25 ➵ 𝗯𝗲𝘁𝘁𝗲𝗿 𝗯𝗲𝘁𝘁𝗲𝗿 • 𝗱𝗮𝘆𝟲 - last

↻𝐼 𝑢𝑠𝑒𝑑 𝑡𝑜 𝑛𝑒𝑣𝑒𝑟 𝑤𝑎𝑖𝑡 𝑓𝑜𝑟 𝑡𝑜𝑚𝑜𝑟𝑟𝑜𝑤
𝐵𝑢𝑡 𝑦𝑜𝑢
𝐵𝑒𝑐𝑎𝑚𝑒 𝑡𝘩𝑒 𝑟𝑒𝑎𝑠𝑜𝑛 𝑓𝑜𝑟 𝑚𝑒 𝑡𝑜 𝑡𝑎𝑘𝑒 𝑜𝑛𝑒 𝑚𝑜𝑟𝑒 𝑠𝑡𝑒𝑝
𝑁𝑜𝑡 𝑡𝑜𝑜 𝑓𝑎𝑟 𝑎𝘩𝑒𝑎𝑑 𝑦𝑜𝑢 𝘩𝑒𝑙𝑑 𝑜𝑢𝑡 𝑦𝑜𝑢𝑟 𝘩𝑎𝑛𝑑 𝑜𝑢𝑡 𝑡𝑜 𝑚𝑒
𝐽𝑢𝑠𝑡 𝑦𝑜𝑢𝑟 𝑠𝑚𝑖𝑙𝑒 𝑎𝑙𝑜𝑛𝑒 𝑚𝑎𝑘𝑒𝑠 𝑚𝑒 𝑏𝑟𝑒𝑎𝑡𝘩𝑒


-Merci... De me laisser rester, articula Minho, la voix encore rauque d'avoir pleuré aussi longtemps.

-C'est normal, assura Jeongin. Je n'allais pas te laisser tout seul dehors, pas dans cet état.

Il poussa un soupir, et s'adossa plus confortablement contre le mur. Ils étaient tous les deux assis sur le grand lit du plus jeune, dans sa chambre aux couleurs pastel, Jeongin appuyé contre le cadre et Minho au centre, serrant un coussin dans ses bras. Il prit une grande inspiration, tentant de reprendre une respiration régulière, de calmer les battements erratiques de son cœur. C'était un cercle sans fin : dès qu'il avait l'impression d'aller mieux, il revoyait le visage de Jisung dans son esprit, les phrases qu'il avait prononcées, et il sentait les larmes lui monter aux yeux à nouveau. Il lui semblait que la douleur dans son cœur ne connaîtrait jamais de fin.

-Je suis désolé, murmura-il pour ce qui devait être la dixième fois de la soirée.

Jeongin le regarda, un mélange de compassion et de tristesse dans ses yeux bruns.

-Minho, tu n'as pas à être désolé. Tu ne nous déranges absolument pas.

-Pas forcément ce soir, mais depuis le début de tout ça...

Il agita la main comme désigner un ensemble de choses qu'il ne voulait pas nommer.

-Je n'ai fait que vous apporter des ennuis. Je n'aurais jamais dû revenir.

-Minho...

N'y tenant plus, Jeongin se rapprocha et le serra dans ses bras. Minho laissa échapper un sanglot malgré lui, et serra le plus jeune de toutes ses forces. Il n'arrivait même plus à trouver les mots pour s'expliquer. Il avait rarement dans sa vie ressenti un tel déchirement, comme si pas seulement son cœur, mais son être entier souffrait. Il lui semblait que la seule chose qu'il soit en état de faire soit pleurer jusqu'à ce que ses larmes se tarissent.

Quand il était sorti de l'appartement de Jisung, il avait marché dans la ville sans but, tentant vainement de se retenir d'éclater en sanglots, pas alors que des passants étaient susceptibles de le voir. Son cerveau fonctionnait au ralenti. À travers le brouillard de ses pensées, il avait réussi à articuler une question cohérente. Où allait-il aller ? Il n'avait pas pensé à ça en s'enfuyant, mais maintenant qu'il était seul, sans même avoir pris son téléphone, ses options étaient limitées. Il était impensable qu'il retourne voir Jisung, pas alors qu'il venait de le rejeter aussi violemment. Les derniers mots qu'il lui avait lancés tournaient en boucle dans son esprit comme une rengaine infernale. Minho, je ne pense pas que ... Je ne peux pas, je suis désolé...

