Chapitre 1 (Part. 2)
Tapis dans l'obscurité, un adulte à l'allure sinistre plaque sa main contre les lèvres d'une jeune fille étalée sur le sol. Se débattant du mieux qu'elle peut, son cœur bat la chamade. Elle se résigne, ferme ses yeux et les larmes coulent. Affamé, un sourire malsain sur le visage, l'assassin écarte grandement ses mâchoires et s'apprête à lui mordre le cou.
Brusquement, un coup de pied sorti de nulle part le propulse hors de la ruelle. Il se heurte violemment contre un mur qui se craquelle.
L'adolescente reconnaît immédiatement son sauveur.
« Tu... Tu es... ! »
La peur laisse place à l'euphorie et malgré la situation, elle ne cache pas sa surexcitation.
« ... Je viens de me faire sauver par Al... ! C'est... c'est le plus beau jour de ma vie !!!
- Oui, c'est moi, l'incroyaaaaable Al... » ironise-t-il, faisant exprès d'exagérer de manière grotesque.
Il roule des yeux, excédé, et lui demande d'aller se mettre à l'abri. Il part ensuite retrouver le criminel, toujours un peu sonné.
Les nigh peuvent manger la viande de tout animal. En revanche, certains préfèrent de loin le goût de la chair humaine et s'attaquent à eux par excès de gourmandise. Ce comportement énerve Al. Il bougonne :
« C'est pas la bouffe qui manque, y a moyen que tout le monde vive en harmonie. Vous faites chier, franchement. Allez vous faire un steak, au lieu de manger les gens.
- Je ne suis pas là pour discuter, grogne la créature. C'est la chaîne alimentaire, rien de plus ! Je te conseille de t'écarter de mon chemin, si tu ne veux pas subir le même sort !!! »
Le nigh fulmine et fonce sur Al sans détour, tel un bulldozer prêt à tout broyer sur son chemin. Le jeune homme, très concentré, se met en position de garde. Le carnivore se déplace comme une fusée, le sol se fissure sous son poids.
Al n'a pas le temps d'esquiver. Alarmé, il tente d'arrêter son adversaire d'une main. D'effroyables sons de craquements se font entendre. Il succombe à la pression écrasante du nigh et se fait balayer. Le jeune homme entre en collision avec la façade d'une habitation voisine, craquelle le béton et s'effondre. Une douleur atroce traverse son bras, il gémit.
« Ce type... Il a réduit mes phalanges en bouillie. Son pouvoir doit avoir un lien avec le durcissement... », se dit Al, la main ensanglantée.
Le nigh ne lui laisse pas le moindre répit et continue sa charge. Dans l'urgence Al, prend appui sur sa main encore fonctionnelle et se relève très vite. Déterminé, il tend sa paume. Il libère une vague d'énergie noire qui engloutit les bras du hors-la-loi.
Sur-le-champ, les avant-bras du criminel sont réduits à néant. Il ne reste plus de ses membres supérieurs que ses coudes. Aussitôt, une vive hémorragie se produit. Il stoppe sa course et hurle de douleur.
« Qu'est-ce que... ? C'est quoi ce pouvoir ?! » s'affole intérieurement le carnivore.
Al contre-attaque férocement. Son adversaire durcit son corps, mais le poing du jeune homme, chargé de l'aura ténébreuse, pourfend sans mal l'abdomen de sa cible.
Le ventre ouvert, le nigh s'écroule en crachant du sang. Malgré son pouvoir de régénération, il est hors d'état de nuire pour un moment. Al n'éprouve pas la moindre pitié et affirme :
« Je ne vais pas te tuer, je vais...
- Ça va, on connait ton slogan... ! Vous vous en prenez à tous les nigh sans distinction... Pourquoi tu ne rejoins pas tout simplement... cette maudite brigade... ?! Perdre contre un humain... Mais n'oublie pas... que ces pouvoirs... ne t'appartiennent... pas... prononce difficilement la créature, dont on ressent l'agonie à chaque syllabe.
- Commence pas à faire ta victime. Rectification : ils ne font qu'arrêter les nigh qui foutent la merde, un peu comme toi. Moi, je fais qu'aider quand j'en croise un sur mon passage. Mais j'ai pas envie de bosser pour quelqu'un. Enfin bref, maintenant, tu vas répondre à mes questions », ordonne Al d'un air qui se veut intimidant.
Son interrogatoire rapide ne mène à rien, comme il s'en doutait. Il prend le criminel, désormais inconscient, sur son épaule et s'apprête à s'en aller.
