12 - Gris anthracite
Roseanne avait franchis le portail, avant de s'écrouler sur ses genoux. Les mains contre le sol, elle avait l'impression d'être étouffée, qu'on serrait son cou avec une puissance déconcertante. Et elle avait entendu le bruit des chaussures sur le sol qui s'approchait. Jusqu'à être devant les yeux de la rousse, ce n'était qu'à ce moment-là que la personne s'était arrêtée.
Et elle avait rigolé, son petit rire avait fendu le silence avant qu'elle ne se relève pour s'asseoir sur ses talons. Son sourire sur ses lèvres, Lalice l'avait regardé de haut, baissant simplement les yeux devant elle. Puis elle avait repoussé sa cape en arrière et s'était accroupie devant Roseanne, semblant bien amusée de la situation. Parce qu'elle voulait montrer qu'elle n'était pas comme tout le monde, qu'elle savait repousser ses limites.
- Tu ne pensais pas que j'y arriverai, n'est-ce pas ? Elle avait basculé la tête en arrière, reprenant son souffle alors que la blondinette penchait légèrement la sienne sur le côté.
- C'est vrai, tu es restée bien plus longtemps que je ne le pensais. Tu n'as pas perdu la tête ? Pendant tout ce temps ? Elle avait eu envie de pouffer de rire, ce n'était pas quelque chose dont elle pouvait être fière car malgré tout, elle en était ressortie seule.
- J'ai failli, plusieurs fois. Je sentais, les ténèbres s'infiltrer en moi. De mes mains. Elle les avait levés pour voir ses paumes. Je voulais mettre un terme à sa punition. Je voulais la tuer pour qu'elle soit à nouveau libre. Mais c'est impossible.
Alors elle s'était lentement relevée, vacillant avant de presser sa tempe. Lalice l'avait alors tenue, ayant peur qu'elle ne s'évanouisse face à cette pression qui avait envahie l'âme de la rousse. Celle-ci avait frénétiquement glissé sa main dans ses cheveux et fait un pas en arrière, puis un deuxième, glissant sa langue sur ses lèvres. Son regard plongé dans celui de la blondinette, elle avait continué, bien plus sérieusement, comme si elle ne voulait la quitter, admirant pour la dernière fois le visage de son amie.
- Je renonce. Mais pas de la façon que tu crois. Tu diras à Jennie que je l'aime, de tout mon cœur.
Et Roseanne avait refermé la grille, la séparant de Lalice qui s'était précipitée pour secouer les deux portes complètement closent.
- Si les bons finissent en enfer Lalice, c'est parce qu'ils n'arrivent pas à se pardonner eux-mêmes. Elle lui avait souri tristement alors que la jeune fille avait passé sa main entre les barreaux de la grille pour caresser la joue de la rousse. Je préfère rester en enfer plutôt que me dire que je l'ai abandonné ici. Rappelle-toi d'une chose, je ne le fais pas parce que je suis égoïste, je sais que ce sera dur pour toi de le dire à Jennie mais tu aurais fait la même chose, si tu avais été à ma place, tu ne serais pas partie sans elle. Va-t'en maintenant, elle doit t'attendre.
Elle avait tourné les talons, et était partie, sans même lui dire une dernière fois au revoir. Pourtant elle s'était condamnée, jamais plus elle ne ressortirait de cet endroit. Jusqu'à la fin des temps, pour l'éternité, elle allait délirer et souffrir pour n'avoir rien fait. Préférant être fidèle à sa petite-amie plutôt que de porter le poids de l'avoir abandonné.
- N-Non ! Roseanne ! Reviens, ne fais pas ça ! J't'en supplie... Ne m'abandonne pas... Elle avait le triste espoir qu'on fasse demi-tour et qu'on vienne avec elle au paradis. Alors elle avait entrepris de trouver une faille dans les grilles délimitant l'enfer de Jisoo. Je ne peux pas te perdre... Elle ne pouvait pas entrer à l'intérieur.
Elle s'était adossée contre les portes et avait glissé jusqu'à être assise par terre. Ses mains dans ses cheveux, elle n'arrivait pas à y croire car non, jamais elle n'aurait eu le courage de le faire si elle avait été à sa place. Alors elle avait croisé ses bras et enfouis son visage dans le creux de ceux-ci pour ne plus penser à sa mission qu'elle venait de ridiculement rater.
