Chapitre 20

[10:05]

Olive et L avaient finalement continué la patrouille. Dans un silence total.

La châtaine regardait ses genoux à découvert. En tombant, son legging s'était pris dans les clous des rails et elle s'était relevée en grimaçant. Son legging n'avait pas tenu et formait maintenant un court short qui s'arrêtait mi-cuisses. Olive n'aimait particulièrement pas laisser ses jambes visibles par tout le monde. L ne lui accordait pas un regard. 

Olive regardait ses jambes. Elle les trouvait trop grosses. En fait, Olive se trouvait trop grosse en général. Bien sûr, ses amis lui répétaient qu'elle était magnifique mais cela ne convaincait pas Olive qui complexait chaque jour un peu plus. 

"Regarde moi ces jambes, tellement grasses que deux personnes pourraient s'asseoir sur tes cuisses, regarde moi ses bras, deux vrais boudins, regarde ton bide. Franchement meuf, mais des efforts et arrête de bouffer."

Les larmes lui montèrent aux yeux.

"Pourquoi t'es méchante ?"

"Je suis pas méchante mais réaliste."

"Je t'emmerde ! Je sais que je suis grosse, pas besoin d'en rajouter, merde !"

- Olive, gronda une voix.

Olive sursauta et manqua de retomber mais réussit à retrouver l'équilibre entre deux planches des rails. L haussa un sourcil et s'arrêta.

- C'est pas ton fort de rester adroite pendant une minute.

- Ouais.

L la détailla de haut en bas. Olive baissa la tête. "Il est en train de se dire que tu es grosse et moche, il est à deux doigts de vomir."

- Relève la tête.

La châtaine se mordit la lèvre et croisa le regard du noiraud en obéissant à ses ordres.

- Quelque chose te tracasse.

- Non. Tout va parfaitement bien, répliqua t-elle.

- C'est faux.

- Et toi ? Quelque chose te tracasse ?

L serra les dents.

- Un bon gardien n'est jamais tracassé.

- Alors tu es un mauvais gardien. Parce que quand tu as cette lueur dans les yeux, tu n'es pas bien. 

L s'approcha inconsciemment de la jeune fille.

- Je te demande pardon ?

- Je ne répèterai pas.

L se pencha sur elle.

- Si si, tu vas répéter.

Olive planta son regard dans celui du brun qui se sentit un peu surpris par le sérieux de la châtaine. "Ca ne lui ressemble pas, ce truc..qu'elle a."

- Je n'ai pas peur de toi, L. 

- Tu devrais.

- Et pourquoi ça ?, rétorqua t-elle en croisant les bras.

L plissa les yeux.

- Parce que je suis un gardien. Et tu es une Anormale.

- Je sais ça. Tu ne m'apprends rien du tout.

L se releva et rit un peu. Il ébouriffa les cheveux de la jeune fille qui écarquilla les yeux.

- T'es marrante toi.

Olive caressa sa tête, là pour L avait touché ses cheveux. Elle se sentit un peu rougir, mais secoua la tête.

- Non, je ne suis pas marrante, je suis juste..réaliste.

"Et t'es grosse."

"Tais-toi. Elle n'est pas grosse, elle est surtout amoureuse d'un abruti."

"Taisez-vous merde !"

- Oh, je te parle là.

Olive se pinça l'arête du nez pour se reconcentrer.

- Oui, désolée.

- T'es une rêveuse, non ?

Olive fronça les sourcils.

- Oui..enfin je suppose..

L haussa les épaules.

- Si tu as des idées pour la dictature, n'hésite pas. Même si ça ne se voit pas, June aime bien entendre les différentes propositions. Si tu me dis tes idées, je pourrais lui transmettre. Vu qu'elle refuse net d'écouter directement les Anormaux.

Olive sentit son coeur manquer un battement. "Il me propose de l'aide ?!"

Comme s'il lisait dans ses pensées, le jeune homme se gratta la nuque et grommela :

- Crois pas que ça m'intrigue et que je t'aide. Je n'apprécie pas plus June que vous et si je pouvais au moins lui reprocher ses méthodes, alors j'en serai ravi.

Olive esquissa un petit sourire.

- Oui, je pense que personne ne l'aime.

- Ne crois pas ça. Luna la trouve très douée et compétente.

- Laisse-moi rire.

L inclina sa tête sur le côté, en signe d'incompréhension.

- D'ailleurs, je me demandais un truc..

- Hm ? C'est sur les Anormaux ? Je ne peux pas te dire grand-chose à leur sujet, d-

- Non, c'est sur toi.

Olive fronça les sourcils.

- Sur moi ? Je suis si mystérieuse que ça ? 

- Plus que tu ne le penses.

Olive sourit narquoisement.

- Tu me trouves intéressante ?

L la fusilla du regard.

- C'est en effet le mot qui me vient en tête. Mystérieusement intéressante.

Olive dut se retenir de rougir et se contenta lever les yeux au ciel.

