20 ➵ 𝗲𝘃𝗲𝗿𝘆𝘁𝗵𝗶𝗻𝗴 𝗜 𝘄𝗮𝗻𝘁𝗲𝗱 • 𝗯𝗶𝗹𝗹𝗶𝗲 𝗲𝗶𝗹𝗶𝘀𝗵
↺𝐴𝑛𝑑 𝑦𝑜𝑢 𝑠𝑎𝑦, "𝐴𝑠 𝑙𝑜𝑛𝑔 𝑎𝑠 𝐼'𝑚 𝘩𝑒𝑟𝑒
𝑁𝑜 𝑜𝑛𝑒 𝑐𝑎𝑛 𝘩𝑢𝑟𝑡 𝑦𝑜𝑢
𝐷𝑜𝑛'𝑡 𝑤𝑎𝑛𝑛𝑎 𝑙𝑖𝑒 𝘩𝑒𝑟𝑒
𝐵𝑢𝑡 𝑦𝑜𝑢 𝑐𝑎𝑛 𝑙𝑒𝑎𝑟𝑛 𝑡𝑜
𝐼𝑓 𝐼 𝑐𝑜𝑢𝑙𝑑 𝑐𝘩𝑎𝑛𝑔𝑒
𝑇𝘩𝑒 𝑤𝑎𝑦 𝑡𝘩𝑎𝑡 𝑦𝑜𝑢 𝑠𝑒𝑒 𝑦𝑜𝑢𝑟𝑠𝑒𝑙𝑓
𝑌𝑜𝑢 𝑤𝑜𝑢𝑙𝑑𝑛'𝑡 𝑤𝑜𝑛𝑑𝑒𝑟 𝑤𝘩𝑦 𝑦𝑜𝑢 𝘩𝑒𝑎𝑟
𝑇𝘩𝑒𝑦 𝑑𝑜𝑛'𝑡 𝑑𝑒𝑠𝑒𝑟𝑣𝑒 𝑦𝑜𝑢"
❧
Jisung se réveilla en sursaut au milieu de la nuit, le cœur battant la chamade et les yeux écarquillés de terreur.
Il resta quelques instants interdit, ne sachant pas ce qui l'avait tiré du sommeil ou ce qui l'avait conduit à être dans un tel état de peur. Il avait le sentiment viscéral que quelque chose d'horrible venait d'arriver, un évènement tragique qui lui contractait douloureusement le cœur. Il posa sa main sa main sur sa poitrine, tentant d'apaiser les battements furieux de son organe vital. Autour de lui, il faisait nuit noire, et aucun bruit ne se faisait entendre. Il détestait le noir. Il lui fallait de la lumière, maintenant.
Il tâta l'air à sa droite, s'attendant à trouver sa lampe de chevet, et sentit son sang se glacer dans ses veines quand il se rendit compte qu'elle n'était pas là et que ses doigts ne rencontraient que le vide. Paniqué, il s'avança à tâtons, jusqu'à enfin toucher les contours de sa table de nuit, et de l'interrupteur à côté, qu'il enclencha aussitôt.
La lumière envahit la pièce, calmant quelque peu l'angoisse qui ne cessait de monter en lui. Les formes familières de sa chambre – son armoire, son bureau, son meuble de CDs – apparurent immédiatement, et il se sentit soulagé. Son réveil indiquait quatre heures vingt du matin. Rien d'anormal ne semblait troubler la quiétude de la pièce, et il fronça les sourcils, se demandant ce qui avait bien pu le conduire à se réveiller de manière aussi brutale.
Ce fut alors que la réalisation l'atteint, en même temps que la soirée de la veille lui revenait en mémoire. Minho. Immédiatement, il fut debout, le sentiment de panique de plus tôt courant dans ses veines, couplé à l'adrénaline et à quelque chose d'autre, un besoin désespéré de croire qu'il n'avait pas rêvé son retour ici, qu'il n'avait pas rêvé les mots qu'ils avaient échangé, qu'il n'avait pas rêvé d'avoir à nouveau le brun à ses côtés. Il n'y avait personne d'autre avec lui dans sa chambre. Il avait peur d'ouvrir la porte, de découvrir un salon vide, de se rendre compte que rien n'avait été réel, que Minho était toujours à des centaines de kilomètres de chez lui et qu'il était seul ici.
-Minho ? murmura-il d'une voix encore rauque de sommeil.