Quel idiot ! Il avait réellement cru que tout pourrait redevenir comme avant ? Qu'il pourrait effacer cinq ans de silence, de questions en suspens et de non-dits étouffants ? Minho s'en voulait à lui-même plus qu'à n'importe qui d'autre. Il était le seul responsable de cette situation, le seul à blâmer. Il n'aurait jamais dû revenir ici en premier lieu. Il n'avait fait que remonter des vieilles tensions, à rappeler de douloureux souvenirs à Jisung et aux autres.

Il avait cru qu'il aurait peut-être le droit au bonheur, et voilà comment les choses allaient se terminer.

Avant de trop se perdre dans la ville, il s'était rappelé l'adresse de Jeongin dans un flash, et il avait marché jusque chez lui, le cœur en vrille. Il n'avait pas réfléchi à ce qu'il allait faire si Jeongin n'était pas chez lui. Il n'arrivait plus à réfléchir à rien. Il savait juste qu'il ne voulait pas rester dehors, et que c'était le seul endroit où il pouvait aller.

Que lui restait-il maintenant ? Il s'était brouillé avec sa famille, avec sa fiancée, il n'avait plus aucun ami à part Jeongin et, jusqu'à ce soir, Jisung. Sans lui, qu'allait-il faire ? Qu'allait devenir sa vie ? Il avait bousculé tout l'avenir que ses parents avaient établi pour lui, point par point, et tout ça pour rien. Peut-être que s'il était chanceux, Jisung accepterait de rester avec lui, en ami. Bien sûr, il ne serait plus question d'habiter ensemble, et Minho devrait trouver un appartement, un travail. Mais au moins il ne serait pas seul. Tout plutôt que d'être seul à nouveau.

Jeongin avait ouvert la porte et Minho s'était effondré dans ses bras. Hyunjin avait eu l'air plus que surpris de le voir débarquer dans leur petit appartement, mais il n'avait rien dit, se contentant de regarder Jeongin rassurer et consoler leur ancien ami. Il était au courant que les deux s'étaient revus et étaient en bons termes, mais il gardait toujours une distance vis-à-vis de Minho, comme s'il n'était pas tout à fait sûr qu'il méritait sa confiance. C'était le cadet de ses soucis : actuellement, le monde aurait pu s'effondrer que Minho n'y aurait pas prêté attention.

Il s'était affalé dans le petit canapé, et avait commencé à déballer toute l'histoire, hoquetant et s'arrêtant quand il sentait que les larmes menaçaient de couler. Et maintenant, ils étaient dans la chambre de Jeongin, essayant de débattre sur ce qu'il venait de raconter. Hyunjin paraissait surpris de toute cette situation, comme si le rejet de Jisung était quelque chose qu'il n'aurait pas anticipé. Curieusement, il s'était impliqué dans l'histoire, même s'il n'avait pas officiellement pardonné à Minho. En tout cas, il s'adressait à lui gentiment, faisant son possible pour l'aider.

-Il ne m'en a pas parlé, mais s'il a accepté que tu restes chez lui, c'est qu'il tient beaucoup à toi, Jisung... Ça m'étonne de sa part qu'il te laisse dans cet état.

Minho secoua la tête.

-Ce n'est pas lui qui m'a laissé, je suis parti tout seul. Je ne lui ai même pas laissé une chance de s'expliquer, je ne voulais juste pas me mettre à pleurer devant lui, c'était déjà assez humiliant comme ça...

-Peut-être qu'en discutant, les choses changeront ? hasarda Hyunjin.

Le brun émit un rire sans joie.

-Je crois qu'il a été assez clair sur le sujet. Je suis sûr qu'il ne voulait pas me blesser, mais on ne contrôle pas ses sentiments... Je n'arrive pas à croire que j'ai été assez bête pour retomber amoureux de lui.

Il essuya ses yeux et prit une grande inspiration.

-Je ne pensais pas... Je ne pensais pas que ça finirait comme ça.

Jeongin et Hyunjin échangèrent un regard.

-Minho... Ce n'est pas de ta faute, commença Jeongin, rassurant. Ce genre de chose arrive... À plein de gens.

-Je suis sûr que j'ai tout gâché, renifla-il. Je ne sais même pas s'il voudra encore me voir. Il doit être plus que gêné par ce que j'ai fait. Il doit me détester...

-Je ne suis pas d'accord avec toi, interrompit Hyunjin. Je ne sais pas si tu as fréquenté le même Jisung que nous, mais le Jisung que je connais ne ferait jamais une chose aussi horrible que de te laisser en plan. Je suis sûr qu'à l'instant même, il te cherche partout désespérément. On ne s'est pas beaucoup parlé ces derniers temps, mais je peux te dire sans hésitations qu'il tient à toi, Minho... Tu comptes beaucoup pour lui. Il t'a accueilli chez lui alors qu'il était censé t'en vouloir. D'après ce que tu nous as dit, vous êtes restés ensemble toute la semaine, vous êtes même allés chez ses parents ensemble ! Je ne pense pas qu'il puisse être possible pour Jisung de te détester, vraiment.

