ralentir au bout d'une dizaine de minutes, il tourne dans une grande rue et finit par s'arrêter. Puis le chauffeur se retourne en réclamant rapidement le prix de la course. Vu sa tête, il n'a pas forcément l'air ultra rassuré dans ce genre d'endroit, et je le comprends.

Ce quartier est relativement dangereux et ce n'est pas forcément les meilleures fréquentations qui traînent ici.

Et j'en sais quelque chose.

Je connais ce quartier. On était souvent là avec Yoongi, cherchant des pilules ou de la poudre pour s'échapper un peu du monde réel. Se fourrant dans des emmerdes pas possibles quand on se prenait la tête avec les habitants les moins sympathiques de la zone. Quand nos poings et les leurs s'affrontaient.

Je sais très bien, que même à l'heure d'aujourd'hui, nous n'avons pas que des amis ici.

En vitesse, Yoongi donne l'argent au chauffeur avant de rejoindre le trottoir où je me trouve déjà. Le taxi redémarre alors rapidement avant de se tirer en faisant une nouvelle fois vrombir le moteur. Puis finalement, nous nous retrouvons, seuls, tous les deux, debout sur le morceaux de béton à peine éclairé.

Je regarde dans toutes les directions, essayant de trouver, de voir, d'apercevoir un endroit, un objet, quelque chose qui puisse servir d'élément déclencheur pour ma mémoire. Seulement, il n'y a rien. Rien à part, la douleur qui continue de s'étendre dans mon crâne et une étrange sensation de malaise.

Je me tourne alors vers Yoongi et l'intime du regard de nous faire avancer vers l'endroit où je lui ai demandé de m'emmener. Une dernière fois, je vois ses yeux me questionner indirectement, me demander si réellement j'ai envie d'y aller, de découvrir ce qu'il ne veut pas que je découvre.

Mais à l'heure actuelle, et malgré la crainte, c'est tout ce dont j'ai envie.

Tout ce dont j'ai besoin.

J'ai besoin de voir enfin la vérité en face.

Résigné à tout éventuel retrait de ma part, Yoongi agrippe alors fermement ma main, en détournant le regard. Puis, il fait un pas, et un deuxième, et continue finalement machinalement, me traînant derrière lui en silence.

La ruelle sombre qui s'étend devant nous est tellement obscure qu'elle ne semble pas avoir de fin. Pourtant elle en a une, et je crois savoir ce qu'il y a au bout. Il y a ce que j'ai besoin de voir.

Seulement, plus l'on avance vers cet endroit, plus les insupportables bourdonnements dans ma tête s'intensifient. À chaque pas, je manque de m'effondrer au sol tellement la douleur est affreuse.

Mes jambes se stoppent alors et Yoongi se retrouve contraint de s'arrêter également. Il se retourne vers moi et me regarde, inquiet. Un sourire, qui se veut rassurant, s'étire alors sur mes lèvres et je demande, presque rhétoriquement.

- Jin était le genre de personne à traîner ici ?

- Non c'était toi Kook. Enfin nous.

Ouais, je me doutais bien de ça. Je m'attendais à ce genre de réponse. En fait, je voulais simplement changer de sujet, essayer de parler, que le silence morbide de la ruelle cesse de résonner inlassablement dans mon crâne.

Parce que ce silence, cette noirceur, cette crainte, cette peur, tout ce qui m'envahit m'effraie de plus en plus à chaque pas que l'on fait vers la fin de la ruelle. Vers le bâtiment qui commence lentement à se dessiner au fond, alors que mes pupilles s'adaptent à l'obscurité.

Je suis effrayé. Pas de la même manière qu'avant. Avant ce n'était rien comparé à ça. Parce que rien ne peut me protéger là. Je n'ai pas de porte que je puisse fermer à clé, je n'ai pas d'alcool pouvant me faire oublier la sensation.

Je n'ai plus le droit de faire demi tour.

Je dois assumer mes paroles et mes convictions jusqu'au bout.

Pour une fois dans ma misérable vie, je dois essayer d'être fort.

Alors c'est en hochant la tête positivement quand Yoongi me demande une dernière fois si je suis sûr de vouloir y aller que nous reprenons la route.

Quelques mètres de plus, et la face d'un vieil immeuble désaffecté se dresse devant nous. Et là, en voyant le lieu, je me sens oppressé.

Et je comprends enfin pourquoi mon esprit tentait de me dire de faire demi tour.

Je comprends pourquoi j'avais peur, pourquoi j'appréhendais, pourquoi un vieux sentiment de dégoût s'infiltrait lentement dans mon esprit.

Ce sentiment de dégoût qui remonte le long de ma gorge pour finir par se retrouver sur le sol alors que je m'écroule les larmes aux yeux et la voix tremblante.

- Je veux pas y aller Yoongi. Je peux pas pas.

Ce dernier descend alors rapidement à mon niveau en posant sa main sur ma tête, puis il murmure tristement.

- Pourtant c'est exactement là Kook.

Oui je sais que c'est ici. Je sais que tout s'est passé ici. Je sais que mon passé se trouve à l'intérieur de ce bâtiment. Seulement je n'ai pas besoin d'y entrer pour me souvenir.

Parce que cette simple façade a fait rejaillir tous mes souvenirs en pleine gueule.

Je revois Jin maintenant. Je le revois correctement.

Je me souviens de son visage.

Je me souviens de sa voix.

Je me souviens de son odeur.

Je me souviens de son sourire.

Mais je me souviens de plus.

Des choses que j'aurais aimé ne jamais me souvenir.

Des choses que j'aurais aimé qu'elles n'existent jamais.

Je me souviens de son sang joncher les murs d'une des pièces de l'immeuble.

Je me souviens de son corps inerte sur le sol et de la rigidité de son corps.

Je me souviens la raison pour laquelle il est venu là.

Pour moi.

Jin est mort en tentant de résoudre mes conneries.

Jin est mort à cause de moi.

Indirectement c'est moi qui l'ai tué.

Indirectement je suis responsable de la mort de mon frère.

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