Il avança petit à petit jusqu'à la porte, et au moment de poser la main sur la poignée, il ferma les yeux quelques instants, priant en silence pour que le jeune homme soit à l'instant même dans son canapé. Il ne se rappelait pas ce dont il avait rêvé avant de se réveiller, mais pour qu'il soit dans un état pareil, il s'agissait forcément d'un cauchemar. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas eu de terreurs nocturnes comme celles-là. Ça ne lui avait pas manqué. Quand il faisait ce genre de crise, il était presque impossible qu'il se calme de lui-même.
Il finit par prendre une inspiration et ouvrir la porte, le cœur serré. Si Minho n'était pas là, il allait falloir qu'il appelle Felix ou Jeongin, et il ne voulait pas déranger ses amis. Mais il ne voulait pas rester seul, il avait besoin de parler à quelqu'un, d'oublier la mauvaise impression que lui avait laissé son cauchemar.
-Minho ? répéta-il un peu plus fort, toujours sans aucune réponse.
Il plaqua sa main contre le mur à la recherche de l'interrupteur, les larmes commençant à lui monter aux yeux, sa respiration s'accélérant brutalement.
-Minho ?
Quand la lumière illumina la pièce, il vit une forme emmitouflée dans un plaid sur le canapé, une boule de poile confortablement logée dessus. Il faillit pleurer de soulagement, et il s'accorda quelques secondes pour reprendre sa respiration, tentant de se rassurer comme il le pouvait. Il est là. Tout va bien. Il n'est parti nulle part.
La forme dans le canapé grogna, probablement à cause de la soudaine luminosité trop forte. Bientôt, une petite tête aux cheveux ébouriffés fit son apparition d'en dessous les couvertures, ne comprenant visiblement pas ce qui se passait. Minho cligna des yeux, bâilla, et parut soudain réaliser la présence de Jisung, qui se tenait la poitrine en le regardant comme s'il venait de voir apparaître le soleil après des mois de pluie. Il se redressa d'un coup, affolé, délogeant par la même occasion Soonie qui miaula son mécontentement.
-Jisung ! Tout va bien ? Pourquoi tu es debout ? Il est quelle heure ? Qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Jisung s'en voulut d'inquiéter autant le brun, tout ça parce qu'il n'était pas capable d'agir en adulte et de se rendormir tout seul après un cauchemar. À présent que les dernières bribes de sommeil le quittaient, il se rendait compte à quel point son comportement avait été ridicule. Il ne réfléchissait pas quand il était sous l'emprise de ses cauchemars, car ils lui paraissaient si réels pendant les quelques minutes qui suivaient son réveil.
-Désolé, balbutia-il, c'est juste que j'ai cru... J'ai cru que tu étais parti.
Il n'ajouta pas encore, mais la douleur qui se lit sur le visage de Minho montrait qu'il avait saisi le sous-entendu. Le brun hésita quelques instants, puis finit par se lever et s'approcher du blond. Il posa sa main sur la joue de Jisung dans un geste si tendre que ce dernier frissonna. Il se rendit soudainement compte qu'il était en train de trembler, et que c'était pour ça que Minho avait l'air si inquiet. Il se sentait tellement faible et vulnérable. Il détestait montrer cette part de lui, son besoin d'avoir quelqu'un pour le rassurer comme s'il avait encore cinq ans. Il se détacha du toucher de Minho, ignorant le regard peiné qu'il lui lança avant de laisser retomber sa main.
-Je ne partirais plus, Jisung, murmura-il, plantant ses prunelles chocolat dans celles du blond. Je le promets.
-Je sais. C'est juste... J'ai fait un cauchemar, et c'est débile, mais quand je me suis réveillé j'étais angoissé et... Je pensais que tu n'étais plus là.
Minho le regardait d'un air soucieux, et Jisung détourna ses yeux, incapable de soutenir plus longtemps ceux du brun, profonds et pénétrants. À présent que sa panique s'était dissoute, il sentait la fatigue le gagner à nouveau. Mais il n'était pas sûr de réussir à se rendormir, pas alors que ses cauchemars menaçaient de l'envahir dès qu'il fermerait les yeux.
-Je serais toujours là, promis, ajouta Minho, et il y avait un sérieux dans sa voix qui la rendait dangereusement posé. Je suis parti une fois en te laissant sans nouvelles. Ça n'arrivera plus jamais, Jisung. Je vais faire tout ce que je peux pour que tu n'aies plus jamais à vivre ça, tu comprends ?
Il y avait une note de désespoir dans sa voix, comme si la perspective que Jisung ne le croit pas le peinait réellement. Et ce n'était pas un problème de confiance. Jisung avait confiance en Minho. Et il désirait plus que tout le croire quand il disait qu'il ne partirait plus.
