The closing [Kaori x ...]
Bah oui vous pensiez quand même pas que j'allais dire le nom du gars dans le titre on fait durer le suspens jusqu'au bout ici 🤭
TW : crise d'angoisse explicite, mention de mort, mention de tentative de meurtre, mention de drogue
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La fermeture était probablement le meilleur moment de la journée de travail de Kaori. Faire la fermeture, c'était voir le nombre de client baisser, ranger les différents articles qui avaient étés déplacés, nettoyer tout le magasin de font en comble. Aucun stress, elle pouvait prendre le temps qu'elle voulait, tant que c'était bien fait personne ne pouvait lui reprocher quoi que ce soit. Elle pouvait danser toute seule, parler toute seule, rire toute seule, sans que personne le ne voie jamais. C'était l'hiver, les jours se réduisaient, il faisait sombre et la seule source de lumière était les lampadaires, le tout donnant une agréable ambiance tamisée au magasin. Et puis, si tout était nickel a la fermeture, il n'y avait rien à faire à l'ouverture et on pouvait dormir plus longtemps. Tout le monde y gagnait. Kaori adorait faire la fermeture.
Elle fredonnait une chanson sympa qu'elle avait entendu à la radio dans la journée, balayant les feuilles de mandarine tombées dans la journée, quand elle entendit un bruit. Un son étouffé de quelque chose qu'on percute. Étrange, elle était pourtant sûre d'avoir vérifié si tout le monde avait bien quitté le magasin. Un sans abris avait peut-être eu l'idée de passer la nuit ici ? Ou un enfant s'était perdu ? Des cambrioleurs ? Brandissant son balais devant elle comme une arme, elle s'approcha silencieusement de l'origine du bruit, située au rayon boissons.
Quand elle l'aperçu, il était déjà trop tard pour reculer. Elle se figea et lâcha son balais, qui résonna dans tout le magasin.
Non. Impossible.
Ça ne pouvait pas être lui.
***
Kamayori Sano était son nom complet. Elle avait "inventé" elle même ce diminutif, et s'était faite appeler comme ça toute sa vie.
Elle avait rejoint le Toman, un gang que son frère et ses amis proches avaient fondés. Elle y avait été la seule et unique fille. Elle adorait le Toman, ils se battaient pour leurs principes, pour "créer une nouvelle ère pour les délinquants". Elle aurait dû se douter que "une ère pour les délinquants" finirait par devenir "une ère pour les criminels". Faut dire qu'elle était jeune, naïve, même rêveuse parfois. Quand elle y repensait, ce rêve était impossible à réaliser. Ils avaient juste l'air cool.
Les morts, les blessés graves, les principes bafoués, tout ça avait poussé la jeune Kaori à peine majeure à l'époque à quitter le Toman avant qu'il ne soit trop tard. Vu ce qu'il était devenu aujourd'hui, on pouvait estimer qu'elle avait bien fait.
Mais c'avait été plus compliqué que ça. Le Toman était sa famille, elle y avait son frère, ses amis, son petit ami. Elle ne pouvait pas les abandonner comme ça.
Sauf que si elle restait dans le Toman, sa vie était en danger. Kisaki pouvait à tout instant décider que finalement, elle était une menace, et l'éliminer simplement. C'était déjà une chance qu'elle fut encore en vie.
Alors elle avait finit par pendre sa décision, elle était partie, elle s'était retournée plus d'une fois, mais elle n'avait pas cédé. Elle avait enchaîné les petits boulots le temps de trouver un travail stable, et une fois que ce fut fait, elle s'était présentée à la police.
Le Toman avait eu le temps de devenir connu par les forces de l'ordre, ainsi lorsque la soeur du chef invincible se présenta au poste en déclarant connaître quelques informations utiles sur le gang, on la prit immédiatement en charge. Une seule condition : elle souhaitait changer de nom. Pas sur ses papiers importants, juste socialement parlant. Son adresse, tout ce qui pouvait être vu du public ne pouvait plus afficher le nom de Kamayori Sano. Un nom choisi à la va vite, Yorima Rimē. Elle ne souhaitait pas être associée au Toman, et espérait que ça suffirait à Kisaki pour l'oublier.
