Chapitre 138 : Dissimulations

Jack passa à l'attaque et attira Al dans un lycée. Ce dernier comprit que le concept de l'usurier ne se limitait pas à l'écriture. Finalement, le jeune homme parvint à piéger le bourreau dans ses flammes.

***

Tandis que Jack hurle et se tortille de douleur, Al assiste au spectacle, néanmoins, sur ses gardes. Soudain, l'usurier fonce sur le jeune homme.

« Il tente le tout pour le tout ? se dit-il. Il chercherait à m'assommer pour faire disparaitre mes flammes ? »

Al se prépare à se défendre. Lorsque Jack est suffisamment proche de lui, un écran de vapeur surgit. Le gaz se loge dans les yeux du jeune homme, l'aveuglant, tandis que le son d'un liquide s'évaporant se fait entendre.

« Il a créé de l'eau pour éteindre mes flammes ?! Purée, jusqu'où vont ses pouvoirs ?! »

Grâce à son Drive, Jack a pu limiter les dégâts à des brûlures mineures. Ses vêtements de luxe déchirés, il commence sa vengeance. Un sourire sadique aux lèvres, il roue Al de coups aussi terribles les uns que les autres. Ce dernier, se ressaisissant, pare le poing de l'usurier. Le jeune homme profite du choc pour créer une impulsion et propulse son corps en arrière, détruisant le mur sur son passage et atterrissant dans la cour de l'école.

Al se relève, la douleur rongeant son crâne ainsi que son bras. Un œil au beurre noir, des boursouflures sur la joue, le nez en sang, plusieurs dents arrachées, les lèvres déchirées et saignant de la bouche, il pousse un gémissement avant de chercher une cachette. L'os de son poignet étant déboité, celui-ci a gonflé comme si une balle de tennis s'était insérée à l'intérieur de sa main.

Jack se dépêche de le rejoindre dans le vaste espace. Le bourreau voit immédiatement une ombre près d'un arbre massif. La lumière des lampadaires a trahi son propriétaire. S'avançant, confiant, le criminel déchante rapidement. La silhouette se transforme en une vague d'énergie noire réduisant à néant tout ce qu'elle touche.

Les utilisateurs de pouvoirs peuvent donner l'apparence qu'ils souhaitent à leurs techniques avant qu'elles s'activent. Ce n'était qu'un leurre.

L'usurier se décale très vite afin d'esquiver. Le rayon touche néanmoins plusieurs de ses doigts, se faisant désintégrer sur-le-champ. Bien qu'il saigne beaucoup, les phalanges à l'air, il fait fi de la douleur et se concentre sur son combat. Al surgit du feuillage de l'énorme plante.

Il balance un coup de poing enflammé que Jack esquive sans mal. Cependant, au contact du sol, le feu crée une énorme explosion, forçant l'usurier à effectuer un grand saut afin de se mettre à l'abri.

« C'est le moment de filer ! » se dit Al.

Néanmoins, la diversion est inutile, car le bourreau, toujours aussi réactif, ne le lâche pas d'une semelle. Al fonce alors à l'intérieur d'un des bâtiments en brisant la fenêtre d'un étage. La course-poursuite ne dure pas longtemps. Le jeune homme entre dans une salle au hasard, précédé par Jack.

Il regarde rapidement autour de lui. Des paniers de basket, des bancs, un parquet et une salle suffisamment spacieuse pour accueillir des sportifs déchaînés. C'est le gymnase.

Jack balance des disques constitués de papier en se rapprochant de lui. Al esquive très vite en effectuant des mouvements en zigzag. Il arrive finalement près d'un mur, tandis que l'usurier continue ses rafales. Le jeune homme saute afin d'éviter une nouvelle fois les projectiles. Cependant, un problème se pose. Le bourreau esquisse un sourire narquois.

