II. La vie de colocataire
Ok je pense que tout est prêt. Je me suis débarrassée de mon pyjama lapin, j'ai brossé mes cheveux - étape ultra difficile- et j'ai appris mon speech. Oui j'ai fait un speech comme une vraie politique. Ou plutôt comme la psychopathe que je suis qui stresse à mort alors qu'elle va juste parler à ses parents.
Aller ! Je vais le faire ! C'est pas la mort quand on y pense... En fait si ! Vu que je vais MANGER à table ! Moi qui évite toujours de manger il va falloir y passer. J'espère au moins ne pas tomber malade après ça.
Je m'aventure enfin derrière la porte de ma chambre et regarde la salle à manger : mes parents sont déjà à table autour d'un repas que je n'arrive pas à percevoir. De toute manière ça ne changera rien c'est toujours aussi écœurant.
- Tiens ! S'écrie ma mère avec sa voix de crécelle. Carla tu viens manger avec nous ?
- Oui c'est ça.
Je dis ça mais je ne suis pas sûre de manger finalement car je réalise quelle semaine on est. La semaine nourriture anglaise - le nouveau délire de ma mère des semaines à thèmes culinaires- traduction : je vais vomir si je mange. Et aujourd'hui c'est le boeuf bouilli à la menthe.
Pourquoi j'ai choisit CE jour pour faire mon annonce ? Je m'assois à table pendant que ma chère mère me sert grassement de son somptueux boeuf. Si on peu encore appeler ça un boeuf.
Je me contente de boire mon verre d'eau très lentement en écoutant mes parents. Ma mère raconte avec passion la façon dont elle a cuisiné ce repas - ce qui extrêmement pas intéressant- et mon père raconte comment un client a bousillé son ordinateur en renversant son café dessus.
Pour le moment je les écoute d'une oreille distraite afin de trouver une ouverture pour mon speech.
- Tu ne manges pas chaton ? Remarque mon père.
Grillée !! Il a remarqué !
- Non, je n'ai pas très faim. Il est où Théo ? Dis-je pour changer de sujet. Ce qui marche puisque mon père enchaine.
- Il est en pleine partie de Minecraft.
Quoi ?! Encore ! Il passe sa vie sur Minecraft ma parole. Faudrait couper le courant pour voir comment il réagirait. Tiens c'est une idée ça !
- Aaaaaaaaaaaaahhhhh !!!! Merde merde merde merde merde !!!! s'écrie mon frère.
Tiens tiens, je crois que la partie est finie.
Mon frère entre dans le salon en claquant la porte et s'affale sur sa pauvre chaise qui manque de craquer (respect pour celle-ci qui n'est toujours pas morte sous le poids de mon frère). Je regarde mon frère : toujours le même avec ses cheveux gras, son double menton et ses petit yeux de rongeur rouges à cause des écrans.
D'ailleurs son arrivée créé un silence à table : l'occasion idéale. Je décide donc de prendre les choses en main.
- Maman, papa, Théo, j'ai l'intention d'emménager dans un appartement en colocation près de ma fac .
En vérité j'ai complètement oublié le speech et je me contente de ma spécialité : une phrase de rentre-dedans. Clair, rapide, et pas diplomatique du tout.
Je m'apprête à recevoir des remontrances de mes parents mais à la place j'entends les couvert de Théo se poser.
- Je peux prendre sa chambre Maman ?!
- Hors de question !! je crie.
Il perd pas le nord ce sale asticot. Il a toujours voulut ma chambre. Mes parents me regardent sans rien dire puis mon père déclare sur le vif :
- Pourquoi pas. Après tout Carla s'en va alors...
- QUOI ?!!! criais-je.
- Oui !!!!!! Merci Papa !!!
- C'était une blague. Répondit mon père en prenant une nouvelle bouchée de boeuf comme si de rien n'était.
Mon frère perd son enthousiasme pendant que je soupire de soulagement. Pour une fois j'apprécie un peu la blague. Venant de mon père c'est très rare.
- Alors il n'y a pas de problèmes pour que je parte ?
- Non, je ne vois pas pourquoi il y en aurait. A partir du moment où tu as tout ce dont tu as besoin.
Oh que oui j'aurais ce qu'il faut ! Tranquillité, nourriture décente,... Je rassure mon père en lui expliquant que j'aurais aucunement besoin de quoique ce soit sous le regard de ma mère qui semble très pensive. Je déteste ce regard: il est présage de nouvelles décisions catastrophiques.
- Je vais te préparer tout tes repas pour la semaine. Sors-t-elle soudainement.
Noooooooooooooooooon !!!!!!!
***
Je soupire en repensant à la proposition de ma mère. Elle m'étonnera toujours. Mais Dieu merci j'ai réussit à m'en sortir sans aucun repas concocté pour la semaine. Elle m'a seulement fait promettre de passer de temps en temps à la maison pour manger. Mais bien sûr je me connais et je sais que je vais oublier ma promesse dès que j'aurais quitté cette maison.
