Chapitre 137 : Attaque nocturne

Cammy donna un élastique à toute l'équipe. En cas de danger, ses amis devaient déchirer l'objet afin de lui envoyer un SOS. Elle téléporterait ainsi tout le monde au même endroit et ils affronteraient l'ennemi ensemble.

Elle proposa à ses compagnons de regarder un film chez Agiel le soir. Al, en retard, se fit attaquer alors qu'il était en route.

Le concept d'Al est celui de la consumation, il peut produire toutes sortes de matières brûlantes. Quant à Jack, il s'agit probablement de l'écriture.

***

Sans attendre une seconde de plus, l'assaillant vise la tête d'Al avec un coup de poing fulgurant. Ce dernier se décale rapidement afin d'esquiver.

Sauf que l'agresseur a obtenu ce qu'il désirait.

Al réalise que ce n'était pas un coup de poing. L'ennemi a volé l'élastique qui était dans ses cheveux. Jack le fixe avec un sourire narquois.

Al tente de ne rien laisser paraître.

« Pourquoi tu me l'as piqué ? Tu es un fétichiste des élastiques ? provoque-t-il.

— Oui, on peut dire ça », ironise l'usurier.

Il laisse tomber l'objet dans son dos, défiant Al de le récupérer s'il l'ose. Celui-ci ne cache plus son angoisse.

« Ça ne sert à rien de faire genre, il a déjà compris, pense-t-il. Comment il a su pour les élastiques, bordel ?! On était chez Kerry quand on a élaboré le plan. Et Cammy m'a assuré qu'elle a fait très attention. Il n'y a plus aucun doute possible, l'un d'eux a forcément un pouvoir lié à l'espionnage. Comme le fait de se rendre invisible, ou même de se métamorphoser... Je fais quoi, maintenant ? »

Le jeune homme, sourcils froncés, reste en position de garde, extrêmement concentré. Il joue toutes les cartes en sa possession afin de gagner du temps :

« D'habitude, les boss envoient d'abord leurs sous-fifres et attendent qu'ils se fassent défoncer pour intervenir, non ? Que me vaut l'honneur que tu te déplaces en personne ?

— Je vais rapidement me rouiller si je laisse tout le travail à mes subordonnés. Et puis, j'ai besoin de me battre souvent contre des adversaires qui en valent la peine afin d'évaluer mon niveau et vérifier mes marges de progression, explique le bourreau d'une voix monotone.

— Tu ne vas quand-même pas te battre au milieu de la rue ? Tu n'as pas peur d'attirer l'attention ? Allons au moins dans un endroit plus discret.

— Pour m'emmener auprès de tes amis et que vous me sautiez tous dessus en même temps ? Tu me prends pour un idiot, n'est-ce pas ? » se moque Jack.

Al soupire.

« Je ne te comprends pas, continue ce dernier. Tu es déjà pété de thune. Pourquoi tu ne fous pas la paix aux gens ?

— Quelle question de pauvre, nargue l'usurier. Plus on est riche, plus on désire le devenir davantage. La fortune est un patrimoine maudit rendant son propriétaire insatiable. »

Le jeune homme fronce ses sourcils. La colère monte progressivement en lui, telle de la lave dans un volcan.

« Ok, si tu es accro au fric, ce n'est pas mon problème. Mais tu ne peux pas t'empêcher de détruire des vies ? Pourquoi ne pas faire un business légal, genre, créer un restaurant ? Ça serait pas mieux de remplir l'estomac des gens, au lieu de les faire chier ? »

L'usurier sourit. Il passe sa main sur ses lèvres, avant de partir dans un fou rire. Pourtant, malgré sa désinvolture, Al se sent cerné. Au moindre mouvement de sa part, le bourreau réagira immédiatement.

« Mon objectif est de gagner le plus d'argent possible, c'est vrai, poursuit l'homme d'affaires. Cependant, je me dois également de venir en aide aux gens. Créer un restaurant ? Ouvrir une école, une clinique ? Sur le court terme, c'est vrai que ça leur ferait du bien. En revanche, sur la durée, ça ne changerait en rien la société actuelle. Ces personnes seront toujours prisonnières d'un système imparfait. Mon devoir est de les libérer.