C'était pourtant une des personnes qu'elle connaissait le mieux et celle-ci lui avait fait le pire coup qu'elle n'avait même pas vu venir. Alors elle se détestait, pour ne pas avoir pu arrêter ça, pour l'avoir laissé se condamnée alors qu'elle était censée protéger les personnes autour d'elle. Alors un soupir avait quitté ses lèvres et un raclement de gorge l'avait fait se terrer un peu plus dans sa cachette de fortune.
- Lalice, rentrons. C'est trop tard maintenant. Elle n'avait pas répondu jusqu'à ce qu'il se répète et qu'elle lève enfin les yeux, regardant la grande main qu'on lui tendait.
- Tu aurais dû rester avec moi, elle n'y serait pas allée. Alors accroupie, il ébouriffa les cheveux de la blondinette. Tu aurais dû la sauver de cet enfer comme quand tu nous as ouvert la porte. J'ai toujours soulagé toutes les personnes chez qui tu m'envoyais et elle... Je l'ai juste... Il avait soupiré avant de la couper.
- Je suis trop cruel pour faire ça avec tout le monde, tu le sais. Je n'ai jamais compris comment tu pouvais encore croire que je pouvais parfois être bon ou gentil, ni comment tu peux encore m'apprécier. Rappelle-toi que j'ai toujours tout fait pour que toi et Jennie soyez le plus loin possible l'une de l'autre et que je m'amusais bien à remuer le couteau dans la plaie, encore et encore. Il était presque entrain de la gronder. Ça va vraiment me manquer d'ailleurs...
- Parce que ta façade n'est qu'un mensonge. Tu mens, comme tu pourrais respirer sur terre. Je l'ai compris au moment où tu as souris en proposant ton pacte à Jennie devant les grilles fermées. Pourtant elle aussi, était une menteuse hors-pair, jouant parfaitement la comédie en face de sa bien-aimée. Tu ne me quittais pas des yeux, comme si ton âme me disait que tu n'avais pas le choix pour que nous ayons un avenir. Il avait baissé les yeux, un petit sourire en coin, se rendant compte combien on pouvait parfois réussir à lire en lui. Ai-je tort ? Hyun-
- Ne prononce pas mon nom ! L'avait-il coupé en posant sa main sur la bouche de la blondinette. Son regard plongé dans le sien, il avait secoué la tête, lui faisant comprendre que c'était plus dangereux que ce qu'elle pouvait penser. Il faut que tu rentres tout de suite avec moi. Il y a eu trop de passage, s'il arrive maintenant, il ne te laissera plus repartir. Sans même lui demander la permission, il l'avait soulevé pour la porter à la force de ses bras. Aie confiance en Roseanne. Elle l'a fait pour une bonne raison, il faut que tu sois fière d'elle et non triste.
Et il avait quitté les enfers avec la blondinette qui s'accrochait à son cou, comme si elle voulait se faire consoler, comme si les larmes venaient pour couler le long de ses joues, comme si on cœur s'était complètement déchiré, achevé par la perte de Jennie, Roseanne et Jisoo. Une main avait glissé dans son dos, le frottant doucement alors que la blanche luminosité du paradis l'éblouissait.
Il avait marché longtemps, continuant à la tenir contre lui avec force. Il était rare de le voir si proche d'une âme de son monde et pourtant, avec son froid regard, sa dure prestance et son fort air hautain, il avait créé plus d'insupportables chuchotements qu'il ne pensait pouvoir en entendre lors d'une de ses apparitions.
Puis le son s'était arrêté, et une porte avait claqué. Il avait soufflé, ses épaules se rabaissant légèrement avant qu'il ne fasse quelques pas.
- Repose-toi un peu, je sais que c'était très éprouvant pour toi. Lui avait-il murmuré en la posant dans son lit. C'est un cadeau, il est peut-être empoisonné ou épineux comme la tige d'une rose mais c'était son paradis, et le tien, en partie.
- J'ai une question... Il s'était retourné, évitant de regarder l'âme perdue sous sa couette. Je croyais que notre péché l'avait complètement détruit, je pensais que jamais nous ne verrions cet endroit.
- C'est la vérité, je l'ai juste... Il avait marqué un temps, ne sachant s'il devait ou non, dire la vérité. On va dire, que je l'ai reconstruit.
- Merci... Elle l'avait soupiré en se recoquillant sur elle-même. Il y a encore son odeur... J'aimerai ne jamais l'oublier, même une fois que je renaitrai. Puis finalement l'homme avait pris place au bord du lit, caressant la tête blonde de la jeune fille. Tu y es déjà allé ? Simplement en tant qu'humain ? Et il avait secoué la tête.
