7 - Red Garance
Jisoo l'avait oublié, qu'on s'inquiétait tout de même pour elle, ses parents qu'elle n'avait plus vu depuis longtemps, étaient les premiers. Son père avait fait le chemin pour la voir, il voulait savoir comment elle allait, comment elle vivait le fait d'avoir perdu sa moitié. Il regrettait, d'avoir critiqué les penchants de sa fille et qu'elle se soit éloignée de lui parce qu'il avait simplement eu du mal à assimiler le fait qu'elle aimait Roseanne.
A l'époque, quand il s'y était enfin fait, il avait demandé l'aide de la rousse pour qu'il puisse s'excuser et il l'avait fait, mais sa fille n'avait pas réussi à lui pardonner les insultes qui étaient sorties de ses cordes vocales sans qu'il ne s'en rende compte. Car Roseanne était la personne la plus importante à ses yeux, Jisoo se voyait vivre jusqu'à la fin de sa longue vie, avec sa bien-aimée. Elle était là, sa conclusion, corps et âme, plus rien ne la retenait sur terre, pas même ses parents aimants bien maladroit par moment.
- Jisoo ? L'homme avait ouvert la porte et découvert l'appartement semblant vide.
Il avait fait quelques pas à l'intérieur, enlevé ses chaussures et divagué entre la cuisine et le salon, vide. S'imaginant qu'elle dormait, il avait toqué à la porte dans le couloir mais personne ne lui avait répondu alors il avait enclanché la poignée et découvert le lit au carré, vide. Pourtant Jisoo semblait là, ses affaires étaient dans l'entrée, ses chaussures, son sac, sa veste, elle ne pouvait qu'être ici alors il s'était dépêché de vérifier chaque pièce jusqu'à la fatidique, celle où son pire cauchemar était bien réel.
L'homme avait accouru dans la salle de bain, il était tombé à genoux et avait secoué sa fille, inerte dans la baignoire d'eau froide. Son corps était glacé, ses lèvres bleuies et son souffle introuvable. Il l'avait serré contre lui, trempant sa chemise. De sa main tremblante, il avait sorti son téléphone de sa poche et avait composé le numéro des secours, il ne savait garder son calme, hurlant qu'on vienne sauver sa fille chérie. C'était trop tard depuis bien trop longtemps et là était sa punition pour avoir blâmé sa progéniture lorsqu'elle lui avait dit aimer Roseanne.
- Réveille-toi, j't'en supplie, ouvre tes yeux... Tout ira bien mon bébé, papa est là... Il avait caressé ses cheveux, pleurant silencieusement. Je prendrai soin de toi, allez, respire... S'il te plait... Je t'aime tellement Jisoo, j'peux pas te perdre...
Elle ne pouvait l'entendre, elle ne pouvait ouvrir les yeux, car elle n'était déjà plus de son monde. La triste réalité était là, il ne l'avait soutenu que bien trop tard, il avait fait des erreurs et n'avait pas forcé pour être pardonné, pour s'expliquer clairement avec sa fille et là était son erreur. Son enfant chéri, la chair de sa chair, était inerte dans ses bras. Les secours étaient arrivés, ils avaient pris en charge l'homme en état de choc et avaient constatés le décès de la jeune femme.
Elle était trop jeune pour mourir, ou du moins, trop jeune pour décider sa mort. Le pire dans tout cela était sûrement le choix qu'elle avait fait, même si au moins, de cette façon elle s'était simplement endormi, faisant une overdose en mélangeant une grosse quantité de médicaments et d'alcool. C'était sa façon de demander de l'aide et en même temps, de courir auprès de Roseanne, la seule personne qu'elle n'avait jamais autant aimé de toute sa vie. Son chagrin ne pouvait être épongé, tout comme sa solitude qui lui avait brisé le cœur trop rapidement. L'absence de Jennie et Lalice n'avaient pu être légèrement effacé par la rousse, le seul pilier de Jisoo, plus personne ne pouvait donc faire quelque chose, comme un couple d'inséparable où l'un des deux disparait.
Le malheureux destin d'un couple brisé, Jisoo s'était elle-même enterrée six pieds sous terre sans même savoir le péché qu'elle venait de commettre. Ce n'était pas de sa faute, elle qui ne croyait pas au paradis, à la vie après la mort, venait, de toute façon, de s'envoyer bien plus loin, dans un endroit crépitant. Etonnement, Roseanne n'était plus vraiment le centre de ses pensées, tant elle s'était condamnée au pire.