« Bon... vu son état, je ferais mieux de vite le rendre, sinon, il va clamser. »
La lycéenne rencontrée plus tôt sort d'une ruelle avec son cartable.
« T'es encore là, toi ? Je pensais t'avoir demandé de partir, c'était dangereux, blâme Al.
- Je sais, mais... je ne pouvais pas m'en empêcher. Il fallait que je vous le demande, répond-elle, tentant de retenir son excitation.
- Quoi donc ?
- Je peux avoir votre autographe ?! »
Al hausse un sourcil. Irrité, il ne peut s'empêcher de hausser le ton :
« Tu risques ta vie pour ça ? Tu te fous de ma gueule ?!
- Je... désolée... »
Penaude, l'adolescente fait une moue déconfite. Elle tourne lentement ses talons, déçue.
Al se sent coupable. Il souffle, et l'interpelle :
« T'as une feuille ? »
Le visage de la fille s'illumine aussitôt. Elle hoche la tête, fait sortir un bout de papier et un stylo de son sac à dos à la vitesse de l'éclair. Il signe et ajoute calmement :
« Un combat, c'est pas un spectacle comme dans les mangas. Tu aurais pu finir en victime collatérale. Fais plus attention à toi. »
Il n'attend pas sa réaction et s'éclipse.
L'admiratrice regarde la signature pendant longtemps et tremble de joie. Finalement, elle s'écrie :
« KYAAAAAAAAA !!! »
***
Après avoir livré le nigh, Al se met en route pour son rendez-vous. L'ombre réapparaît.
« Tu vas vraiment y aller ? Tu es sûr d'être en état ? Elle serait dépitée de voir son idole blessée, non ? nargue-t-elle.
- Mes doigts ? Tu es le mieux placé pour savoir qu'ils vont guérir tout seuls, donc... En plus, ma mère me disait toujours de ne pas faire aux autres ce qu'on n'aimerait pas qu'on nous fasse. Et moi, j'aimerais pas qu'on me pose un lapin... se défend le jeune homme, harassé.
- La gentillesse est une qualité, mais ton cas est tellement excessif que c'est plus un handicap qu'autre chose... »
Sans en rajouter plus, la silhouette s'évapore subitement. Agacé, Al ignore sa dernière remarque.
Peu avant le coucher du soleil, il arrive enfin à destination. Une rue complètement déserte, où souffle un vent plus ou moins fort. Aucun individu n'habite dans ce quartier abandonné.
Ses doigts ont guéri. Un gobelet en plastique contenant du café à la main, il voit devant lui un vieux bâtiment. L'habitation, en béton, est fissurée et couverte de mousse, à l'image de celles aux alentours. La maison a en son centre un jardin délaissé, envahi par les mauvaises herbes et autres arbustes qui dépassent.
Il remarque une fille installée devant la porte du bâtiment. Le vent caresse ses courts cheveux verts attachés en une couette unique, et sa peau chocolat baigne dans les rayons de l'astre couchant. Sa courte taille, corpulence fine, et joues rondes, lui donnent une apparence très jeune.
Lorsque le regard d'Al croise les yeux azur de la demoiselle à l'allure d'adolescente, il lui adresse la parole poliment :
« Salut, c'est toi, celle qui voulait me rencontrer ?
- Tu as recouvré la vue... ? Peu importe. On se retrouve enfin. Qu'est-ce que tu mijotes, cette fois ? s'exprime la jeune femme d'un ton glacial.
- De quoi tu parles ? T'es qui d'abord, gamine ? questionne Al, confus.
- Comment ça ? Tu ne reconnais pas cette chère Cammy ? J'ai maintenant vingt-et-un ans !
- ... Cammy ? »
Al est de plus en plus troublé. La froideur de Cammy se transforme progressivement en fureur.
« Comment oses-tu... ? Après tout ce que tu as fait, tu oses jouer au héros... ? Tu me dégoûtes.
- Je ne comprends rien. Et pour répondre à ta question, je ne joue pas au héros. C'est pas de ma faute si y a des voyous partout.
- Tais-toi ! Ne crois pas que tu vas t'en sortir aussi facilement !
- Ah... ? Tu peux me rappeler ce que j'ai fait ?
- Tu te moques de moi... ? Tu m'as tout pris, absolument tout ! Jamais... jamais je ne te le pardonnerai ! hurle-t-elle, au bord des larmes.
Ne contenant plus sa haine débordante, Cammy se jette sur Al, dans l'incompréhension totale.
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