La salle de sport, recouverte de tapis, retentissait des bruits de lutte et des grognements des combattants. Les membres de l'équipe de Benoît s'entrainaient au combat rapproché en binôme. En duo avec Charlie, Sarah désespérait car elle n'arrivait jamais à avoir le dessus. En parallèle de leur combat physique, les deux filles livraient une lutte mentale. Chacune tentait de pénétrer les pensées de l'autre pour anticiper ses mouvements. Cependant, la concentration qu'elles laissaient dans cette joute diminuait l'attention que les jeunes Stackjans accordaient au duel en lui-même. Leurs gestes se faisaient de plus en plus approximatifs même si Charlie semblait mieux gérer l'effort que son adversaire.

-Tes réflexes se sont améliorés. complimenta Charlie en anglais quand Benoît siffla la fin du combat.

Il fallut quelques secondes à Sarah pour comprendre sans la traduction instantanée de son chef d'équipe.

-Les combats que vous venez de mener demandent plus de concentration que ceux qui vous attendent. reconnut Benoît. Cependant, c'est une bonne chose de s'entraîner à faire des choses plus compliquées que dans la réalité car par la suite tout vous paraîtra simple. Mais on va quand même s'exercer en condition réelle, c'est-à-dire que l'un de vous va débloquer son esprit comme s'il était un simple humain.

Un éclair de panique passa dans les yeux de Jules.

-Concentrez-vous uniquement sur le combat et respectez votre partenaire. conseilla Benoît. On va juste échanger deux binômes : Jules tu viens avec moi, Evan et Kyllian vous combattrez ensemble.

Charlie leva la main.

-On n'est pas à l'école Charlie. fit Benoît en souriant. Tu as une question ?

-Je viens d'y penser : si j'arrive à pénétrer dans l'esprit de Sarah, je ne vais rien comprendre, tout sera en français.

-Ah oui, j'avais oublié. Kyllian et Evan, vous savez comment vous débrouillez ? demanda le chef d'équipe à l'autre binôme franco-anglais.

Ils hochèrent simultanément la tête. Encore une fois, Sarah se sentit ridicule. Heureusement, cette fois, Charlie se trouvait dans la même situation que la jeune fille.

-Bien, vous pouvez commencer le combat pendant que j'explique aux filles.

Charlie et Sarah se regardèrent. Elles arboraient la même expression teintée de questionnement sans réponses.

-Lorsque vous envoyez un message télépathique c'est comme lorsque vous parlez : ce sont les mots que vous choisissez dans la langue que vous préférez. En revanche, comme vous avez déjà pu l'expérimentez, quand vous lisez dans les pensées c'est plutôt une somme de sensations que votre cerveau reconstitue et que vous comprenez instinctivement. Ainsi, si vous lisez l'esprit de l'autre, vous comprendrez tout malgré votre différence linguistique. C'est aussi une bonne technique pour communiquer entre vous lorsque personne n'est en capacité de vous faire une traduction. Il vous suffit de parler chacune dans votre langue et de laisser votre cerveau ouvert pour que l'autre puisse comprendre ce que vous voulez dire. En recroisant les mots que vous entendez et ceux que vous comprenez en pensée, vous pouvez apprendre une langue beaucoup plus rapidement.

Un grand sourire éclaira le visage de Sarah.

-C'est génial, non ! On va pouvoir devenir rapidement bilingue. s'enthousiasma la jeune fille auprès de sa coéquipière.

Charlie haussa les épaules.

-Je sais pas si c'est génial. Perso, j'aime pas trop les langues. Mais si je peux te comprendre sans effort, c'est déjà bien. Parler le français c'est une autre histoire et pour l'instant c'est un peu inutile.