Mais Jisung avait la mauvaise habitude de trop penser, de tout sur-analyser et de se prendre la tête des heures pour quelque chose qui n'en valait pas la peine. Particulièrement quand le sujet le concernait directement. C'était assez contradictoire, en vérité. Il avait beau être plutôt à l'aise dans son corps et dans sa vie, avoir conscience que ses amis et sa famille l'appréciaient pour ses qualités, parfois il ne pouvait s'empêcher, quand personne ne lui parlait pendant une soirée, de se demander ce qu'il avait fait de mal, et de se persuader qu'il n'était pas assez intéressant, pas assez ouvert, pas assez drôle. Il savait que c'était idiot, que ses amis avaient peut-être autre chose à faire à l'instant même, mais il commençait inlassablement à se remettre en question et à se morfondre.
Étant le seul introverti dans un groupe d'extraverti, il n'avait pas toujours été facile pour lui de s'adapter. Tous les autres semblaient savoir où étaient leur place, comment agir, quoi dire, et il avait l'impression d'être le seul à se forcer à sourire en public, à prétendre apprécier la compagnie d'étrangers, à discuter alors qu'au fond, tout ce qu'il souhaitait était de retrouver la chaleur de sa couette. Il avait longtemps caché cette facette de lui-même, pensant qu'il y avait quelque chose de mal à ne pas vouloir s'ouvrir aux autres, à n'apprécier la vie en société qu'avec difficulté. Ça paraissait si naturel pour tout le monde. Quand il habitait en Malaisie, étant petit, il voyait les autres autour de lui se faire des amis, et il restait invariablement seul, incapable d'aller contre sa nature et d'engager la conversation avec eux. Cela avait changé quand il était arrivé au collège, et qu'il avait pris confiance en lui, mais il avait beau s'être amélioré, au fond de lui, il fallait toujours quelques instants avant qu'il n'ose adresser la parole à quelqu'un. Et dans ses études, ce n'était pas évident, sachant qu'il allait probablement devoir interagir avec nombre de gens s'il voulait avoir une chance de se faire un nom dans le milieu.
Étrangement, quand il était sur scène, cette anxiété disparaissait. Il avait déjà fait des showcases avec Changbin et Chan, et face à des dizaines de personnes, là où il aurait dû être le moins à l'aise, il ne s'était jamais senti aussi bien. Il était même plus énergique que d'ordinaire, son enthousiasme décuplé. Était-ce ce que ressentaient les extravertis quand ils rencontraient des gens, cette exaltation, cette réalisation qu'il y avait des possibilités infinies d'amis à se faire, de relations à créer ? Il se demandait parfois ce que ce devait être de marcher dans un monde où chaque être humain apparaissait comme un allié et non comme une épreuve.
Non seulement de rendre difficile la moindre interaction sociale, sa nature réservée le conduisait à douter de toute forme d'affection qu'on lui adressait. Même si ce trait de caractère n'était pas spécifique aux timides, au contraire, il savait que pour lui, les deux se retrouvaient bien souvent lié. Il avait si souvent observé les gens de son âge s'amuser sans lui jeter un regard qu'il avait fini par se convaincre qu'il n'était pas assez bien pour eux, quand en vérité la seule chose qu'il lui manquait était un peu de courage et de l'aisance en public. Il supposait qu'il s'agissait d'un sentiment assez commun, de se sentir laissé de côté. Même en étant entouré, on pouvait se sentir seul. Mais ça ne rendait pas la chose plus rassurante, de savoir qu'il n'était pas l'unique à ressentir ça.
Il avait toujours eu tendance à se rabaisser aux yeux des autres, à croire qu'ils valaient mieux que lui. Comme s'il était impossible que quelqu'un apprécie sincèrement sa compagnie. Ça allait mieux ces derniers temps, parce qu'il avait pris confiance en lui, mais en plein milieu de la nuit, encore secoué de ses mauvais rêves, il ne réfléchissait plus correctement. C'est pourquoi il avait beau savoir que Minho pensait réellement ce qu'il disait quand il promettait qu'il allait rester, il ne pouvait s'empêcher de douter. Et il s'en voulait. Il ne voulait pas douter de Minho, pas après tous les efforts que ce dernier avait fait pour revenir et pour rester auprès de lui. Mais c'était plus fort que lui : il se rappelait comment il avait souffert la première fois qu'il l'avait cru, et quand il s'était avéré qu'il ne tiendrait pas sa promesse. À l'instant même, la douleur qu'il avait subi au départ de ce dernier était horriblement présente dans sa mémoire, exacerbée par son anxiété.
