Chapitre 139 : Soirée annulée

Alors qu'il était en route pour rejoindre ses compagnons chez Agiel, Al fut attaqué par Jack. Il n'eut pas le temps de déchirer l'élastique afin d'envoyer un signal à Cammy et fut attiré dans un lycée. Jack sortit vainqueur.

De son côté, Trash (Berthold) demanda à Cammy de ne plus chercher à le voir afin de se concentrer sur sa vengeance.

Entre-temps, Daisy a proposé à Agiel de travailler dans sa librairie...

***

Environ une heure plus tôt, Cammy sonne à la porte de son amie. Elle est accueillie par une Agiel au visage plus pâle que celui d'une personne n'ayant jamais vu la lumière du jour. Ses cernes, plus visibles que d'habitude, semblent avoir été dessinés au feutre noir.

« Agiel ! Qu'est-ce qui t'est arrivé ?! » s'inquiète la première.

La blonde, lessivée, l'invite en silence à s'asseoir dans le salon. Elle prend la parole :

« Je vis un enfer au travail...

- Quoi ? Les clients sont pas sympas ? s'enquiert Cammy.

- Non, ce n'est pas ça... tout le monde est gentil. Le problème, c'est que Daisy joue une musique de fond quand la librairie est ouverte... »

Cammy papillonne des yeux, confuse.

« Ben... c'est cool, non ? Ça met un peu d'ambiance !

- En principe... rétorque la blonde, sauf que Daisy n'est pas une grande mélomane... il n'y a qu'une seule musique dans sa playlist... »

Son amie a les yeux exorbités d'effroi.

« Ne me dis pas que... !

- Si ! confirme la blonde. Elle joue la même musique en boucle pendant toute la journée... TOUTE la journée ! »

Agiel attrape sa tête et frémit en repensant au bruit traumatisant.

« Je l'ai suppliée à genoux d'arrêter, mais elle n'a pas voulu m'écouter. Moi aussi, j'adorais cette chanson... mais maintenant, je préfère devenir sourde que de l'entendre à nouveau...

- Bichette... » murmure Cammy en lui caressant l'épaule.

Quelques minutes plus tard, de nouveaux visiteurs sonnent à la porte. L'amie de la martyre se dépêche d'aller ouvrir.

« Ho, Kerry, Barry, comment ça va ? dit-elle avec un grand sourire.

- Je pète la forme, et toi ?! » répond le jeune homme, débordant d'énergie.

Kerry hausse un sourcil. Sur le chemin, il était si fatigué qu'il ressemblait à une tortue mourante.

Daisy ne tarde pas à apparaitre à son tour. Dès que Cammy la voit, sur le seuil de la porte, elle tressaute.

« Te voilà, le bourreau des tympans ! taquine cette dernière.

- Pour une femme, on dit bourrelle, corrige simplement la nouvelle invitée.

- Tu as un dico implanté dans le cerveau, ou quoi ? »

Les deux copines rigolent, avant de rejoindre les autres dans le salon.

Plus d'un quart d'heure passe, et Al n'est toujours pas présent.

« Non mais, il fait quoi, cet imbécile ? s'agace Barry. Il croit qu'on va l'attendre toute la nuit ?

- Ok, ça suffit, intervient Cammy en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que tu as contre Al, au juste ?

- Rien du tout.

- Ne me prends pas pour une nouille ! »

Cammy plonge ses yeux azur dans ceux de Barry. Comme hypnotisé par leur beauté surpassant celle du ciel, il avale difficilement sa salive et avoue :

« Euh... je... en fait, c'est vrai, il m'énerve. Il lance tout le temps des regards mauvais aux gens, comme s'il les voyait de haut. Et moi, j'aime pas ce genre de types.

- Idiot... soupire son interlocutrice. Ça se voit que tu ne le connais pas bien. Il est tout le temps de mauvaise humeur à cause de sa malédiction. Mais derrière son air aigri, c'est vraiment une bonne personne ! »

Cammy lui fait un sourire encore plus éblouissant que le soleil.