Sarah était légèrement déçue que sa coéquipière ne partage pas son enthousiasme et son amour des langues étrangères. Cependant, la jeune fille restait très excitée car elle venait d'essayer la technique de Benoît et comprenait parfaitement les paroles de Charlie alors que celle-ci avait prononcé certains mots anglais inconnus de la française. Sarah se tourna vers Mme Henry qui observait la séance, assise à côté d'un des gardiens de Jules. Celle qui avait été sa prof d'anglais lui fit un clin d'œil.

-Combattez les filles ! ordonna Benoît en s'éloignant.

-Tu commences à faire le simple humain ? questionna Charlie.

-Si tu veux.

La joie qui habitait Sarah laissa place à de l'inquiétude. Elle devait autoriser Charlie à accéder à ses pensées pendant le combat. Même si elle avait confiance en sa coéquipière et rien d'important à cacher, la peur que Charlie lise, par erreur, des choses personnelles sans rapport avec l'exercice, lui nouait la gorge.

-Porte toute ta concentration sur le combat. conseilla un de ses gardiens.

Sarah fut surprise car leurs interventions se faisaient de plus en plus rares. Cela fut bénéfique car la jeune fille put se focaliser sur cette surprise et sur le duel sans se laisser parasiter par des pensées vagabondes.

Sarah savait qu'elle ne disposerait d'aucun effet de surprise si elle attaquait la première car Charlie le verrait dans ses pensées. Elle attendit donc que son adversaire porte le premier coup pour le contrer et le retourner contre elle. Même si l'exercice consistait surtout à entraîner Charlie, Sarah ne voulait pas abandonner sa chance de gagner un combat. Cependant, la manœuvre qu'elle avait prévue échoua. En effet, sa contre-attaque ne fut pas assez forte et Charlie se dégagea sans peine pour porter un nouveau coup à Sarah, à présent en situation délicate. La jeune française se retrouva vite immobilisée. Elle essaya plusieurs fois de se dégager mais à chaque tentative son adversaire anticipait ses mouvements et la bloquait avant même qu'elle n'ait exécuté le moindre geste. Sarah grogna et abandonna la lutte. Elle se remit en position de combat, avec l'envie de gagner décuplée par le nouvel échec qu'elle venait de subir.

-C'est normal que j'aie gagné, tu étais sans défense face à mon pouvoir. tenta Charlie en réponse à la frustration de la jeune fille.

Sarah marmonna quelque chose d'incompréhensible. Manifestement, elle ne voulait pas en parler.

Evidemment, ce fut de nouveau Charlie qui gagna le combat suivant, augmentant encore un peu la mauvaise humeur naissante de son adversaire.

-On échange ! annonça Benoît.

Sarah sourit. Cette fois, la tendance allait s'inverser. La jeune Stackjan laissa son esprit s'envoler vers celui de son adversaire. Elle avait l'impression d'être à l'intérieur de Charlie. Sarah visualisa le coup que s'apprêtait à porter sa rivale et le contra... du mauvais côté. Déstabilisée et surprise, il ne fallut que quelques secondes à Sarah pour être de nouveau immobilisée par Charlie.

-Tu as essayé de m'embrouiller ! accusa Sarah.

-Pas du tout. Il faut juste que tu n'oublies pas que je suis à l'inverse de toi. En plus, lire dans les pensées ne fait pas tout. Tu dois aussi observer le combat.

Sarah se releva, prête à recommencer. Cette fois, elle ne fit pas la même erreur. Elle attaqua la première et balaya la défense de Charlie sans même pénétrer à l'intérieur de son cerveau. En effet, la jeune fille réagissait souvent de la même façon. Sarah lia ensuite son esprit à celui de son adversaire pour l'immobiliser et contrer toutes ses tentatives d'évasion. Charlie finit par taper sur le tapis, signalant son abandon. Le sourire revient sur le visage de Sarah. Elle venait enfin de gagner un combat contre sa coéquipière anglaise.

