Chapitre 12
Sarah se faufila entre les skieurs qui descendaient leur matériel et réussit à s'extraire du bus. Elle posa son regard quelques secondes sur les télécabines puis détourna la tête afin d'observer la rue. Il ne lui restait que cent mètres à parcourir pour arriver au café où ses gardiens lui avaient donné rendez-vous.
Quand elle poussa la porte, une douce chaleur l'enveloppa tandis qu'elle humait le parfum du chocolat chaud mélangé à celui du café et du bois qui recouvrait sol et plafond. Elle retira son bonnet et ses gants, les yeux à l'affût de Mme Henry ou de Thomas.
-A gauche. reçut-elle et elle finit par les repérer, attablés derrière une poutre, un peu à l'écart des quelques clients rassemblés près du comptoir.
Cependant, les deux têtes familières n'étaient pas seules. Le regard d'un garçon aux cheveux blonds se trouvait également fixé sur elle. Elle s'avança en s'efforçant de ne pas trop le détailler. Il portait un sweat noir et présentait un sourire éclatant, presque trop beau pour être sincère. Sarah n'aurait su dire son âge, il paraissait mature et possédait une carrure de jeune homme malgré des épaules peu musclées. Toutefois, son visage pâle, éclairé par ses cheveux blonds et désordonnés lui donnaient un air enfantin.
-Bonjour Sarah. commença Thomas alors que la jeune fille tirait une chaise.
-Salut. Euh... répondit l'adolescente en posant ses yeux sur l'inconnu.
-Je m'appelle Evan. se présenta ce dernier. Enchanté.
Il avait dit cela sans se départir de son sourire.
-Euh, bah, moi, Sarah du coup. fit la jeune fille, intriguée par le nouveau venu.
-Evan est le garçon dont nous t'avons parlé. Il est là pour t'aider à t'entraîner sur des points que nous ne pouvons t'enseigner. Il était censé arriver demain mais il a un peu d'avance, c'est pour ça qu'on t'a fait venir.
Sarah posa un autre regard sur le jeune homme. Quand on lui avait parlé de quelqu'un qui l'aiderait à s'entraîner, elle pensait à un adulte, pas à un gars de son âge. Sarah lui trouva tout de suite un air de professeur condescendant. Une autre idée lui traversa l'esprit : ce garçon devait être un Stackjan et donc, il pouvait lire dans les pensées. La jeune fille verrouilla instantanément son cerveau.
-Sarah, arrête ça ou nous allons disparaître. la prévint mentalement un de ses gardiens.
-Evan, tu n'as pas l'intention de lire dans les pensées de Sarah ? questionna Mme Henry alors que son interlocuteur s'apprêtait à parler. Sarah se passa une main dans les cheveux, un peu gênée, mais elle maintient sa protection.
-Non, bien sûr que non. contredit le garçon. Je ne lis jamais dans les pensées des gens en-dehors d'une mission. Tu n'as pas à t'inquiéter. assura t'il, ses yeux plongés dans ceux de la jeune fille.
Sarah détourna la tête. Les manières de ce garçon ne lui plaisaient pas beaucoup. Trop gentil, trop poli,...
-Tu vois, Sarah, tu peux déverrouiller ton esprit. lança Thomas.
La jeune fille jeta un regard vers Evan. Il n'eut aucune réaction apparente. Sarah ne put donc deviner son avis sur elle et sur les précautions qu'elle avait prises pour l'empêcher d'entrer dans ses pensées. A contrecœur, l'adolescente relâcha sa protection, plus par peur que ses gardiens se volatilisent au beau milieu du café, que par confiance en cet inconnu.
-Evan est ici pour quelques semaines, il a pris une chambre à l'hôtel. expliqua Thomas.
-Mais, tu dois pas aller en cours, normalement ? coupa Sarah. Peut-être que le garçon était plus âgé qu'elle au final.
