Chapitre 166 : Confiance
Grâce à une technique ardente préparée à l'avance, Al mis hors d'état de nuire treize participants. Si Agiel et Oggy n'avaient aucune envie de se battre, Berthold semblait déterminé à remporter la victoire.
***
Al et Berthold se font face. L'adolescent fusille son adversaire d'un regard hostile tandis que celui-ci est simplement concentré.
Berthold fonce, sous les regards catastrophés d'Oggy et Agiel.
« Arrête ! supplie la blonde. Tu vas vraiment te donner en spectacle à ces ordures et t'en prendre à ton ami ?!
- Mon ami ? Qui t'a dit que ce gars était mon pote ?! » rugit l'adolescent.
Berthold enchaîne plusieurs jabs. Des coups de poing légers et rapides. Al esquive tout avec une facilité déconcertante. Tout à coup, il saisit la main du boxeur.
« Bon, tu vas te calmer, maintenant, ordonne le jeune homme, austère. Je sais que tu n'as aucune envie de te battre.
- Qu'est-ce que tu dis ? » maugrée Berthold en se dégageant.
Le boxeur reprend sa série de jabs. Il ne fait que brasser l'air.
« Arrête de jouer au gars dark, insiste Al. On sait tous que t'es un bon gars, au fond.
- La ferme. Défends-toi ou meurs, compris ?!
- Tu veux des preuves de ce que je raconte ?
- Mais tu vas te taire, oui ?! »
Contrairement au ton élevé de sa voix, Berthold attaque de plus en plus faiblement.
« Ta manière de te battre le montre, argumente Al. Tu frappes comme une fillette. Ah non, rectification. Il existe des gamines qui possèdent le Drive. Elles tapent plus fort que toi. »
Berthold grince des dents, furibond. Il assène à son adversaire un direct du droit redoutable. Alarmé, Al esquive le coup qui frôle et entaille sa joue. L'adolescent enchaine avec une gauche aussi puissante que précise. Le provocateur pare en utilisant ses deux mains et se retrouve propulsé jusqu'à l'autre bout du ring.
Al a les paumes rougies comme un gardien ayant arrêté un ballon de football fulgurant sans gants. Malgré la douleur, il s'efforce de montrer un air impassible et se rapproche de l'adolescent.
« Pas mal, admet-il, nonchalant. Mais j'ai bien vu que tu as hésité avant de te porter volontaire. Tu n'es pas prêt à tous nous supprimer sans scrupules comme tu le prétends. D'ailleurs, tu attends quoi pour te servir de ton pouvoir ? Il fonctionne très bien sur les humains, non ?
- Quand est-ce que tu vas la fermer ? »
Berthold se rue sur son interlocuteur. Ses directs sont de plus en plus violents. Soudain, l'adolescent écrase le pied de son adversaire et l'empêche de bouger. Al fronce ses sourcils, ayant l'impression qu'une enclume bloque sa cheville.
« Tu aimais beaucoup Cammy, n'est-ce pas ? » prononce-t-il avec un calme olympien, avant que le boxeur ne décroche une droite surpuissante.
Berthold écarquille ses yeux, troublé. Al le repousse aussitôt d'un vif coup d'épaule dans les côtes.
Ce dernier continue :
« Si tu étais vraiment quelqu'un de mauvais, tu ne te serais pas attaché à elle. Elle était comme une grande sœur pour toi. D'ailleurs, c'est sûr qu'elle t'observe, de là-haut. Tu ne crois pas qu'elle serait grave déçue si elle apprenait ce que tu t'apprêtes à faire ? Quand ton heure viendra, elle t'accueillera avec une bonne claque au paradis. Non, correction : t'iras certainement pas au paradis si tu nous massacres tous. »
Berthold grince des dents, peine à garder sa concentration. Ses coups n'ont plus aucune intensité.
Al l'achève avec le coup de grâce :
« Si tu l'aimais vraiment, tu dois respecter sa mémoire. Alors, cesse de faire le con et comporte-toi de manière à ce qu'elle serait fière de toi. »
L'adolescent baisse ses poings, se fige. Lui et Al se regardent dans les yeux.