***

Kyllian, Charlie, Jules, Evan et Sarah se trouvaient réunis autour d'un baby-foot dans le foyer tandis que leur chef d'équipe rendait compte de leur début de plan à ses semblables. Les cinq jeunes gens voulaient en profiter pour se détendre et avaient entamé une partie endiablée qui opposait Jules et Sarah à Evan et Charlie. Assis à côté du baby, Kyllian regardait le match d'un œil absent.

-Yeah ! Prends ça ! hurla Sarah en faisant coulisser une huitième bille rouge le long de la barre de fer.

De l'autre côté, les billes bleues indiquaient qu'Evan et Charlie n'avaient marqué que quatre points. Pourtant, le blondinet ne se départait pas de son sourire.

-C'est une technique ancestrale je te dis ! se défendit-il. Tu laisses l'adversaire gagner et quand il est bien en confiance, tu fais une remontada. T'as gagné la partie sans que personne n'ait eu le temps de comprendre ce qu'il se passe.

-Maintenant que tu nous as dit ta technique, on va pas se faire avoir. remarqua Jules.

-J'aime bien aussi la technique traditionnelle qui consiste à tout faire pour mettre des buts. fit remarquer Charlie.

-Ca va, on se prend pas une raclée non plus.

Sarah fit une moue dubitative en relançant la balle sur le "terrain".

-Balle de match ! annonça fièrement la jeune fille de courtes minutes plus tard.

Cependant, deux buts s'enchainèrent en faveur de leurs adversaires.

-Tu vois qu'elle marche ma technique ancestrale. plaisanta Evan avec un coup de coupe à destination de sa coéquipière.

Le sourire des deux ados en face avait considérablement diminué. Cependant, ils réussirent à marquer le dernier point avant que la "remontada" prédite par Evan n'ait lieu.

-10 à 6, c'est pas si terrible. fit le garçon en guise d'excuse envers Charlie.

Elle haussa les épaules sans répondre, feignant d'être vexée.

-En réalité, je n'ai pas fait exprès de rater les buts. avoua Evan. Il n'y avait pas de technique ancestrale, je suis juste nul au baby-foot.

Charlie sourit, signe qu'en réalité, cette défaite ne l'embêtait pas.

-Tu t'es pas trop ennuyé, Kyllian ? s'enquit la jeune fille.

-Non, ça va mais je pense à la mission.

-Oh ! protesta Sarah. Il faut te détendre un peu ! Ca permettra de mieux réfléchir ensuite.

-Ella a raison, à toi de choisir le prochain jeu. fit Charlie.

-Non, je sais pas trop. refusa le garçon, gêné de concentrer d'un coup toute l'attention.

-En tout cas, moi, je suis contente d'avoir gagné au baby-foot. répéta Sarah. Son corps atterrit lourdement sur un pouf.

Jules sourit en s'asseyant à ses côtés.

-On forme une bonne équipe, non ? reprit la jeune fille.

Son coéquipier hocha la tête alors que leurs mains s'entrechoquaient.

-Je joue quasiment tous les jours avec mes potes au collège.

-Tu es en troisième, c'est ça ? questionna Sarah.

-Oui, comme Evan non ? Tu as quinze ans, aussi ?

-Oui, mais je suis de fin d'année et j'ai sauté une classe donc je suis en première. expliqua le garçon, la tête plongée dans les placards à la recherche d'un jeu de carte.

Sarah se surprit à ne plus être agacée par le fait qu'Evan soit une classe au-dessus d'elle. Elle sourit même fièrement comme si elle avait quelque chose à voir dans cette réussite. Jules, en revanche, perdit la faible confiance acquise grâce au match.

-Vous avez des baby-foot dans votre collège ? s'étonna Evan pour changer de sujet.

-Oui, on a un foyer avec deux babys et quelques tables.

-Trop bien ! s'exclama Sarah. Nous, on passait nos récrés à se les cailler dehors.

-Nous aussi. renchérit Evan. Et d'ailleurs, c'est toujours le cas aujourd'hui.

Sarah se tourna vers Charlie afin qu'elle partage elle aussi son expérience des temps du midi au collège.