-Si, mais officiellement je suis en voyage linguistique pendant 3 mois. Je devrais retrouver ma classe en mai.
-T'as pas peur de redoubler après trois mois d'absence ?
-Non, sourit le garçon, sûr de lui, vu mes facilités ça m'étonnerait. Et puis, les profs m'ont donné de quoi rattraper les cours.
Sarah se retint de lever les yeux au ciel : rien ne l'obligeait à se vanter de ses "facilités".
-Evan va t'enseigner les sports de combat, vous pourrez aussi vous entraîner ensemble à envoyer des messages télépathiques et à lire dans les pensées.
Sarah hocha la tête même si elle restait réticente à l'idée qu'un garçon de son âge lui apprenne tout ça. Pourquoi en savait-il plus qu'elle ?
-Evan a été révélé à 8 ans. répondit Thomas à sa question mentale. Ce qui est très tôt, ça explique pourquoi il peut t'enseigner toutes ces choses.
8 ans, cela signifiait deux fois plus tôt que Sarah, puisqu'elle approchait des 16 ans. La jeune fille se sentit un peu humiliée. Et la suite, n'améliora pas ce sentiment :
-Evan s'est proposé pour aider les recrues comme toi. On s'est dit que ce serait mieux d'être avec quelqu'un de ton âge.
-Et c'est quoi une recrue comme moi ?
-Une personne "révélée" trop tôt. Normalement, un Stackjan apprend sa véritable nature seulement quand il est prêt, c'est-à-dire quand ses gardiens estiment qu'il fait les bons choix la plupart du temps, et surtout quand ils le pensent capable d'entendre une vérité aussi... décalée et de l'accepter. Cela peut arriver à tout âge, certains sont plus précoces et sont "révélés" vers 10 ans, d'autres c'est plus tard, vers 20 ans mais la moyenne se situe entre 16 et 18 ans. Toi, tu n'étais pas tout à fait prête mais il n'y a pas assez de Stackjans pour faire face au prochain "problème". On a donc dû commencer ta formation plus tôt.
La bouche de Sarah se tordit en une grimace. Effectivement, quand ses gardiens avaient entrepris de lui dire la vérité, elle était loin d'être prête à l'entendre... Une image de son saut par la fenêtre s'extirpa furtivement de sa mémoire mais elle la chassa.
-Bon, je propose qu'on aille au parc derrière pour commencer un peu de combat.dit Mme Henry. Sa tasse de café, désormais vide, tinta sur la table.
Les trois autres approuvèrent.
-Au fait, ils sont où tes gardiens ? questionna Sarah alors qu'elle marchait aux côtés d'Evan dans la ruelle qui menait au parc.
La neige craquait sous leurs baskets et Sarah regrettait de ne pas avoir revêtu des après-skis.
Le rire d'Evan résonna aux oreilles de la jeune fille en réponse à sa demande. La demoiselle ramena une mèche de cheveux châtains derrière son oreille, les sourcils froncés : sa question ne lui semblait pas drôle.
-Ca fait bien longtemps que mes gardiens sont partis. expliqua le garçon. Ils se sont incarnés quelques jours pour tout m'expliquer puis c'est Christophe qui a pris le relais et ils m'ont laissé avec les Féoracs. Peut-être que sans Christophe, ils seraient restés un peu plus longtemps, mais certainement pas jusqu'à maintenant. De toute façon, j'ai fait ma première mission à 11 ans.
-Quel est le rapport ?
Sarah subissait encore cette désagréable impression de rater un élément.
-Tu ne peux pas partir en mission si tu as encore tes gardiens. répondit Thomas, qui avançait devant les ados.
Sarah ne savait pas trop comment prendre cette nouvelle. Cependant, ce n'était pas sa préoccupation immédiate car elle ne se rendrait pas en mission de sitôt. Si Evan, ce garçon tellement précoce, avait mis trois ans avant de partir, elle devrait encore attendre. Pourtant, Mme Henry venait de suggérer qu'elle avait appris la vérité plus tôt afin de faire face au "prochain problème"...