-Je sais, répéta encore une fois Jisung, toujours incapable de regarder Minho.
Il inspira, expira. Il avait du mal à penser correctement quand il était tiré d'un cauchemar, et ses peurs se mêlaient à la réalité. Il ne devait pas les laisser le dominer.
-Je devrais...
Il indiqua sa chambre d'un geste vague, ne finissant pas sa phrase.
-...Aller dormir, compléta-il, assortissant sa phrase d'un bâillement.
Minho le regardait, les sourcils froncés, les lèvres formant une moue hésitante.
-Tu vas réussir à te rendormir ?
-Il faut bien.
-Tu ne veux pas regarder quelque chose pour te changer les idées ? Un autre Ghibli, ou des vidéos de chats sur Internet... Quoique ça ne marche peut-être que pour moi, ça...
-Ça va aller, ne t'en fais pas. Je n'ai pas l'énergie de faire un truc maintenant. Je sais que c'est les vacances, mais je suis crevé...
Comme pour confirmer ses paroles, il bâilla. Mais il se rendait bien compte qu'il n'avait pas envie de retourner se coucher, son cauchemar encore bien présent dans son esprit. Il se força à regarder Minho dans les yeux, et ce qu'il y vit acheva de l'affaiblir. Il y lisait de l'inquiétude, mais par-dessus tout, de la tendresse, et une pointe d'autre chose qu'il n'arrivait pas tout à fait à nommer. Il déglutit. Minho connaissait sa propension à faire des cauchemars, et il n'avait sûrement pas oublié qu'à chaque fois que Jisung en faisait, c'était dans son lit qu'il se réfugiait pour s'apaiser.
Une idée lui traversa l'esprit. Mais presqu'aussitôt, il la rejeta, comme s'il avait peur. Peur de quoi ? Ce n'est pas comme si ça allait être la première fois. Tout à l'heure tu t'es endormi sur lui, et il y a deux semaines, vous vous êtes réveillés ensemble dans le canapé. Et puis, ce n'était rien de trop ambiguë, il n'y avait pas lieu de paniquer. Il voulait dormir avec lui, pas l'épouser.
Jisung continua de regarder Minho, espérant qu'il réussissait à faire passer sa question silencieuse dans son regard. Il ne voulait pas être celui qui demandait. Minho pencha sa tête de côté, haussa les sourcils, et Jisung vit l'exact moment où il comprit. Ses yeux s'écarquillèrent, et presqu'aussitôt après il demanda, hésitant :
-Tu... Tu veux que je vienne dormir avec toi ?
-Je... C'est-à-dire que le canapé, c'est un peu limite quand même, je me sens mal de te laisser dessus... Puis ça m'aiderait peut-être... Un peu...
Il avait eu moins de mal à l'avouer qu'il ne l'aurait pensé. Encore une fois, il retrouvait dangereusement vite ses habitudes avec Minho. Et puis, se montrer vulnérable n'était pas si gênant. Le brun ne l'avait jamais jugé, ne s'était jamais moqué de lui par rapport à ce sujet, même pour rire. Jisung se détendit un petit peu. Déjà, il se sentait mieux, comme libéré d'un poids. Il ne partira pas. Il te l'a promis. Fais lui confiance.
-Évidemment, Sungie. Tu sais que je suis toujours là si tu as besoin, répondit Minho d'une voix douce, qui fit bien plus d'effet à Jisung qu'elle n'aurait dû.
Le blond hocha la tête. Il ouvrit la porte de sa chambre, et se décala pour laisser passer Minho. Il se rendit compte en voyant la façon dont il détaillait la pièce qu'il n'était encore jamais entré à l'intérieur. Il referma la porte derrière lui, et laissa Minho découvrir l'endroit.
Sa chambre n'avait rien de spécial. C'était même une pièce plutôt sobre comparée au reste de son appartement. Un lit deux places qui prenait la majeure partie de l'espace, la tête collé contre le mur de droite, avec une couette blanche et des oreillers de la même couleur, ainsi qu'une peluche d'écureuil, un cadeau de ses amis lors du premier anniversaire qu'ils avaient fêté ensemble, en première.