-Tu crois ?

-J'en suis certain, et Jeongin est sûrement d'accord avec moi. Après, je ne peux pas parler pour lui, mais je connais Jisung. Je n'étais peut-être pas là avec vous, mais d'après ce que tu me racontes, vous êtes redevenus proches.

Minho soupira. Il voulait croire à ce que lui racontait Hyunjin, mais comment pouvait-il être sûr que ce n'était pas juste des paroles en l'air, faites pour le rassurer et l'empêcher de continuer à pleurer toutes les larmes de son corps ? Après tout, Hyunjin n'avait aucun moyen de savoir ce que pensait réellement Jisung.

À peine avait-il commencé à se sentir rassuré que ses inquiétudes revenaient au galop. Il détestait cette sensation, le fait que toutes les émotions de son corps soient d'un coup exacerbées, comme s'il était subitement laissé sans protection. Si jamais la carapace qu'il s'était formé pendant cinq ans lui avait permis d'éviter ce genre de choses, alors il voulait la récupérer et rapidement.

Mais ce n'est pas comme s'il pouvait décider de s'isoler à nouveau et de s'interdire de ressentir trop fortement. Il s'était autorisé à se mettre à découvert avec Jisung, et il lui faudrait du temps pour reconstruire une barrière entre lui et le reste du monde. Pour l'instant, il ne pouvait que subir, et attendre que la douleur s'atténue.

-J'imagine que Jisung ne sait pas que tu es ici ? hasarda Jeongin.

Minho secoua la tête. Pour la première fois de la soirée, il lui vint alors à l'esprit que peut-être, Jisung s'inquiétait de savoir où il était passé. Il était parti sans son téléphone, sans préciser où il allait, puisque lui-même n'en avait aucune idée à ce moment-là.

-Je vais lui envoyer un message, soupira Jeongin en sortant son portable. Je suis sûr qu'à l'heure actuelle il te cherche partout, Minmin.

L'utilisation du surnom, qu'il n'avait pas entendu depuis des années, le fit sourire malgré lui. Il y avait quelque chose chez Jeongin qui faisait qu'on était immédiatement à l'aise avec lui, et il sentit son coeur se réchauffer.

La réponse ne se fit pas tarder. Une dizaine de secondes après qu'il ait envoyé le texto, le portable vibra pour indiquer un message de Jisung, qui annonçait qu'il allait arriver immédiatement avec Felix. Minho sentit quelque chose dans son estomac remuer doucement. Il n'arrivait pas à déterminer si la nouvelle le rendait heureux ou non. Il était touché que Jisung veuille toujours bien le revoir, mais si c'était pour le rejeter de façon officielle, il n'était pas sûr de le vouloir.

-Ils seront sûrement là d'ici un quart d'heure, affirma Hyunjin. Mais je me demande pourquoi Felix est avec lui. Vous étiez bien seulement tous les deux quand c'est arrivé ?

Minho hocha la tête. À lui aussi, la présence de Felix lui paraissait étrange. À cause de lui, Jisung avait un peu perdu le contact avec ses plus proches amis, puisqu'ils voyaient son retour d'un mauvais œil. Le fait qu'ils soient ensemble si rapidement après que Minho soit parti n'était peut-être pas un hasard. Peut-être Jisung avait-il enfin compris le point de vue du blond ? Mais cela n'avait aucun sens, s'ils venaient jusqu'ici pour le voir... Enfin, il n'avait qu'à attendre, et il serait fixé.

Le quart d'heure qui suivit fut de loin l'un des plus angoissants dans l'histoire de la vie de Lee Minho. À chaque bruit provenant du palier, il se redressait, les yeux écarquillés, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Jeongin et Hyunjin habitaient dans une résidence majoritairement occupée soit par des étudiants, soit par des personnes âgées. Il était peu probable qu'à cette heure-ci, ce soit elles qui courent dans les couloirs. Il entendait des rires et des conversations étouffées, provenant probablement de jeunes allant en soirée, et cela lui rappela brusquement l'internat, les nuits qu'ils passaient à se glisser dans les chambres des autres, tentant d'être le plus discret possible pour ne pas alerter les surveillants.

La nostalgie lui empoigna le cœur sans prévenir, et il se mordit la lèvre. Les souvenirs inondaient sa mémoire à présent, le renvoyant à une époque révolue, où le moindre de ses problèmes étaient la dissertation à rendre pour le lundi matin. Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour revenir sept ans en arrière, recommencer son lycée. S'il lui était donné une deuxième chance, il ne referait pas les mêmes erreurs, il garderait les gens qui comptent pour lui à proximité. Il pourrait empêcher la mort de son père, effacer les années de souffrance et de déchirement.

