Skill accepta de faire grandir Cammy. Toutefois, elle affirma qu'elle ne pourrait pas combattre avec plus de trois quarts de sa puissance lors de la prochaine bataille. De plus, Skill refusa de lui prêter main forte pour affronter la team Jack.

De son côté, après avoir donné une bonne leçon au patron qui harcelait Rebecca, Jack proposa à la nigh de rejoindre son équipe. Il était sûr de son coup car elle dissimulait un passé rempli de crimes et était obligée de travailler pour le gros porc car elle devait s'occuper de son mari malade et de leur enfant.

***

Cammy a minutieusement préparé sa revanche. Elle a évidemment envisagé le fait que Skill refuse de participer à la bataille. Néanmoins, sans son aide, le plan tombe à l'eau. L'absence du blond dans leur équipe rend celle-ci aussi inoffensive qu'un tigre privé de ses griffes et ses crocs.

« Mais pourquoi ?! demande-t-elle, pendant que sa respiration s'accélère à cause de l'angoisse.

— Il y a plusieurs raisons à cela, introduit calmement le blond. La première est que j'ai moi aussi des ennemis à affronter. Tu n'es pas sans savoir que la criminalité, et particulièrement dans cette zone, est à la hausse. La police et la brigade sont débordées. Les habitants de ce quartier sont sous ma protection, nous avons un accord tacite. Je ne peux donc pas m'absenter. »

Cammy s'apprête à rétorquer, avant de se rappeler que son interlocuteur n'a pas encore évoqué la deuxième raison.

« Deuxièmement, je n'ai aucune envie de sauver Agiel et Al. La première a assassiné ma fiancée. Quant à l'autre, il a tué Simeon, un ami qui m'était cher. Son corps a disparu sans laisser de traces. Dans votre équipe, seul Al possède un pouvoir capable de faire une chose pareille. Je sais que je ne suis pas en droit de me plaindre. Après tout, tes amis n'ont fait que se défendre. Cependant, je ne peux pas contrôler ma haine. C'est plus fort que moi... »

Skill se mord la lèvre, et avale difficilement sa salive. Il peine à garder un souffle régulier.

« Enfin, j'ai moi aussi commis des actes impardonnables. Tes amis ont toutes les raisons du monde de m'en vouloir. En sachant tout ça, c'est évident que ma présence lors de cette mission n'apportera rien de bon. »

Cammy et Sonya baissent leur regard empli d'amertume, tandis qu'un nœud se forme dans la gorge de Skill. Il renifle et passe une main sur ses paupières de plus en plus humides. Il quitte le salon et s'enferme dans la salle de bain. Bien que Rose ne connaisse pas tous les détails, elle comprend facilement la situation.

Un silence gênant avale la pièce. Le seul son audible est celui de Tom qui essaie de mettre un bout de la chemise de sa mère dans sa bouche.

Le blond revient une dizaine de minutes plus tard, de nouveau maitre de ses émotions.

Cammy, retente de négocier, désespérée :

« Tu vas refuser de combattre ? Même en sachant qu'ils ont aussi capturé Daisy ? »

Skill fronce ses sourcils. Malgré le fait que cette nouvelle le tracasse beaucoup, il ne change pas d'avis :

« Comme tu as pu le constater, j'ai encore du mal à contrôler mes sentiments. Rien que l'évocation de tes amis me rappelle de très mauvais souvenirs. Je ne pourrai pas me battre de manière optimale dans ces conditions. De plus... »

Cammy soupire, profondément dépitée, jusqu'à ce que le blond termine sa phrase :

« Je n'ai jamais dit que les autres membres de mon équipe n'ont pas le droit de vous aider. »

Comme pour accompagner les propos du chef, la sonnerie retentit. Skill revient avec les deux acolytes à qui il a passé un coup de fil : Alex et Cody.

« Vous !!! » s'écrie Cammy.

Cette dernière est aussi surprise qu'euphorique. Son sourire rayonnant balaie les nuages qui assombrissaient son visage.

Fièrement, Cody adresse aussitôt la parole à Sonya :

« Skill nous a tout expliqué. Tu peux compter sur mon aide, microbe.

— Pareil. Je suis sûr qu'on va former une équipe badasse, complète Alex en rehaussant ses lunettes de soleil.

— Trop génial ! s'exclame Cammy. Merci, les gars ! J'avoue que j'avais complètement oublié votre existence. »

Rose passe sa main sur son front et soupire :

« Surveille ta langue, Cammy...

— Ah, euh, oui... sorry... »

Loin d'être vexés, les oubliés lui lancent un rictus malicieux.

« Ah, tu as donc oublié que je t'ai déjà ouvert la gorge, morpion ? contre-attaque Cody.

— Et tu as oublié que je t'ai brûlée vive ? renchérit Alex. Que j'ai tenté de te noyer dans un lac, que je t'ai transpercé...

— Ça suffit, vous deux ! gronde Sonya, front plissé, poings serrés. Taisez-vous !! Vous avez de la chance que Cammy vous ait pardonnés, alors soyez sympas avec elle. Parce que moi, à sa place, je vous aurais transformés en saucissons depuis longtemps ! »

Comme attisée par l'exaspération de Sonya, l'arrogance des provocateurs se décuple. Ils ricanent, tels des diablotins.

« Pff, qu'est-ce que j'en ai à faire qu'elle me pardonne ? Si je décide de participer à la bataille, c'est pour toi et uniquement toi, microbe, rétorque Cody en pointant du doigt sa collègue.

