- La Faction -
2
****
J'en eus les yeux ébahis. Ben et moi étions donc liés depuis la naissance. Cela expliquait pourquoi je le connaissais depuis toujours.
Je décidai de faire quelques pas dans la pièce histoire d'assimiler l'information. Je n'en revenais pas. Ma vie n'avait été faite que de mensonges.
Ce fut à ce moment que l'image de Ben traversa mon esprit. Savait-il tout cela ? Je présumai que non. Il m'en aurait fait part sinon. Comment allait-il le prendre ? Mal ? Bien ? Serait-ce un soulagement pour lui ?
Je soupirai. Soudain, mes pieds s'arrêtèrent face à papa. Mes iris tentèrent de discerner l'émotion prédominante dans les siennes. Était-ce de l'appréhension que je remarquais ? Du soulagement ? Le regret de m'avoir caché la vérité, peut-être ? Ou même celui de l'avoir dévoilée ? Quoi qu'il en fut, je ne reconnaissait plus l'homme inébranlable, un brin insouciant et toujours joyeux qu'il était.
— Tu dis m'avoir caché le vrai pour me protéger du monde, n'est-ce pas ? De quels dangers souhaitais-tu me préserver ?
— Il faut que tu saches une chose, tous ceux qui avaient été dépossédés par les Spectres lors de la Guerre des races avaient pu conserver leurs aptitudes surnaturels ainsi qu'une certaine dépendance au sang. Pour assurer la survie des hommes, les individus libérés de leurs hôtes se virent imposer un régime nouveau à base de viande et de sang d'animaux. Ceux qui refusèrent de s'y plier furent sauvagement mis à mort. Quelques-uns purent tout de même s'enfuir au même titre que certains Spectres avides de possession. Les Spectrômes avec l'aide d'une poignée d'humains normaux, effacèrent cette ère tragique de la mémoire de l'humanité. Aujourd'hui encore, peu d'entre eux connaissent cette histoire.
Je ne voyais toujours pas ce dont il voulait me préserver. Je supposai que Wes devina mes pensées car tout de suite après le récit de papa, il intervint.
— Ces cinquante dernières années, les Spectres et les possédés renégats qui pendant des centaines d'années ce sont faits discrets, ont d'abord commencé une chasse d'humains au sang pur pour finir par une série d'attaques contre les Spectrômes, annonçant ainsi une nouvelle Guerre.
Je compris finalement les intentions de papa à mon égard. Toutefois, j'estimais qu'elles ne justifiaient nullement ses mensonges.
— Et vous Wes, qui êtes- vous ? Un Spectrôme ?
Il me sourit.
— Non, je suis un Faiseur de sorts et membre de la Faction.
Avant que mes lèvres ne s'entrouvrent pour poser une autre question, mon père prit la parole.
— Pour ce qui est des Faiseurs de sorts, tu en apprendras plus le moment venu. La Faction est une organisation secrète travaillant avec tous les gouvernements et datant de l'époque où les Spectres s'allièrent aux humains. Son rôle est de maintenir caché l'existence des autres races autres que les hommes.
— Comme je l'expliquais à ton père avant que tu ne nous interrompes, suite à l'énorme vague de meurtres injustifiés de Spectrômes, la Faction à été contrainte de mener une enquête. La conclusion était que les Possédés préparaient quelque chose de grande envergure. On m'a alors chargé, comme à d'autres membres, de ramener au quartier général tous les Spectrômes encore en vie que je trouverais. Il s'avère que David, tu es le seul. Tous les autres avaient déjà été assassinés.
Tout devint limpide. Je baissai les yeux, dévisageant distraitement le planché. Je sentais ma colère refluer peu à peu.
— Vous êtes là pour moi, c'est ça ? demandai-je alors que je le savais très bien.
— Oui. Il faut que tu viennes avec moi à l'internat Stone, là-bas tu seras en sécurité.
— Quand ?
— Demain.
J'acquiesçai simplement de la tête.
Je vis que papa s'étonna de ma réaction. À quoi s'attendait-il ? Que je refuse de suivre Wes, sans doute. Ou que j'objecte. Ce qu'il ne savait pas, c'était que la vérité venait de susciter en moi une curiosité des plus dévorantes. J'avais toute une masse d'interrogations et désirais en apprendre d'avantage sur cette histoire de races. Moi qui trouvais toujours tout sans intérêt, voilà que j'embarquais dans quelque chose de captivant.
Exténué par ces révélation, ma bouche s'ouvrit indépendamment de ma volonté en aspirant.
Mon bâillement n'échappa ni à mon père, ni à Wes.
— Tu sembles fatigué David, va te coucher, il est tard.
Je quittai le bureau après avoir souhaiter bonne nuit et récupéré le roman. J'arrivai en clopinant dans ma chambre où je trouvai Ben endormi sur le lit. Je devinai qu'il m'avait attendu longtemps avant de se laisser prendre par Morphée.
Je soupirai. La journée comme la soirée avaient été riches en émotions. D'abord, j'avais rencontré cet homme curieux dans le parc. Pour finir, on me divulgai des informations sur ma personne. Des informations troublantes. Tout ce dont j'avais besoin était d'évacuer ce tourbillon de sentiments en moi, par une bonne nuit de sommeil.
Je posai le livre que j'avais sur la table de chevet. Je m'allongeai en suite sur lit, près de Ben une fois la lumière éteinte. Je ne pouvais m'empêcher d'appréhender sa réaction quand je lui parlerais de la conversation avec Wes et papa le lendemain. Il allait avoir un sacré choc.
Sur cette pensée, mes paupières s'abaissèrent lentement, jusqu'à ce que je m'endorme.
†
† †
†
J'ouvris les yeux. Il faisait jour. Mon réveil indiquait sept heures trente sept. Je ne l'avais pas entendu sonner. Alors que j'allais lézarder encore quelques minutes, la soirée d'hier me vint en mémoire.
Je sortis précipitamment du lit. Ben n'était plus là. J'ouvris les fenêtres pour laisser pénétrer de l'air frais à l'intérieur.
Il me fallait me préparer car c'était aujourd'hui que j'irais avec Wes.
Je me dirigeai vers la salle de bain. Après une douche et un brossage de dents rapides, je retournai à ma chambre. Je me séchai, m'habillai puis rempli un sac à dos de quelques affaires personnelles.
Certains y auraient passé des heures, mais pas moi. Il n'y avait que très peu d'objets auxquels je tenais particulièrement. Choisir quoi prendre avec moi ne fut aucunement difficile.
Au bout d'une vingtaine de minutes, je descendis les marches. En bas, un silence lourd régnait. Je ne vis personne ni dans les couloirs, ni dans la cuisine. Je marchai alors vers le salon.
La porte de celui-ci était fermée. En la poussant, je remarquai qu'elle ne l'était pas à clé. L'interstice que je venais de créer laisser s'échapper des bribes de discussion.
Je pénétrai la pièce où je pouvais voir papa, maman, Wes et Ben assis sur les canapés en train de discuter tous ensemble.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top