« ... Supposons que j'arrête de me battre. Est-ce que tu as un plan pour nous sortir de cette galère ?
- Aucun, répond Al, indolent.
- Tu te moques de moi ?
- Il vaut mieux mourir en restant fidèle à nos idéaux plutôt que de vivre avec tellement de regrets qu'on ne peut plus se regarder dans la glace, non ? »
À cette remarque, Oggy blêmit encore plus qu'il ne l'est déjà.
Berthold et Al se fixent. Encore et encore. L'adolescent est sceptique, circonspect. Il tente de déchiffrer les intentions cachées de son interlocuteur. Ses poings tremblent, son cœur bat à tout rompre.
Ils se comprennent sans avoir à s'échanger la moindre parole.
« Fais-moi confiance » sous entend Al.
« Ton plan a intérêt à tenir la route. Si ça se passe mal, je retourne ma veste » pense Berthold.
L'adolescent soupire et déclare :
« J'abandonne.
- Moi aussi » complète Al.
Les spectateurs émettent des exclamations de dépit, médusés. Agiel souffle de soulagement.
« Moi aussi j'abandonne, affirme-t-elle.
- Je ne combattrai pas non plus » dit Oggy, déterminé.
Les spectateurs huent, mécontents. Jack et ses acolytes semblent indifférents. L'usurier hausse ses épaules.
« Je me doutais que la présence d'Al gâcherait tout, dit-il d'un ton détaché. Steve.
- Avec plaisir. »
Le concerné, son micro toujours à la main, monte sur l'arène. Avec un grand sourire, il écarte ses bras et s'écrie :
« Mesdames et messieurs ! C'est extrêmement rare, mais il semble que ce soir, vous aurez droit à une exécution pour refus de combattre ! J'espère que ce magnifique spectacle vous plaira ! »
Steve s'adresse ensuite à Al :
« C'est vraiment admirable de ta part de te donner à la mort ainsi. Je te respecte pour cette décision.
- Rien à foutre de ton respect, rouspète le concerné. Dépêche-toi d'en finir. »
Ce dernier recule jusqu'au bord de l'arène, loin de ses compagnons et des participants hors d'état de nuire.
Berthold, Agiel, Oggy, Jack, Luck et Randy observent attentivement la scène. Tandis que les alliés d'Al ont une lueur d'espoir, les bourreaux sont sur leurs gardes, prêts à réagir au moindre signe de danger.
Le son semble ne plus exister. Le temps est comme figé. Steve active son pouvoir de protection, bouge avec précaution.
Ce dernier enfonce sa main dans la poitrine d'Al et pourfend son cœur. Le rebelle crache du sang et s'écroule.
Les secondes qui passent semblent durer des heures. Tous restent concentrés sur le corps inerte. Jack et ses acolytes restent en alerte maximale.
Puis, soudain, tout s'arrête. Steve examine le cadavre. Le cœur a cessé de battre. Al ne respire plus.
L'assassin, un grand sourire aux lèvres, annonce haut et fort :
« Et d'un ! Qui est le prochain ? »
Les bourreaux respirent enfin, rassurés. Les alliés d'Al ont le visage décomposé d'affliction.
« Cet imbécile n'avait vraiment aucun plan ?! fulmine Berthold, ressentant à la fois un pincement au cœur. Ce n'est pas trop tard pour sauver ma peau. Si j'élimine Agiel et le gros, peut-être que... ? »
L'adolescent brandit ses poings.
Steve et ses compagnons sourient, se réjouissant d'avance du spectacle. La foule reprend ses exclamations.
Brusquement, un son assourdissant résonne. Le cadavre d'Al explose.
La déflagration est d'une intensité telle que le sol, toutes les parois et les sièges des spectateurs tremblent. Le feu, plus aveuglant que le soleil, engloutit Steve. Ce dernier s'égosille, n'ayant jamais ressenti une telle douleur.
Agiel profite de la confusion. Elle attrape les mains de Berthold et d'Oggy puis s'enfuit à la vitesse d'une fusée avec eux.
Lorsque l'attaque se dissipe, Steve git au sol. Une rivière de sang coule de son bras amputé. Le quart de l'arène a été transformé en un gouffre sans fond.