- Est-ce loin ? La rousse était curieuse, elle voulait savoir où elle allait partir exactement et si elle en saurait, en même temps, plus sur sa longue attente.
- Non, c'est juste que d'habitude nous n'allons pas là-bas, c'est un endroit où tu dois avoir une bonne raison pour y rester ne serait-ce qu'une demi-journée.
- Nous avons une bonne raison. Avait répondu Roseanne en suivant Jennie. Lalice avait acquiescé et pris la main de sa petite amie dans la sienne, il y avait une autre bonne raison pour qu'elle y aille.
- Unnie, on pourra lui demander aussi... Peut-être qu'il acceptera que tu restes avec moi...
Jennie n'avait pas répondu, elle avait tourné la tête pour éviter son regard et Lalice s'était accrochée à son bras pour qu'elle comprenne qu'elle l'aimait, énormément. Leur relation était compliquée et parfois Lalice s'en voulait d'avoir entrainée sa bien-aimée dans la mort, elles avaient eu la chance de finir dans un lieu paisible mais elles n'étaient pratiquement jamais ensemble tant l'ainée devait toujours partir loin pour aider d'autres âmes.
- Jennie... Tu sais que je t'aime, mh ? Celle-ci avait soupiré avant d'enlacer Lalice pour embrasser sa tempe.
- Bien sûr que oui, tu m'as beaucoup trop manqué.
Roseanne marchait un tout petit peu derrière elles, comprenant que le jeune couple ne se voyait pas souvent, elle ne voulait pas paraitre de trop et puis elle avait cette impression de se voir avec Jisoo au début de sa relation. Alors elle avait baissé la tête en retenant un petit sourire, c'était exactement de cette façon qu'elle avait imaginé Jennie et Lalice. Il lui était déjà arrivé d'espérer qu'elles s'avouent leur amour mais la rousse n'avait pu que les admirer se courir après.
Elle ne l'avait pas encore remarqué, mais le temps n'était pas pareil, il faisait beau, mais elle n'avait ni chaud, ni froid. Marcher n'était pas non plus fatiguant, tout simplement parce qu'elle n'était plus qu'une âme. Elle s'y voyait bien, juste là, avec Jisoo, partager son amour sans qu'on ne la juge, être pour toujours à ses côtés sans avoir le problème de devoir partir travailler. Elle avait hâte de connaitre la date fatidique à laquelle sa bien-aimée la rejoindrait mais malheureusement pour elle, tout n'allait pas se passer de la façon qu'elle espérait.
Quand elle était enfin sortie de ses pensées, Roseanne avait levé la tête et avait enfin remarqué la ville qui semblait tout juste sortie des entrailles du ciel, plus haut. Lalice avait attaché ses cheveux et avait parfaitement l'air de broyer la main de sa bien-aimée avec sa propre poigne. Elle avait peur, elle n'aimait pas du tout aller là-bas depuis sa mauvaise expérience avec l'exécrable Dieu. Elle était encore une enfant, son âme était si pure et légère qu'elle s'accordait parfaitement à l'enveloppe de HyunJin. Tout pouvait lui paraitre injuste car elle ne savait pas encore, que le destin et ce que Dieu décidait, était immuable. Lalice avait imaginé dès sa plus tendre enfance, que le paradis était blanc et rose et qu'on pouvait manger à volonté en faisant ce que bon lui semblait mais il n'y avait absolument rien de tout ça.
Les lieux semblaient irréels tant l'atmosphère régnant lui semblait parfaitement normal. Les employés arrivaient à leur travail d'un pas rapide, comme sur terre. Roseanne avait observé chaque bâtisse ayant l'air d'être sortie de terre la veille. Aucune trace du temps, aucune trace du passage de la pluie ou du vent, comme si les bâtiments venaient d'être construit. Ce qu'elle ne savait pas, est que chaque demande devant être fait en ayant l'accord de Dieu ou d'un être haut placé et devait être prononcé en ces lieux.
Les colonnes triomphantes le long des escaliers et les portes d'entrées hautes de plusieurs mètres en plus des briques beiges immaculés de tâches ou d'impacts fortuits, le centre de la petite ville ressemblait parfaitement à un tribunal des plus conventionnels. Et c'est à cet endroit-là qu'elle allait faire sa demande d'information. Ce n'était pas la première fois, la question était très récurrente alors après avoir fait remplir un formulaire lambda à l'esprit fraichement arrivé au ciel, le chef du service avant demandé à Roseanne d'attendre le temps qu'il trouve la fiche de cette certaine Jisoo.