Elle aussi devait oublier le Toman. Le Toman était son passé, le genre de passé dont il ne fallait pas parler. Pour mieux digérer la séparation avec ceux qu'elle aimait, elle avait essayé de les rayer définitivement de sa vie, ainsi que ses souvenirs. Bien évidemment, elle ne réussit pas. Il n'y avait pas un jour sans qu'elle se demande ce qu'il se serait passé si elle était restée, si elle avait parlé de ses craintes à quelqu'un, si elle avait essayé de sauver Mikey plutôt que le fuir. Elle se perdait dans les "si" si facilement.
Elle avait bien essayé de refaire sa vie, repartir à zéro, se faire des amis, faire des études peut-être. Elle n'avait jamais trouvé la motivation. Ainsi donc Kaori restait pour elle Kaori, la soeur de Mikey l'Invincible, la seule fille du Toman. Elle se remémorait sa jeunesse toutes les nuits, parfois en pleurant.
Tourmentée par les souvenirs, Kaori n'avait jamais vraiment tourné la page.
***
Pourtant c'était bien Takashi Mitsuya qui se tenait devant elle, sans aucun doute possible. Il avait changé de coupe, ses cheveux étaient désormais noirs et avaient légèrement poussés. Mais ses yeux avaient gardé ce même regard doux et bienveillant, malgré la criminalité, on voyait tout de suite que Mitsuya n'avait pas changé. Il portait une chemise blanche et un pantalon de costume noir, et abordait toujours sa caractéristique boucle d'oreille. Bordel il était toujours aussi beau. Si seulement il avait pu devenir méconnaissable, genre un toxico super moche, elle n'aurait pas eu cette réaction beaucoup trop gênante.
Mais qu'est-ce qu'elle disait ? Ce n'était pas seulement gênant, c'était surtout très problématique ! Pourquoi était il là bon sang ? Alors, Kisaki avait enfin décidé de l'achever ? Ou bien Mitsuya était il venu de sa propre initiative, ce qui allait forcément se savoir et leur créer des problèmes à tout les deux ?
Elle resta là à le fixer, figée sur place, sans même esquisser un geste pour le balais tombé. Lui ne bougeait pas non plus, s'il n'avait pas tourné la tête lorsqu'elle était apparue dans son champ de vision, elle l'aurait pris pour une statue.
-Kaori, finit-il par murmurer.
Les souvenirs remontèrent par flashs. Elle se revit le rencontrer, quand Draken l'avait présenté à Mikey et elle. Elle se revit devenir amie avec lui, pas parce qu'il était ami avec son frère, parce qu'ils s'aimaient bien. Elle se revit nier en bloc les insinuations d'Emma. Elle se revit faire des plans farfelus et improbables avec Matsuko pour rire. Elle revit leur premier baiser. Elle se revit jouer avec ses sœurs. Elle le revit la rassurer lors de ses crises d'angoisses. Enfin, elle se revit quitter le Toman, le quitter lui par la même occasion.
Et ça faisait si longtemps qu'elle n'avait plus entendu quelqu'un prononcer ce prénom, son prénom, que les larmes coulèrent. Silencieusement comme depuis toujours, sans s'arrêter. Pas un reniflement, pas un sanglot, juste des larmes. C'était vraiment horrible comme sensation, juste l'eau salée sur les joues et la boule dans la gorge qu'elle se forçait à réprimer. Se forcer au silence était une habitude qui la torturait intérieurement depuis trop longtemps.
