Chapitre 12 : signe mon arrêt de vie

Retrouver Holden n'est pas complexe. Décider de le rejoindre, en revanche, me paralyse sur place. Je le regarde discuter avec Olivia, un grand sourire aux lèvres, mais heureusement, il ne me voit pas.

Une main dans une poche, l'autre fiévreusement serrée autour de son verre de whisky, les lumières du gymnase décoré pour l'occasion jettent sur lui des couleurs qu'il déteste pourtant.

Evy à mes côtés arrive néanmoins à m'arracher de ma contemplation, lorsqu'elle siffle un coup, déjà à nouveau pourvue de l'alcool dont elle aura sûrement besoin pour exaucer sa vengeance tant convoitée.

— Wow. C'est lui, ton mari ? La concurrence avec monsieur Maserati est en effet flagrante...

À ses mots, je fouille la foule du regard pour savoir où Cole se trouve...

Jusqu'à ce que je l'aperçois dans tout son prestige.

Avant de me dire qu'il est trop près...

Qu'il n'y aura jamais assez de distance entre nous, ce soir.

Nerveusement, je déglutis, affiche mon sourire le plus faux et décide de me rapprocher de Holden et Olivia en entraînant Evy par la main.

Mon mari est le démon que je choisis de me posséder, ce soir.

C'est toujours mieux... Pas vrai ?

— Je vais te présenter.

— Avec plaisir... ricane-t-elle en attrapant un verre sur le buffet, au passage.

Cependant, j'ai à peine le temps de faire quelques pas qu'une voix retentit derrière nos dos :

— Voyez-vous ça... Saddie et Evy sont dans la place !

Si c'est la rouquine qui se retourne en première, soudainement gonflée d'une joie qui n'était pas encore au rendez-vous, c'est moi qui m'écrie :

— Lucas ! Oh Seigneur, ça fait si longtemps !

Un grand sourire étincelant. Un costume gris qui fait honneur à ses prunelles. Des cheveux bruns coiffés avec délicatesse.

Pas de doutes. Lucas Vear en chair et en os.

Mon cœur ne fait qu'un bond dans ma poitrine lorsque ses bras s'enroulent autour de moi... Plus quand il se desserre pour me regarder.

— Je suis si heureux de retrouver les guerrières de notre chambre d'hôpital.

— On dirait bien que les quatre mousquetaires sont à nouveau réunis ! Faites de la place pour Beau !

On se tourne tous vers un autre brun qui, en fauteuil roulant, se rapproche de nous en écartant vivement les bras.

Mais cette fois-ci, c'est au tour d'Evy de retrouver son éclat habituel.

— Toujours aussi inculte. L'expression, c'est "trois" mousquetaires et non quatre, Beau.

— Ça n'a aucun sens, puisqu'ils étaient quatre !

— Parce que D'Artagnan n'était pas encore officiellement mousquetaire, expliqué-je en riant doucement.

— Mais il finit par l'être ? Très vite dans le livre, d'ailleurs ?

— Ne cherche pas la logique, cingle Evy. C'est comme ça, c'est tout.

Lucas finit par soupirer en écrasant sa main sur l'épaule du nouveau venu et change de conversation.

— On ne peut pas être expert dans tout.

— Attends, tu plaisantes ? Ce con s'est tapé notre prof de littérature, il devrait au moins savoir ça !

— Merci, Evy.

En guise de réponse, la rouquine descend son verre et alors qu'elle repart vers le buffet pour s'en chercher un autre, j'adresse aux garçons un sourire qui se veut attendrissant.

— Je suis vraiment heureuse de vous revoir tous les deux.

Lucas glisse une main dans sa poche et alors qu'il s'appuie avec exagération sur le fauteuil roulant de Beau qui lui décoche un regard sévèrement accompagné d'un millier de jurons, il me répond :

— Toi aussi. Surtout maintenant que tu as autant réussi... Auteure, hein ?

J'hoche la tête quand Beau parvient à se libérer de Lucas pour s'avancer vers moi.

— C'est peut-être moi qui ai réussi à me faire madame Langford, mais c'est toi qui a le plus de raisons de venir ici ! Tu peux dire à tous les profs qui t'ont collé pour avoir préféré écrire, plutôt que faire tes exercices en cours, d'aller se faire mettre bien profond !