- D'accord..et donc, c'est quoi ta question ?

Le noiraud s'approcha d'elle et se pencha pour que son visage soit à la même hauteur que celui d'Olive qui ravala sa salive en rougissant.

- Est-ce que tu sais ce que c'est, l'amour ?

Olive fronça les sourcils.

- C'est quoi cette question ?

- Réponds. Je ne te parle pas de l'amour fraternel ou l'amour pour tes potes. Je te parle de l'amour en lui-même.

Olive fixait les lèvres du gardien et se mit à trembler.

- Euh..je..je..

L la dévisageait, un sourcil haussé.

- Alors ?

- O-oui..oui je sais ce que..c'est..

L se releva.

- OK.

- E-et toi ?..

- J'ai cru, oui, savoir. Mais je déteste l'amour. Je le détesterais à vie.

Il se remit en marche. Olive le suivit, un peu vexée et déconcertée.

- Tu as eu un chagrin d'amour ?

- J'ai pas à te dire.

- Attends !

Olive trébucha et tomba sur le dos de L qui se retourna pour la rattraper.

- Mais t'as vraiment un problème t-

Il se tut en constatant que la jeune fille fixait son tatouage sur sa main gauche.

"Mon amour, chan...

Tu me manques, je t'aime à un point fou.

Je veux te revoir.

- L"

Il la repoussa, gêné. Olive baissa la tête.

- Pardon-

- Ta gueule, la coupa t-il un peu secoué.

"Merde, pourquoi je suis perturbé ?! Pourquoi il a fallu qu'elle voit mon putain de tatouage !?"

Olive se tut et le dépassa en continuant la patrouille.

L la suivit.

- Hé ! Tu sais même pas où aller !

- Qu'importe, rétorqua Olive d'une voix chargée de larmes, j'en ai rien à foutre !

- Calm-

- NON, TOI CALME TOI ! TU COMPRENDRAS JAMAIS RIEN, QUE CE SOIT DANS CETTE REALITE OU DANS L'AUTRE, T'ES JUSTE CON ! TU COMPRENDS PAS QUE JE SUIS PAS CELLE QUE TU CROIS ETRE, QUE TU N'ES PAS CELUI QUE TU PRETENDS ETRE ET QU'IL N'Y A PAS D'HISTOIRE D'ANORMAUX ET DE J-HOUSE DE MERDE ! 

Elle reprit son souffle et le toisa avec haine.

- Je suis calme. Je n'ai jamais été aussi calme de toute ma putain de vie.

L s'approcha d'elle et la fixa un peu, le visage décomposé et...triste.

Il se laissa tomber dans ses bras et Olive sursauta. L la serra dans ses bras.

-..L ?, articula t-elle.

Le gardien ne répondit rien.

- L, répéta Olive en le repoussant, c'est quoi ton putain de problème ?

"Attends..j'ai une sensation de déjà-vu..MAIS OUI, BIEN SÛR ! QUAND L M'A AVOUE SES SENTIMENTS ! IL A REPONDU "LE PROBLEME C'EST QUE JE T'AIME !" "

Comme le noiraud ne répondait pas, Olive croisa les bras.

- ALORS ?

- LE PROBLEME, C'EST QUE TU ES UNE ANORMALE, QUE JE SUIS UN PUTAIN DE GARDIEN AU SERVICE DU CONNASSE STUPIDE ET QUE J'AI EU LE COUP DE FOUDRE DE MERDE POUR UNE PLEURNICHARDE FAIBLE MAIS QUI ME REND COMPLETEMENT MALADE !

Olive se figea. "C'était une déclaration ?"

L rougit et détourna le visage. Olive le dévisagea.

- Tu... m'aimes ?

Le noiraud s'éloigna sans répondre. La châtaine le suivit en courant.

- Hé !

- Laisse-moi, tu veux ?, grogna t-il, j'ai envie de parler à personne et encore moins à toi.

- Mais ? C'est pas gentil !

- Un gardien n'a pas les caractéristiques de la gentillesse, lui fit remarquer L.

Olive haussa les épaules.

- T'es vraiment con.

- C'est ça ouais.

Elle songeait toujours à ce que le noiraud avait dit. Enfin plus hurlé.

"LE PROBLEME, C'EST QUE TU ES UNE ANORMALE, QUE JE SUIS UN PUTAIN DE GARDIEN AU SERVICE DU CONNASSE STUPIDE ET QUE J'AI EU LE COUP DE FOUDRE DE MERDE POUR UNE PLEURNICHARDE FAIBLE MAIS QUI ME REND COMPLETEMENT MALADE !"

C'était une déclaration.

- Moi aussi je t'aime.

L se retourna, le visage rouge tomate.

- Hein ?

Olive baissa la tête.

- J'ai rien dit.

- Hm hm.

Le brun se concentra sur la patrouille et Olive comprit qu'il ne voulait plus parler.

Alors elle regarda les lieux.