Sauf qu'une telle chose était impossible. On ne peut pas revenir dans le temps. Sa deuxième chance, il la vivait en ce moment-même. Il attendait de savoir s'il l'avait définitivement gâchée ou non.

Quand, enfin, on toqua la porte, il crut que tous les nerfs de son corps allaient lâcher. Subitement, il aurait voulu que l'instant se fige, pour ne jamais avoir à découvrir ce qui se cachait derrière la porte. Il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, Jisung et Felix le dévisageaient, le premier d'un air désespéré, le deuxième avec un mélange d'étonnement et d'attente.

Pendant ce qui sembla durer une éternité, personne ne dit rien, puis Jeongin prit la parole, hésitant :

-Jisung, Minho... J'imagine que vous voulez parler seul à seul. Euh, le toit-terrasse est toujours ouvert, si jamais vous...

-Je... d'accord, répondit Minho, avant de regarder Jisung, les sourcils haussés.

Le blond hocha la tête, ne sachant visiblement pas quoi dire.

-Je, euh... Je sais où c'est, indiqua-il, pointant quelque part derrière lui.

Le regarde de Felix passait entre Jisung et lui, comme s'il voulait ajouter quelque chose. Il y eut encore un silence, puis Jisung recula d'un pas, et Minho le suivit, non sans se faire la réflexion que pour des adultes de vingt-cinq ans, ils avaient probablement l'air stupide. Meh, il n'y avait pas d'âge pour être un idiot, visiblement.

En effet, comme Jeongin l'avait dit, l'accès au toit-terrasse était libre, même à cette période de l'année. Il n'était pas très grand, mais assez pour qu'il y ait une table avec quatre chaises et assez de place pour en caser deux ou trois autres. Évidemment, il faisait un froid glacial, et Minho resserra son manteau autour de son corps. Il remarqua que Jisung portait son écharpe, celle qu'il venait de lui offrir. Bon, c'était sûrement un bon signe, pas vrai ? Si jamais il avait voulu couper tout contact avec lui, il n'aurait sûrement pas choisi de garder quoi que ce soit qui puisse lui rappeler Minho... À moins qu'il ne veuille le lui rendre ?

Au début, ni l'un ni l'autre ne parla. Ils se contentèrent d'observer la vue, les autres résidences qui s'étendaient à perte de vue, le ciel obscurci qui ne permettait pas de voir les étoiles. Le quartier était plutôt tranquille, un peu à l'écart de l'agitation du centre-ville, mais restait néanmoins à proximité des commerces. L'université de Jeongin et Hyunjin ne se situait pas trop loin, ce qui expliquait que de nombreux étudiants habitent par ici. Minho préférait presque ça à la rue où Jisung habitait, qui restait fréquenté même tard dans la nuit, et où les bruits de voiture l'empêchait souvent de s'endormir.

Mais tout valait mieux que le manoir de ses parents, perdu au milieu de la campagne, où le silence devenait assourdissant. Il préférait la sensation de la ville, celle d'être entourée par des milliers d'autres personnes qui vivaient leur propre vie, d'appartenir à quelque chose de plus grand que lui. Il y avait même quelque chose de rassurant à être anonyme, juste un visage de plus dans la rue.

À cet instant, alors qu'il détaillait les maisons aux alentours, les jeunes qui déambulaient bruyamment sur le trottoir en contrebas, il ressentit de façon amplifié cette impression diffuse de faire partie d'une chose formidable. Comme s'il pouvait subitement visualiser des milliers de fils attachés au poignet de chaque habitant de cette ville, une connexion invisible mais présente qui les reliait tous entre eux. J'existe, et j'appartiens à quelque chose. Nous appartenons tous à la même chose. Il ferma les yeux, comme s'il s'attendait à ce que cette découverte lui donne subitement la force de faire face à Jisung. Qu'importe ce qui arrive, ce n'est pas la fin, d'accord ?

Il se retourna vers Jisung, et son cœur se serra immédiatement à la vue du plus jeune. Il le regardait, une expression indéfinissable peinte sur son visage. Minho ouvrit la bouche pour parler, mais Jisung le devança :

-Minho, je... Par rapport à ce qui s'est passé tout à l'heure, je...

Il peinait visiblement à articuler une phrase cohérente, balbutiant, cherchant ses mots désespérément. Minho décida de lui venir à l'aide et de lui simplifier la tâche. Après tout, il savait ce qu'il allait dire, pas vrai ?