Elle déglutit pour empêcher sa voix de trembler, et dit le plus sèchement possible :
-Qu'est-ce que tu fais ici bordel ? Je n'étais pas assez claire en partant ? Je ne veux plus te voir, ni toi ni aucun autre membre du Toman. Je... je pensais que tu avais compris.
-J'ai compris, je te le promets, assura Mitsuya. C'est pour ça que je ne t'ai pas cherchée pendant tout ce temps. J'ai respecté ta décision. Ici, c'est différent.
-Ah oui ?, ironisa-t-elle. Et en quoi ?
-Tu es en danger, Kaori.
Elle rit nerveusement en essuyant ses joues avec la paume de sa main.
-Je suis en danger permanent, Takashi. Je le suis depuis la mort d'Emma. Peut-être même depuis l'arrivée de Kisaki au Toman. Si je suis encore vivante aujourd'hui, c'est par pure chance.
-L'es-tu vraiment ?
-De quoi ?
-Vivante.
À force de parler, la boule dans sa gorge avait disparu. Elle eut un rictus.
-Et bien, je respire et mon cœur bat, donc oui.
-Tu sais très bien ce que je veux dire par là Kaori.
-Arrête de m'appeler comme ça bordel. Je ne m'appelle plus Kaori. Je m'appelle Yorima Rimē.
-On dirait que tu essayes plus de te convaincre toi-même que de me convaincre moi.
Il répondait à tout du tac au tac.
-T'as vraiment réponse à tout hein !?
-Disons que je me suis imaginé tous les scénarios possibles et imaginables.
-Je vais te taper.
-Tu n'oserais pas.
Pendant un instant, elle avait oublié leur situation et avait juste bêtement sourit. Elle avait envie de s'arracher les cheveux. Putain, ils l'avaient déjà retrouvée, cette complicité qui les caractérisait. Comme avant.
Mais Mitsuya reprit rapidement son visage grave.
-Écoute, je suis sérieux quand je dis que tu es en danger.
-Et moi je suis sérieuse quand je te dis que c'est pas nouveau pour moi.
-Tu me parles de Kisaki, je suis là à cause de Mikey. C'est très différent.
Elle fronça les sourcils.
-À cause de... Mikey ?
-Kao, Mikey a essayé de me tuer. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à lui échapper. Ça, c'est nouveau.
Ce ne fut que quand Kaori commença à suffoquer qu'elle se rendit compte qu'elle avait arrêté de respirer. Mikey, Manjiro, avait tenté de tuer quelqu'un. Et ce quelqu'un s'avérait être un de ses amis proches depuis des années.
Elle savait qu'il tuait, elle l'avait pratiquement vu faire et elle l'avait accepté depuis. Mais là, son frère avait tenté de tuer Mitsuya. Cet ange tombé du ciel qui prenait soin de tout le monde et était si compréhensif, attentionné et la définition même de la gentillesse, avait échappé de justesse à la mort.
Mais il restait un détail.
-Attend attend, remarqua-t-elle. Je ne pense pas que ce soit une raison valable pour venir me voir après tout ce temps, pas pour toi qui a autant de jugeote.
-Ça fait une semaine que c'est arrivé. Entre-temps, Pachin et Peyan ont étés fusillés. Devine qui a ordonné la fusillade ?
Elle aurait tellement aimé que ce fût Kisaki. Mais elle le savait bien, Pachin n'était pas un obstacle aux plans de Kisaki, et Peyan encore moins. Ça ne pouvait être que Mikey.
-Chifuyu a été assassiné. Takemichi est en prison. Donc, conclusion simple...
-Mikey se débarrasse des membres de l'ancien Toman, compléta-t-elle. Bordel de merde.
Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, fut un instant surprise de leur longueur, puis se rappela qu'elle n'était plus ado, que ses cheveux avaient poussé et étaient désormais noirs.
Elle s'accroupit et cala sa tête sur ses genoux en tentant de calmer sa respiration qui s'accélérait dangereusement. Ce n'était pas le moment de faire une crise d'angoisse.
