22. Les murs ont des oreilles

La lune rouge commença son ascension, se faisant doucement remplacer par le soleil, tout juste quand les marchands de HalaHala commencèrent à placer leurs produits sur leurs étales. Le grand marché de la ville prenait place à l'orée du jour et partait quand la nuit prenait fin. Une fois par mois la ville accueillait ce grand marché festif, on pouvait y retrouver fruits, légumes, viande, vêtements, bijoux, arisants... il était si grand qu'il s'étalait dans toutes les rues même les plus étroites, des gens de toute part y venaient pour exposer ou acheter. Malgré le jour à peine levé les marchands criaient déjà, la ville s'animait, les premiers acheteurs arrivèrent, bougie et lanterne en main pour faire de bonnes affaires. Parmi eux, un jeune homme regardait les vêtements d'un stand posé devant une grande bâtisse faite en terre sèche au couleur de la lune. Lui aussi avait une lanterne en main et regardait avec grande attention le tissu des vêtements. Une cape attira son attention, la sienne était déjà bien abîmée... malgré la chaleur il était très courant à Halazia de porter une cape à capuche pour se protéger du soleil et le jeune homme ne faisait pas exception à cette coutume.

- C'est 300 Zia pour cette cape.
- Je vous en donne 50.

La marchande ria, elle portait elle aussi un vêtement qu'elle vendait, ces cheveux étaient longs et attachés en tresse qui lui effleurait le bas des reins. Elle semblait d'un âge mûre, quelques rides commençaient à marquer son visage à la peau hâlée par le soleil.

- Je ne peux pas faire de réduction aussi importante, elle est faite avec un matériau noble et doublé en satin. C'est 300 Zia.
- Elle est faite avec un tissu qu'on retrouve sur d'autres étales pour 30 Zia alors je vous en donne 50.
- 200.
- 100.
- 150.
- Bien. Le jeune homme soupira, il venait de se faire arnaquer il le savait mais cette cape lui avait vraiment tapée dans l'œil...

il sortit des pièces d'une petite bourse faite en soie rouge. Le dame grommela quand elle vu ça, il était riche et venait surement d'une famille puissante et il osait négocier ses prix. Il lui donna les sous, récupérant son achat et partit sans un mot.

il continua, marchant à travers les rues encore fraîches de la ville. HalaHala avait été faite au bord de la côte et s'étendait dans les terres arides du désert. Les maisons étaient bâtis en terre rouge, gardant la fraîcheur et l'humidité dans leurs murs. L'eau n'était pas loin mais pourtant elle était bien plus chaude que l'air, elle était si brulante que personne n'osait s'y baigner...
Bientôt, quand le soleil avait éclairé la ville, l'animation se fit plus forte, tous les marchands crièrent et les passants étaient nombreux et bruyants. Les murs et le sol semblaient trembler sous les pas des gens et les festivités du marchés.
L'homme à la nouvelle cape arpentait encore les rues, il connaissait la ville comme sa poche. Il aimait s'y perdre et fuir sa chambre pour y trouver refuge. Aujourd'hui était une exception, d'habitude les rues étaient bien plus calme et à cette heure si il n'y avait habituellement personne. Il avait rabattu sa capuche sur la tête, se cachant du monde, on aurait dit une ombre qui se mouvait sous la lumière d'une bougie.

Pour son plus grand plaisir personne ne faisait attention à lui, il pouvait naviguer comme il le souhaitait, mais en passant par une rue moins animé il remarqua des attroupement autour d'un petit groupe de personne, quand il vu les capes aux couleurs de la lune il ne lui en fallut pas plus pour fuir, bifurquant dans une autres rues et se fondant dans la foule. Le rouge était la couleur des nobles, des forgerons. Ils étaient adulés et puissants. Et ce dans bien des choses, puissants car ils avaient de la magie en eux, qu'ils étaient doués mais aussi puissants politiquement, religieusement... il tenait le monde dans la paume de leurs mains.
Le jeune homme ne voulait pas avoir à faire à eux, pas ici du moins. S' il était repéré il allait avoir de sacré problèmes. Il fuyait donc dans les rues, passant entre les maisons pour s'éloigner le plus possible. Il arriva dans une des rues principales, une des plus animées. Il partit tout de même se cacher dans un coin, entre une étale et une maison. Il reprit son souffle et se fit petit le temps d'un instant, regardant s' il ne voyait pas d'autres capes rouges ou visages familiers qu'il ne voulait croiser.
Au détour de la rue il entendit des voix aux paroles étrangèrent, bien sur il était courant d'entendre différentes langues dans le monde de Halazia mais elles avaient les mêmes sonorités et surtout il les parlaient toutes... il jetta un coup d'œil aux étranger, ils étaient 3, il y avait un petit portant un chapeau de paille, collant un plus grand qui ne disait pas un mot et un autre de la même taille que le premier qui avait des cheveux blonds comme le sable. Ils parlèrent joyeusement ensemble, le jeune homme fronça les sourcils, ils communiquaient parfaitement mais pourtant ils ne semblaient pas parler la même langue non plus. Ils étaient bien étranges... c'est peut être ce qui le poussa à les suivre.