« Il est très proche. Quand je vais atterrir, je n'aurai quasiment aucune chance d'esquiver sa prochaine attaque, déduit Al. C'est forcément ce qu'il se dit. Mais... regarde bien où je suis, enfoiré ! »

Jack anticipe la redescente de son ennemi et balance ses disques tranchants avant même qu'il ne touche le sol. Toutefois, la cible s'accroche à un panier de basket qui était juste au-dessus de lui et échappe aux projectiles. Jack, médusé, écarquille ses yeux.

Profitant de l'effet de surprise, Al exerce une forte pression afin de décrocher l'objet auquel il est suspendu. Concentrant son Drive dans le cerceau métallique, il balance le panier sur Jack, à bout portant.

L'usurier encaisse l'attaque de plein fouet. Le contact du fer contre son flanc lui fait l'effet de l'explosion d'une grenade. Tandis qu'un son strident résonne, il sent que plusieurs de ses côtes sont brisées et grimace de douleur.

Dès qu'il retombe, Al poursuit l'assaut. Toutefois, son adversaire ne se laisse plus prendre au dépourvu. Ils se lancent dans un échange de coups, créant une tornade vivante. L'usurier remarque que son ennemi utilise beaucoup ses jambes.

Alors qu'Al balance une nouvelle attaque, Jack pare en saisissant fermement son pied. Il attire le jeune homme vers lui et le soulève en le prenant par la taille en un éclair. Puis, le bourreau fracasse le dos de son ennemi contre le parquet.

Les fenêtres se brisent, le matériel à l'intérieur de la salle vibre, le sol se fend. Les deux adversaires se retrouvent à l'étage du dessous. Ils sont ensevelis sous la poussière, les morceaux de bois et les autres débris.

Plusieurs vertèbres en miettes, Al grince des dents. Le supplice est si intense qu'à l'instant, il s'imagine ne plus jamais pouvoir se tenir droit.

Le nouvel environnement l'interpelle : des étagères remplies de livres, des chaises et de grosses tables.

« On a atterri à la bibliothèque ?! Eh merde, c'est le pire endroit où on pouvait aller ! Contrôler un objet déjà existant demande beaucoup moins d'énergie que d'en créer. Autrement dit, il va pouvoir attaquer sans se retenir ! »

Al se relève très vite, alarmé et le dos courbé, tandis que Jack arbore son éternel rictus mauvais. Aussitôt, les étagères se mettent à flotter. Les livres tourbillonnent. Des cyclones constitués d'une infinité de pages se forment. Le jeune homme se croirait au milieu d'un vrai cataclysme.

« Bon... je crame tout ? Non, il va éteindre mes flammes avec son eau. Et si j'utilise mon aura noire, il pourrait esquiver, faire en sorte que ses livres ne soient pas touchés et je gaspillerais mon énergie pour rien. La meilleure solution est d'attendre qu'il s'épuise. Il ne peut pas contrôler autant d'objet à l'infini ! »

Les étagères, les livres et les feuilles fusent dans tous les sens. Al, gardant son calme, esquive en permanence grâce à une agilité remarquable.

Soudain, un liquide épais lui transperce l'abdomen. Abasourdi, le jeune homme baisse les yeux et remarque la substance noire rampant au sol, tel un serpent qui guettait sa proie.

« De l'encre ?! Et merde... il a profité de l'obscurité pour la dissimuler efficacement... ! »

Aussitôt, le ventre d'Al se met à gonfler.

« Abandonne, si tu ne veux pas que je te détruise de l'intérieur... » ordonne froidement Jack.

Al ne répond pas. Son abdomen enfle encore plus et la douleur s'intensifie. Une idée lui vient alors en tête. Il met sa main au fond de sa gorge afin de se forcer à vomir. Et c'est réussi. Il se met à genoux et vide le contenu de son estomac, sous le regard amusé de Jack. Cependant, son ventre se gonfle de nouveau et la torture recommence.

