Chapitre 131 : La révolte
Kerry décida de raconter son passé à Cammy, en présence de Barry. Ne pouvant plus contrôler ses émotions, l'humaine avait attaqué et grièvement blessé Al. Afin de le régénérer, le frère de ce dernier lui fit manger un nigh afin d'optenir ses pouvoirs. Il contracta une malédiction qui ruina sa vie. Même si Al affirma l'avoir pardonnée, Kerry se sentait toujours coupable d'avoir été l'élément déclencheur de tout ça.
***
Cammy et Barry sont médusés par les révélations de Kerry.
« Waw... il s'en est passé beaucoup de choses entre toi et Al, constate-t-elle... je comprends mieux pourquoi vous avez l'air aussi proches. Mais surtout... »
La nigh plonge ses yeux emplis de compassion dans ceux de Kerry, avant de poursuivre :
« Arrête de t'en vouloir. C'est absolument pas de ta faute si Al a eu cette malédiction. Il a bien dit que cet enfoiré de Floyd comptait lui faire grailler un nigh tôt ou tard, non ?
- Oui, mais... il a peut-être dit ça pour ne pas que je culpabilise... se lamente l'humaine.
- Je te signale qu'on parle d'Al, réplique Cammy. Plus direct que lui, tu meurs. Si c'était ta faute, il te l'aurait dit. »
Kerry ne semble toujours pas convaincue. Barry s'empresse de lui faire un exposé, en prenant un air de savant :
« Si tu veux mon avis, ce n'est pas n'importe qui qui peut tuer un nigh. Le laps de temps entre ton agression et l'activation de la malédiction était assez court. Ça veut dire que ce Floyd maitrisait déjà le Drive ou avait même des pouvoirs depuis un bail. Et donc, il avait prévu de se farcir un nigh avant même que tu n'attaques Al. »
Kerry lui fait les yeux ronds, ne s'attendant pas à une analyse aussi pertinente.
« Oui, vous avez sûrement raison. »
L'humaine a balancé cette phrase avec un sourire forcé pour les rassurer. Elle sait que peu importent leurs arguments pour la consoler, elle emportera cette culpabilité jusque dans la tombe.
Barry soupire et Cammy fronce les sourcils.
« Arrête de jouer la comédie, on n'est pas au théâtre, ici, lâche-t-elle. S'il faut trouver un remède aux malédictions pour que tu aies la conscience tranquille, on va le trouver. Mais retiens bien ça : personne ne t'en veut, et même avec mille mots, je ne pourrais décrire à quel point je t'adore. »
Cette fois, le sourire de l'humaine est franc.
« Merci. J'ai de la chance d'avoir des amis comme vous.
- Mais je te préviens, on va pas le rester longtemps si tu continues de dire du mal de moi dans mon dos ! » menace Cammy, on ne peut plus sérieuse.
Kerry tressaute, tandis que Barry déglutit. Gêné, celui-ci se gratte la tempe, puis déclare la vérité :
« Bon, effectivement, elle a balancé des trucs pas sympas sur toi, mais j'avoue que j'ai pas été exhaustif. Elle a aussi dit que tu es gentille, adorable, géniale, et a même sorti une comparaison cheloue du genre : même l'amour d'un gamer pour sa console n'est rien comparé à son affection pour toi... »
La métaphore retient particulièrement l'attention de Cammy. Elle est si émue que des larmes de joie font briller ses yeux.
« Ce... c'est... c'est vrai ?! Mais c'est la plus belle déclaration d'amitié que j'ai jamais entendue... ! »
La nigh se jette dans les bras de l'humaine en frottant ses joues rondes contre les siennes. Le câlin dure si longtemps que Barry en a la nausée.
« J'aurais dû me taire... » maugrée-t-il en se dirigeant vers les toilettes.
***
Au même moment, un jeune homme dépassant la vingtaine est assis dans une chambre d'hôpital.
Ses courts cheveux blonds ébouriffés font penser à des pailles. Grand de taille mais très maigre, il montre des joues semblables à des crevasses. De nombreuses pustules recouvrent son visage pâle.
Il pose ses yeux sombres, à l'image de son humeur, sur une adolescente allongée dans un lit. La longue chevelure noire de celle-ci contraste avec ses yeux bleus.
Le jeune homme se gratte le visage et les bras entièrement couverts de manches longues et de gants, avant de demander à sa sœur :
« Comment tu te sens ?
- Je vais beaucoup mieux. Je vais bientôt pouvoir sortir d'ici.
- Super. Tu vas pouvoir retourner au ly...
- Je ne vais plus aller à l'école », l'interrompt sèchement la jeune fille.
Son frère soupire longuement en se grattant la main.
« Léa... ne fais pas de caprices, s'il te plaît.
- Des caprices ? Pas du tout. Est-ce qu'aller suivre des cours va nous remplir le ventre ?
- C'est un investissement. Pense à ton avenir.
- Oui, mais ça fait combien de temps qu'on n'a pas mangé un vrai repas ? marmonne Léa. Juny n'a que douze ans, elle a besoin de se nourrir correctement pour bien grandir. Et il y a tous ces impayés avec le loyer. Tu ne peux pas gérer tout ça seul. Il faut alléger les dépenses.
- Mais on ne peut pas sacrifier tes études ! »
L'adolescente fusille son frère d'un regard empli de rage.