-C'est qui Christophe ? demanda la jeune fille en mettant de côté ces considérations sur les missions.
-Un des coordinateurs des Stackjans. Il s'occupe beaucoup des jeunes et c'est un ami de mes parents. décrit Evan.
-Tes parents aussi sont... commença Sarah. Elle hésitait sur la façon de terminer sa phrase.
Depuis sa rencontre avec Evan, Sarah comprenait qu'elle en savait peu sur les Stackjans. Pourtant, elle en était elle-même une ! Un peu comme si un humain normal demandait si tout le monde possédait deux bras.
Thomas et Mme Henry échangèrent un sourire : pour la première fois Sarah se considérait vraiment comme une Stackjan à part entière, à la même hauteur qu'une humaine.
-Non, mes parents ne sont pas Stackjans, c'est pas héréditaire. rit Evan. En revanche, ils sont au courant que je le suis. En même temps, à huit ans, ça aurait été difficile d'expliquer mon soudain engouement envers les sports de combat, ma proximité avec Christophe, mes absences un samedi par mois quand je vais à l'école des Stackjans et tout un tas d'autres trucs. Ca ne les déranges pas, ils sont très ouverts d'esprit. Ils ont été un peu surpris au début mais ils ont confiance en moi et en Christophe. Ils savent que je fais le bien et ils sont fiers de moi, même s'ils s'inquiètent un peu trop parfois.
Sarah soupira : "l'école des Stackjans", encore un truc dont elle ne soupçonnait pas l'existence.
-C'est à Paris, mais tu n'iras pas avant un certain temps. l'informa un de ses gardiens en pensée.
-On est arrivés. annonça Mme Henry devant une étendue recouverte de poudreuse. Quelques arbres étaient plantés à différents endroits. Ils paraissaient bien seuls.
Evan s'assit sur une des barrières qui entouraient le "parc". Sarah fit de même mais elle balança ses jambes de l'autre côté pour retomber dans la neige. Elle grimaça en sentant la poudre blanche s'insinuer à l'intérieur de ses baskets. Cependant, ses yeux brillaient au souvenir des nombreuses batailles de boules de neige partagées ici, avec ses amis.
-On commence par un petit exercice de lecture dans les pensées ? proposa Evan.
Sarah se raidit, ce qui n'échappa pas à son compagnon.
-Je ne lirais pas dans tes pensées. précisa t'il. C'est toi qui t'entraînes.
Sarah hésita, ce qui laissa le temps à Evan de poursuivre :
-Je me rappelles la première fois que j'ai lu dans les pensées de quelqu'un...
-Ce n'est pas la première fois que je lis dans les pensées. le coupa Sarah. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et laissa son regard détailler le garçon.
-Je sais, mais c'est toute cette neige qui m'y fait penser.
-Il neigeait ? questionna la jeune fille.
-Non, non, je crois qu'il faisait beau. J'étais avec Christophe au fond de mon jardin. Il m'avait expliqué comment procéder et j'avais passé une heure à essayer sans réussir.
Sarah sourit, finalement il n'était pas si doué.
-Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, Christophe était censé répéter en boucle la même phrase dans sa tête. Peut-être qu'avec la fatigue il a relâché son attention et laisser sortir les pensées qu'il ne voulait pas que je lise... Toujours est-il que, quand j'ai enfin réussi à percer son esprit, la première chose que j'ai compris c'est "le père Noël n'existe pas". Christophe a du tout m'expliquer, j'étais dévasté.
Ses auditeurs rirent.
-Tu croyais encore au père Noël ? s'étonna Sarah.
-J'avais huit ans. se justifia Evan.
La jeune fille se rangea à cet argument avant de s'exclamer de nouveau :
-Mais attends, même à huit ans, plus personne ne croit au père Noël.
