Chapitre 162 : La team Jack
Rebecca endurait le harcèlement des hommes et la jalousie des femmes. Elle ne se confiait à personne et gardait tout pour elle. Lorsqu'elle découvrit que Stella, la femme de ménage, empoisonnait son mari, elle craqua. Elle appela Jack et lui demanda s'il était capable de se débarrasser d'un cadavre.
***
Stella tremble comme une feuille. Elle ne voit plus sa patronne en face d'elle, mais la mort personnifiée.
L'employée bégaie :
« Si-si-si-si... S'il te plaît... p-p-p-p-p-p-ardon...
— Stella, l'interrompt Rebecca, plus froide que la glace. Je me fiche de vos explications. Vous avez fait du mal à mon mari. Même si vous regrettez vraiment, me suppliez en vous prosternant et pleurez des larmes de sang, je vous enverrai en enfer. »
La femme de ménage en perd la voix, ses membres ne lui obéissent plus.
« Décidément, l'ingratitude des gens me sidèrera toujours, pense l'épouse du malade. Lorsqu'on est bienveillant avec certaines personnes, elles se collent à nous tels des parasites et disparaissent dès qu'elles n'ont plus besoin de nous. Ou pire, elles nous prennent pour des idiots et on devient la cible de leurs méfaits. »
Rebecca plonge son regard dans celui de la coupable. Les flammes de la haine consument ses convictions.
« J'avais décidé d'être une bonne personne. Mais plus les années passent, plus je me rends compte qu'il m'est impossible de tenir cette promesse. Si tout le monde était bienveillant avec son prochain, la vie dans ce monde serait beaucoup plus agréable. Hélas, la réalité est loin de ce fantasme. Pourquoi est-ce que je devrais faire l'effort de m'entendre avec les autres, me fatiguer à gagner ma vie honnêtement, pour recevoir de la malveillance en retour ? »
Dans un élan de désespoir, Stella rassemble ses forces. Elle se lève et s'enfuit.
« Je pourrais simplement la renvoyer et ne plus jamais chercher à la revoir, n'est-ce pas ? Cependant, je connais ce genre de personnes. Même si je l'épargne aujourd'hui, elle ne retiendra pas la leçon. Elle continuera ses manigances jusqu'à ce qu'elle parvienne à ses fins. Ce n'est pas en jouant à la sainte que je réussirai à protéger ma famille. »
Un ange transformé en démon se met à la poursuite de la femme en détresse. La course dure une fraction de seconde.
BOUM.
Toutes les fenêtres du voisinage vibrent sous l'impact du choc. Un creux transforme le carrelage en tombe. Le corps de Stella git dans une mare écarlate. Son crâne ressemble à une paroi détruite par un marteau. La jambe tachée de sang, Rebecca s'en va sans prêter plus d'attention à la traitresse.
Après avoir nettoyé son pied ainsi que ses mains, elle va dans la cuisine et sort du réfrigérateur de la viande fraiche.
Rebecca rentre dans la chambre et fixe son mari, allongé. La respiration de ce dernier, ses sourcils froncés et ses frémissements sont plus qu'inquiétants.
Une boule se forme dans la gorge de Rebecca, tandis qu'elle a un pincement au cœur. Les yeux mouillés, elle se rapproche de son bien-aimé en reniflant.
« Richard... tout ça, c'est de ma faute. J'aurais dû m'en rendre compte plus tôt.
— Re... be... cca... de quoi... est-ce que tu...
— On en reparlera plus tard. Pour l'instant, concentre-toi sur ta guérison. Désormais, je m'occuperai personnellement de toi. Tu vas vite te rétablir, crois-moi. »
Un bol rempli de viande juteuse à la main, elle plonge la cuillère et invite son mari à ouvrir la bouche. Après l'avoir nourri, elle dépose un baiser sur son front et quitte la pièce.
Rebecca entrainant Stella dans le couloir, puis le son semblable à une détonation juste après... Richard a tout compris. Malgré la douceur de sa femme, elle a commis un meurtre il y a quelques minutes. Un meurtre justifié, sans doute. Il s'endort sans se poser plus de questions.
***
Deux heures plus tard, une sonnerie retentit enfin. Lorsque Rebecca ouvre la porte, Jack et Jason sont de l'autre côté de l'ouverture.
« Vous avez pris votre temps, rouspète la femme.
— Je veux m'assurer de parler avec une personne qui sait ce qu'elle fait, et non avec quelqu'un à qui l'émotion a fait perdre toute lucidité » rétorque Jack, un sourire aux lèvres.
Jason suit son patron à l'intérieur. Les deux hommes arrivent face au cadavre de Stella.
« Eh bien, vous n'y êtes pas allée de main morte, ironise l'usurier.
— Elle méritait une mort atroce afin qu'elle ait un avant-goût de ce qui l'attend en enfer » répond Rebecca, la voix toujours chargée de rage.
Jason soupire et se gratte le dos. Il n'a pas besoin de recevoir une quelconque instruction. Si le sang est un liquide indispensable pour tout être vivant ou même de la nourriture pour les nigh, dans ce cas précis, il ne s'agit que d'une tache à nettoyer.
Le manieur de saletés fait disparaitre toute trace de la substance rouge gluante, puis porte le corps sur son épaule. Sans prononcer le moindre mot, il est téléporté ailleurs avec le cadavre.
Rebecca le regarde disparaitre avec compassion.