L'homme avait fouillé dans son ordinateur pour trouver toutes les âmes envoyées sur terre sous ce pseudonyme et après un long moment, il avait présenté les deux seuls profils pouvant correspondre. La petite rousse avait approché les photos de ses yeux comme si tout d'un coup elle avait un problème de vues avant qu'elle ne rende les documents à l'employé.
- Ce n'est pas elle.
Elle ne le montrait pas mais la panique avait entièrement envahi chaque parcelle de son être, elle connaissait tout de sa bien-aimée, ce n'était pas possible qu'on ne la retrouve pas directement après toutes les informations qu'elle avait donné...
HyunJin, encore une fois, avait fait ce qu'elle voulait, parfois on reprochait même à son père de l'avoir mal éduqué tant elle séchait les cours et trainait dehors. Jamais il ne répondait, bien que sa fille se sente toujours mal en entendant les reproches qu'on pouvait faire à sa seule et unique famille dans ce monde. Tout le monde l'abandonnait au fur et à mesure, comme si son mauvais karma lui collait à la peau pour toujours. Pourtant ce jeudi-là, elle était accompagnée de son père qui n'était pas parti à son travail, il avait mis son plus beau costume et la prunelle de ses yeux, avait acceptée de mettre une robe. Accrochée au bras de son père, elle tenait contre elle, un bouquet de roses et de tulipes, son sourire était bien loin d'elle, encore une fois, elle vivait un cauchemar.
Elle avait reçu un appel chez elle, tard le soir, elle avait couru pour y répondre, ayant peur que ce soit son école qui voulait prévenir son père de l'absence de sa fille. Elle avait couru malgré le fait qu'elle détestait ça, mais l'homme de la maison avait déjà décroché. HyunJin s'était assise sur le canapé, les mains sur les genoux et la tête baissée en attendant d'être grondée ou ignorée par son seul parent. Pourtant il n'en était rien, il avait répondu calmement avant de s'approcher de sa belle progéniture.
Il s'était baissé et avait pris les mains de sa fille dans les siennes, ses iris plantées dans les siennes, il avait humidifié ses lèvres avant de visiblement avaler sa salive.
- Tu n'es pas allé à l'école cette semaine, n'est-ce pas ? HyunJin avait baissé la tête tant elle avait peur, non pas d'être grondée, mais de décevoir son père. Réponds-moi, je dois savoir.
- N-non... J'aime pas y aller tu sais, o-on se moque de moi parce que j'ai redoublé...
- HyunJin, qui est Jisoo ? A l'entente de son prénom, elle avait levé les yeux.
- C'était elle ? Pourquoi tu ne m'as pas donné le téléphone ? Je voulais lui parler, c'est la copine de Roseanne. Puis son sourire avait disparu. Enfin... elle était sa copine...
- Demain... Tu ne vas pas à l'école, on doit aller quelque part. Elle ne semblait pas comprendre alors il s'était levé pour sortir du salon tant il détestait annoncer ce genre de chose. Elle est partie rejoindre Roseanne.
HyunJin avait fondu en larme sans vraiment s'en rendre compte. Jisoo, elle ne l'avait pas aidé, elle était simplement un pion comme chacun dans ce triste bas monde. Le nombre de fois où elle s'était battue pour rester en vie, ayant si peur de la mort, son ainée avait trouvé la force d'y mettre un terme pour partir loin de la terre ferme. HyunJin ne comprenait pas vraiment pourquoi certaines personnes pouvaient vouloir mourir et comment elles trouvaient la force de dire adieu à tout ce qu'elles avaient pu construire.
C'était sa plus grande peur, frôler la mort lui avait permis de savoir qu'une fois qu'on s'en approchait, on la craignait. Peut-être qu'elle était aussi encore bien jeune et qu'avec le temps, elle serait fatiguée et envisagerait plus facilement ce qu'elle était de toute façon, vouée à devenir. La vie éternelle n'existe pas, personne n'a survécu au ravage du temps car la beauté de donner la vie, donne aussi la mort. Personne ne sait combien de temps, Dieu accorde à chacun, parfois ce sont des dizaines d'années et parfois ce ne sont que quelques heures, voir quelques secondes.