-Bah moi, j'y croyais dur comme fer. affirma le garçon en haussant les épaules.
-Oh non ! Il faut que je fasse attention alors... T'es au courant que c'est pas les cloches qui distribuent les œufs de pâques. se moqua Sarah. Elle retrouvait l'aisance qu'elle possédait habituellement avec les inconnus.
-Ah, ah, très drôle. Je sais très bien que c'est le lapin de Pâques. plaisanta Evan.
-Mais pourquoi tes parents ne t'ont pas dit la vérité plus tôt ?
-Je crois qu'ils voulaient pas briser mes rêves d'enfants. Par exemple, ils ont attendu que j'ai 12 ans pour me laisser regarder des films interdits aux moins de 10 ans. Ce qui est un peu débile vu que j'ai fait ma première mission à 11 ans. C'était pas mieux que la violence des films.
Sarah déglutit mais s'interdit de penser aux missions.
-Ah ouais, donc sans Christophe, tu croirais encore au Père Noël.
-Je me demande parfois s'il n'en a pas fait exprès.
-Il aurait eu raison ! soutient la jeune fille.
-Bon, on s'y met, peut-être ? glissa Thomas.
-Ok, répondit Evan, enjoué. Il laissa glisser son corps de la barrière. On commence par un peu de défense, si tu préfères !
-D'accord. Qu'est-ce que tu entends par défense ?
-Bah, d'abord, comment se dégager si quelqu'un t'attaque. Des trucs pas très compliqués, t'apprendras à te battre vraiment avec les professionnels de l'école des Stackjans.
Sarah acquiesça et suivit Evan au centre du parc. Elle regrettait de plus en plus de ne pas porter ses après-skis. Ses orteils protestaient vivement contre le froid qui se répandait dans ses chaussures. Brusquement, le garçon se retourna et lui saisit le poignet.
-Qu'est-ce que tu fais ? demanda la jeune fille, encore surprise par la rapidité de ces mouvements.
-Comment tu te libères ? défia Evan.
Sarah comprit que l'exercice de défense commençait. Elle tenta de ramener son bras vers elle mais le garçon la serrait trop fort. Il lui faisait mal pourtant elle s'abstint de le dire : elle n'était pas une pleurnicharde. Evan leva son autre main à hauteur du visage de la jeune fille.
-Tu es trop lente, j'aurais eu le temps de te foutre une claque ou de te tordre le bras.
-Tu as l'intention de me mettre une claque ? questionna Sarah en haussant les sourcils.
-Protège-toi. répondit simplement son adversaire.
L'instinct dicta à Sarah de positionner son bras libre au niveau de sa tête.
-C'est la première chose que tu dois faire. expliqua Evan. Tu places ton bras, paume ouverte vers l'agresseur, comme ça tu peux te protéger s'il tente de t'attaquer, particulièrement au visage ou à la poitrine.
-Et la deuxième chose ?
Evan sourit.
-Tu tires la langue. annonça t'il, sérieux.
-Quoi ? s'étonna Sarah.
-Je rigoles. La deuxième étape c'est de délivrer ton bras.
La jeune fille rabattit une mèche de cheveux derrière son oreille. Du coin de l'œil, elle apercevait ses gardiens qui les observaient. Elle reporta son attention sur son coach.
-J'ai déjà essayé. fit-elle remarquer.
-Tu t'y prends mal. Il faut que tu lèves ton coude et que tu ramènes ton poignet vers toi en tirant avec ton autre main.
Sarah essaya et son bras glissa de lui-même de la poigne d'Evan.
-Pas mal, mais je te serrais pas trop fort.
-Tu rigoles ou quoi ! s'indigna la jeune fille. Elle frotta son poignet sur lequel apparaissaient les marques rouges des doigts d'Evan.
-T'as des gros doigts boudinés, en fait ? remarqua t'elle en feignant d'analyser les traces sur son avant-bras.
