Chapitre 5 : la tentation

C'était une stupide idée.

Très stupide.

Je devrais faire demi-tour.

Oui, je devrais.

Non... Trop tard.

Quand j'arrive au bureau de Holden, l'appréhension manque de faire trembler mes jambes dénudées. Cachées sous un long imperméable crémeux, avec comme tous vêtements, ce que j'ai acheté au magasin cet après-midi avec Nora.

Mais Yumee a raison.

Si je ne peux pas faire entendre la raison à Holden... Je vais la lui faire voir. Je compte bien dévier son attention de cette horrible ultimatum qu'il m'impose.

Alors respire, Saddie. Merde.

J'ouvre la porte sur le bureau de Holden et tombe nez à nez avec lui, assis sur l'un des petits sièges gris devant la baie vitrée, coinçant le combiné d'un téléphone entre sa mâchoire et son épaule.

- ... Non. Non. Bien sûr que non. Rendez-vous au tribunal le neuf janvier, je ne veux rien entendre. C'est ça.

Dans un soupir, il raccroche et passe sa paume sur ses yeux sombres. Enfin. Ça, c'est avant de me voir. Il se redresse en balançant sa cravate sur le siège et fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que tu fais là, Saddie ?

- Je me suis dit que c'était une bonne idée de... Venir te... Chercher.

Je passe mes doigts dans mes cheveux détachés, mais Holden est trop occupée à ranger ses dossiers pour le voir.

- J'ai une voiture. Toi, tu as le bus. On aurait fait comment ?

- Holden.

- Hm.

- Retourne-toi.

Il s'exécute et me voit enfin retirer le lacet qui maintient mon imperméable sur mon corps. Ses muscles se détendent et il vient prendre appui sur le rebord de son bureau.

Peu importe mes gestes lascifs ou encore la lingerie qui finit très vite par dévoiler chaque courbe qu'il a choisi de désirer pour le restant de sa vie...

Ses yeux restent rivés dans les miens.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- À ton avis ?

Ses lèvres se plissent finement tandis qu'il m'indique de me rapprocher. Je m'exécute, non sans laisser tomber ma veste d'abord et me rapproche comme le ferait une mannequine au moment d'un défilé.

Il porte sa main à mon visage, mais alors que je suis persuadé qu'il allait me caresser, ses doigts glissent le long de ma gorge et s'y attardent.

Il voit ce qu'il m'a fait.

Il sait ce qu'il m'a fait.

Je m'apprête à déglutir sous l'appréhension, quand sa voix tonne sourdement.

- Je t'ai fait mal.

Oui.

Ma réponse se diffuse à travers mon regard, cependant, et non mes lèvres.

Il n'y a pas de son et pourtant, les mots semblent pleuvoir.

Ironique, pour un homme comme Holden. La phrase "je ne parlerai qu'en la présence de mon avocat" lui convient à merveille.

Dans un reniflement, il se redresse du bureau et nous oblige à changer de positions.

Toujours sans me toucher, il m'écarte les jambes et son regard fait d'obsidienne se promène sur moi avec la torpilleuse sensation d'une goutte d'encre.

Froide. Obscure. Inéluctable.

- Si tu crois que j'ai changé d'avis, Saddie...

Tu finiras par le faire. pensé-je en venant nouer mes chevilles derrière ses reins afin de l'obliger à se rapprocher de moi.

Mes paumes retrouvent son torse, tandis que je glisse mes doigts taquins le long des boutons de sa chemise.

- Avoue-le, Holden. Tu n'as pas réellement envie d'aller à ces... Retrouvailles. Tu as surtout envie d'avoir une emprise sur moi.

- Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

- Parce que tu l'as perdu. Et tu détestes ça. Et me voilà... En train d'en exercer une sur toi.

Enfin, un sourire. Je me redresse suffisamment pour me tenir à la hauteur de ses lèvres que je traque sans réellement attraper.

Nos jeux de cœurs.

Nos cœurs enjoués.

Un combat sinistre voué à la perte, à en juger cette première année de mariage.

- Tu crois ça ? s'entête-t-il en arquant un sourcil.

- Je le sais. C'est différent.

Au moment où je tente d'attraper sa main, il la retire sauvagement de mon étreinte. Son visage s'assombrit et son sourire disparait si soudainement que personne ne me croirait si je disais qu'il avait un jour existé.

Un mythe, une légende, rien de plus.

- Tu sais très peu de choses, Saddie.

Son brusque contact m'arrache un petit cri qu'il étouffe très rapidement en plaquant ses lèvres contre les miennes. Faites de kérosène, elles semblent s'embraser à chaque seconde, s'alimentant uniquement de mon souffle.

Mon air devient sien.

Je lui appartiens, par un simple baiser lascif.

- Toujours certaine ?

Ses mains se déposent sur mes hanches qu'il contracte douloureusement, me captivant dans une étreinte miséricordieuse.

J'aimerais répondre. Lui dire de reculer, de me lâcher.

Mais la force me manque.

Il n'y a plus que le désir qui m'empoisonne avec ardeur, s'emparant de mon corps et de mon esprit comme une main macabre.

- C'est bien. Les sages filles se taisent et avec un peu de chances... Obtiennent leur récompense.