— Libérer les gens en les capturant ? Wawwww, c'est vraiment l'idée du siècle. Dis simplement que tu te cherches des excuses. »

Le ton sarcastique d'Al fait glousser son ennemi.

« Tu es vraiment drôle. Tu n'en sauras pas plus sur mon plan tant que tu n'auras pas expérimenté la prison somptueuse. Peut-être qu'alors... »

Brusquement, le jeune homme balance un coup de pied à l'usurier. Celui-ci esquive sans mal. Il contre-attaque avec ses poings qu'il propulse tels les tirs d'un bazooka.

Al pare en joignant ses avant-bras, mais est projeté au loin. Il traverse une vitre, atterrit sur un carrelage et roule sur lui-même avant de renverser plusieurs bancs et tables. Le corps recouvert d'égratignures, il regarde autour de lui. Un tableau collé au mur, une éponge à côté et un bureau. Il se trouve bel et bien dans une salle de classe.

« Un lycée ? C'est vrai qu'à cette heure, il n'y a normalement personne. Il aurait calculé ma trajectoire pour qu'on puisse discrètement régler nos comptes ici ? »

La seconde d'après, Jack fait également son entrée. Alors qu'Al poursuit l'assaut, l'usurier évite son attaque, saisit une table et se positionne derrière. À chaque fois que son adversaire tente de contourner l'objet, le bourreau le replace face à lui.

Le jeune homme tente alors un coup de poing féroce. Il ne fait que brasser l'air. Cependant, Jack n'a aucun mal à répliquer. Al se retrouve le visage rougi par une droite véloce dans la mâchoire.

« Comme je le pensais, la table n'est un obstacle que pour moi, se dit le jeune homme. Il a des bras beaucoup plus longs que les miens et n'a aucun mal à faire tout ce qu'il veut. Mais ça va se retourner contre lui. »

Al fait semblant de vouloir contourner l'objet. Jack pose ses doigts sur son bouclier afin de le replacer. C'est alors que le meuble en bois, dévoré par des flammes, se transforme littéralement en braise.

« Tellement prévisible ! » rigole l'usurier.

Bien que sa main soit légèrement brûlée, il ne montre aucun signe de douleur. D'un mouvement vif du pied, il balance le charbon incandescent sur Al qui l'encaisse de plein fouet. Ce dernier est propulsé au fond de la salle et s'écrase contre le tableau. Le temps qu'il se ressaisisse, des morceaux de papier carrés, plus tranchants que des scies, le prennent pour cible.

Al a immédiatement le réflexe de cracher une boule de feu engloutissant les projectiles, ainsi que l'entièreté de la pièce.

« Tous ces trucs autour ne font que me gêner, pense l'utilisateur de flammes en se relevant. Il faut que je le pousse à aller dans un endroit désert. »

Comme prévu, Jack se volatilise hors de la classe. Brusquement, Al entend le son strident du béton se faisant détruire. Il se dépêche d'aller vérifier dans le couloir. C'est alors qu'il se trouve dans une situation embarrassante. Le carreau, ainsi que le plafond sont perforés. Aucune idée de la fente par laquelle l'usurier s'est échappé.

« Eh merde, jure intérieurement Al. Soit il est à l'étage du dessous, soit celui du dessus. Par où il va attaquer ?! Je n'ai même pas le temps de réfléchir... »

Soudain, un livre gigantesque chute sur Al, tel le talon d'un humain voulant écraser un cafard. Le jeune homme plonge sur le côté, esquivant facilement. C'est alors que le sol tremble. Il réalise son erreur. Toutefois, c'est trop tard.

Jack surgit de l'étage du dessous, fracassant le carrelage sur son passage. Il donne un coup d'épaule dans l'abdomen d'Al et le plaque violemment au sol. Ce dernier a l'impression qu'une lame lui a perforé les organes internes.

« Il a d'abord créé un livre dans les airs pour me faire croire qu'il était à l'étage du dessus. Il s'est bien foutu de ma gueule... ! »

Alors que Jack s'apprête à continuer l'assaut, une énergie noire recouvre le corps d'Al. Cette dernière réduit à néant tout ce qu'elle touche. Plus réactif qu'une sauterelle, l'usurier bondit en arrière.

