Chapitre 132 : La cavalerie

Afin de soigner sa soeur malade, Jason emprunta de l'argent auprès de Jack l'usurier. Las de ses retards de paiements, l'humain séquestra sa soeur cadette, la tortura et demanda à Steve d'aller le menacer. Ivre de rage, le grand frère rassembla des amis afin d'éliminer le bourreau et sauver la fillette. Toutefois, tous les alliés du nigh furent vaincus en un clin d'oeil et il était le dernier debout.

***

« Bien, montre-moi tout ce que tu sais faire » défie Jack.

Il pose le chat. Celui-ci s'enfuit avec une rapidité étonnante.

« Il ne court pas un peu vite, là ? pense Jason. On dirait un guépard... »

Le nigh ne se laisse cependant pas distraire. Il crée un énorme nuage de poussière afin d'aveugler Jack.

« Son concept est celui de la saleté, si mes informations sont bonnes, pense l'humain. C'est un pouvoir inutile à priori, mais bien utilisé, il pourrait être redoutable. »

L'usurier charge son Drive dans ses bras. Du revers de ses mains, il crée un souffle puissant qui dissipe la poudre jaune.

Brusquement, Jason apparaît près de son flanc.

« Mon but n'a jamais été de l'aveugler, mais de le forcer à utiliser ses bras, se dit le nigh. Vu qu'ils sont en plein mouvement, il a la garde complètement ouverte ! »

Toutefois, bien que légèrement déséquilibré, Jack l'intercepte avec un coup de pied terrible dans l'abdomen. Jason crache de la bave et se plie de douleur avant même d'avoir pu tenter quoi que ce soit.

« Sa vitesse de réaction est incroyable... En plus, dans cette position, son coup manquait de puissance. Pourtant, je l'ai bien senti passer... » constate le nigh, médusé.

Jason se gratte le visage et s'éloigne de plusieurs mètres en bondissant. Jack le poursuit. Soudain, une grande dune de sable lui barre la route. L'usurier franchit l'obstacle grâce à un long saut, poings fermés.

La colline change aussitôt de forme, se transformant en une main gigantesque. L'humain, n'ayant aucun moyen d'esquiver, est à deux doigts de se faire attraper les jambes.

Tout à coup, Jack balance une poignée de sable qu'il a furtivement récupérée dans la dune avant de sauter. La substance fine se loge dans les yeux de son propre créateur, pris au dépourvu.

Jason ferme ses yeux en grognant de douleur, avant de faire disparaitre les grains. La fraction de seconde d'aveuglement est largement suffisante pour Jack qui assène un coup de poing éclair dans son visage.

Le nigh vole jusqu'à l'autre bout de la rue. Il heurte la façade d'un immeuble qui se fissure et tombe lourdement au sol. Le nez brisé, la lèvre supérieure déchirée et plusieurs dents arrachées, il saigne abondamment.

« Un humain... il ne possède même pas de pouvoir. Comment... ? Comment peut-il autant me faire galérer ?! » pense le nigh, le visage tordu de douleur.

Jason se relève en se grattant le bras. Sa détermination ne faiblit pas. C'est le moment de se surpasser.

Jack fonce vers lui. Soudain, celui-ci sent un liquide visqueux émerger du sol. Sans même chercher à comprendre, il effectue un long saut afin de sortir de la zone piégée.

« J'ai l'impression de combattre un automate. Il n'éprouve aucune émotion. Savoir ce qu'il pense est une énigme. Mais une chose est sûre : c'est physiquement impossible d'esquiver en plein air ! » conclut Jason, dont la haine se décuple à chaque instant.

Il tend sa main. Une vague de boue en forme de crocodile à la gueule ouverte et aux dents aiguisées envahit entièrement la rue.

Cependant, à la grande surprise de l'assaillant, Jack n'a pas bondi au hasard. Ce dernier se dirigeait dès le début vers la fenêtre d'un bâtiment commercial. Il casse très rapidement la vitre et pénètre dans un étage. Le monstre marécageux se ratatine au sol, éclaboussant la plupart des constructions des environs.

Furieux de son nouvel échec, Jason est tenté de détruire l'immeuble. Mais il prend une longue inspiration afin de se ressaisir.

« Reste calme... ça attirerait trop l'attention. J'ai de la chance qu'il n'y ait pas beaucoup de monde dehors à cette heure. Je n'ai qu'à remplir toute la zone de boue et dès qu'il sortira, il sera à ma merci. Je vais simplement me tenir loin de lui et l'attaquer à distance... »

Après s'être gratté le bras, le nigh met à exécution son plan. Un marécage inonde l'allée entière.