HyunJin avait fait plaisir à son père, elle avait enfilé la robe blanche qu'il lui avait offert et qu'elle n'avait jamais voulu mettre. Elle ne voulait pas mettre de noir, elle considérait que la mort n'était triste que pour la personne qui restait sur terre alors pour faire honneur au long périple qui attendait l'âme de Jisoo, elle s'était habillée d'un blanc écarlate. Pour montrer qu'elle n'était pas triste non plus, mais cela, n'était que pour sa fierté personnelle. Elle n'aimait pas quand on venait la voir comme si elle n'était qu'une victime du ciel s'abattant sur son crâne, pourtant on la voyait, sa peine sur ses joues humides et ses yeux injectés de sang.
Elle continuait à serrer son bouquet contre elle, comme si elle voulait retarder la cérémonie qui l'attendait. Elle détestait avoir mal, être triste et cela, bien plus que n'importe qui dans ce monde, elle connaissait parfaitement ces deux sentiments, même la sensation de brûler de l'intérieur, elle l'avait vécu. Les épines des roses s'enfonçaient dans ses mains, à travers le film transparent emballant parfaitement le bouquet. Le fleuriste l'avait d'ailleurs dévisagé quand elle lui avait ordonné de laisser les fleurs de cette façon.
HyunJin n'aimait pas les fleurs, elle les trouvait belle mais n'appréciait pas les bouquets. Peut-être parce qu'à chaque fois qu'on lui rendait visible, on refusait qu'elle s'en approche à cause des germes et bactéries infectant possiblement les pétales rouges garance. Ou alors c'était tout simplement parce que sa santé fanait comme les pétales qui séchaient pour s'échouer sur sa table de chevet. Elle n'aimait vraiment pas du tout ça mais les roses, elle les appréciait quand elle voyait leurs épines les protégeant, comme les bras de Roseanne avaient pu le faire quand la peine semblait vouloir s'emparer d'elle.
Les parents de Jisoo avaient choisi le meilleur pour leur fille, entre le cercueil en bois verni et les ornements de chrysanthèmes blancs, même l'endroit où sa dépouille allait reposer avait été choisi avec précision, juste à côté de Roseanne. HyunJin s'était inclinée avant de se présenter et sans qu'elle ne sache comment réagir, elle s'était laissée prendre dans les bras de la mère de son amie. Cela faisait tellement de temps qu'une adulte ne l'avait pas pris contre elle que la jeune fille avait laissé une larme s'échappée et rouler le long de sa joue.
- Je suis désolée... HyunJin l'avait murmuré alors qu'elle ne pensait aucunement avoir le droit de l'être.
Elle s'en voulait tant, elle avait séché les cours pour la voir et rien n'avait changé, Jisoo s'était condamnée. Une main avait glissé sans ses cheveux et sa lèvre inférieure avait frémis avant qu'elle ne fonde complètement en larme. HyunJin, bien qu'elle ne voulait pas le montrer, était une enfant encore fragile, un bourgeon ayant encore besoin de soleil et d'eau pour s'épanouir, s'ouvrir et briller au milieu des épines l'entourant.
- Elle... Elle m'a dit de partir parce qu'elle pouvait se débrouiller toute seule, j'aurais dû rester...
- Non... Le père de Jisoo s'était approché pour frotter le dos de la jeune fille. Elle était trop malheureuse sans Roseanne, rien n'est de ta faute.
Pourtant elle avait la parfaite impression que cette mort la suivrait jusqu'à la fin de sa vie, que son choix de laisser Jisoo seule était le pire qu'elle pouvait choisir. Elle se disait même que si elle avait abandonné face à son cancer, elle n'aurait pas été la cause de la mort de la jeune femme. HyunJin ne le supportait pas, rien que de voir la photo de son amie entourée des fleurs qu'elle détestait tant elles représentaient la fin d'une vie, de personnes plus géniales les unes que les autres, semblait être un cauchemar. Elle avait déposé son bouquet éclatant de couleur et était retournée près de son père, son seul et unique pilier.
- Elle nous a laissé un testament, son geste était réfléchi... Elle vous lègue beaucoup de chose vous savez, j'imagine que ma fille avait vu en vous que vous étiez de bonne personne méritant plus que ce que la vie a pu vous offrir. L'homme n'avait pu quitter la photo de sa descendance en prononçant ses mots.