Elle pensa à tout les membres du Toman. Elle pensa à Smiley et Angry, elle pensa à Mucho, elle pensa à Hakkai, elle pensa à Haruchiyo, elle pensa à Koko et Inui, elle pensa à Hanma et...
-Matsuko, elle releva soudainement la tête. Est-ce que tu sais si Matsuko est en sécurité ?
-Il ne risque rien, assura Mitsuya en s'accroupissant à son tour, il est sous la protection d'Hanma.
-Ça, c'est ce qu'il voulait vous faire croire.
-Non Kao, c'est vrai. Ne t'inquiète pas pour lui, il sait se débrouiller.
Elle hocha mécaniquement la têqte. Oui, c'est vrai, Matsuko était débrouillard, il l'avait toujours été...
-Kazutora ?
-Je ne sais pas où il est, mais aux dernières nouvelles il est vivant.
-Alors, qu'est-ce qui te dit que Mikey ne s'occupe pas uniquement de ceux qui sont toujours dans le Toman actuel ?
-Rien, avoua-t-il. Je ne fais que des suppositions, mais je m'inquiétais pour toi alors j'ai préféré te prévenir.
-Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ?
-Bah parce que je tiens à toi.
Sa position n'étant pas confortable, elle s'adossa contre les briques de lait en ramenant ses genoux près de son torse.
-Je ne te comprends pas, soupira-t-elle. Dix putain d'années que je me suis barrée et tu tiens toujours à moi ?
-N'aie pas le culot de me dire que toi non plus parce que je sais que c'est faux—
-Tais-toi.
Et il se tût. Il se contenta de plonger son regard dans celui de son interlocutrice et d'attendre sa sentence. Les secondes s'étirèrent, interminables. Puis finalement Kaori baissa les yeux, vaincue. Mitsuya eut un sourire doux-amer et s'assit en tailleur sur le carrelage froid.
-Tu vois, tu ne peux pas le nier.
-Je pense t'avoir dit de te taire Takashi, cracha-t-elle.
Elle fixa ses mains, perdue. Elle savait bien qu'elle avait toujours des sentiments pour lui, elle n'en avait jamais douté. Mais c'était difficile à admettre, et difficile d'en assumer les conséquences. Évidemment elle avait tenté de les faire taire, elle avait même tenté de s'inscrire sur des sites de rencontres, rien n'y faisait. Tout ce qu'elle avait essayé d'enfouir au plus profond d'elle même était remonté à la surface comme un tsunami à la seconde où elle avait croisé son regard. Et bordel elle aimait Mitsuya, elle l'aimait et il l'aimait aussi, et tout avait été si parfait entre eux. Ils se comprenaient, ils s'entre-aidaient, ils s'aimaient.
Sauf qu'elle était partie.
-Bon, elle se releva soudainement, c'est pas tout ça, mais moi j'ai un magasin à nettoyer et un départ à préparer.
Elle se baissa pour attraper le balai toujours au sol, mais Mitsuya l'intercepta.
-Un départ, tu t'en vas ?
-Bah oui. Je suis en danger de mort direct désormais, ce n'est plus juste de la paranoïa due à mon passé sombre et douloureux — note l'ironie. Donc je quitte Tokyo ce soir.
Il ne rit même pas. Intérieurement, Kaori était un peu déçue. Elle s'appuya sur le manche du balai en soupirant.
-Et toi, tu vas faire quoi maintenant que tu m'as prévenue ? Tu veux aussi avertir Kazutora ?
-Oh il est probablement au courant. Enfaite je comptais aller vite-fait rendre visite à mes sœurs, puis probablement quitter Tokyo aussi.
-Tu as un plan d'attaque ?
-Je ne pense pas avoir besoin, je ne suis pas recherché vu qu'il n'y a aucune preuve de mon implication dans les affaires louches du Toman. J'en déduis que tu en as un ?