« Quelle puissance... formidable. Si je n'avais pas réactivé ma protection pour annuler sa technique à temps, j'aurais été réduit en poussière... »
Jack observe la scène. Lui, Luck, Randy et les spectateurs ont la bouche grande ouverte, pantois.
« Allons-y », ordonne le chef, fortement contrarié.
Steve se relève. Il déchire son t-shirt et l'attache autour de la blessure afin de stopper l'hémorragie. Il suit le groupe.
Les poursuivants ont le front plissé, la mâchoire contractée. La vraie bataille a commencé.
De son côté, le vrai Al est caché dans une cabine des toilettes, tranquillement assis sur la cuvette.
« Toutes mes déductions étaient bonnes. Kerry m'a informé que le concept de Steve est celui de la protection. Mais c'est sûrement un pouvoir trop gourmand en énergie pour qu'il soit activé en permanence. Donc il n'utilise sa technique que lorsqu'il y a un réel danger, puis la désactive dès qu'il se sent en sécurité. Le seul moyen de l'avoir est de le prendre par surprise. »
Al entend des bruits de pas. Sa respiration s'alourdit.
« Quant à Jack, j'ai enfin capté quel est son pouvoir. Le papier, l'encre, les sons, le courant et même les appareils électroniques... tous ces trucs ont un point commun : la communication. C'est devenu évident quand Kerry m'a expliqué qu'il savait leur plan, alors que Cammy leur a tout transmis par télépathie. Donc si je ne voulais pas qu'il crame ma stratégie, je ne devais en faire part à personne. »
Le son des pas se rapproche. Plusieurs personnes arrivent.
« D'ailleurs, j'ai compris que Cammy n'était pas morte car je la connais mieux que quiconque. C'était très subtil, mais plusieurs détails m'ont fait tiquer. Son visage, sa corpulence, tout avait rapetissé de quelques centimètres. Comme si elle avait rajeuni. Si je n'étais pas un peu dans le déni, je n'aurais rien remarqué non plus. »
La porte s'ouvre.
« Je me suis donc inspiré de sa supercherie. Je suis capable de créer un clone, mais seulement à condition qu'il s'autodétruise au bout d'un moment, ou lorsque des conditions sont remplies. Un kamikaze. Et l'explosion devait se déclencher automatiquement trente secondes après que son cœur ait cessé de battre. »
Al fait face aux arrivants. Agiel, Berthold et Oggy.
« Et j'ai fait exprès de partir aux toilettes devant tout le monde juste avant la bataille, pour que mes potes comprennent qu'ils retrouveraient le vrai moi ici. »
Néanmoins, les compagnons n'ont pas le temps de se réjouir de leurs retrouvailles que Jack, Steve, Luck et Randy se joignent à eux.
Les amis s'engouffrent dans la même cabine que l'utilisateur de bombes. Ils halètent, en proie à un stress insoutenable. Hormis Al qui reste sur le trône et fixe Jack dans les yeux.
Ce dernier sourit.
« Ma technique d'espionnage étant active sur le vrai Al, je l'ai retrouvé sans mal. J'aurais dû me rendre compte qu'il s'agissait d'un double dans l'arène. Mais étant donné que j'étais persuadé d'avoir l'original en face de moi, je n'ai pas fait attention. Alors, quelle est la prochaine étape de son plan ? »
Al active un bouclier d'énergie noire entourant ses compagnons. Tout ce qui entre en contact avec la matière se retrouve anéanti. Steve ne parvient pas à la faire disparaitre. Étant donné que sa fonction n'est pas d'attaquer, le pouvoir de protection n'a aucun effet sur elle.
Jack pose sa main sur la barrière. Il ne se blesse pas, mais ne réussit non plus à la traverser.