-Bah, en Angleterre, c'est différent, les heures de cours ne sont pas disposées pareil.

La jeune française avait oublié ce détail. Cependant, elle sourit car elle arrivait désormais à comprendre parfaitement ce que disait Charlie sans aucun effort. Elle pouvait même essayer d'écouter les mots en anglais en parallèle pour commencer à enrichir son vocabulaire.

-Moi, je passe pas mal de temps au CDI. fit Kyllian car tout le monde s'était tourné vers lui après la réponse de Charlie. Mais, en Australie aussi c'est différent de la France.

-Il fait chaud en Australie, non ? demanda Sarah. Ca doit être cool de pas passer des heures dans le froid, dehors.

-Il fait chaud au Nord mais pas au Sud. Mais moi j'habite au Nord-est donc oui, c'est assez cool.

-Ca fait bizarre d'entendre ça. Pour moi, Sud rime avec chaleur. remarqua Evan en s'asseyant à son tour sur le canapé. Il abandonnait sa recherche des cartes.

-Pour moi, ça rime avec plages et vacances. dit Jules.

-Je ne comprendrais jamais l'amour que les gens ont pour la plage. protesta Sarah. La montagne et la neige c'est tellement mieux que la mer et le sable.

Charlie, Jules et Kyllian ne pouvaient pas vraiment prendre part au débat puisqu'ils n'avaient jamais mis les pieds à la montagne.

-Je vais vous inviter chez moi après la mission, je vous le promets. Il faut absolument que vous testiez le meilleur sport du monde. Comment vous décrire ça ? La montagne est le plus bel endroit sur terre. Elle est magnifique quand elle est verte en été et elle est sublime quand elle est couverte de neige. On peut y faire des tas d'activités vraiment cool comme de la randonnée, du ski, du vélo, se baigner dans les lacs. Non vraiment, il n'y a rien de mieux que la montagne. C'est dix mille fois mieux que de rôtir sur une plage, de se brûler avec le sable et d'observer le mouvement constant et ennuyant de la mer.

-Tu es vraiment une super ambassadrice de la montagne. remarqua Charlie.

Evan se marrait dans un coin.

-T'en pense quoi, toi qui connais les deux ? questionna Sarah en quête de soutien.

-Comme toi, j'ai été beaucoup plus de fois à la montagne qu'à la mer donc j'avoue que j'ai une préférence pour les sports de glisse sur la neige. En plus, je prends des coups de soleil à chaque fois que je reste plus d'une demi-heure sur une plage.

-Tu m'étonnes, t'es blanc comme un cul. fit Sarah ce qui déclencha le rire de ses coéquipiers.

L'atmosphère était beaucoup plus détendue qu'à l'entrainement et les cinq adolescents commençaient à être assez à l'aise pour se taquiner les uns les autres au plus grand plaisir de Sarah.

-Si vous n'avez pas la chance de faire du ski, vous faîtes quoi comme sport ?

-Je faisais de la clarinette avant mais depuis que j'ai été révélée il y a deux ans, je ne fais que des sports de combats. expliqua Charlie.

-Pareil. répondirent Evan et Kyllian.

-Vous faisiez aussi de la clarinette ? plaisanta Sarah.

-Tes blagues sont actuellement à mon niveau. la taquina son ami avec un coup de coude.

La jeune fille ouvrit de grands yeux et promit de se reprendre.

-Et toi Jules ? demanda Charlie.

-Je fais du baseball.

-Ah, cool, c'est pas très courant en France, les clubs de baseball, non ?

-Non, c'est vrai mais il y en a un dans ma ville. Par contre, pour les matchs, on doit se déplacer un peu loin. expliqua Jules en se redressant sur son pouf.

-Comment ça t'est venu l'idée ?

-Bah, le terrain de baseball n'est pas loin de chez moi donc j'ai été voir pas mal de matchs depuis que je suis petit. Ca me plaisait et je me suis inscrit quand j'avais genre six ans.