-Évidemment, depuis belle lurette. Tout était déjà préparé la seconde où j'ai quitter le gang.
Il poussa un sifflement admiratif.
-Bah dis donc, t'as vraiment pensé a tout.
-Disons que quand ta soeur vient de se faire assassiner alors que son seul crime a été d'être proche de Mikey, on assure ses arrières.
Sa remarque jeta un froid. Elle retourna dans le rayon fruit, suivie de près par Mitsuya, et reprit son balayage interrompu plus tôt.
-Mais bon, c'est comme ça, reprit-elle. Shin' est mort, Baji est mort, Emma est morte, Pachin est mort, Chifuyu est mort, des centaines de personnes inconnues sont mortes. On peut rien y faire. C'est quelque chose qu'on finit par accepter, quand on vit seule avec ses souvenirs.
-Tu n'as vraiment pas réussi à refaire ta vie ?
Elle secoua la tête.
-Impossible. Je n'arrive pas à l'expliquer. C'est comme si j'avais tourné la page, mais que j'avais besoin de carrément changer de livre. (Elle passa au rayon suivant et se mit à ranger les articles qui n'étaient pas à leur place.) Mais à part ça, je vis bien. J'ai un appart, un salaire correct, une vie stable et un compte Netflix. Je ne suis pas tombée dans l'alcoolisme et la drogue donc je pense m'en sortir plutôt bien et c'est tout ce dont j'ai besoin.
Enfin, c'est ce qu'elle tentait de croire. Elle avait toujours eu du mal à faire la différence entre ce dont elle avait besoin et ce qu'elle voulait. Peut-être avait-elle besoin de celui qui était maintenant un homme en face d'elle, ou peut-être n'était-il qu'une tentation inutile, qui n'allait que lui faire encore plus de mal par la suite ? Voire était-il carrément toxique, comme l'avait été Mikey ? Elle n'en savait rien, et cela la terrifiait.
-Tu penses que Mikey serait capable de nous suivre hors de Tokyo ?
-On ne sait même pas s'il compte s'en prendre à moi, et —.(Elle s'interrompît et releva soudainement la tête.) Pitié dit moi que tu as été un minimum discret depuis que Mikey s'en est pris à toi.
-Tu me sous estime à ce point Kao ?
Elle sourit.
-On sait jamais, tu aurais pu perdre quelques neurones à force de côtoyer Pachin et Peyan sans plus personne d'intelligent à tes côtés.
Elle nota une insinuation dans sa première question, mais ne fit pas de remarque. Elle se contenta de savourer le léger doux rire de Mitsuya.
-Pour faire simple, conclu-t-elle en changeant encore de rayon, quitter Tokyo et ses alentours est la meilleure façon d'éviter de se faire tuer. Mikey est fou, mais pas obsessionnel.
Dire ça de Mikey lui faisait un pincement au cœur, mais il fallait se rendre à l'évidence ; ce n'était plus le même Mikey.
-J'y ai beaucoup réfléchit, enfaite. La façon dont Mikey a mal tourné. Je n'y vois pas de réelle explication, mais il y a des détails intéressants. Comme le fait qu'il soit devenu de plus en plus instable au fur et à mesure que ses proches mourraient. Que Kisaki était souvent dans le coup, ce qui insinue qu'il était au courant de son instabilité et qu'il en profitait pour le manipuler. Et puis, il y a, encore et toujours, la première fois qu'il a semblé devenir fou.
Et son monologue continuait ainsi pendant des journées entières. La nuit il y avait les souvenirs ; le jour il y avait les questions. Pourquoi ? Comment ? Aurais-je pu le prévoir ? étaient ses préférées. Les détails qu'elle repassait en boucle dans sa tête étaient aujourd'hui répétés et analysés à voix haute, chose qu'elle n'avait jamais faite faute de personnes concernées.