« Je sais bien que je n'ai aucune chance de vaincre ces types. Mon objectif est simplement d'affaiblir Steve en attendant le retour de Ca... »
Brusquement, la matière noire disparait, tandis qu'Al ressent une douleur atroce au niveau du ventre. Une substance grise, pointue, de la taille d'une craie et aussi dure que l'acier est plantée dans son abdomen. Il se rend alors compte que la chose n'est autre que :
« De l'empty ?! C'est une roche qui annule les effets du Drive. Et pour ne rien arranger, c'est la matière la plus solide qui existe. Aucun pouvoir ne peut avoir une quelconque influence dessus et un simple contact avec un utilisateur suffit à le neutraliser. Normalement, on n'en voit que sous forme de menottes utilisées par les policiers et les gens de la brigade, mais ça ne devrait même pas m'étonner que Jack ait réussi à mettre la main dessus... »
Hélas, les brigadiers ne disposent jamais de cet équipement pour des raisons obscures.
Al observe l'usurier et ses acolytes.
« Je comprends mieux pourquoi ils portent des gants. Afin d'éviter tout contact avec ce truc. Et je sais maintenant pourquoi cet endroit est indestructible. Il y a de l'empty dans le sol et toutes les parois de ce foutu bâtiment. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt, ils m'ont baisé... »
Jack et ses compagnons n'utilisent jamais cette substance lors des captures afin de réserver une mauvaise surprise aux prisonniers qui résistent au pouvoir de Steve.
Al s'écroule et crache du sang. Dépourvu de sa capacité de régénération, cette blessure lui est mortelle. Agiel, Berthold et Oggy sont désemparés.
Tandis que ses acolytes arborent un sourire victorieux, Jack éclate de rire. Il fait sortir de la poche de sa veste un autre morceau d'empty en forme de pique. Sa cible : le crâne d'Al. Mais tout à coup, l'usurier fronce ses sourcils.
« Quelque chose cloche dans le plan d'Al. La manière dont il parlait à Berthold, le clone explosif, cette barrière qui n'aurait pas tenu éternellement... Essayait-il de gagner du temps ? De plus, s'il est capable de créer un clone et se faire passer pour mort, pourquoi pas elle aussi ?! »
Jack écarquille ses yeux, prêt à avertir ses compagnons. Tout à coup, ceux-ci disparaissent, téléportés au loin. Sa technique lui permettant de communiquer avec eux par télépathie, ainsi que la protection de Steve sont toujours activées. Elles sont brusquement désactivées.
L'usurier perd l'équilibre, sous l'effet du concept de la chute d'Alex. Impossible de se relever. Grâce à son pouvoir de la constitution, Cody se crée deux paires de bras supplémentaires. Il étire ceux-ci de plusieurs mètres et mitraille le bourreau de coups. Jack esquive en roulant sur lui-même telle une roue.
Sonya utilise sa capacité de perforation et fait tomber une pluie de sabres. La cible brandit aussitôt son morceau d'empty, telle une épée. Avec une adresse effroyable, le bourreau se redresse et repousse toutes les lames.
Toujours assis, Jack garde son sang-froid et pointe son arme en direction des assaillants. Ceux-ci gardent leurs distances, craignant cette matière dangereuse.
Néanmoins, une personne n'est pas intimidée. Cammy fonce à une vitesse hallucinante sur l'ennemi, le prenant au dépourvu.
Son poing chute telle une météorite sur le visage de Jack. Le carreau, les portent et les parois vibrent, donnant l'impression qu'un séisme s'est déclenché. La douleur déforme la face du sadique. Du sang jaillit de son nez et de sa bouche. Ses dents tombent comme le plafond d'un immeuble en démolition.
« CRUSHING PUNCH !! »
Oggy, Berthold et Agiel sont estomaqués. L'adolescent et la blonde sont au bord des larmes, n'en croyant pas leurs yeux.
Agiel retire précipitamment le morceau d'empty coincé dans l'abdomen d'Al. Celui-ci halète, aussi torturé que soulagé. Ses mains tremblantes montrent le stress qu'il dissimulait derrière son masque d'impassibilité.
« Te revoilà enfin... » murmure-t-il.
***
Crushing punch : Punch écrasant.
J'espère que vous allez bien !!
Il n'y aura pas de chapitre la semaine prochaine. Je ne sais pas quand je reprendrai, mais la pause durera sûrement moins d'un mois.
Prenez soin de vous et à bientôt 😁.
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