- Je suis le maitre de cet endroit, enfin, simplement un des larbins de l'être suprême qui nous as tous créé. Je ne suis qu'un pion qui lui a obéis, je ne peux pas choisir d'y aller ou non. Je n'ai qu'un rôle, celui d'assurer la paix ici, comme mes prédécesseurs.
- C'est injuste...
- Il faut bien que quelqu'un s'occupe de ce monde. Puis il s'était baissé pour embrasser sa tempe. Repose-toi, reviens quand tu en auras envie.
Elle avait remonté la couverture pour complètement se cacher dans le lit et les mains dans les poches, l'homme avait regardé le sol, bien troublé par la conversation qu'ils avaient eue, par les gestes qu'il n'effectuait pourtant jamais. Il ne comprenait pas non plus comment elle pouvait encore être si attachée à son passé, comme si rien d'autre n'avait aussi d'importance au paradis. Pourtant, il avait toujours trouvé cette façon de penser, intéressante au point qu'il avait envie d'y aller, de naitre, grandir, vivre, et mourir un fois, lui aussi. Mais il avait d'autres choses à faire, comme retourner dans son bureau.
- Lalice, une porte peut être ouverte facilement quand on y croit sincèrement... Il ne voulait pas rester plus longtemps après avoir dit ça.
Son royaume, comme on lui disait toujours, ne pouvait exister sans lui. Son absence ne pouvait être plus longue, il y avait bien trop d'âmes qui faisaient encore des siennes. Alors il était sorti de la pièce, laissant Lalice seule dans un paradis qui n'était pourtant pas totalement le sien. Et sa main s'était levé, coupant l'envie de tous, à prononcer ne serait-ce qu'un mot sur son changement de comportement.
Roseanne avait levé les yeux vers les nuages gris anthracite qui encombrait le semblant de ciel et elle s'était redirigée vers la petite place où Jisoo était assise sur le parvis. Dès qu'elle l'avait vu au loin, elle s'était précipitée pour ne pas perdre la raison avant de l'avoir rassuré sur ses intentions. Elle avait posé un genou à terre, sur la marche juste devant sa belle et l'avait serré dans ses bras, voulant la réchauffer de son âme.
Sa joue posée contre l'épaule de Jisoo, elle l'avait un peu plus collée contre elle en accentuant son étreinte et doucement elle s'était balancée pour lui montrer qu'elle ne lui voulait pas de mal, lui permettant de se calmer en même temps. Puis elle s'en était détachée, humidifiant ses lèvres pour enfin lui dire ce qu'elle ressentait.
- Je m'excuse, il y a des choses que je dois te dire, il ne me reste plus beaucoup de temps. Je suis désolée pour tout ce que je ne pourrais plus te donner, je ne pourrais plus te faire sourire, te demander de faire ton cheesecake contre des baisers. Je voulais qu'on soit vieille ensemble, jusqu'à ce qu'on s'éteigne par la fatigue. Je m'excuse, pour nos disputes, pour tous les après-midis que je passais à dormir sur tes genoux parce que ta voix m'endormait quand tu me lisais de belles histoires. Merci, pour ton amour, ta gentillesse, pour m'avoir créé une famille avec Jennie et Lalice. Pour la première fois où je t'ai dit « Je t'aime », pour être si belle, pour toutes les fois où j'ai pu te toucher, et croire que tu m'appartenais. Je te demande pardon, pour toutes les fois où je t'ai déçue. Elle avait embrassé ses mains gercées par le froid. Te rappelles-tu de ce jour-là ? Où tu m'as lu une histoire sur les fantômes ? Tu semblais si amusée à me faire peur... C'est un de mes plus beaux souvenirs et j'ai encore l'impression d'entendre ton rire à ce moment-là, comme si rien n'avait pu autant te divertir. Jisoo, Jisoo regarde-moi... Ses mains s'étaient posées sur les joues de la demoiselle. Je voudrais tout connaitre de toi, savoir quel est ton plus beau souvenir, même si je n'en fais pas partie.
Il y avait une période qu'elle regrettait plus que toutes les autres et pourtant, ce n'était pas la meilleure en termes de chance pour Roseanne. Celle-ci n'avait pas toujours beaucoup d'argent, travailler en cuisine lors du service de midi ou du soir, ne lui rapportait pas des centaines et des milles. Alors souvent elle se sentait mal, parce que Jisoo pouvait se permettre beaucoup de choses qu'elle, elle ne pouvait imaginer avoir. La petite rousse n'était pas n'importe qui, elle n'aimait pas se sentir redevable ni être un poids pour les autres.