J'essaye de rire, même si le cœur n'y est pas.

Celle-ci, est la dernière des raisons pourquoi je remettrai un pied ici.

L'idée m'avait effleuré à mon premier contrat d'édition. Mais à la place, je l'ai simplement écrit dans mes remerciements.

Pourquoi se blesser au nom de la vanité, après tout ?

Pourtant, me voilà.

Lucas se tourne néanmoins vers la foule du gymnase et indique un cercle privé qui entoure Cole, du bout de son verre.

— En parlant de personnes qui ont réussi... Comment ça se passe entre vous ?

— Je...

Une odeur d'ambré caresse mes narines et je manque de sursauter lorsqu'une main se glisse dans le creux de ma taille.

Holden.

De son sourire professionnellement charismatique, et d'une politesse qu'il tient à bout de dents serrées, il me demande, sans quitter Beau et Lucas du regard :

— Te voilà, mon amour, je te cherchais partout.

Mon amour.

Alors que je rattrape le frisson qui menace de m'emporter, j'indique mes anciens compagnons d'infortune, tandis qu'Evy et Olivia nous rejoignent à leur tour.

— Lucas, Beau, voici mon mari, Holden.

C'était plus facile, cette fois-ci.

Lucas dépose d'abord son verre avant de tendre une main vers lui.

— Je croyais que cette place était réservée à moi, joli cœur ?

Avant que Holden ne se crispe, je m'empresse de préciser, faisant rire Beau, Evy et Olivia au passage.

Merci Lucas.

— Lucas et moi étions dans le même service de chirurgie, autrefois, et on s'était fait un stupide pacte sous narcose.

— Chirurgie ? gronde-t-il en me décochant un regard, comme si c'était le plus important dans toute ma phrase.

— Il n'empêche ! Je demande le divorce, puisque tu m'as visiblement trompé, ricane-t-il, malgré mon malaise.

— Je peux signer ça tout de suite...

J'attrape le verre qu'Evy s'apprêtait à boire et indique mon mari avant d'en boire une rasade.

— Oui, Holden est avocat.

— Oh ! Saddie doit avoir un type alors...

Beau lève les yeux en l'air et raille en lui assénant un petit coup dans la taille.

— Est-ce que tu vas arrêter ? Tu ne peux pas dire normalement : moi aussi, je suis avocat ? Moi aussi, je suis un petit con prétentieux avec un égo surdimensionné si exponentiel que j'ai passé la moitié de la soirée à le dire à tout le monde ?

Néanmoins, Lucas l'ignore et dévisage Holden avec la même arrogance que celui-ci.

— Spécialité ?

— Le divorce. Justement.

— Ça doit être pratique, quand on est marié.

Evy se glisse dans son dos, le frappe derrière la tête et Beau s'empresse de changer de conversation.

— On espère que tu prends soin d'elle, par contre, Holden.

— Ouais... siffle Evy.

Je vous aime.

Mon mari passe sa main dans ma nuque, en déblaye mes cheveux et m'embrasse sur la commissure des lèvres avant de répondre du plis profond de son cœur.

— La vie parait moins dure avec elle à mes côtés.

C'est bien. Il ment aussi bien que moi.

— Rien ne parait dur avec elle, n'est-ce pas ? ose Lucas en me faisant un clin d'œil.

Holden ne relève cependant pas la pique et se contente d'assurer, amusé :

— Exactement. Aimer Saddie, c'est comme faire des pâtes.

J'enfonce mes ongles dans la chair de ses paumes et réplique en me penchant sur son oreille.

— Si tu veux faire des pâtes correctement... Ne les brise pas.

— Dans tous les cas, finit Beau par souffler. Nous sommes tous heureux ici de voir que Saddie soit heureuse. Pas beaucoup voulaient croire dans son rêve de devenir auteure, mais... Elle nous a prouvé le contraire.

Je lui mime un merci du bout des lèvres et Holden renforce sa grippe dans ma taille.

— Et moi, je suis heureux... Non, surpris, de voir autant de personnes qui la soutiennent... Parce que... Elle ne m'a pas vraiment parlé de sa vie passée ici.

Olivia manque de s'étouffer sur sa boisson, mais c'est Evy qui rétorque :

— Il n'y a plus réellement quelque chose à dire, tu sais. Alors, elle a eu raison.