Je ferme le dernier carton et regarde ma chambre. Elle est exactement comme d'habitude à la seule différence qu'elle est un peu plus rangée. Elle va me manquer. C'est ici que ce trouve mon sanctuaire, l'endroit où tout mes livres sont nés. Tellement de souvenirs.
Mais je ne peut pas tout prendre avec moi.
Alors je me suis contentée de deux cartons comportant pour le premier tout mes appareils électroniques, et dans le deuxième quelques livres et objets auxquels je tiens. Sans oublier un grand sac avec mes vêtement.
Je regarde le tout qui a un air un peu spartiate. C'est vrai que je ne prend pas beaucoup, mais je ne vois pas la nécessité de prendre plus. Et au pire je pourrais toujours revenir.
Une fois toutes mes affaires dans la voiture je prend mes clés et regarde ma chambre encore. Je sais que ce n'est pas comme si elle allait disparaître après mais je ressent un petit pincement de coeur quand même.
Je regarde les étagères en gravant dans ma mémoire chaque bibelots. Mon regard s'arrête sur une vielle poupée russe que ma mère m'avait offerte il y a longtemps. Quand je la prend dans ma main elle s'ouvre et laisse tomber au sol son contenu. Raaahh ! Pourquoi ce genre de choses n'arrive qu'à moi ?!
Je prend néanmoins sur ma flemme monumentale pour me baisser et ramasser tout les morceaux. Même ceux qui se sont glissés sous la commode.
Quand je regarde dessous pour m'assurer qu'il ne manque plus rien je remarque quelque chose. Je tire le fameux quelque chose et découvre un dossier avec un grand X écris dessus. Sans réfléchir je le prend, qui sait je pourrais trouver peut être de vieilles pages de journal intime. On pourrais bien rigoler me connaissant.
***
Je conduis silencieusement vers mon appartement. Enfin notre appartement à moi et à ma coloc. Ce n'est pas totalement le mien. C'est plutôt le sien dans lequel je « loue » une chambre.
D'ailleurs quand j'y pense il faudra que je sois un minimum discrète avec mes activités littéraires. Je n'aimerais pas que cette fille découvre qui je suis et aille balancer sur tout les réseaux sociaux que FireQueen's Crystal n'est qu'une fille aux cheveux gras qui passe sa journée en pyjama et pas une héroïne super bien roulée.
C'est pour cela que j'ai toujours gardé mon identité secrète et que je n'ai jamais voulu faire de séances de dédicaces. Je ne voulait pas briser l'illusion de ces filles qui me voyais comme leur idole. Bon j'avoue, c'est aussi parce que j'avais la flemme de bouger mes fesses pour des dédicaces.
Quoi qu'il en soit il va falloir la jouer en finesse et ne pas se faire prendre.
***
Comment dire ? Je suis censée crier ou faire un truc ? Je ne sais pas comment me faire comprendre par ce... truc devant moi. Je regarde le pot de peinture qui se trouve en face moi -tu vois le maquillage genre drag queen- et répète ce que j'ai dit à la minute d'avant:
- C'est moi la nouvelle colocataire ! Carla !
Elle me regarde encore de ses yeux vides recouverts de mascara, elle a vraiment l'air d'un poisson rouge à rester la bouche ouverte comme ça.
Je sais EXACTEMENT ce qu'elle est en train de se dire intérieurement: " Mais c'est CE boudin qui est ma colocataire ?!! Non !! Comment lui dire que je ne veut pas d'elle ?!"
Et bien en attendant le boudin il attend une réponse.
- Ah euh... Oui bien sûr ! Entre je t'en prie ! me sort elle de sa voix aiguë.
J'entre avec mes valises dans l'appartement et remarque que ma "coloc'" était en tenue de sortie. Déjà si pressée de plus me voir ?
Elle se tortille les mains en serrant ses clés:
- Ecoute je ne pensais pas que tu viendrais si tôt...
- Je t'ai envoyé un mail.
- Ah oui mais je ne lit pas mes mails en fait...
Ok c'est bon je suis fixée: j'ai devant moi le modèle de base de la fille sans cervelle mais avec la tonne de béton armé sur le visage.
- Je vais sortir, j'ai rendez-vous. Installe toi, ta chambre c'est celle du fond.
Elle me regarde encore comme si elle voulait ajouter un truc mais se détourne finalement en me laissant seule dans l'appartement -sans son horrible parfum et visage ! ouiiiiii !- pour que je puisse enfin m'installer.
Et là c'est le moment où je fais une description romanesque et incroyable de l'appartement ! En vérité cet appartement est juste le miroir parfait de celle à qui il appartient -tu m'étonnes qu'elle arrivait pas à trouver de coloc'- c'est à dire avec plein de meubles girly et flash sans oublier du maquillage éparpillé un peu partout. La cuisine est le seul endroit libre de toute présence de produit de beauté, à la place la vaisselle sale est venue faire la déco. Je soupire et me retourne pour me diriger vers ma future "chambre".