Alors elle faisait des petits jobs par-ci par-là la semaine, pour avoir un peu plus d'argent. Le dimanche après-midi, après avoir fini son service, elle rentrait chez Jisoo malgré la fatigue qu'elle accumulait du lundi au samedi et malgré toute son envie de passer sa journée avec sa belle, il lui arrivait régulièrement de s'endormir sur le canapé de celle-ci.
La brunette avait finalement pris l'habitude, s'amusant à lui servir d'oreiller pendant qu'elle lisait un livre. D'autre fois, elle regardait la télévision, glissant sa main dans les cheveux de sa bien-aimée. Il arrivait même qu'elle s'endorme aussi, avant que ses yeux ne se rouvrent quelques heures plus tard.
Puis un jour, alors qu'elle s'amusait à chatouiller l'oreille de Roseanne pour qu'elle ne dorme pas tout de suite, celle-ci râlait simplement en gardant les yeux fermés pour ne pas perdre face à sa belle. Puis finalement elle s'était relevée et avait plaqué ses lèvres contre celle de sa brune préférée. Pour qu'elle arrête de l'embêter puis parce qu'elle aimait vraiment beaucoup l'embrasser.
Parfois elle lui faisait des remarques bizarres, au début ce n'était qu'une part plutôt loufoque de sa personnalité, puis elle n'y faisait plus attention, tant sa façon de penser était troublante mais des plus comiques. Cela venait n'importe quand, parfois dans des moments où il ne fallait rien dire, comme quand elles étaient fâchées l'une contre l'autre, où quand la rousse voulait faire l'amour avec sa belle.
- Ton oreille gauche semble plus haute que la droite, c'est drôle.
- Tout est drôle à tes yeux, Jisoo. Elle avait attrapé ses mains pour qu'elle arrête d'y toucher. Moi je trouve que tout est parfait chez toi, même si tu avais des défauts, ils te rendraient tous aussi magnifique que tu ne l'es déjà. Elle s'était assise à califourchon sur ses genoux. Peut-être parce je t'aime déjà bien trop.
- Sais-tu... Tout ce que j'apprécie de toi ? Tu es souvent timide, tu n'essaie pas de le montrer mais tu rougies parfois, c'est mignon. Tu as une petite voix et quand tu ne sais pas quoi dire, tu souris en évitant de regarder la personne, comme si tu voulais t'en aller loin. C'est encore plus adorable quand tu le fais avec moi, parce que du coup, tu ne peux pas me quitter. Et tu n'aimes pas quand je te dis que je veux te faire l'amour, ça te rend mal à l'aise. Elle avait susurré ses derniers mots, embrassant son cou en la serrant contre elle.
- Arrête... Elle avait baissé la tête, mal à l'aise. Avant de poser son front contre l'épaule de sa belle. C-c'est juste parce que je suis fatiguée. Encore une fois, c'était un mensonge pour ne pas avouer qu'elle n'aimait pas entendre ce genre de chose.
- Je sais, tu travailles trop... Ça m'inquiète... Le bout de ses doigts avait glissé sur le haut des épaules de la rousse. Allons dans notre lit, tu dormiras mieux dans mes bras, tu ne crois pas ? Alors elle l'avait accompagné jusque dans sa chambre, sa main liée à celle de sa belle.
- "Notre" lit ? Dans... "notre" chambre ? et... dans "tes" bras ?
Jisoo avait posé son index sur ses lèvres pour lui dire de se taire et alors qu'elle la laissait se coucher, elle avait fermé les volets à demi et tiré les rideaux. Puis elle s'était allongée à ses côtés, l'attirant contre elle pour qu'elle s'endorme dans son étreinte. Une joue collée contre la naissance de sa poitrine, c'était avec malice que sa main s'était faufilée sous le sweat de sa chérie. Roseanne avait soupiré, se sentant bien mieux dans un lit plutôt que sur le canapé et même si son esprit ne voulait se perdre réellement dans les abysses du sommeil, elle pouvait au moins un peu se reposer.
- Roseanne, je veux que tu arrêtes tout ça. L'argent est moins important que toi. La concernée avait pris une grande inspiration. Je peux t'acheter tout ce que tu veux alors arrête tes bêtises et laisse-moi prendre soin de toi. Elle ne lui avait pas répondu. Tu n'auras qu'à me rembourser en baiser, si ça te gène tant que ça... C'était un doux murmure. Comme ça. Elle avait doucement embrassé le front de sa chérie.
- Moi aussi, je veux prendre soin de toi...