-Toi, on te demande pas, on sait que tu fais du ski. dit Charlie à Sarah.

-Ouais, comment t'as deviné ? rit la jeune fille. Je fais aussi de l'athlétisme en fait et j'ai fait de la gym pendant un certain temps.

-Sérieusement ? C'est vrai que t'as une carrure d'athlète. reconnut l'anglaise. Mais tu corresponds pas du tout au cliché que je m'imagine de la gymnaste.

-Pourtant je suis très souple. affirma Sarah. Elle se leva et porta sa jambe au niveau de son oreille.

-Ca peut être super utile, ça. remarqua Kyllian.

-De faire le Y ?

-Non, d'être souple.

Sarah haussa les épaules et se rassit. Elle ne voulait pas penser à la mission.

-Et toi, Kyllian, qu'est-ce que tu fais en-dehors des sports de combats et de l'école des Stackjans ? relança Sarah.

-Bah, pas grand-chose, je lis un peu parfois et j'aime bien l'escalade pendant les vacances.

-De l'escalade ? Là c'est sûr que la souplesse doit être utile.

-Evan ? Charlie ? Vous ne passez pas non plus votre temps à travailler pour les Stackjans ?

-Franchement, entre le bénévolat, les sports de combats et l'école, je n'ai plus beaucoup de temps. Mais je ne fais pas du judo juste pour les missions, j'aime vraiment beaucoup ça. Et puis de temps en temps, je prends des vacances de trois mois pour venir en aide aux jeunes Stackjans en détresse qui ont besoin d'un mentor charismatique et extrêmement drôle. répondit le garçon avec un clin d'œil.

-Et malheureusement, comme tu as épuisé tous les mentors charismatiques et drôles de ton répertoire pour les jeunes Stackjans en détresse, tu as dû te dévouer toi-même afin de venir en aide à une jeune fille qui pouvait parfaitement se débrouiller sans toi. répliqua Sarah en lui tapant sur le bras.

-Voilà, je suis venu à Morillon uniquement pour te servir de punching-ball.

Tous souriaient devant ce jeu malicieux mené par les deux amis.

-Mais Charlie, dis-nous donc ce qui te passionne au lieu de sourire devant les mots de cette gamine ingrate. proposa Evan.

Cette réflexion lui valut un léger coup de pied de la part de la "gamine ingrate".

-Je sais pas, quand j'ai du temps je dessine ou je couds.

-Ah ouais, de la couture, ça non plus c'est pas très commun. fit remarquer Sarah.

Jules rougit légèrement.

-Mais tu as raison, renchérit la jeune fille. Moi, je serais bien incapable de coudre un bouton et ça pourrait être embêtant plus tard.

-Je pourrais t'apprendre.

Sarah ne répondit pas. Elle repensait à la consigne de Benoît d'observer le groupe car elle venait de remarquer que Jules avait rougi à sa remarque sur les loisirs peu communs. Or, Sarah ne remarquait JAMAIS ce genre de choses. Habituellement, elle parlait sans se soucier des réactions des gens. Dans cette conversation, elle avait glané des informations personnelles sur ses coéquipiers. Outre leurs paroles, des indices non verbaux lui laissaient deviner certaines choses et c'était la première fois que Sarah faisait cette constatation : les mots ne faisaient pas tout. En effet, elle avait remarqué que Kyllian restait un peu en marge de la conversation et qu'il ne possédait pas beaucoup de loisirs. Jules, quant à lui, semblait un peu gêné d'aimer un sport peu répandu. Elle voyait aussi que Charlie était plutôt à l'aise malgré la différence de langue. Pour finir, Evan restait fidèle à lui-même, souriant, sans prise de tête, honnête et se jetant des fleurs à lui-même sans faire exprès. Sarah ne comprenait pas comment la conversation faisait pour toujours dériver sur sa précocité alors qu'il détestait en parler, par pure modestie.