« Imbécile, nargue l'usurier. Même s'il reste ne serait-ce qu'une goutte d'encre dans ton organisme, je peux t'éliminer quand je le souhaite. »

Brusquement, le vomi se transforme en flammes violettes. Jack, estomaqué, n'a pas le temps de réagir que le brasier le dévore. Les étagères et les livres se font également engloutir.

« Qui a dit que c'était de la gerbe ? Tu ne pensais pas que je cachais aussi bien mon feu, hein ? » se moque le jeune homme en relevant.

Pendant que le ventre d'Al était sur le point d'éclater, la solution pour contrer l'eau de Jack lui est venue. C'était pourtant simple. Il a entouré ses flammes d'une aura violette qui n'a qu'une seule fonction : réduire l'eau et toutes les matières similaires à néant. Ainsi, dès que l'usurier tentera d'éteindre le feu, les liquides disparaitront immédiatement sans possibilité d'impacter le brasier.

Jack hurle à nouveau à s'en déchirer la voix. Il a rarement connu de souffrance physique aussi intense. Chaque partie de son corps crie de douleur, au point où il est tenté de mettre lui-même un terme à son existence.

« Pas question que j'attende qu'il perde connaissance. Je vais l'assommer moi-même... ! »

Al fonce sur son ennemi dans le but d'en finir. Jack saisit une chaise et la lance sur lui. Le jeune homme se contente de la repousser d'un revers de la main.

Erreur fatale.

L'objet se transforme en une barrière d'électricité sphérique à très haute tension. Al se fait électrocuter sévèrement. L'espace d'un instant, il a l'impression que des milliers d'insectes nagent dans chaque mètre cube de son sang.

Une fraction de seconde plus tard, une radio géante de la taille d'une voiture apparaît au-dessus du jeune homme et s'écrase contre son crâne. Al chute jusqu'au rez-de-chaussée, avant de s'enfoncer dans un gouffre de plusieurs dizaines de mètres dans un brouhaha infernal.

Jack savait que son ennemi n'ignorait pas qu'il cachait d'autres capacités, et qu'il était constamment sur le qui-vive. C'est pourquoi il a attendu le moment opportun pour dévoiler ses autres techniques : celui où Al serait si proche de la victoire qu'il finirait par être moins vigilant.

Jack, débarrassé des flammes, fonce dans le cratère et récupère son ennemi, inconscient.

Il va dans la cour, où un individu l'attendait.

Jack est quasiment nu, a perdu la moitié de ses cheveux et n'a presque plus de peau sur son visage. Il est si gravement blessé que même le vent fouettant ses brûlures le fait souffrir. Néanmoins, il est très joyeux.

« Et toi, tu n'étais pas au courant que je pouvais utiliser l'électricité, hein ? »

Le vainqueur rigole à gorge déployée.

« Il est vrai que rire est bon pour la santé. Mais je suis surpris de te voir faire des plaisanteries.

- C'est juste que... je me suis bien amusé et je me suis laissé emporter, avoue Jack. Al... il ne m'a pas déçu. Il mérite amplement la note de neuf sur dix. Il aurait peut-être gagné s'il avait suffisamment d'informations sur moi.

- Toujours aussi honnête, à ce que je vois. C'est bien. Cependant, tu as estimé pouvoir gagner entre dix à quinze minutes. Tu as terminé avec deux minutes de retard.

- Quel dommage... Bien, tu sais ce qu'il te reste à faire. »

Jack n'a pas besoin d'en dire plus. L'individu tend sa main vers les constructions. Tous les dégâts externes disparaissent. Il pénètre à l'intérieur des deux bâtiments où le combat a eu lieu, répare tous les dommages matériels et rejoint son chef dans la cour quelques minutes après.

« Vous avez créé un sacré bazar... qu'est-ce que tu aurais fait sans moi ?

- Je sais que je peux toujours compter sur toi... Allons-y. »

Jack et son acolyte quittent les lieux en transportant Al.

***

Merci à Ourale04 de m'avoir donné l'idée pour le jeu de mot d'Al 😁. Et je vous souhaite à tous une très bonne fête 😄

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