Beau pose ses coudes sur les manches de son fauteuil et rit un peu trop amèrement.

— C'est surprenant pour nous tous d'être ici, aujourd'hui.

— Quoi qu'il en soit, on devrait tous trinquer, s'écrie Olivia en apportant d'autres verres qu'on fait clinker.

Holden en profite pour se pencher sur mon oreille et y chuchote :

— De la chirurgie... La moitié d'entre vous êtes scarifiés à vie... Tu veux bien me dire ce qui s'est passé, maintenant, ou tu vas continuer à tout cacher ?

— Pourquoi ? demandé-je tout en arquant un sourcil. Tu es pourtant si bien lancé dans tes recherches et interrogatoires... Je détesterai te priver de ta satisfaction quand tu auras tout appris.

Une lueur de douleur brille dans ses iris faits d'obsidienne, mais je l'ignore.

Tu m'as brisé en premier.

Je me retourne donc vers Lucas et lui adresse mon plus grand sourire.

— Sinon, à part ta carrière d'avocat, dis-nous un peu ? Tu as continué l'athlétisme ? Malgré tout, je veux dire ?

Olivia plussoie en se redressant.

— C'est exactement ce que j'allais demander ! Impossible que les aléas de la vie viennent empêcher le grand Lucas Vear de continuer à courir !

— Si tu nous dis que tu as arrêté, malgré tout ce que tu as affirmé pendant des semaines, dans notre chambre d'hôpital, je t'arrache les dents, grogne Evy, sarcastique.

Du moins j'espère qu'elle l'est.

Gonflé d'orgueil, l'ancien sportif enfonce ses doigts dans son pantalon gris et le relève légèrement sur une prothèse.

— Ce truc ne m'empêche pas de courir, en effet. J'attaque mon seizième marathon le mois prochain !

— Lucas, je peux te demander qui est-ce qui t'injecte tes doses d'égo ?

— Arrête, Beau, laisse le fanfaronner. Ce soir, c'est fait pour !

Voilà que je cite les mots d'Holden que j'ai pourtant tant réfuté.

Je dépose mon verre vide et pose ma main sur son épaule, tandis que je le vois de plus en plus confus.

— Vois-tu, mon amour, grincé-je sur le même ton faux que le sien depuis le début de la soirée. Je ne suis pas la seule. Ce n'est pas que mon histoire. Mais c'est la nôtre. À moi et à eux. Alors s'ils parviennent à sourire, à passer à autre chose... Moi aussi, je peux le faire.

— Saddie, tu...

— Qui veut un autre verre ?

Evy est la première à me tendre son verre qui ne cesse d'être vide depuis le début de la soirée et alors que je rejoins le buffet pour le remplir, j'essaye de retrouver mon souffle.

Un coup d'œil autour de moi et je ne tombe que sur des sourires étincelants qui font briller cet endroit de mille feux. Pas besoin de lumières d'ambiance, en fin de compte... Cette fausse prétention de survie suffit amplement.

Cole n'est pas le seul à être débarqué en luxe et en style.

Les costumes et les robes sont de mise... Peut-être que Holden a raison en fin de compte.

Cette simple idée me fait froncer le nez.

Non. Non, ce n'est pas vrai.

Si on s'apprête tous, c'est en effet pour prouver quelque chose... Mais pas envers nous.

Mais envers eux.

Ceux qui ont détruit notre enfance.

Je m'apprête à rejoindre mon groupe où Holden allait justement me rejoindre, lorsqu'ils se fige, le regard obliqué sur un point derrière moi.

Et quand je me retourne...

Mon sang ne fait qu'un tour.

— Hey, Saddie... J'espérais te voir ce soir...

Non.

Non.

Non.

Pas maintenant.

Pitié, pas maintenant.

Ah... J'avais dit que vois alliez tout découvrir dans ce chapitre ? Bon, j'ai peut-être exagéré un poil... 🤭😈😈

Maiiiiiissss il y'a encore plus d'indices !

Les victimes se font nombreux et... Gravement.

Que pensez vous de la petite clique de Saddie ? Entre Lucas, Beau, Evy et Olivia, ça en fait du monde meurtri...

Oh et puis couper les chapitres comme ça, moi, perso j'adore 😂😂😂 des idées quant à la suite ?

Ça vient mercredi ! 🥰🥰

Je vous fais de gros bisous 😘

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