-Je sais, tu es désolé, mais tes sentiments ne sont pas réciproques, tu ne peux pas, bla bla bla, déclara-il, d'une voix bien plus froide qu'il ne l'avait souhaité, comme s'il souhaitait dissimuler la peine qu'il ressentait en prononçant ces mots.

À sa grande surprise, Jisung secoua véhément la tête.

-Non, justement. Je...

Il soupira et se tourna, comme si lui faire face était trop difficile.

-Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à trouver les bons mots ? gémit-il.

Minho était complètement perdu. Il se contenta de le regarder s'énerver, faire les cent pas, maugréer tout bas et se prendre la tête entre les mains.

-Ce que j'essaye de dire, c'est que...

-C'est que... ?

-Je... Ce que j'ai dit tout à l'heure... J'ai dit ça parce que tu m'as pris au dépourvu, et je ne savais pas comment réagir, mais au fond je... Enfin, disons que si tu décidais de m'embrasser à nouveau, je ne partirais pas, d'accord ?

Minho le dévisagea, complètement stupéfait. Est-ce que ça voulait bien dire ce qu'il croyait que ça voulait dire ?

-J'essayais de faire passer un message, là... rit Jisung, gêné.

Oh. Oh. Il s'approcha, hésitant, comme pour lui laisser le temps de partir s'il le souhaitait. Mais Jisung ne semblait nullement décidé à partir. Au contraire, il le regardait, un mélange d'appréhension et d'attente dans ses yeux bruns. Minho déglutit, et se rapprocha encore plus, jusqu'à ce que leurs visages ne soient plus qu'à quelques centimètres. Ce fut Jisung qui réduit l'espace entre eux, posant ses lèvres sur les siennes. Minho ferma et les yeux et s'abandonna totalement au baiser. Mais ce n'était pas assez, il fallait qu'ils soient encore plus proches, et il attrapa les cheveux de Jisung, les faisant basculer contre la rambarde et collant son corps au sien.

Après les dernières heures horribles qu'il venait de passer, il était subitement plus heureux qu'il ne l'avait jamais été, une bulle de bonheur s'agrandissant de minute en minute dans sa poitrine. Il n'arrivait pas à croire que c'était réel, après tout. Jisung l'embrassait. Il embrassait Jisung. Et cette fois, il ne partirait pas.

Au bout de quelques minutes, ils se séparèrent, haletant, mais de grands sourires aux lèvres. Les joues rosies, les cheveux en bataille, un air de vulnérabilité sur son visage, Jisung était magnifique. Possiblement la plus belle personne que Minho ait jamais vu de sa vie. Ils se regardèrent quelques instants, puis recommencèrent immédiatement à s'embrasser.

Quand ils finirent par se séparer pour de bon, il déclara, avec un sourire narquois :

-J'imagine que ça veut dire que mes sentiments sont réciproques au final ?

Jisung détourna le regard et grommela quelque chose qu'il ne comprit pas, mais son sourire s'agrandit néanmoins. Il n'y avait rien qui puisse entraver sa bonne humeur à ce moment-même. Il avait l'impression de flotter sur un nuage, que tous les problèmes de sa vie venaient subitement d'être balayés, réduits à de vagues grains de poussière dans un coin de sa tête. Rien d'autre ne comptait plus que Jisung à l'instant-même.

-J'ai été stupide, soupira le blond, évitant toujours son regard. Je n'étais pas sûr que ce soit une bonne idée d'être à nouveau avec toi. C'est pour ça que tout à l'heure... J'avais peur, peur que tu ne sois pas sincère, que tu sois avec moi pour t'amuser, que l'histoire se répète et de rester seul à nouveau.

Le sentiment familier de la culpabilité pinça brièvement le cœur de Minho. Il savait que quoi qu'il fasse, cette peur serait toujours ancrée dans Jisung, et il n'y a rien qui pourrait l'en déloger. Mais il essaierait. Avec le temps qu'ils leur resteraient à passer ensemble, il ferait de son mieux pour que plus jamais Jisung n'ait peur d'être seul.

-Je te promets. Je ne partirais plus jamais. Je resterais collé à toi jusqu'à ce que tu en aies marre de moi.

-Comme si je pouvais en avoir marre de toi, ricana Jisung, comme s'il avait dit quelque chose de très stupide. Je crois que tu n'as pas compris que dans l'histoire, c'est moi qui suis désespérément amoureux de toi depuis la seconde.

-Ah oui ? Tout à l'heure, ça semblait plutôt être l'inverse, non ? sourit Minho, les sourcils haussés.