C'était sûrement sa plus sincère déclaration sur ses intentions, elle n'en faisait pas souvent avant l'accident qui les avait touchés de plein fouet. Ensuite, ses mots devenaient réguliers, même bien trop. Alors on ne la croyait plus, pensant que ce n'était que des syllabes crachées sans réel fond.
Roseanne, les membres tremblants et la tête légèrement baissée, une lourde fumée blanche s'était échappée de ses lèvres bleuies. Jamais son amour ne l'avait quitté et malheureusement, l'enfer de Jisoo s'en nourrissait. Malgré tout, elle avait fait son choix, dès l'instant où elle était partie du paradis pour la retrouver, elle l'avait décidé.
- Je préfère rester en enfer plutôt qu'au paradis si je suis avec toi. Pour... enfin pouvoir prendre soin de toi comme j'aurais dû dans le passé.
Ses pupilles étaient devenues sombre, ses mains avaient quitté sa belle et comme un vieil automate cassé, ses membres avaient décidé de ne plus lui répondre, comme figée dans le temps. Jisoo avait lentement approché sa main de la joue glacée de Roseanne, avant de la frôler, puis la caresser du pouce, comme si elle avait pris conscience de la personne en face d'elle.
- Roseanne ? Rose' ? La brunette avait relevé la tête, fronçant les sourcils avant de secouer doucement la tête. N-non...
- Il fait froid... Que s'est-il passé ici ?... Elle avait vacillé lentement sur le côté, s'échouant sur les marches semblant être de marbre. J-Je suis... épuisée... Jisoo l'avait prise dans ses bras, tentant de partager son peu de chaleur avec sa bien-aimée bien plus glacée qu'elle. Soufflant sur ses mains avec son souffle chaud. Ta voix... Elle était si apaisante...
- Rose', non ! N'abandonne pas ! Bouge, tu ne peux pas rester comme ça, je t'en supplie ! O-on doit sortir d'ici...
C'était comme ce samedi soir, tard la nuit, tirant plus vers le dimanche matin qu'autre chose. Jamais elle n'avait oublié ce jour-là, ancré dans sa mémoire tant elle avait eu peur en plus de s'en être longtemps voulu. Cet semaine précise, au beau milieu de l'hiver, Roseanne était tombée malade, préférant faire attention à son job plutôt que se soigner tout de suite. Jisoo l'avait remarqué, qu'elle semblait légèrement affaiblie mais il était trop tard pour qu'elle puisse faire quelque chose.
La rousse s'était couchée pour se reposer, tôt dans la soirée pour une seule et unique raison, ne pas plus inquiéter sa belle. Alors elle lui avait parlé froidement, préférant faire croire qu'elle était fâchée ou de mauvaise humeur. Pourtant tout ce qu'elle voulait était un câlin...
Jisoo ne l'avait jamais oublié, car tard dans la nuit, elle était partie rejoindre Roseanne dans son lit et une fois qu'elle s'en était approchée, tentant de comprendre ce qu'elle avait pu faire de mal, sa main s'était posée sur le front de sa chérie, brulant.
- Tu me fais un câlin ? J'ai froid...
- Tu as de la fièvre... Elle ne l'avait pas écouté, cherchant plutôt des médicaments contre la grippe de Roseanne.
Des heures à veiller sur la petite rousse, couchée à ses côtés, Jisoo lui avait préparé une tisane, lui avait donné le peu de paracétamol qu'elle possédait dans sa trousse à pharmacie. Puis elle l'avait embrassé, espérant la soigner de cette manière. Elle préférait que ce soit elle, qui soit malade plutôt que Roseanne mais elle ne pouvait pas choisir.
- Ferme tes yeux, j'ai appelé un médecin de garde. Il arrive bientôt.
- Je ne veux pas. Etre avec toi me suffit pour guérir.
- Ne raconte pas n'importe quoi, tu as besoin d'un traitement.
Jisoo avait serré sa belle dans ses bras, il était temps qu'elle comprenne ce qu'on avait essayé de lui dire pendant des semaines. Il fallait qu'elle mette fin à ses jours, qu'elle finisse en enfer et qu'on tente de l'en sortir pour voir combien Roseanne était sa thérapie. Trop tard, encore une fois, ses yeux ne s'ouvraient qu'une fois que la rousse perdait face au monde.
- Je suis là, tu n'as besoin que de moi pour cela, n'est-ce pas ?! On va s'en sortir Rose', je te le promets.
Mais la rousse avait déjà fermé ses paupières, ne supportant plus la pression qui s'abattait sur elle. Les ténèbres s'étaient bien trop vite réinfiltré en elle, pour qu'elle lutte plus longtemps.
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