Tout à coup, Jack saute par la fenêtre. Il est aussitôt accueilli par des flèches de sable. L'humain est si véloce qu'aucune n'arrive à le toucher. Il se pose sur le toit d'un bâtiment en face.

Juste après, il se jette telle une fusée sur Jason.

« Il compte m'assommer avant que je n'aie le temps de réagir ?! déduit celui-ci. Il est rapide, mais... »

Très vite, le nigh se décale vers l'arrière et esquive le poing de Jack. L'humain échoue et s'écroule la tête la première dans le marécage. Il tente de se relever, mais ses bras et ses jambes s'enfoncent dans le sol boueux. Il est totalement immobilisé.

L'usurier est à genoux, crasseux comme un porc, à la merci du client qu'il a tant fait souffrir.

« Même si tu es plus rapide que moi, la distance qui nous séparait était trop grande. J'ai largement eu le temps de bouger. Tu m'as sous-estimé et voici le résultat. »

Bien que l'euphorie de Jason soit à son comble, il se dépêche d'en finir.

Les mains jointes, il s'apprête à abattre un coup colossal sur le crâne de Jack. Toutefois, un détail dérange le nigh.

Pourquoi, malgré sa position humiliante, l'usurier a toujours son expression impassible ?

Subitement, un bout de papier volant en forme de disque tranche Jason. Ce dernier a réussi à esquiver au dernier moment. Sa blessure au ventre est superficielle.

« Qu'est-ce que... il a un pouvoir ? pense le nigh, étonné. Il a tout fait pour me le cacher et me surprendre avec dans un moment critique. Malheureusement pour lui, ça n'a servi à rien. »

Jason lève son bras afin de porter un nouveau coup.

« Si j'étais toi, je ferais plus attention à ma blessure, dit Jack, d'un ton si menaçant que le cœur de son ennemi bondit.

- Quoi... ? »

Avec appréhension, Jason regarde sa plaie. Il remarque alors une tache noire et gluante collée à sa chair. Tout à coup, il sent son ventre gonfler. Un liquide envahit son estomac, lui donnant l'impression que celui-ci pèse des tonnes.

Le nigh attrape son abdomen, bien trop rempli pour qu'il puisse même se courber.

« Qu'est-ce... qu'est-ce que tu m'as fait... ?! gémit-il.

- Abandonne. Tu as déjà perdu. Si tu persistes inutilement, je te fais exploser de l'intérieur. »

Le ventre de Jason ne cesse de grossir, lui donnant la sensation que ses entrailles se font broyer.

Le nigh halète. Un déluge de sueur trempe tout son corps. Il grince les dents qui lui restent. De grosses veines parcourent son visage torturé.

« Jamais... jamais je n'abandonnerai ! »

Malgré ses paroles héroïques, Jason perd sa concentration et Jack se libère sans mal. Le nigh marche vers l'usurier. Il est aussi rapide qu'un quadrupède essayant de se déplacer à deux pattes. Chaque pas lui donne l'impression que son estomac double de poids.

« Pauvre idiot... » prononce Jack, affichant enfin un rictus narquois.

La limite est atteinte. Tel un ballon enflé à l'extrême, l'estomac de Jason explose littéralement, provoquant une cascade écarlate.

C'est alors qu'il voit un liquide noir mélangé à son hémoglobine.

« C'était... de l'encre ?! » constate le nigh, agonisant.

Un gros livre à la couverture extrêmement épaisse apparait entre les mains de Jack.

« Je te conseille de te renseigner un peu plus sur ton adversaire, la prochaine fois. Cependant, je dois reconnaitre que tu t'es assez bien débrouillé... Je te donne la note de six sur dix », félicite-t-il, toujours avec son rictus mauvais.

L'humain gifle le nigh avec l'ouvrage, produisant un son assourdissant. Le choc est si intense que Jason l'aurait comparé à une montagne balancée dans sa figure.

« Une feuille, de l'encre, un livre... c'est donc ça son pouvoir... ? » se demande-t-il avant de s'enfoncer profondément dans le sol.

Le nigh ne supporte pas la souffrance et perd connaissance. Le marécage se dissipe immédiatement, le laissant dans un goudron transformé en ravin.

Les taches sur les vêtements de Jack disparaissent. Tout propre et sans la moindre égratignure, il fixe sa victime.

« Et maintenant... qu'est-ce que je fais de lui ? »

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