-Arrête ! J'ai eu un moment de panique, c'est tout ! Ça fait deux heures que je te cherche partout avec Felix ! Pendant un moment, j'ai cru... J'ai cru que tu étais reparti et que je ne te retrouverais plus. Et que cette fois, ce serait ma faute.

Minho soupira et passa sa main dans ses cheveux, ne sachant pas quoi répondre.

-Même si tu l'avais pensé, si ça n'avait pas été réciproque, je ne serais parti que si tu l'avais souhaité. Je suis allé chez Jeongin parce que j'avais trop honte pour te faire face, mais je serais revenu à un moment. Je te l'ai déjà promis, je crois. Je reviendrais toujours. Et puis... Je n'ai pas vraiment d'autres endroits où aller, ajouta-il, non sans un rire amer.

Il y eu un silence, pendant lequel il crut que Jisung ne répondrait pas, mais il finit par le faire, d'une voix douce qui le fit frissonner.

-Maintenant, tu as un endroit où être, d'accord ? Je me suis tellement habitué à ta présence que je crois que je ne pourrais pas le supporter si tu partais autre part.

La proposition était tentante, mais Minho ne put s'empêcher de se dire qu'il serait un poids mort s'il restait habiter chez Jisung. Il avait des plans d'avenir, des études, une carrière devant lui. Minho avait vingt-cinq ans, et aucune idée de ce qu'il allait faire de sa vie. Il ne voulait pas dépendre de lui.

-Je n'ai même pas de boulot pour participer à l'achat de la nourriture... Je serais juste bon à manger ce que tu ramènes et à dormir. Tu es sûr que tu veux un deuxième chat chez toi ?

Jisung rit.

-Du moment que tu es là le soir quand je rentre, ça me va.

Minho sourit, se plut à imaginer pendant quelques instants à quoi ressemblerait leur vie. Une version longue des dernières semaines. Un quotidien plutôt banal, répétitif, mais qui le rendrait heureux tous les jours. Jisung voulait qu'il reste. Il avait promis qu'il resterait. Et puis, il n'y avait rien d'autre qu'il ne souhaitait plus au monde.

-Plus sérieusement, il faudrait quand même que je trouve quelque chose à faire...

-Et alors ? Qu'est-ce qui presse ? Tu as encore du temps pour trouver ce que tu veux faire ! Il n'y a pas de limite d'âge.

Jisung lui souriait de façon si sincère que Minho n'avait pas d'autre choix que de le croire. Car quand il était là, tout semblait aller mieux. L'avenir paraissait subitement plus engageant ; tout était à portée de main.

-Je n'arrive pas à croire que tu sois retombé amoureux de moi, murmura-il, incrédule.

-Je n'arrive pas à croire que tu sois retombé amoureux de moi ! rétorqua Jisung. On a pas dû changer tant que ça, depuis le lycée, finalement.

-Je pense que si. Mais il faut croire que quel que soit l'âge où je te connais, je finirais par tomber amoureux de toi irrémédiablement.

Jisung rougit violemment, et lui donna une légère tape sur le bras pour se donner bonne mesure.

-Ça a l'air tellement cliché quand tu le dis.

-Pas pire que quand on était en première. Je me rappelle de ce que tu avais écrit quand on devait se décrire l'un l'autre en cours d'anglais : « je le considère comme mon âme-sœur »...

Jisung était cramoisi à présent. Minho prenait bien trop de plaisir à le taquiner.

-Tais toi ! En plus, tu étais d'accord avec moi !

-Peut-être, mais il faut avouer que c'était ridicule !

-Te moque pas de moi ! J'aime trop ce concept !

Il reprit, d'une voix plus basse, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de lui :

-En tout cas, je suis content de t'avoir rencontré...

Le cœur de Minho s'accéléra. Une chose était sûre, si quelqu'un pouvait à l'instant même avoir une idée de ses sentiments, il grimacerait tant les seules pensées qu'il avait étaient bien trop niaises pour qu'il ose les formuler à voix haute. Il y avait quelque chose en Jisung qui lui donnait simplement envie de s'émerveiller sur toute la beauté du monde. Avec lui, même les choses les plus simples prenaient une importance toute particulière. Jour après jour, il lui donnait l'énergie et la volonté de continuer d'aller de l'avant. Non pas qu'il ne l'avouerait jamais.

-Moi aussi, se contenta-il de répondre, puisqu'il n'arrivait visiblement pas à exprimer autre chose. Et du coup, on est ... ?

-Oui, je crois qu'on peut dire qu'on est de nouveau ensemble.

-Ok. Cool, cool, cool, cool.

Il avait l'impression que son cœur allait éclater de joie à tout instant. C'était une sensation à laquelle il n'était pas habitué.

Jisung lui sourit, et il sut qu'il ressentait exactement la même chose.