En face de la porte, une fenêtre, les volets clos à cette heure, et juste à côté son bureau, avec son ordinateur, son casque et son matériel de production, ainsi que quelques post-its lui rappelant de faire tel ou tel tâche. À gauche en entrant se trouvaient son armoire et son meuble à CDs. Il y avait trois posters sur les murs, d'animes dont il était fan auparavant et qu'il n'avait pas pu se résoudre à détacher, pris d'une nostalgie subite. Au-dessus de son bureau, des dessins que lui avaient fait ses petits cousins. Et au-dessus de son lit, quatre photos : sa famille, Felix et lui à un parc d'attraction, Jaemin, Jeno et lui posant devant un de leur travaux de cours, et la dernière qui semblait retenir l'attention de Minho plus que tout le reste. Pas étonnant : cette photo, ils l'avaient tous imprimé et mise chez eux, car c'était l'une des rares où ils étaient tous ensemble.
C'est Hyunjin qui tenait le téléphone, parfait comme toujours avec ses cheveux noirs savamment ébouriffés et son visage sans aucun défaut. À droite, un Jisung aux cheveux bruns faisait un signe peace. Entre Hyunjin et Jisung, Felix faisait des cœurs avec son pouce et son index, et derrière s'entassaient le reste des membres de leur petite bande : Minho le bras autour de Jeongin, Chan un grand sourire aux lèvres, Changbin à demi caché derrière Felix, et Seungmin dont la petite tête dépassait au-dessus.
-Je ne savais pas que tu l'avais gardé, murmura Minho, s'étant rapproché du lit pour mieux regarder la photo.
Il leva la main et effleura doucement les visages de ses amis, figés dans un moment de bonheur plus de sept ans auparavant.
-J'adore cette photo, sourit Jisung en grimpant sur le lit, invitant Minho à faire de même.
-Moi aussi. J'ai toujours la mienne, ajouta-il en s'asseyant.
-Ah oui ?
-Oui. J'ai dû la ranger dans un coin quand je suis parti, parce que ça faisait trop mal de la revoir... Mais je l'ai ressorti la semaine dernière, après être rentré. Je ne sais plus si je l'ai dit, mais ça m'a vraiment fait plaisir de vous retrouver. Vous m'avez manqué.
-Toi aussi tu nous as manqué.
Il y eut un silence confortable, où ils se contentèrent de regarder la photo d'un air attendri, puis Jisung tapa dans ses mains.
-Bon, il faudrait peut-être que je rattrape mes heures de sommeil en retard.
Ils se regardèrent, pas sûr de savoir comment agir.
-Euh, je dors du côté droit, d'habitude, mais si jamais...
-Non, non, vas-y, vas-y !
Minho se décala, et il reprit sa place près de la table de nuit, échangeant avec le brun. Minho remis correctement l'oreiller et se glissa sous la couette, prenant garde à se tenir à bonne distance de Jisung, qui fis de même avant d'éteindre la lumière.
-Bon et bien... Bonne nuit ?
-Bonne nuit. Et, Sungie...
-Oui ?
-Si tu as le moindre problème, si tu fais encore un cauchemar, tu me réveilles, d'accord ?
Jisung hocha la tête, puis se rendit compte qu'il ne pouvait pas le voir à cause de l'obscurité.
-Hmm.
Minho n'ajouta rien, et Jisung ferma les yeux. Bien que quelques minutes plus tard, il entendit la respiration de son ami s'égaliser, signe qu'il était sûrement déjà endormi, il mit du temps avant de retrouver le sommeil. Ce n'était pas la peur de son cauchemar qui le maintenait éveillé cette fois, mais sa relation avec Minho, qu'il ne parvenait pas à étiqueter, comme s'il n'était pas sûr de ses sentiments vis-à-vis du brun. La situation n'était pas non plus évidente. Ils étaient restés ensemble trois ans, puis s'étaient séparés pendant cinq, et ils se retrouvaient et tentaient de reconstruire une amitié par-dessus tout leur vécu. Étaient-ils seulement capables de ne rester qu'amis ? Il tenta de fouiller dans ses sentiments, de se demander s'il ressentait quelque chose de romantique pour le plus âgé. Mais il avait beau être très attaché à lui et vouloir rester à ses côtés, il n'avait pas l'impression d'être amoureux. Ce qui était logique, en somme : on ne tombe pas amoureux en deux semaines. Le contraire aurait même été effrayant. Et Jisung avait beau chercher, creuser en lui, il ne trouvait rien qui aurait pu s'apparenter à de l'amour pour Lee Minho. Rassuré, il sentit sa poitrine se relâcher, comme s'il avait douté de lui et relâchait son stress. Il ne ressentait rien pour Minho. Rien qui n'implique des sentiments amoureux. Donc tout allait bien, pas vrai ? Il n'y avait aucun problème. Ils allaient être seulement amis.