C'était Merry Street. Elle le savait. L'aura qui se dégageait de cette rue était si particulière que même cette nouvelle réalité ne l'avait pas effacée. Pourtant, elle avait changé.

Olive ne voulait même pas regarder la vérité en face. Affirmer que tout était réel lui était trop dur. Admettre que Lawliet ait changé lui était trop dur, admettre que Will, Heather et Anake étaient morts lui étaient trop dur, admettre que tout avait changé lui était trop dur.

- Ça va ?, lâcha soudain L.

Olive releva la tête.

- Ça t'importe ?

- À vrai dire, oui.

La jeune fille sentit son cœur se réchauffer et sourit.

- Ça va. Et toi ?

L se figea. 

- Je suppose oui. Enfin, est-ce qu'un être comme moi peut éprouver des émotions ?

- Un être comme toi ?, répéta Olive intriguée.

- Un monstre.

- Quoi ?! Mais non, t'es pas un monstre !

- Si..oh que si..

- NON !

"Je refuse d'y croire !"

- Tu ne peux rien y faire.

- L ! Tu n'es pas toi ! CE n'est pas toi ! Tu viens d'une autre réalité ! Ce n'est pas la réalité, ça n'arrive pas pour de vrai ! Tu as été manipulé et hypnotisé par Discorde ! Et dans MA réalité, NOTRE réalité, on est ensemble ! On a vaincu Kidna! On a survécu à tant de choses..tu ne te rappelles de rien..si tu savais seulement..

L la fixait, incrédule.

- J'ai rien compris à ton charabia.

Olive soupira puis le dépassa en courant. Les larmes qu'elle s'efforçait de contenir se mirent à couler. L la regarda partir, stupéfait.

- OLIVE !

- LAISSE-MOI !

Il se mit à la poursuivre. Il l'observait, là, devant lui. Sa petite silhouette filait dans le vent, s'éloignait un peu plus de lui, le laissait seul. Encore.

- OLIVE, NON !

Il serra les dents. La châtaine ne l'écouta pas.

- REVIENS !

Il aurait voulu aller plus vite, la rattraper et la serrer dans ses bras. Ne pas laisser partir. Il n'était pas amoureux mais il était hypnotisé par Olive Rainbow.

Olive Rainbow.

Une Anormale.

Parmi tant d'autres.

- OLIVE, JE..JE T'EN SUPPLIE !

La jeune femme se contenta de lâcher un sanglot.

- FOUS-MOI LA PAIX !

L accéléra l'allure.

- JE VEUX JUSTE PARLER !

Olive ralentit un peu. Mais la vue du noiraud, son noiraud, lui arracha un cri de douleur et de chagrin. Il n'était plus son noiraud. Son amour. Son L.

Alors elle se remit à courir. Ses jambes étaient endolories mais qu'importe. Elle aurait pu encore courir des heures. 

- OLIVE !

Elle trébucha et s'effondra sur le sol. Sa tête heurta une planche.

- NON ! NON, NON !!

L bondit au chevet de la châtaine et s'agenouilla pour la secouer violemment.

- RÉVEILLE TOI !

Olive ne réagissant pas, il serra les dents et se retint de la gifler.

- RÉVEILLE TOI, BON SANG ! 

Aucune réponse.

- Déconne pas, putain..

La châtaine ouvrit les yeux et sa première réaction fut de se dégager des bras du jeune homme.

- Me touche pas.

L la laissa partir. Encore.

- Tu es blessée ?

- Blessée ? Ah ! Si tu savais, ça c'est rien. J'ai déjà vécu bien pire.

- Comme ?

- Je n'ai pas à te répondre.

L soupira et se releva, suivi de la châtaine.

- Toujours à faire la gueule, hein ?

- Non mais je rêve ?! C'est toi qui dit ça ?!

- Ah ouais, pas con..

Olive finit par éclater de rire et se jeta dans ses bras.

- Depuis combien de temps tu le sais ?, murmura Olive entre deux sanglots.

- Que Discorde me contrôle ? Il y a à peine quelques heures.

- Tu m'as manqué... tellement manqué..

- Moi aussi, chan, moi aussi...

Olive se tut et ferma les yeux.

- Et sinon, comment as-tu su que j'avais repris conscience ?

- Quand tu as fait ta déclaration. J'ai eu le flashback de la première fois que tu m'as dit je t'aime.

- Oh..un très beau souvenir.

- Le meilleur souvenir, oui. Enfin, si j'avais réagi plus positivement.

- Non, tu as eu parfaitement raison. Mais je ne comprends toujours rien à cette histoire.

- D'abord, comment TOI, tu as repris conscience ?!

- Grâce à toi. Je ne sais pas comment l'expliquer mais je me suis rappelé de qui tu étais. De ton identité. De toi. Et de l'amour que j'éprouve à ton égard 

Les mots de L résonnèrent longtemps dans la tête de la jeune femme qui en était restée muette de stupéfaction.

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