« Jason, tu as terminé tes études, mais ça t'a rapporté quoi ? Tu es au chômage depuis je ne sais plus quand. Je me demande même où tu as trouvé l'argent pour me soigner. Si ça continue comme ça, on va tous finir par crever de faim, ou au mieux être jetés à la rue. Il faut rayer l'école de nos dépenses si on veut survivre. Je vais essayer de trouver un travail aussi. »
Jason serre son poing de frustration. À court d'arguments, il hurle son impuissance en quittant la pièce :
« La ferme ! Tu ne comprends rien !
- Où est-ce que tu vas ? On n'en a pas fini ! tempête Léa.
- Tu viens de me rappeler que je dois vite trouver un job ! »
Il claque la porte. Sa fureur est telle que son souffle est plus lourd que les expirations d'un taureau fou.
Alors qu'il marche dans la rue pour prendre l'air, il aperçoit une silhouette. L'ambiance devient immédiatement suffocante.
Un des hommes de Jack l'usurier.
Steve.
Ce dernier, toujours aussi beau et souriant, s'approche et engage la conversation :
« Ta sœur va mieux ?
- Oui...
- Parfait. Tu te doutes de la raison pour laquelle je viens te voir, n'est-ce pas ? Suis-moi. »
Jason déglutit. Les jambes en coton, il accompagne Steve en se grattant le visage. Ils arrivent dans un terrain vague..
« Écoute.... balbutie le client, je... un peu de patience. Je vous rembourserai bientôt. »
Steve lui lance un rictus espiègle.
« Tu dis ça tout le temps. Dois-je te rappeler que l'échéance est passée depuis longtemps ?
- Mais vous aussi, vous abusez ! Vos taux d'intérêt sont beaucoup trop élevés ! Ça n'a aucun sens ! gémit Jason.
- Tu étais au courant des conditions avant d'emprunter, n'est-ce pas ? Puisque tu ne sembles pas motivé à rembourser, voici un petit cadeau pour toi. »
Le rictus malicieux de Steve se transforme en un sourire effroyable. Le client sue à grosses gouttes, se préparant au pire.
L'agent de recouvrement sort son téléphone.
Il montre une photo qui glace le sang de Jason.
Juny, sa petite sœur de douze ans, attachée sur une chaise, les lèvres scellées, au milieu d'une pièce lugubre, couverte de sang. La fillette pleurant et affichant une expression de douleur insoutenable.
Jason tombe à genoux, horrifié. Son cœur se serre. Ses mains tremblent comme des feuilles, tandis que des larmes menacent de couler.
« Le rouge se marie merveilleusement avec ses yeux bleus et sa chevelure blonde. N'est-elle pas sublime ?
- Pourquoi vous vous en prenez à elle... ? balbutie le grand frère, la gorge nouée.
- Nous avons été plus que patients. On te donne trois jours, pas un de plus. Si tu ne veux pas recevoir la tête de ta chère sœur dans un magnifique colis, tu sais ce qui te reste à faire... »
Voir cette expression de béatitude sur le visage de Steve est insupportable. Comment peut-il autant se réjouir du malheur des autres ?
« Elle n'a que douze ans... douze ans ! crie Jason, la voix brisée. Comment pouvez-vous... vous n'avez pas de cœur... ?! Cette affaire ne concerne que nous.... Pourquoi impliquer ma famille ?!
- Et toi, pourquoi demander un prêt si tu n'as pas les moyens d'honorer tes engagements ? Emprunte auprès d'une autre personne, escroque des gens, fais du proxénétisme ou braque une banque, si tu veux. On s'en fiche de la méthode, mais rembourse-nous. Si tu tiens à Juny, en tout cas... »
Steve, rayonnant, prend congé de lui.
L'emprunteur s'écroule et attrape sa tête, dévasté.
***
Jason n'a pas fermé l'œil de la nuit. Il s'est constitué une armée afin de venger et libérer sa sœur. Jack et son équipe ont dépassé les bornes.
Le matin, alors qu'il fait toujours sombre, le grand frère et quatre autres amis se cachent près du domicile du bourreau. Celui-ci est déjà en bas de son immeuble.
Derrière un mur, Jason observe discrètement.
Jack tient dans ses bras un grand chat blanc. Il le caresse pendant quelques secondes. L'animal ronronne, visiblement très détendu. La bête, après avoir été déposée, marche vers la cachette des assaillants.
L'usurier va dans la direction opposée. Jason et son bataillon sortent de la ruelle, prêt à l'attaquer dans le dos.
« Peu importe à quel point tu es fort, un simple humain ne peut rien face à cinq nigh, pense le grand frère, animé par un courroux volcanique. Tu vas payer pour ce que tu as fait à Juny... »
Brusquement, Jack se retourne.
Jason s'écarte très vite. Ses alliés encaissent chacun un coup brutal. Ils s'écroulent et perdent immédiatement connaissance.
« Qu'est-ce que... c'est quoi cette rapidité ?! » pense le dernier debout, médusé.
Le chat miaule, réclamant probablement des caresses. Jack le prend de nouveau dans ses bras et s'exécute, pendant que la bête, aux anges, se blottit contre lui.
L'usurier parle aussi froidement qu'un automate :
« Vous pensiez réellement pouvoir me prendre par surprise ? Votre embuscade est digne d'une équipe d'amateurs. »
Remis de ses émotions, Jason se prépare à attaquer.
« Imbécile. Tu as perdu 80% de ton équipe. Votre stratégie reposait uniquement sur le nombre. Ne vois-tu pas que tes chances de victoire sont quasiment nulles ?
- Même seul, je vais tous vous éliminer et sauver Juny ! » crie le grand frère, les yeux brulant de détermination.
- Pauvre fou » conclut Jack avec un rictus narquois.
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