-Est-ce qu'on devrait descendre voir les autres ? ajouta-il. Ils doivent se demander ce qu'on fait.

Cela eut pour effet de rappeler à Minho la présence de Felix en bas, ainsi que celle d'Hyunjin. Il appréhendait leurs réactions à propos de ce qu'ils allaient leur annoncer. Que feraient-ils si jamais ils exprimaient leur désaccord ? Leur avis importait sûrement beaucoup pour Jisung, et même si Hyunjin avait eu l'air de le tolérer, cela ne voulait pas dire qu'il serait forcément partant pour l'accepter définitivement dans leur vie.

-Ne t'en fais pas, ils ne diront rien, le rassura Jisung, comme s'il lisait dans ses pensées. J'ai parlé avec Felix en venant... Ils ont du mal au début, et je ne pense pas qu'on puisse les blâmer pour ça. Je veux dire, c'est eux qui m'ont aidé après que tu sois parti... À leur place, je n'aurais pas envie d'aider un de mes amis à ne pas replonger alors qu'il avait réussi à se remettre.

Minho soupira.

-Oui, je sais, j'imagine que c'était une réaction normale. Je ne sais pas ce que j'aurais fait.

-Mais ils me font confiance. Et je te fais confiance. Donc par extension, ils te font confiance.

-Je ne suis quand même pas sûr que...

-Ce sont quand même tes amis, Minho. Ça nous arrive à tous de faire des erreurs. Mais le meilleur, c'est qu'on puisse s'excuser et se pardonner, tu ne crois pas ?

Il lui tendit la main.

-Tout va bien se passer, je te promets.

Minho lui prit la main, et le suivit dans les escaliers. Il avait toujours envie de croire Jisung quand il lui annonçait que tout allait bien aller.

Quand ils entrèrent dans l'appartement, trois têtes se tournèrent vers eux d'un même mouvement. Les regards se posèrent sur leurs doigts entrelacés, et un sourire suffisant étira les lèvres de Jeongin. Visiblement, il n'avait jamais douté qu'ils finiraient par être ensemble. Minho se demanda s'il serait aussi chanceux avec Hyunjin. C'était une histoire pour une prochaine fois, probablement.

Pendant un instant qui sembla durer une éternité, personne ne parla. Décidément, personne n'aimait briser les silences gênants ici. Ce fut Minho qui finit par se racler la gorge, avant de lever leurs deux mains jointes.

-Euh, Jisung et moi, on a quelque chose à vous dire...

-Vous êtes ensemble ! piailla Jeongin, qui paraissait encore plus enthousiaste qu'eux à cette perspective. Trop bien !

Felix et Hyunjin se regardèrent, avant de sourire eux aussi, sincèrement. Minho senti un poids être ôté de ses épaules. Il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait besoin de l'approbation de ses anciens meilleurs amis. Ils tenaient à Jisung autant que lui, et c'était un vrai soulagement de savoir que dorénavant, ils l'acceptaient à ses côtés.

-Ça vous a pris du temps, ajouta Jeongin, un sourire malicieux au coin des lèvres.

-Tu es vraiment le mieux placé pour dire ça, tu crois ? se moqua Minho, et le plus jeune fit la moue, ses joues se colorant de rouge.

Felix s'approcha, un peu hésitant. Il jouait avec le lacet de son sweat noir comme s'il était nerveux.

-Désolé pour tout ce qu'on t'a dit la dernière fois. Honnêtement, tu nous as manqué ces derniers temps. Enfin, même avant, mais c'est encore plus dur de t'avoir à côté sans te parler... Je n'aime pas l'idée de rester fâché contre toi. Alors, si tu veux bien, on aimerait bien redevenir ami... Et je comprendrais si tu ne veux pas, avec tout ce qu'on a fait.

Minho hocha la tête, à défaut de pouvoir exprimer correctement ce qui lui traversait l'esprit. Il avait été blessé par leurs paroles, certes, mais au fond il se trouvait déjà assez coupable comme cela, et il n'avait pas eu besoin d'eux pour s'en vouloir. Et puis, leur réaction avait été naturelle. Et s'ils étaient prêt à repartir de zéro, il n'en demandait pas plus. Il était fatigué d'avoir constamment à faire attention à la façon dont il se comportait pour ne blesser personne. Il voulait retrouver leur relation originelle, la facilité avec laquelle ils parlaient ensemble.

-Je ne demande que ça, répondit-il honnêtement. Comme je l'ai promis à Jisung, je vous promets aussi que je ne partirais plus. J'en ai marre de vivre ma vie en faisant plaisir aux autres. La période où je vous connaissais a été l'une des meilleures de ma vie, et si je pouvais la revivre à nouveau, je le ferais immédiatement.