Temporairement en sécurité, l'utilisateur de flammes réfléchit :

« Je déteste utiliser cette technique, parce qu'elle consomme trop d'énergie, mais je n'ai pas le choix. Cet enfoiré... c'est sûr qu'il s'est bien préparé avant de m'emmener ici. Je devrais en profiter pour appeler les autres... »

Al sort son téléphone. Cependant, malgré le nombre de fois où il tente de l'allumer, l'écran reste aussi sombre qu'un ciel nocturne.

« Putain, c'est quoi ça ?! Je suis pourtant sûr que j'avais assez de batterie !! Reste calme, réfléchis... »

Soudain, une voix salvatrice retentit :

« Qu'est-ce qui s'est passé ici ? C'est devenu le lieu de tournage d'un film de kung-fu ou quoi ? »

Cette voix... cette manière de parler, aucun doute possible, c'est Cammy.

Soulagé, Al désactive sa barrière. Il fonce vers l'origine du son et entre dans la salle de classe d'où elle vient.

Personne.

Le jeune homme regarde autour de lui, abasourdi.

« Qu'est-ce que... ?! »

Subitement, le tableau se déforme dans le dos d'Al. Plus terrifiant qu'une créature digne d'un film d'horreur, Jack sort progressivement du support d'écriture, un sourire carnassier aux lèvres.

Des papiers en forme de disques volent dans la direction d'Al. Alarmé, il se jette sur le sol tel un athlète dans l'eau. Cependant, il n'arrive pas à esquiver le coup de poing, brutal, qui s'écrase contre sa gorge. Le sol se fend et les deux adversaires font une longue chute jusqu'au rez-de-chaussée. Les nombreux décombres s'écroulent sur eux, produisant un son assourdissant et un nuage de poussière grise.

« Donc il peut même se cacher à l'intérieur d'un tableau ? Pourquoi j'y ai pas pensé ? En même temps, on écrit dessus. Mais comment il a imité la voix de Cammy ?! Maintenant, c'est sûr et certain, son concept est tout sauf l'écriture. »

Crachant du sang, Al halète. La gorge en feu, il a l'impression qu'un corps étranger bloque sa respiration à l'intérieur de son cou.

Le jeune homme serre ses dents. La douleur n'entrave en rien sa détermination.

Il se relève et fuit vers les escaliers. Jack se met à sa poursuite. Alors qu'ils dévalent les marches et s'approchent du premier étage, Al effectue un pas beaucoup plus lourd qu'il ne le devrait.

Les escaliers s'effondrent et les deux ennemis chutent de nouveau.

Alors que Jack est déséquilibré, Al est parfaitement en position d'attaque. Telle l'eau d'une cascade déchaînée, le poing du jeune homme, entouré d'une flamme verte, déferle sur sa cible. Le bourreau, n'ayant aucune chance d'esquiver, pare en croisant ses avant-bras.

Les deux opposants s'écrasent une nouvelle fois au sol, dans un ravin créé par le choc. L'usurier se relève et observe attentivement ses mains. Le feu brûle, mais il n'éprouve aucune douleur.

« Eh merde... j'étais tellement déséquilibré que je n'ai pas mis assez d'énergie dans mon coup », ment Al avec un jeu d'acteur déplorable.

Nullement dupe, Jack reste sur ses gardes et ne dit rien.

Al laisse alors exploser sa rage. Il souffle une vague de feu en forme de spirale sur son adversaire. Jack esquive sans mal. Toutefois, les flammes changent subitement de direction.

« Non, j'déconne. »

Le monstre incandescent avale l'usurier. Pour une fois, le cyborg ne cache pas son ébahissement et hurle à pleins poumons. Une chaleur extrême ravage sa peau. C'est alors qu'il réalise : il existe un humain capable d'invoquer l'enfer sur terre.

Les combustions vertes fonctionnent comme un aimant. Il suffit qu'elles touchent l'ennemi pour que les autres flammes soient attirées par elles et poursuivent la cible jusqu'au bout du monde.

Al observe le bourreau se tortiller dans tous les sens, néanmoins, toujours sur le qui-vive.

« Alors... comment tu vas faire ? C'est pas avec des bouts de papier que tu vas éteindre du feu, en tout cas. »

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