Chapitre 144 : Projets

Sur ordre de Jack, Jason captura Berthold en échange d'une énorme somme d'argent. De leur côté, Cammy et ses amis attendent le retour de Kerry et J, en espérant que les deux humains sont sains et saufs.

***

Jason marche dans les rues sombres en transportant un sac lourdement chargé de billets.

Surtout, rester naturel. Ne pas attirer l'attention.

Le jeune homme a les jambes en coton. Son cœur s'affole dans sa cage thoracique.

Surtout, rester naturel. Ne pas attirer l'attention.

Arrivé en bas de l'immeuble, le t-shirt trempé de sueur, il fonce jusqu'à son appartement. Pour une fois, il est content d'avoir une apparence repoussante, car les locataires ont tous l'habitude de l'ignorer.

Une fois entré chez lui, il respire enfin. Soulagé, il s'essuie le front d'un revers de la main. Cependant, ses sœurs le dévisagent, terriblement inquiètes.

Juny, la plus petite, accourt vers lui.

« Jason, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Pourquoi tu es tout sale et tes habits sont déchirés ?!

— Et pourquoi tu transpires autant ?! continue Léa.

— Et il y a quoi dans ce gros sac ?? »

En se grattant le visage, Jason fait un sourire nerveux.

« Euh, c'est juste un peu d'argent. Ne vous inquiétez pas, je vais bien.

— De l'argent ? s'écrient en chœur les deux sœurs.

— Chut ! En fait, euh... j'ai rendu service à quelqu'un. Il m'a demandé de transporter des objets très lourds... Et il m'a récompensé. Je suis vraiment fatigué. Je vais prendre une douche. »

Très crispé, le grand frère coupe court à la conversation et s'éclipse. Tandis que la benjamine se contente de l'explication sans se poser de questions, Léa hausse un sourcil, nullement dupe.

***

Après s'être lavé et changé, Jason commence immédiatement ses courses. Il revient à son domicile avec des sacs remplis de viande pour lui et Juny, ainsi que des condiments et un carton de pizza pour Léa, cette dernière étant humaine.

Les deux sœurs ont les yeux exorbités, médusées. Personne ne perd de temps, ils se mettent à table. Chacun ayant une faim de loup, savoure le festin.

La viande crue a toujours été la nourriture préférée de Juny. D'abord, pour l'odeur appétissante. Puis, les incisives qui fendent facilement la chair tendre. Cette même chair se transformant en jus grâce aux molaires et glissant au fond de sa gorge tel un toboggan. Il ne s'agit pas simplement d'un acte pour survivre, mais d'un festival de saveurs.

Jason mange lentement. Le goût des aliments l'importe peu. Il observe ses sœurs. Les voir autant heureuses suffit à faire son bonheur.

Une fois repue, la benjamine s'étale de tout son long et pose sa main sur son abdomen.

« Ahh, j'ai trop mangé. J'ai l'impression que mon ventre est devenu un gros ballon ! »

Léa saisit alors un cure-dents et la menace avec un sourire malicieux :

« Alors, que dirais-tu de le dégonfler ?

— Arrête, c'est pas drôle ! »

Elles s'esclaffent.

Juny se calme et fixe tour à tour son grand frère et sa sœur.

« Ça fait si longtemps qu'on n'a pas mangé à notre faim... tous ensemble... »

Les yeux de la petite fille se mouillent. Des larmes coulent sur ses joues creuses, avant qu'elle ne tente de les essuyer. Cependant, les flots sont inarrêtables.

« Je suis trop contente... »

Jason et Léa sourient. Le grand frère pose sa main sur les cheveux de la fillette.

« Désormais, ça sera comme ça tous les jours », promet-il.

Après le dîner, Juny s'endort dans le sofa, sur les cuisses de Jason. Il la transporte alors jusqu'à leur chambre et la recouvre avec une couette.

Le grand frère retrouve Léa dans la pièce principale. Celle-ci en profite pour poser enfin la question qui lui brûle les lèvres :

« Où as-tu eu tout cet argent ?

— Je te l'ai déjà expliqué, soupire-t-il.

— Autant de billets juste pour transporter des trucs ? Ne me prends pas pour une idiote. »

Jason ferme ses yeux. Il a honte. Très honte. Néanmoins, il n'a pas le courage d'avouer la vérité.

« Zut... écoute... ne cherche pas à en savoir plus.