Kaori n'avait pas oublié la présence du jeune homme à côté d'elle qui la suivait toujours à travers les rayons. Habituellement, elle n'aurait pas tout déballé ainsi, mais elle savait que Mitsuya écouterait attentivement ses analyses. C'était ce qu'il faisait ; il écoutait. Et elle avait envie d'être écoutée, pour une fois. Pour la première fois depuis le poste de police.
-... et c'est aussi pour ça que je suis partie, conclut-elle, car même si Kisaki m'avait considérée comme "non dangereuse", ça risquait de changer à tout moment.
En se tournant vers Mitsuya, elle remarqua qu'il avait froncé les sourcils.
-Il y a un problème ?
-Non, s'exclama-t-il, pas du tout. C'est juste que Kisaki s'en est pris à tout les proches de Mikey, tu l'as dit toi-même. Et il ne s'en est pas pris à toi.
-Oui, dit Kaori, je le sais tout ça.
-Mais tu étais quand même proche de Mikey non ?, continua-t-il. Je veux dire, tu l'aimais beaucoup n'est-ce pas ? Et, même si ça t'as aidé à survivre, est-ce que ça ne t'aurais pas... blessée ?
... Fuck.
-Ok je crois que là il est vraiment temps que je m'en aille.
Elle déposa précipitamment la boite de conserve qu'elle avait en main et se prépara à fuir, mais bien évidemment (bien évidemment !) Mitsuya lui agrippa le bras.
-Ça, dit-il, ça veut dire que j'ai visé juste.
-Evidemment que t'as visé juste, pauvre idiot, cracha-t-elle en se dégageant vivement. Si tu apprenais que Mana était morte et que Luna pourrait très bien se passer de toi sur la même journée, comment tu te sentirais ?!
Elle sentit sa boule à la gorge revenir au galop.
-Ah oui c'est vrai, je n'ai pas seulement appris qu'Emma était morte, j'ai aussi assisté à son meurtre et j'ai rien fait ! J'ai rien fait putain !, sanglota-t-elle.
Elle s'accroupit à nouveau, dans une vaine tentative de cacher son visage et de réguler sa respiration qui s'accélérait déjà. Elle avait vraiment la crise d'angoisse facile, c'en était pathétique... Sa cage thoracique se compressait, qu'est-ce qui lui arrivait ? Une crise d'angoisse, couillonne. Respirer, il fallait respirer... Elle n'arrivait plus à respirer ! Elle ouvrit grand la bouche pour faire entrer l'air dans ses poumons, elle ne sentait plus l'oxygène passer dans son organisme et les sanglots n'arrangeaient pas sa suffocation.
Mitsuya ne s'attendait vraisemblablement pas à cette réaction (de toute façon, à quoi d'autre aurait-il pu s'attendre ?), ou bien il hésitait, mais il mit un temps avant de s'agenouiller devant elle. Il prit ses mains tremblantes, actuellement recroquevillées sur sa tête, d'une douceur dont seul lui pouvait faire preuve, et murmura juste assez fort pour qu'elle l'entende à travers sa respiration sifflante :
-Kao, regarde moi s'il te plaît.
Pendant un instant, ils furent transportés dans le passé. Ils étaient de retour dans l'appartement de Mitsuya. Dans leur bulle rien qu'à eux. Leur bulle où Kaori se sentait bien.
Alors elle fit ce qu'il lui avait dit, elle leva ses yeux embués de larmes sur lui, et elle regarda son visage flouté en s'agrippant à ses mains comme si sa vie en dépendait.
-Tout va bien Kao, continua-t-il en caressant ses mains, t'es en sécurité. Je suis là. Respire.
Et il répétait son mantra aussi longtemps qu'il le fallait. Il faisait des exercices de respiration avec elle, il comptait par exemple. Nombre impair : inspiration ; nombre pair : expiration.