— Bien dit. On s'en fiche de leur sort à elle et son équipe de bisounours. On coopère car on veut aussi se débarrasser de Jack, c'est tout, renchérit Alex en réajustant ses lunettes de soleil.

— Bande de...

— T'inquiète, Sonya, je m'en fiche que ces deux zozos ne m'aiment pas. Tant qu'ils sont de notre côté, ça me va. »

Rose est étonnée par l'enthousiasme de Cammy. Comment se fait-il que la présence de ces deux énergumènes suffise à lui redonner autant d'espoir ?

« Ils sont si forts que ça ? demande-t-elle.

— Ouais !! confirme Cammy. Ils sont si balèzes que même terminer un jeu sur la NES est moins difficile que de leur botter les fesses.

— La NES ? s'enquiert Rose, confuse.

— C'est une vieille console qui n'avait pas la fonction de sauvegarde. Donc non seulement les jeux étaient ultra difficiles, mais en plus, en cas de Game Over, on devait tout recommencer à zéro ! Donc il fallait avoir des nerfs d'acier et réessayer des centaines de milliers de fois pour un jour espérer compléter tous les niveaux !

— Ou alors, c'est toi qui étais nulle, gausse Alex en replaçant ses lunettes. À l'époque, je pouvais terminer ces jeux avec une seule main. »

Cammy lance un regard serein au provocateur et répond avec douceur :

« Laisse-moi te donner un conseil. Au lieu de cacher tes yeux, tu aurais dû te couvrir la bouche. Parce que tu racontes tellement du caca que c'est sûr, tu pues du bec !

— Et toc ! se moque Sonya.

— Répète un peu ?! »

Alex rougit de colère comme un piment. Las de leur conversation puérile, Skill sort prendre l'air.

L'admiratrice de ce dernier soulève une interrogation venant de surgir dans son esprit :

« Par contre, pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour nous demander de l'aide, Cammy ? »

La concernée cesse aussitôt de rigoler. D'un air aussi sérieux que confiant, elle s'explique :

« Parce qu'il y avait une sorte de taupe dans notre équipe. Si je vous avais demandé un coup de main plus tôt, Jack aurait été mis au courant et se serait préparé en conséquence. Je devais donc être sûre qu'il ne pouvait plus nous espionner avant de venir vous voir. Actuellement, il pense que je suis morte et ne soupçonne pas notre alliance. Avec Alex, Cody et toi en renforts, on a toutes nos chances de gagner ! »

***

Le lendemain matin, aux aurores, Jack et Steve regardent les infos à la télé. Les autres membres de l'organisation sont encore au lit.

Quelqu'un sonne à la porte. Le chef bondit hors du canapé et se dépêche d'aller ouvrir.

C'est Rebecca.

Si l'usurier montre un air impassible, il jubile à l'intérieur. Après Jason, le deuxième renfort se joint à l'équipe. Tout se passe comme prévu.

Préférant rester dans le couloir, la mère de famille le salue et rentre dans le vif du sujet :

« J'ai bien réfléchi à votre offre. Et... je la décline. »

Jack écarquille ses yeux. Il ferme ensuite ses paupières, contracte sa mâchoire et souffle longuement. Impossible de cacher sa grande déception.

Sourcils froncés, son interlocutrice se justifie sans hésitation :

« Je ne suis plus une criminelle. Je refuse de baigner à nouveau dans la violence. Mais rassurez-vous, je ne vous dénoncerai à personne.

— Pourquoi garderiez-vous le silence ? »

Rebecca répond, toujours aussi directe :

« Tant que vous ne faites pas de mal à ma famille, je n'ai aucune raison de me mettre en travers de votre route.

— Très bien... passez une bonne journée. »

Elle s'en va.

Jack sourit et retourne dans son appartement. Il sait que Rebecca ne le gênera pas. Néanmoins, il est inquiet pour la suite des évènements.

« En voyant ta tête, j'en déduis que ça s'est mal passé, s'amuse Steve. Son aide est si indispensable que ça ?

— Je ne dirais pas qu'elle est indispensable. Cependant, elle possède des capacités très utiles. Sans elle, nos chances de victoire contre l'équipe de Skill ne sont plus que de 70%. Cette diminution de 14% est significative. »

L'usurier réfléchit, se caresse le menton.

« Il n'y a pas d'autres moyens de la faire changer d'avis ? demande Steve, nullement préoccupé.

— L'état de son mari est étrange, remarque Jack.

— C'est vrai. Les nigh ne peuvent pas consommer de médicaments quand ils sont malades. Mais normalement, ils guérissent toujours vite. Ils ont juste besoin de nourriture saine et de repos. Où veux-tu en venir ?

— Ils ne souffrent pas plus de cinq jours. Les cas dépassant ce délai sont exceptionnels. Or, ça fait déjà plus de six mois que l'époux de Rebecca est malade. Qu'est-ce qui justifie un écart aussi colossal ? Il y a peut-être une piste à creuser.

— Comment ça se fait que tu ignores les causes de son état de santé ? »

Jack soupire, contrarié.

« Mon pouvoir n'est pas infaillible. Je te rappelle que mon concept est celui de la communication. Si une personne ne parle pas ou ne transmet aucun message à quelqu'un d'autre, je ne peux rien intercepter. Il m'est impossible d'espionner une cible qui opère seule.

— Alors, comment savoir ce qui se passe ? »

La question de Steve est dénuée d'incertitudes. Il a confiance en son chef. Pensif, celui-ci déclare les faits suivants :

« C'est vrai que des fois, il faut savoir renoncer. Toutefois, deux tiers des personnes ayant abandonné n'ont pas tout essayé. Il me faut un peu de temps, mais je trouverai une solution. »