Sans aucune pitié, ou presque, il retire les lacets dentelés de ma culotte qu'il porte entre nos deux visages.

- Regarde à quel point tu as envie de moi... Alors que je t'ai à peine touché.

Je tente de serrer mes cuisses dénudées, mais il les rouvre avec une colère si palpable que son torse se met à vibrer sous ses grondements.

- De la lingerie noire pour des desseins qui le sont tout autant... Cette couleur ne te va pas, Saddie. Ne prétends pas le contraire.

- Holden...

- Je t'ai autorisé à parler ?

Mes mâchoires claquent, alors qu'elles se ferment, augmentant la satisfaction qui se dessine à même ses traits pâles. Ses dents s'attardent sur ma lèvre inférieure et me vole même une fine goutte de sang. Les siennes se teintent de nacre et il les promènent sur ma gorge palpitante.

Sur la courbe de mes seins.

Sur mon ventre.

Puis, il m'élève sur le bureau rangé avec un geste quasi maniaque.

Retrouve tes moyens, Saddie.

Mais tout ce à quoi je peux penser, c'est cette boule noueuse qui se forme dans mon bas-ventre.

J'ai envie qu'il me touche. Plus encore que ce qu'il fait déjà.

J'ai envie de lui faire oublier sa rage.

J'ai besoin qu'il l'évacue en moi, plutôt que sur moi.

Je le désire.

Je le désire.

Je le désire.

Et je ne peux plus le nier.

- Ma sage petite fille...

À présent complètement allongée sur le bureau, je peine à retenir mes soupirs libertins face à la faim charnelle de mon mari.

Sa langue râpe le long de l'intérieur de mes cuisses à présent humides et rattrape chacune des gouttes qui résultent de mon désir pour lui.

C'est dégradant.

Révoltant.

Pourtant, incontrôlable.

Et je déteste lui donner raison.

Mes doigts se glissent dans ses cheveux au moment où il se décide à faire de même à l'intérieur de moi.

Même si mes paupières se ferment, je sais pertinemment que son regard est braqué sur moi. Il guette chacune de mes réactions. De la moindre contraction, de courbure de dos, de soupir...

Il me goutte, me pénètre, me lèche.

Il y a de la séduction, dans ce qu'il fait. Une reconquête corporelle des plus intransigeantes.

Et il ne me laissera pas échapper si facilement.

Comment le pourrais-je, de toute façon ?

- C'est ça que tu as fait de ta journée ? Tu as perdu des heures et des heures pour te trouver de quoi te mettre ? Te coiffer ? Te maquiller ? Le courage pour ne serait-ce que me regarder dans les yeux ?

Incapable de répondre, surtout quand il insère un troisième doigt dans mon intimité qui palpite déjà bien trop sous ses gestes de plus en plus frénétiques, je me mets à onduler.

C'est tout ce que je suis encore apte à faire.

- Saddie. Tu ne me regardes plus. Rouvre les yeux.

Son autre main s'enfonce dans ma hanche et me fait courber une énième fois.

- J'ai besoin que tu me regardes. J'ai besoin de tes yeux. J'ai besoin que tu vois à quel point tu tiens à jouir au bord de mes lèvres.

Il a surtout besoin que je prenne conscience de ma dégradation.

J'obéis à contre-cœur et alors que ma honte dégouline le long de ses doigts intrusifs, je presse ma paume contre ma bouche.

Putain !

Pourquoi est-ce que ça fait autant de bien ?

Pourquoi faut-il que mon euphorie ne se déclenche que par ses coups de langues fiévreux et ses doigts qui semblent étrangement fait d'or ?

Sous la frénésie et l'extase du moment, mes doigts s'agrippent à sa lampe de bureau et quelques autres objets qui s'écroulent sur le sol marbré. Leurs bruits fracassants nous ramènent à la réalité et, encore haletante, je me redresse.

Holden, un sourire malsain tordant son visage assombri, s'approche de mon oreille et m'y souffle :

- J'ai si hâte de t'avoir rien qu'à moi quand on descendra à Phoenix...

Encore étourdie par l'orgasme, je porte ma main à mes cheveux désordonnés et le fixe. Avec exagération, il porte sa main à son cœur et fronce les sourcils.

- Oh ? Tu croyais que tu allais me faire changer d'avis en venant ici pour coucher avec moi ? Non, Saddie... Ça ne marche pas comme ça.

Il se penche sur ma bouche pour m'embrasser de nouveau, mais à la place, se reçoit la gifle la plus véhémente que j'ai pu donner, après celle que j'ai un jour dû faire à un connard trop collant, dans le métro.

- Va te faire foutre !

Il me laisse ramasser ma culotte ainsi que mon imperméable et je sors en trombes, sous son rire ironique, sans même un regard en arrière.

Je le ruinerai, pour ça.

Si Phoenix ne s'en chargera pas avant.

La partie est en échec...

Mais pas encore en échec et mat 😏

Holden détient les cavaliers, mais Saddie a encore une reine à placer et la haine la consume, malgré ce petit moment plutôt... Caliente 🤭

Qu'en avez vous pensé ? 🤭

Je vous dit à vendredi pour la suite et surprise : ce sera le premier PDV de ce bon gros connard que j'aime d'amour 🤭🥰

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