« Cet homme.... Rien qu'en voyant sa tête, je peux deviner à quel point il est déprimé. »
La femme sort de ses pensées et invite Jack à s'installer dans le salon. Elle débute la conversation :
« Comment avez-vous su que c'était à cause de Stella que mon mari ne guérissait pas ?
— De la logique pure, répond spontanément l'usurier, au ton identique à celui d'une intelligence artificielle. Votre affection pour la femme de ménage parasitait votre jugement. Néanmoins, pour un point de vue neutre, de nombreux éléments faisaient d'elle la principale suspecte. »
Jack sourit, puis rappelle l'objet de sa visite :
« Si vous avez fait appel à moi, c'est que mon offre vous intéresse. Y avez-vous bien réfléchi ? Êtes-vous sûre que vous ne le regretterez pas ? »
Rebecca regarde son interlocuteur droit dans les yeux. Son ton empli d'amertume ne laisse pas de place au doute :
« Ça m'effraie de l'admettre, mais vous avez compris quel genre de personne je suis. Si j'agissais comme quelqu'un de bien, c'était uniquement dans mon propre intérêt. J'essayais d'avoir le moins d'ennemis possible pour protéger ma famille. Hélas, qu'on soit bon ou mauvais, on rencontre toujours des gens mal intentionnés. »
La femme soupire, ferme les yeux et passe sa main sur son front.
« Je me suis retenue pendant assez longtemps. Désormais, je vivrai comme bon me semble.
— Je n'aurais pas dit mieux, commente Jack en hochant la tête.
— Et revanche, j'accepte de travailler pour vous à deux conditions. »
Rebecca fusille son futur patron d'un regard perçant.
« Premièrement, je veux avoir le droit de quitter l'équipe quand je le souhaite. Et deuxièmement, vous devez protéger ma famille, par n'importe quel moyen.
— Si ce n'est que ça... très bien. Vous avez ma parole.
— Alors, je veux une garantie. Désolée, mais votre parole seule ne suffit pas. »
Les yeux de la femme sont hostiles, voire menaçants. Toujours aussi détendu, l'usurier fait sortir un objet de sa poche. Il déclare aussitôt :
« Cette clé USB contient toutes les informations dont vous auriez besoin pour me faire tomber. Peu importe à quel point je suis influent, si ces preuves venaient à être révélées, je passerais le restant de mes jours au fond d'une cellule.
— C'est une plaisanterie ? rouspète Rebecca, incrédule.
— Rien ne vous empêche de vérifier. »
Il lance la clé et la femme la réceptionne aussitôt. Elle connecte le support de stockage à son ordinateur portable et consulte son contenu.
Rebecca a les yeux exorbités de surprise.
« Ce ne sont donc pas des salades ?! Avez-vous perdu la tête ?
— Si nous voulons coopérer efficacement, il est indispensable qu'on se fasse confiance, affirme l'usurier, serein. Alors, êtes-vous prête à travailler avec moi ? »
Jack tend son bras, un sourire rassurant sur le visage. Bien consciente de faire un pacte avec le diable, Rebecca serre sa main.
L'usurier se rappelle alors de sa conversation avec Steve juste avant de venir.
***
Jack ouvrit la porte, prêt à quitter l'appartement.
« Bonne chance pour les négociations, souhaita son acolyte, guilleret. Comment comptes-tu la convaincre.
— Rebecca ne m'accordera pas facilement sa confiance, commença l'usurier, impassible, monotone. La discussion risque de s'éterniser. Mais avec ça, les négociations dureront au maximum deux minutes. »
Jack explique à son second le contenu de la clé USB. Steve, bien qu'amusé par l'audace de son ami, fronce les sourcils.
« Hum... n'est-ce pas un peu trop risqué ? Te connaissant, il y a sûrement une supercherie.
— Bien entendu. Honnêtement, j'ai confiance en Rebecca. Elle n'a aucune raison de nous trahir si je comble ses attentes. Néanmoins, il y a toujours 9,69% de chances qu'elle le fasse pour des motifs qui m'échapperaient. »
Jack glousse, avant de poursuivre son explication :
« Techniquement, ce n'est pas un mensonge. La clé contient bel et bien des preuves qui pourraient me faire couler. En revanche, tu connais mon concept, n'est-ce pas ?
— La communication. Inutile de m'en dire plus », affirme Steve en opinant du chef.
La clé est sous l'emprise du pouvoir de Jack. À chaque fois qu'elle se connecte à un appareil, il le ressent. Si jamais Rebecca essayait de divulguer son contenu à qui que ce soit, l'usurier effacera toutes les informations sur-le-champ.
***
Les acolytes de Jack sont rassemblés autour de la table à manger. Steve, son ordinateur portable à la main, est en plein développement d'un nouveau logiciel. Randy, les yeux fermés et les mains croisées sur ses genoux, semble méditer. Luck a le crâne collé contre le meuble, son esprit est au pays des rêves. Jason ne fait rien, il fixe la porte d'un air maussade.
L'usurier pénètre dans la salle, accompagné de Rebecca. Steve lève sa tête, un sourire de bienvenue aux lèvres. Randy, sorti de sa bulle, ouvre simplement un œil. Luck baille et s'étire. Jason leur lance un regard furtif en se grattant l'épaule.
« Voici donc les suppôts de Satan... » constate la nouvelle alliée.
La femme s'installe sans mot dire, suivie de Jack.
Le chef prend la parole sous l'oreille attentive de tous :
« Notre équipe est désormais au complet. »
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