Alors pourquoi avait-il l'impression de chercher se convaincre lui-même ?
*
Le lendemain, la première chose qu'il sentit en se réveillant fut la chaleur. Pas la sienne, et pas celle du chauffage non plus.
Il cligna des yeux, et une fois qu'il eut repris ses esprits, se rendit compte qu'il y avait quelqu'un de collé à lui, très, très près. Il sentit son cœur s'affoler, puis le souvenir de la nuit lui revint en mémoire et il prit conscience de qui était la personne qui était effectivement contre lui. Minho.
Jisung faisait face à la fenêtre, et le plus âgé avait ses bras noués autour de sa poitrine, son torse contre son dos, et une de ses jambes par-dessus les siennes. Le blond sentit un sourire narquois s'étirer sur ses lèvres. Il n'aurait pas pensé que le brun puisse se montrer aussi affectif. Bien qu'il soit probablement encore endormi, à en juger par le souffle régulier dans son cou. Il ferma les yeux, hésitant sur ce qu'il allait faire. Le contact était loin d'être désagréable, mais si Minho se réveillait et se rendait compte que Jisung ne dormait plus et restait dans cette position quand même, la situation pouvait devenir très bizarre et gênante. Il n'avait même pas voulu se retrouver comme ça en premier lieu, il avait peut-être juste cherché instinctivement quelqu'un à attraper pendant la nuit. Felix faisait souvent ça aussi. Dans tous les cas, s'il se réveillait, Jisung ne saurait pas comment s'expliquer. Il décida donc de se détacher tout doucement du brun.
Pour ce faire, il dû se retourner, ce qui ne fut pas chose facile étant donné la force avec laquelle Minho était attaché à lui. Il se retrouva face à lui, dangereusement proche de son visage. Il rougit malgré lui, détaillant les paupières fermées et les lèvres légèrement entrouvertes du plus âgé. Puis il commença doucement à le pousser, prenant garde à ne pas le réveiller. Le processus dura cinq bonnes minutes, durant lesquelles il se figeait dès que Minho donnait des signes de réveil. Heureusement, il réussit à le remettre de son côté du lit sans qu'il n'ouvre les yeux. Aussitôt après, il se rendit compte que la chaleur lui manquait, et que son cœur battait anormalement vite, en même temps qu'une pointe de regret lui enserrait le cœur. Il secoua la tête, se raisonnant. Il n'y avait pas de raison de regretter.
Et pourtant, il lui manquait d'avoir Minho contre lui.
Il vérifia l'heure sur le réveil. Onze heures dix du matin. Il attendit quelques minutes, mais il était définitivement réveillé. Il resta quelques instants à regarder Minho, son visage paisiblement endormi. Il avait une mèche qui tombait devant ses yeux, et Jisung dût renoncer à l'urgence de la remettre en place. Il se sentait étrangement en paix, comme si tout ce qui allait de mal dans sa vie ces dernières semaines s'était soudainement résolu maintenant que Minho était là. Il était en vacances, et il avait Minho avec lui. Il était juste heureux.
-Hey, murmura soudain Minho, tirant Jisung de sa rêverie. Ça va mieux ?
Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était réveillé. Il avait l'air tellement attendri, encore à demi sous la couette. Jisung se sentit irrémédiablement sourire, une petite bulle de bonheur se créant dans sa poitrine, les cauchemars un lointain souvenir.
-Ça va mieux. Merci, c'est grâce à toi.
-Je suis content si je peux aider.
Ils se regardèrent. Jisung sentit son pouls s'accélérer brutalement, les yeux de Minho fixés dans les siens. Il ne voulait pas briser le contact. Il avait l'impression de pouvoir déceler quelque chose naître dans sa poitrine, comme une fleur qui éclot peu à peu. C'était comme s'il y avait un lien invisible entre eux, presqu'imperceptible, ténu mais plus puissant que jamais. Comme si leurs cœurs battaient à l'unisson. Comme si, quelque part dans une autre dimension, leurs âmes étaient reliées.
Il se demanda vaguement si Minho la ressentait aussi, cette connexion qui semblait les unir. Puis il se releva d'un coup, s'étira et demanda, interrompant le moment avant que la fleur dans sa poitrine ne fleurisse complètement, le cœur battant à tout rompre :
-On va faire le petit déjeuner ?
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