« Je suis sûre que si tu essaies de le comprendre, vous pouvez très bien vous entendre ! »

Le cœur de Barry bat la chamade.

« Tu... tu as raison, je vais lui présenter mes excuses... » concède-t-il, rouge comme une tomate.

Tandis que son interlocutrice montre sa joie, Kerry et Daisy gloussent discrètement.

***

De nombreuses minutes s'écoulent. Al est toujours absent. Tout le monde commence à s'inquiéter.

« Je vais l'appeler, propose Cammy. Il m'a dit qu'il devait terminer sa review aujourd'hui, il doit encore être là-dessus. »

Elle le contacte et tombe sur le répondeur, ce qui ne rassure pas du tout le groupe.

Cammy se concentre afin de localiser l'élastique qu'elle lui a donné.

« C'est bizarre. Il est dans la rue et ne bouge pas d'un pouce... ça ne me dit rien qui vaille... Allons vérifier. »

Les autres acquiescent et la nigh les téléporte tous. Comme ils le craignaient, aucune trace d'Al. L'objet en caoutchouc est abandonné sur un trottoir près de chez lui.

Aussitôt, la panique s'empare de Cammy.

« Quelle triple buse je suis ! J'aurais dû remarquer plus tôt que quelque chose n'allait pas !!

- Tout n'est pas perdu, intervient calmement Kerry. Il fallait se préparer à ce que le plan ne marche pas. Cherchons dans les environs. L'agresseur n'a pas pu aller loin. Et s'ils s'affrontent toujours, leur combat ne passera pas inaperçu. »

Tout le monde opine du chef et chacun part de son côté. Bien que l'humaine semble garder son sang-froid, elle est en réalité la plus soucieuse. Elle parcourt les rues sans relâche, est attentive au moindre son, à toutes les informations que ses yeux peuvent capter.

Cependant, plus le temps passe, moins elle a de l'espoir. Elle ne trouve aucun indice dans tout le quartier.

Elle rejoint ses compagnons là où ils s'étaient séparés. Chacun est bredouille.

« On dirait que c'est trop tard... ils ont sûrement déjà dû l'emmener... » se lamente Cammy.

Un lourd silence s'installe, allant de pair avec leurs pensées défaitistes.

Soudain, Cammy s'écrie :

« Il faut vérifier que les autres n'ont rien ! »

Elle appelle Rose. Celle-ci décroche immédiatement.

« Rose ! Tu vas bien ?!

- Oui, qu'est-ce que tu as, Cammy ? Il s'est passé quelque chose ?

- Al s'est fait avoir...

- Jack l'a attaqué ?! s'étonne la femme, tandis que les petits sons du bébé se font entendre à l'autre bout du fil.

- Oui... ou un de ses sbires. Mais le plus bizarre, c'est qu'il n'y a aucune trace de combat.

- Ah bon ? Tu veux dire que le lycée est intact ?

- Le lycée ? Quel lycée ? répète Cammy, troublée.

- Oh... je ne vous l'ai pas dit ? Jack aime attirer ses adversaires dans des endroits où il y a beaucoup de livres. Et il me semble que le seul lieu de ce genre près de là où habite Al est un lycée. Si c'est bien Jack qui est passé à l'action, c'est probable qu'ils se soient affrontés là-bas.

- Ah d'accord, c'est un peu hâtif comme conclusion, mais ça tient la route... Oui, le lycée est intact. En tout cas, fais attention, à plus. »

Cammy raccroche, avant d'appeler J. Celui-ci la rassure, il est en train de diner chez lui avec sa tante et la petite Agnès. Aucun individu suspect à l'horizon.

La jeune femme contacte finalement Trash. Le téléphone sonne encore et encore... sans réponse.