Il fallut compter jusqu'à cent-cinquante-huit respirations pour que Kaori arrête de trembler, et trente de plus pour qu'elle décrispe son corps. Elle finit par s'asseoir sur le carrelage en ramenant ses genoux contre elle, sans jamais lâcher les mains de Mitsuya. Elle ne prit pas la peine d'essuyer les restes de larmes sur ses joues. D'autres allaient suivre, de toute façon.
-Merci, murmura-t-elle.
-C'est normal, répondit-il sur le même ton.
L'ambiance du magasin avait des airs douces-amères, comparable à la guerre et ses pauses entre les batailles ; quand on savait que ce calme n'était que temporaire, qu'on prenait le temps de réaliser qu'on avait frôlé la mort, qu'on appréciait simplement être toujours en vie.
En vie... Kaori se sentait en vie actuellement. Elle ne se contentait plus de respirer et de sentir son cœur battre. Pour la première fois depuis plus de dix ans, elle se sentait vivante. Elle n'était pas véritablement heureuse pour autant, mais elle se sentait bien. Triste, mais apaisée. Le contact des mains de Mitsuya l'apaisait et la faisait se sentir bien.
-Taka, merci d'être revenu.
Oui, elle était heureuse qu'il soit venu la prévenir, et surtout qu'il soit resté près d'elle lors de sa crise.
En guise de réponse, Mitsuya sourit.
Elle laissa couler sa dernière larme. Sa larme d'apaisement. Et sourit à son tour.
-Taka, partons ensemble. Recréons notre vie, rien que nous deux.
Il n'attendait que ça depuis le début de la soirée. Mais ils savaient tout les deux que c'était à elle de le dire. Et elle l'avait enfin fait. Il se leva et lui tendit la main.
-Rien que nous deux, répéta-t-il.
Plus pour la symbolique que pour s'aider à se mettre debout, Kaori attrapa sa main.
Sa vie s'était arrêtée le jour où elle l'avait quitté, elle reprit le jour où il la retrouva.
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J'aime cet os. Je l'aime de toute mon âme et si quelqu'un OSE le critiquer je fais des bébés avec sa mère.
Breeeeef,
Bonjour ! Comment allez vous depuis... *va chercher sur sa dernière publication* depuis dimanche dernier ?
Wsh une semaine quand même (moi qui voulait faire un jour sur deux jusqu'à être à jour...)
Au moins je suis revenue en force avec un os clé du développement de Kaori (même si c'est dans le futur et que donc elle ne s'en souviendra pas vraiment) qui fait plus de 3800 mots !! C'est un record jusque là 👀
Vous avez pensé quoi de la relation Mimi/Kao ?? Vous vous attendiez à lui ?? Si non, vous vous attendiez à qui ?
J'ai adoré écrire cet os, genre vraiment du début à la fin j'ai kiffé, les mots venaient tout seuls c'était vraiment agréable.
J'en ai profité pour introduire un nouvel oc, j'ai nommé Matsuko !! C'est d'ailleurs sur lui que sera consacré le prochain os avec Kaori 🤭
Mon Rinzu qui attend toujours d'être fini depuis mai 2023 be like : 🧍♀️
De base y'avait encore une histoire après ça, genre Kisaki était pas d'accord que Mimi se casse et il l'empêchait de quitter Tokyo et ducoup Kaori arrivait en mode badass et elle lui sauvait les miches et elle en profitait pour faire un petit coucou à Mikey.
D'ailleurs de base aussi Mikey était sensé penser que Kaori était morte et ça aurait fait un grand choc genre 😵 de la revoir.
Mais ils se seraient quand même barré. C'est ciao 🫡
Sauf que je l'ai pas fait prcq 1) flemme, 2) trop compliqué et 3) trop long. 3800 mots pour UNE conversation et après j'étais encore sensé faire de l'action ?! Nope.
Je vais peut-être m'amuser à refaire quelques memes 🤭
Bon voilà je vous laisse tranquille si non le mot de fin sera encore plus long que l'os.
Bayyye 🐸
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