Il y avait beaucoup pour HyunJin et son père, la boutique et une partie de ses économies, son ordinateur aussi, simplement pour les études de la jeune fille et puis pour les innombrables photos de Roseanne qu'elle avait entassées dans celui-ci. Une fois qu'elle allait l'ouvrir, elle allait découvrir tous les moments joyeux que la rousse avait pu vivre avant de mourir, elle allait pouvoir revoir son sourire et même réentendre sa voix grâce aux quelques vidéos que Jisoo avait précieusement gardé.
- Elle a rejoint Roseanne, c'est mieux ainsi si elle est heureuse... Personne n'avait besoin de voir le visage des parents de Jisoo pour savoir qu'ils ne croyaient en un seul de leurs mots, tout n'était que mensonge.
Malheureusement pour eux, Jisoo n'était pas du tout dans un monde meilleur. Elle avait choisi la pire solution, le suicide était la pire mort possible. Dieu l'avait choisi, une âme décidant de sa date de fin sur terre, n'avait aucunement sa place dans ses propres cieux. Il préférait les envoyés six pieds sous terre dans le pire endroit qui soit.
Dans les flammes des enfers.
Son âme finirait simplement par se consumer dans les cendres des suicidés précédents, jusqu'à l'éternité, les flammes brûlantes et dansantes avec frénésie, se nourrissaient des meilleurs souvenirs de ses esprits déchus. Là où c'était une chance de garder les restes de sa vie antérieure, dans le royaume des démons, ce n'était qu'une raison de plus pour souffrir en punition de ce mauvais choix. Jisoo ne s'en était même pas rendu compte, elle était simplement plongée dans l'illusion de son appartement, seule. Les couleurs avaient disparu, les carreaux brisés et le vent glacial s'engouffrait dans les pièces, glaçant chaque parcelle de son âme.
Elle attendait, inlassablement, que Roseanne vienne en vain. Ce n'était pas son paradis, Jisoo n'y avait pas le droit, tout ce qu'on lui donnait était un enfer où nourrir les flammes grâce à ses plus beaux souvenirs détruit petit à petit. Et d'un coup, elle s'était mise à détester sa bien-aimée car celle-ci lui avait menti. Jamais la brune n'avait cru un seul mot de sa belle Roseanne, jamais elle n'avait pensé qu'un paradis puisse exister. Pourtant au fond d'elle, elle s'était mise à espérer qu'il y en ait un avec une place pour elle mais elle y avait mis un terme au moment où elle avait avalé la pilule de trop et toutes les suivantes. Son paradis s'était brisé en mille morceaux, comme un miroir s'échappant des mains de son propriétaire pour s'échouer contre le sol.
- Ce n'est pas possible, Jisoo doit bien être quelques parts dans vos fichiers ! Je veux savoir combien de temps je dois l'attendre !
Roseanne s'était énervée tout d'un coup, au point que tous s'étaient tut en l'entendant hausser la voix. Ce qu'elle ne savait pas du tout, était que jamais, ô grand jamais, on osait parler plus fort dans l'enceinte du grand palais. Un homme s'était levé dans le fond de l'immense pièce et avait enlevé ses lunettes rondes avant de descendre de son estrade. Personne n'osait le regarder, personne n'osait même respirer en l'entendant marcher vers Roseanne.
La jeune femme ne le savait pas, même quand tous les employés des cieux s'étaient penchés en avant en signe de respect, elle était restée la tête haute et ses iris s'étaient plantées dans les yeux du grand homme bien plus charismatique que les autres dans son costume trois pièces.
- Que me vaut tant de grabuge ?
- Je veux savoir quand ma petite amie va me rejoindre mais il ne trouve même pas son nom. Avait râlée Roseanne en pointant l'employé du doigt. Elle ressemblait sincèrement à une gamine très fatigante même simplement en peinture.
- Roseanne... Veux-tu savoir pourquoi Mino ne trouve pas Jisoo dans les dossiers ? Elle avait entrouvert la bouche, ne sachant comment répondre à l'homme qui avait prononcé son prénom en plus de celui de sa bien-aimée. Suis-moi, allons dans mon bureau à l'étage. Il s'était arrêté devant Lalice et Jennie. Vous deux aussi, je sens que je vais avoir du fil à retordre avec vous trois.