L'angoisse de Cammy se décuple. Elle prend une décision, blême :

« Je vais aller voir s'il ne lui est rien arrivé. Vous autres, séparez-vous en deux groupes et allez rejoindre J et Rose. Ils peuvent être attaqués à tout moment.

- Alors, on abandonne Al ?! proteste Kerry. On ne devrait pas plutôt partir à la recherche de celui qui l'a enlevé ?

- Je comprends ton inquiétude, commence Daisy, pragmatique, mais ce serait encore plus catastrophique si nous perdions d'autres compagnons. Nous devons aller prêter main forte à J et Rose.

- En plus, le kidnappeur l'a sûrement déjà conduit dans le repère de Jack, renchérit Agiel. C'est le seul endroit où on peut chercher. Mais ce serait trop risqué de lancer un assaut maintenant...

- Et pourquoi pas ? tempête Kerry, dont la détresse a le dessus sur la raison. Ils ne s'attendent sûrement pas à ce qu'on contre-attaque immédiatement. On pourrait profiter de l'effet de surprise ! »

Cammy baisse sa tête et pose sa main sur l'épaule de l'humaine, avant de répliquer :

« Ne t'en fais pas, ils ne vont pas le tuer, pas avant qu'il se retrouve dans l'arène, en tout cas. On a quelques jours avant le prochain combat. On pourra intervenir avant ça. Mais pour l'instant, on doit tout faire pour que les autres soient en sécurité. On aura plus de chances de gagner si on est plus nombreux »

Kerry prend le temps de regarder tour à tour ses compagnons. Le visage de chacun est maussade, couvert par un nuage orageux. Même Barry semble se faire du souci.

L'humaine soupire longuement. Elle n'est certainement pas la seule à être tracassée par le sort d'Al, alors, elle décide d'écouter l'avis général.

Barry s'avance vers Cammy.

« Je viens avec toi, propose-t-il, déterminé. Tu ne peux pas y aller seule.

- T'inquiète. Si quelqu'un débarque, je vais tous vous téléporter et on va se le faire ensemble.

- Et si tu te fais avoir par surprise ? Al n'a pas eu le temps de déchirer son élastique, non ? Il ne faut pas les sous-estimer. »

Cammy acquiesce. Elle téléporte les autres à leur destination et se déplace instantanément avec Barry chez Trash.

Après qu'elle a sonné, un homme ayant la quarantaine ouvre la porte. Grand de taille, de corpulence fine, ses cheveux noirs et sa petite barbe se fondent dans l'obscurité. Deux yeux bleus fixent les visiteurs avec surprise.

« Bonsoir, est-ce que Berthold est là ? demande poliment Cammy.

- Il n'y a aucun Berthold, ici », déclare sèchement le quarantenaire.

La jeune femme se rappelle alors que Berthold n'est qu'un surnom. Gênée, elle réitère sa question :

« Je voulais dire... est-ce que... Trash est là ?

- Ah, lui ? Non, il est sorti. D'ailleurs, je suis étonné qu'il ait réussi à se faire des amis.

- Et vous savez où il est ?

- Aucune idée, bougonne le père. Ce sale gosse ne m'adresse jamais la parole, de toute façon. »

L'adulte claque aussitôt la porte.

« Eh bien, sympa, le vieux... soupire Barry. On fait quoi, maintenant ?

- Bouse, mais quel abruti !! Il a laissé son élastique chez lui, du coup, impossible de le localiser ! » s'énerve la jeune femme.

Elle souffle longuement. Une ampoule illumine aussitôt son cerveau.

« Bon... j'ai une petite idée de là où il pourrait être... mais c'est ultra loin, et je n'ai assez d'énergie que pour nous téléporter à la moitié du chemin. On va devoir faire le reste à pied.

- Ok, dépêchons-nous ! » s'exclame Barry, avec plus de vivacité qu'une équipe de supporteurs.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top