C'est propre ! j'y croit pas ! Enfin maintenant que je suis là c'est plus pour très longtemps.
Je pose les cartons et mon sac et fait un rapide tour: une fenêtre (tu vas rester couverte d'un rideau ma belle, je suis un vampire), un lit (le sanctuaire), une armoire avec des étagères, et un bureau: mon futur poste de travail.
Il me suffit de regarder l'heure pour comprendre que j'ai tout à fait le temps de ranger mes affaires et de continuer mon histoire.
Et après avoir ranger tout mon bazar -ou avoir tout entassé quelque part- j'installe mon bureau et ouvre mon "Manuscrit suprême ultra bien gardé": le manuscrit de mon tome 2 ! Banana Split 2 !!
C'est de loin, de très loin mon roman le plus connu. Et c'est celui qui est publié en le plus de langues avec l'anglais surtout ! Un succès aux Etats-Unis ! Et dire qu'à la base c'était une simple histoire sur Wattpad. Mais quand mon éditeur l'a remarqué il a tout de suite compris: money money !
Et d'un coup je me suis retrouvée à faire une deuxième version de mon roman: Banana Split - banana, sex et vanille- un succès phénoménal !
C'est comme d'habitude ce genre d'histoires qui marchent à tout les coups avec une filles magnifique qui ne s'en rend même pas compte -alors que moi par exemple je me rend très bien compte de ma mocheté- et qui bien sûr ne vois pas que tout les hommes sont à ses pieds. Quand j'y pense il me suffisait de faire un personnage totalement opposé à moi pour que ça marche.
Et maintenant me voilà, ici, à faire le tome 2. La seule chose que je vais regretter c'est que je n'aurais pas le droit de publier sur wattpad cette histoire. Il faut de l'argent c'est comme ça...
Mais j'ai bien l'intention de réparer cette erreur en publiant un autre roman juste pour wattpad.
Je travaille silencieusement sur mon texte, je tiens à faire la plupart des phases de correction moi-même, mon éditrice m'avait déjà donné les quelques modifications à faire alors il ne restait plus qu'à corriger.
Quand je fini enfin je pousse un cri de joie ! Enfin ! Je vais pouvoir envoyer ça et attendre la dernière correction, ce qui à mon avis ne sera pas très long à faire.
Je regarde l'heure: 23h58. Et bien, je n'ai même pas vu le temps passer. Et j'ai seulement mangé mes paquets de chips pour le dîner, mais j'ai l'habitude.
Maintenant que j'y pense ma coloc n'est toujours pas rentrée.
Bah c'est pas un drame.
Je me couche tranquillement, des histoires plein la tête: le problème avec moi c'est que j'ai toute mon inspiration la nuit ce qui fait que je passe habituellement le plus clair de mes nuits à écrire ou manger des chips et mes journée à dormir (d'où le comportement de vampire).
Mais ce soir je dors ! Après tout demain je vais en cours ! Ce mot sonne tellement étrange dans ma tête. Pour moi l'école n'a jamais été que quelque chose de très lointain, je n'ai jamais eut le sentiment que cela me permettrais d'avancer ou d'avoir un avenir. J'ai rapidement arrêté d'y aller tout les jours et de toute manière les gens qui y étaient ne s'en portaient que mieux. C'est à ça que ce résume mes années de collège et lycée. Et malgré tout j'ai eu mon Bac et cette entrée en fac de journalisme.
Mais même si le journalisme semblerait au premier abord un métier de choix pour moi je sais que ce n'est pas le cas. Le métier de choix pour moi c'est ce que je fais: rester dans une chambre à écrire la nuit et dormir le jour. C'est ce que j'aime, même si cela peut paraître étrange.
Je ferme les yeux lorsque j'entend un bruit.
Tiens madame béton armé -j'ai son surnom- est rentrée. Je l'entend ouvrir la porte de sa chambre et...
Non. Non. Elle aurait pas ? Si !! Elle a ramené un gars ! Mon dieu mais ils en font un bruit !
Et moi qui pensait qu'elle allait à un rendez-vous d'affaire. Quoique si ça ce trouve c'est une...
Non ! Je pars trop loin ! Je fourre ma tête dans l'oreiller -j'aurais dû amener des bouches-oreilles- avec le bruit qu'ils font. On dirait des phacochères !
Mon dieu cette coloc ça promet...
Désolé pour ce retard mais j'ai dû réécrire le chapitre (merci wattpad de ne pas avoir sauvegardé). Je préviens juste que mon wattpad bug en ce moment et que du coup il ne sauvegarde pas mes corrections. Du coup je vais publier quand même mais je ne sais pas si les fautes seront encore là. Ce sera la surprise ! (est-ce que ça va sauvegarder ?!)
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