Il avait installé la jeune rousse dans le fauteuil en face de lui et Lalice s'était accrochée au bras de sa belle, encore une fois, elles se retrouvaient en face de celui qu'elle détestait le plus, Dieu. Roseanne n'était pas au courant, qu'il était réellement sans pitié et qu'il n'allait pas y aller avec des pincettes, encore moins en faisant attention à ses sentiments encore bien présent. Il lui avait tendu une tasse et elle l'avait reposé sans même faire honneur à son hôte en y trempant ses lèvres. Elle commençait déjà à lui taper sur les nerfs.
- Jennie, comment vas-tu depuis la dernière fois ? Son petit sourire était insupportable. Et toi Lalice ? Tu ne te sens pas trop seule quand elle part j'espère ?
Lalice avait baissé la tête, la lèvre inférieure tremblante tant son cœur semblait brisée qu'on lui rabâche encore et encore l'erreur qu'elles avaient faite.
- Pourquoi pleures-tu encore ? Tu ne t'y es toujours pas fait ? Pourtant tout est de ta faute...
- En rien tu n'es fautive ma chérie... Avait murmuré Jennie en glissant son bras sur les épaules de sa bien-aimée. J'ai déjà remboursé une bonne partie de ma dette, non ? Arrêtez de nous torturer de cette façon. Elle était fatiguée de le voir creuser encore plus profondément cette peine qu'elles avaient.
L'homme avait croisé les bras et s'était bien adossé contre sa chaise, un petit sourire en coin, il savait parfaitement comment exploiter la jeune femme. Il connaissait assez bien Jennie pour savoir qu'elle était capable de beaucoup de chose et son idée était des plus intéressante à ses yeux. Il connaissait tout de Roseanne en plus de l'état de l'âme de cette fameuse Jisoo.
- Ce que je vais vous dire ne va enchanter aucune de vous. Jamais, au grand jamais, il n'abandonnait son air rieur et hautain. Votre Jisoo, n'est plus sur terre et est bannie de ce monde. Pourquoi ? Me demanderiez-vous. Parce qu'elle a mis fin à ses jours. Comme ça, pouf ! Il avait haussé les épaules. Et ici, vous connaissez la règle.
- N-non...
- Oui, Jennie. Tu le sais très bien, tu as eu de la chance d'y échapper en restant accrochée à Lalice. Elle avait tourné la tête pour éviter sa bien-aimée. Tu ne lui as jamais dit où ton choix aurait dû t'emmener et pourquoi ta dette est aussi longue que mon bras. Il avait posé son coude contre son bureau, retenant sa joue avec son poing pour regarder la scène qui se passait devant ses yeux, friand de tant de réaction à cause de ces révélations. Dis-nous donc où tu devrais être en ce moment parce que tu as choisi de mourir de toi-même.
- En... En enfer...
Roseanne avait renversé la tasse devant elle sans faire exprès, elle n'arrivait pas à tout comprendre et son interlocuteur était bien amusé de la voir si troublée.
- Tu ne comprends pas ? Elle s'est suicidée car elle ne supportait pas ton absence, sans savoir qu'ici, il n'y avait pas de place pour ce genre de personne.
- Et si je vais la chercher ? Elle l'avait dit avec calme et pourtant, dans sa voix, on pouvait parfaitement entendre combien elle était énervée, triste, blessée et bien plus encore. Si je vais en enfer et que je la ramène ici, pourra-elle rester avec moi ? C'était exactement ce qu'il voulait.
- A certaines conditions, tu pourrais peut-être bien y aller...
- Je vous écoute. Roseanne serrait les dents devant tant d'arrogance, elle ne le supportait pas et comprenait parfaitement pourquoi Lalice le détestait.
- Déjà Jennie va t'accompagner, pour voir la chance qu'elle a eu de ne pas finir là-bas pour l'éternité. La jeune fille allait contestée, elle connaissait parfaitement toutes les histoires sur les âmes téméraires ayant fait exactement la même chose et qui n'était jamais revenue au paradis. Je baisserai considérément ta dette, bien sûr. Elle avait fait un pas en arrière, en plus de ne pas vraiment avoir le choix, c'était une trop bonne opportunité.
- Et quoi d'autre ?
Il avait tout d'un coup fait disparaitre son sourire pour glacer le sang de Roseanne, ses paroles suivantes avait même rendu son cœur lourd. Il était connu que Dieu ne faisait de faveur à personne, et cela, la petite rousse venait de s'en rendre malheureusement compte...
-
Ça y est ! vous devez enfin avoir compris où je voulais en venir en tuant tout le monde ! Je fais partir de la team des meurtriers mais c'est quand même pour une bonne raison !
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