Felix sourit. Un vrai sourire, sincère, que Minho n'avait pas vu depuis longtemps sur son visage.

-Je suis content que tu sois revenu.

La réponse était évidente.

-Je suis content d'être revenu aussi.

***

Quelques heures plus tard, Minho regardait la neige tomber dehors, bien au chaud derrière la fenêtre du petit salon. Le spectacle le ramenait à une nuit d'hiver pas si lointaine, un instant fugace qui appartenait à un autre lieu, un autre temps. Une gare presque déserte, une lettre froissée dans sa poche, et la magie des flocons blancs qui tombaient du ciel pour recouvrir peu à peu les rails.

Il avait passé tant de nuits à se dépêtrer dans ses pensées, à prier pour que le matin arrive plus rapidement afin de pouvoir oublier la peur et l'anxiété qui lui rongeaient le ventre dès le coucher du soleil. Il n'arrivait pas mieux à dormir maintenant, des années d'insomnies ancrées dans son système, mais au moins il ne redoutait plus la nuit. Il avait appris à l'apprivoiser. Elle se terminerait un jour, comme toute mauvaise passe. Le matin arriverait, apportant le soleil avec lui.

Il se retourna vers ses amis, étalés sur les matelas qu'ils avaient rassemblés dans le salon. Ils avaient décidé qu'ils ne voulaient pas dormir chacun de leur côté, et avaient ramenés couette et oreillers afin de tous dormir dans la même pièce. La vue de leurs corps entremêlés le fit sourire. Jeongin était affalé sur Hyunjin, les bras du plus jeune entourant la taille du plus âgé, et Felix dormait sur le dos, une des jambes de Jisung étalé en travers de son ventre. La place de Minho était la seule qui n'était pas complètement désordonnée, sa couette encore pliée correctement.

Son regard s'attarda sur leurs visages. Jeongin, les traits relaxés. Hyunjin et Felix, qui ronflaient légèrement. Jisung, la bouche entrouverte, ses cheveux pointant dans toutes les directions. Ils avaient tous l'air si jeune et innocent que l'espace d'une seconde, Minho put presque se croire se retour à l'internat, lors d'une de leurs soirées secrètes où ils dormaient dans la même chambre au nez et à la barbe des surveillants. Il prit alors conscience que malgré le cours irrémédiable du temps, certaines choses ne changeaient pas. Ils avaient tous évolués, mais au fond ils étaient restés les mêmes, joyeux, bruyants et pleins d'espoir.

Pour la première fois depuis des années, Minho cessa de s'inquiéter de la brièveté des bons moments. À l'instant même, il était heureux. Il n'était plus seul. L'avenir était toujours aussi incertain, plein de choix terrifiants, mais c'était un problème pour plus tard. Il avait enfin trouvé une raison d'attendre le lendemain, une raison de continuer à avancer petit à petit.

Il avait le droit au bonheur. Et il allait faire en sorte de le garder avec lui le plus longtemps possible.

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Hello!

Aah ça fait bizarre de se dire que c'est la fin! Quand j'ai commencé Spring day, un peu au hasard au début du mois de novembre, je ne savais pas du tout où ça allait me mener et je n'imaginais absolument pas que je terminerais cette histoire un jour ! J'ai tendance à commencer des dizaines de projets sans en finir un seul, et je suis assez fière d'avoir été jusqu'au bout avec celui là! A l'origine, j'avais plusieurs choix d'histoires et c'est finalement sur celle-là que l'intrigue s'est basée. Peut-être que je donnerais une chance aux autres projets un jour, qui sais ...

Merci à ceux qui ont voté et commenté, tous vos messages m'ont fait super plaisir ! J'adore écrire alors recevoir des compliments sur ce que j'écris ça me remplit vraiment de joie. Merci stray kids d'exister, vous me rendez super heureuse tous les jours, coeur sur vous <3

Il y a pas mal de sentiments et de peurs dans cette histoire qui sont les miens, et j'ai vu que plusieurs d'entre vous s'y identifiaient aussi, c'est toujours rassurant de voir qu'on est pas tout seul. La vie ça fait peur, et c'est une grosse galère franchement aha. Mais tant qu'on a des personnes qui comprennent ce que l'ont vit, on se sent tout de suite mieux (ou alors c'est juste moi hein)

Enfin bref, c'est la fin de Spring day, la deuxième fiction que je termine de ma vie 🎉🎉 et j'espère que ce ne sera pas la dernière ! Si ça se trouve, on se retrouve bientôt pour d'autres fictions sur stray kids (et minsung mes bébés)

-calypso

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