Il avait arpenté les rues toute la journée suivant le petit groupe, se faisant des plus discrets. Au départ il les avait suspecté de faire du trafic, il en voyait régulièrement mais quand il les vu n'acheter qu'une carte, des vêtements légers et de la nourriture il su que ce n'était pas des trafiquants mais peut être juste des chercheurs de trésors. À force de les suivre, il comprit également qu'ils étaient bien plus que trois et qu'un fantôme était dans leurs rangs. C'était rare, d'après les connaissances de l'homme ils vivaient plus dans les eaux tout au sud du monde, formant une nation à part entière, il savait aussi qu'ils avaient un statut bien particulier... alors le voir seul et entouré de vivant était des plus particulier. La révélation se fit en voyant les vêtements de certains, ils étaient comme on les décrivait dans ses livres d'aventures. Des pirates, c'étaient des pirates ! Les yeux du jeune homme brillèrent. La curiosité était telle qu'il continua à les suivre. Il aurait aimé savoir pourquoi ils étaient là, leur quête, après quel trésor ils couraient...il avait grandi avec des histoires de pirates et encore maintenant quand il fuyait les murs de chez lui il aimait aller dans les bar pour entendre les légendes. Il se permit de rêver un instant qu'ils le prennent avec eux, lui qui était voué à un destin qu'il ne voulait pas, qu'il rejetait. Toute sa vie était déjà tracée et il refusait de s'abaisser comme ses sœurs aux dictâtes de leurs familles et coutumes. Il repensa à une de ses sœurs qui avait été soit disant l'élue à peine dans le ventre de sa mère. Il ne l'avait jamais vue et elle avait été élevée par les grands prêtres. Ces autres sœurs étaient déjà mariées et devaient assurer la descendance. Lui, seul garçon légitime sa vie était déjà écrite, il ne serait pas surprit que ça mort aussi soit prédite. Mais pour le plus grand malheur de tous c'était un rebelle qui aspirait à rejeter tout ce qui avait un lien de prêt ou de loin avec sa famille, avec le pouvoir et les forgerons... hors des murs de chez lui il n'en était plus un, il se le refusait et rejetait ce qu'il était avec tant de force que parfois il en tombait malade. Il sortit de ces songes voyant qu'un des pirates quittait le groupe pour aller vers une étale de bijoux, c'était le grand qui ne parlait pas. Il le regarda acheter une bague mais ne s'y attarda pas, il préférait suivre les autres.
Ils arrivaient vers le port, il s'arrêta en voyant vers quel navire ils allaient. Il était magnifique, le bleue nuit de la coque virant au noir reflétait tous les éclats du soleil couchant sur ça coque, le soir le bateau devait être peint dans les tons rouge. Il voulait voir ça. Il s'avança prudemment. Mais alors qu'il allait s'avancer, déterminé, une main s'agrippa à ces habits et le tira en arrière. Il se retrouva en face du muet des pirates. Le jeune homme déglutit sous l'expression fermée du pirate.

- Je...

l'autre secoua la tête, le faisant taire. Évidement ils ne parlaient pas la même langue.
Il était mal...pourtant il ne flancha pas regardant le pirate dans les yeux et sur un coup de tête peut être puérile et inconscient il avait pris une décision, une décision qu'il savait irréversible. il partirait aujourd'hui avec eux et il ne comptait pas revenir. Maintenant il allait devoir se faire accepter...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top