Le garçon prit un air choqué qui fit sourire la jeune fille.
-Tu vas moins rigoler quand mes gros doigts boudinés vont te serrer fort. menaça t'il.
Il attrapa de nouveau le poignet de Sarah mais la jeune fille avait retenu la leçon. Elle plaça sa main devant elle pour se protéger puis dégagea rapidement son bras.
-Pas mal. concéda son enseignent, qui ne s'attendait pas à ce qu'elle se défende. Tu me permets quand même de t'attraper pour qu'on continue ?
Sarah passa ses doigts dans sa chevelure puis tendit son bras vers Evan. Le jeune homme s'en saisit et le serra beaucoup plus fort que précédemment. L'adolescente ne put s'empêcher de grimacer.
-Désolé. s'excusa Evan. Là, je te serres trop pour la première technique, qu'est-ce que tu fais ?
La jeune fille tenta tout de même de se dégager comme elle l'avait fait les deux premières fois, sans succès.
-Je viens de te dire que tu pouvais pas. rit le garçon. Il faut que tu me frappes.
-Cool ! répondit Sarah avec un sourire sadique. Elle serra son poing libre et l'arma vers la tête du garçon, sans pour autant tenter un coup.
-Déjà, surtout pas le poing. contredit Evan. Tu vas te défoncer les phalanges. Le mieux, c'est de frapper avec le plat de la main, c'est beaucoup plus efficace.
La jeune fille ouvrit son poing. En voyant sa main dépliée, elle eut automatiquement le réflexe de claquer son adversaire. Elle le frappa doucement, de peur qu'il le prenne mal.
-Voilà, bonne réaction, bon plus fort, quand même et plus au niveau de l'oreille que ça ait un meilleur impact.
-Tu crois vraiment que j'ai mis toute ma force, là ?
-On sait jamais. répondit Evan en haussant les épaules. Les sourcils de Sarah formèrent aussitôt un accent circonflexe. Un léger sourire flottait sur les lèvres des deux adolescents.
-Deuxième possibilité, et en général, il faut les deux : un coup de pied. Ou bien un coup de genou, si tu préfères et que t'es assez près.
-Où ça ? Dans les couilles ?
-Euh, oui. approuva Evan, surpris que Sarah soit aussi vulgaire. En cours de défense, on dit les parties génitales, ça fait plus classe. précisa t'il, arrachant un sourire à la jeune fille.
-Donc je te mets une claque et un coup dans les parties ? résuma t'elle.
-Oui, et regarde mes yeux, comme ça j'anticipe moins.
Evan laissa passer une microseconde avant de dire précipitamment :
-Le fais pas vraiment, j'ai pas de protection !
Sarah rit et balança son pied entre les jambes du garçon. Elle s'arrêta avant de le toucher. Celui-ci fit tout de même mine d'avoir mal et la jeune fille put enfin libérer son bras endolori.
Elle se pencha pour ramasser un peu de neige. La fraîcheur familière se répandit aussitôt dans ses doigts.
-Qu'est ce que tu fais ? se méfia Evan.
-C'est pour mon poignet.
-Je t'ai fais si mal que ça ? s'inquiéta le garçon en se penchant pour regarder.
Aussitôt, Sarah lui plaqua la neige sur le visage, en prenant garde à ne pas lui en mettre dans le nez. Evan grogna et se pencha à son tour pour ramasser de la poudre blanche mais sa cible s'enfuit en courant.
***
Hey ! Je ne suis pas en retard cette fois !
Je n'ai pas eu de réaction sur le chapitre précédent mais voici quand même le chapitre 12... J'espère qu'il vous a plu ! J'avais hâte de le poster parce qu'on y rencontre Evan, qui est un de mes personnages préférés <3 Que vous inspire-il au premier abord ? J'espère que vous appréciez de suivre Sarah à travers sa découverte progressive du monde des Stackjans.
A la semaine prochaine !
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