— Qu'est-ce que tu crois ? Que je vais te faire la leçon ? » rétorque la jeune fille, le plus calmement possible.

Jason la fixe, les yeux ronds. Elle continue :

« Je ne sais pas quel genre de sale boulot on t'a demandé de faire, mais je sais que tu n'as pas trouvé d'autres solutions. »

Jason, toujours aussi penaud, la remercie du regard en se grattant l'épaule.

« Je ne vais pas recommencer, ne t'inquiète pas. Avec tout ce que j'ai reçu, on pourrait faire face à toutes nos charges pendant au moins un an. Mais je ne compte pas me contenter de ça. Je vais utiliser une bonne partie de cet argent pour investir dans une affaire. Si ça marche... on n'aura plus à vivre dans le besoin.

— Et tu as une idée de quel genre d'affaire ? demande Léa en souriant.

— Euh, non, pas encore... mais je vais trouver ! D'ailleurs, maintenant, tu n'as plus d'excuses pour refuser d'aller à l'école. »

L'adolescente souffle, avant de répliquer avec joie :

« Je suis contente de continuer d'aller au lycée, qu'est-ce que tu crois ? Je me suis fait quelques amis, et certains cours sont pas mal !

— Pas vrai ? À l'époque, j'adorais les maths ! »

Jason perd aussitôt son enthousiasme en voyant le visage écœuré de sa sœur.

« Les maths ? T'es un alien ou quoi ? se moque-t-elle.

— Mince, chacun ses goûts ! »

Les deux sœurs de Jason sont endormies. Allongé à côté d'elles, dans la chambre exiguë, il fixe le plafond. Un amalgame de pensées occupe son esprit. Des regrets pour le garçon kidnappé, la saleté de l'argent gagné, la peur de redevenir dépendant de Jack... mais également de l'espoir. Beaucoup d'espoir.

« Il faut que je me débrouille pour monter un business. Je ne veux plus rien avoir à faire avec Jack. Et... si je réussis à avoir une vie stable, je pourrai acheter de nouveaux habits pour mes sœurs, aller dans un appartement plus grand où chacun aura sa chambre, envoyer Léa à l'université... et bien sûr, venir en aide à mes amis. Eux aussi sont dans la galère. Je ne vous oublierai pas, les gars... »

Jason passe la nuit entière à songer.

***

Dans le salon de Rose, l'ambiance est tendue. Personne ne sait que faire pour le moment. La résidente, debout et les bras croisés, reste silencieuse en tapant des pieds.

Tom le bébé est assis sur le tapis. Seul insouciant, il secoue un jouet bruyant dans tous les sens. Puis, il le met dans sa bouche en prononçant des sons que seul lui peut comprendre : « Bia. »

Attendri, Barry s'approche afin de s'amuser avec lui. Dès qu'il prend le nourrisson dans ses bras, celui-ci pleure si fort que ça en devient une nuisance sonore.

Le jeune homme fait une moue de dépit et retourne s'assoir, se demandant comment un être aussi petit peut faire autant de bruit. Préoccupé, il fixe Cammy.

Cette dernière fait les cent pas. Le chat dans ses bras, elle décharge son stress et le caresse en y mettant un peu trop de force. Le pauvre Mouppy, transformé en peluche, n'éprouve aucun plaisir et s'échappe.

Agiel succombe à son manque de sommeil et s'endort sur l'épaule de Daisy. Cette dernière, installée sur le canapé, a un livre en main. Elle relit les mêmes phrases en boucle. Ses yeux captent les mots, mais son cerveau perturbé n'assimile pas leur sens.

Chacun enfermé dans une bulle d'angoisse, quelques minutes passent sans que qui que ce soit ne prenne la parole.

Soudain, une sonnerie retentit.

Cammy sursaute et va ouvrir la porte en moins d'une seconde. De l'autre côté de l'ouverture se trouvent J et Kerry.

« Salut... commence la brigadière, maussade.

— Enfin vous voilà ! » s'exclame la nigh, soulagée.

J pose sa main sur les cheveux verdoyants de Cammy, lui sourit et dit d'une voix rassurante :

« Ne t'en fais plus. Tout va bien se passer, maintenant. »

La nigh, plus confiante, hoche la tête. Le trio retourne au salon.

Cammy s'écrie, faisant tressauter ses compagnons, même Agiel qui était au pays des rêves :

« Écoutez tout le monde ! J et Kerry ont un plan ! »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top