Avec le temps, l'immonde nappe de vapeur glacée qui enlaçait ce village honnit lui était devenu totalement insupportable. Il s'insinuait dans chaque pan de ses vêtements et le glaçait jusqu'au os

Pourquoi la nature avait-elle bien pu créer un tel phénomène. Ce brouillard permanent n'apportait rien, ni à la terre ni aux hommes. A part, peut-être, dissimuler leurs méfaits. Mais il ne valait pas la pluie. Elle, elle nourrissait les champs et alimentait les rivières. Elle nettoyait le monde et lorsque l'eau se retirait, celui-ci était soudain plus lumineux.

C'est alors qu'un léger bruit se fit entendre dans son dos qui le tira de ses réflexions. Obito n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que Zetsu venait de le rejoindre. Non pas qu'il ait attendu son arrivée mais, une partie de son corps était elle aussi faite de cette étrange matière qui composait Zetsu. Ils étaient liés.

La créature, moitié blanche, moitié noire, émit alors une sorte de soupire de contentement. Elle avait voyagé un long moment dans les entrailles de la terre, ne faisant presque plus qu'un avec elle et elle savourait le fait de retrouver son intégrité physique.

« Qu'as-tu à m'apporter, l'interrogea Obito ? Je ne t'avais pas confié de tâche particulière, mais j'imagine que tu n'as pas pris la peine de venir ici sans raison.

- Oh non ! Nous avons des nouvelles inattendues à t'apporter, dit la partie blanche de la créature d'une voix fluette. Nous étions à Konoha ces derniers temps et tu ne devineras jamais ce qui se passe du côté du clan Uchiha, s'exclama-t-il avec ravissement.

- Ce que font ou disent les Uchiha ne m'intéresse pas, rétorqua Obito d'un ton tranchant.

- Pas si cela concerne leur déchéance, insinua alors la moitié noire de zetsu d'une voix gutturale.

- Qu'est-ce que tu veux dire, l'interrogea Obito en se tournant enfin vers son interlocuteur schizophrène.

- Dans l'ombre, ils ont commencé à se rebeller contre leur village et ont même entrepris d'en espionner ses dirigeants, lui révéla alors Zetsu noir. Et si les choses continuent ainsi, ils ne se contenteront pas de rester dans l'ombre.

- Oh, s'exclama soudain son double blanc. C'est donc aussi pour ça qu'il a lancé une attaque sur Konoha avec le Démon Renard il y a des années. Il visait indirectement les Uchiha. Ils étaient les coupables idéals, n'est-ce pas ?

- Tu es toujours aussi lent, blâma la créature noire. »

Et pendant que Zetsu se chamaillait avec lui-même, Obito réfléchit un instant à ce qu'il venait d'entendre. Il avait effectivement espéré que l'attaque de Kyubi aurait des répercussions sur son ancien clan. Mais elles avaient beaucoup plus tardé à venir qu'il ne l'avait imaginé. Quoi qu'il en soit, si Zestu voyait juste, il se pouvait que les Uchiha mettent le feu aux poudres eux-mêmes. Cela dit, deux précautions valaient mieux qu'une et Obito ne pouvait se permettre de mettre cet élément de son plan dans les mains du hasard. Il était sans doute temps pour lui de sortir l'atout qu'il conservait depuis des années dans sa manche et qu'il destinait à être l'étincelle sonnant le début de la destruction des Uchiha.

Obito détestait son clan pour de multiples raisons. L'une d'elle était qu'ils avaient trahi celui qui les avait guidés, qui avait voulu les protéger et avait été leur chef aux origines de Konoha. Ils s'étaient détournés de lui et l'avaient livré à l'opprobre général.

Pourtant, cet homme n'avait pas hésité à le sauver, lui, Obito, lorsqu'il s'était retrouvé à l'article de la mort. Il lui avait tout appris. Il lui avait ouvert les yeux et lui avait montré l'absurdité de ce monde.

Mais s'il avait hérité du ressentiment de Madara Uchiha, cela n'expliquait pas tout non plus. Les Uchiha étaient une épine dans son pied et il ne pourrait mettre son plan à exécution que lorsqu'il les aurait retirés de l'échiquier d'une manière définitive.

« Taisez-vous donc, tonna soudain Obito que la petite querelle de Zetsu agaçait !

- Désolée, commença confusément la moitié blanche de Zetsu.

- Que veux-tu que nous fassions, s'enquit son sombre binôme.

- Absolument rien pour le moment. J'ai déjà prévu quelque chose pour ces traitres, annonça-t-il. Dans l'immédiat, il faut finir de collecter les informations dont nous avons besoin. Je me charge d'activer les choses de ce côté-là. En attendant, j'aimerais que vous alliez au village d'Ame. Cela fait bien longtemps que je n'ai eu des nouvelles de Nagato et de la petite organisation de ses amis. »

* * *

Une petite chose douce vint furtivement frapper la joue de Shisui. D'abord une première fois, puis une seconde. La troisième fois, elle se fit plus pressante. Shisui gémit dans son sommeil et voulut se retourner dans son lit. Malheureusement pour lui, l'intrus qui se trouvait dans sa chambre n'entendait pas les choses de cette manière.

Cette fois, Shisui sentit clairement un poids se poser brusquement sur l'autre côté de son lit. Il ouvrit des yeux exorbités, mais avant qu'il ait pu remettre ses idées en place et comprendre ce qui venait de le réveiller en sursaut au beau milieu de la nuit, il sentit quelque chose de chaud et d'humide couler au niveau de son ventre.

Cette fois il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour bondir de son lit en criant et en envoyant drap, oreiller et intrus miniature valser autour de lui. Un miaulement suraigu résonna dans la pièce.

« Maru, fulmina-t-il ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Dit moi que tu n'as pas osé faire ce que je pense ?

- Pourquoi ? Tu m'as bien dit d'agir comme un chat normal lorsque je viendrais à Konoha afin ne pas attirer l'attention, répondit stoïquement le chat tout en lissant ses poils.

- Je vais te ...

- Oh là, pas de menace que tu pourrais regretter, lui conseilla le félin. Sinon tu ne sauras jamais pourquoi je suis venue, le provoqua-t-il. »

Shisui se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas répondre et souffla un grand coup. Ce sale petit fourbe lui paierait cette plaisanterie plus tard.

« Très bien seigneur chat, se contraint à dire Shisui sur un ton exagérément mielleux. Je suis certain que cette visite inattendue méritera l'excellent morceau de thon bashi qui attend dans mon réfrigérateur. Mais j'apprécierais que notre entretien soit le plus bref possible afin de pouvoir me recoucher.

- Dans ce lit, s'étonna le chat ninja ! »

Shisui serra ses deux poings et ferma les yeux un instant.

« Bah, c'est toi qui vois après tout, insista le chat. Enfin, j'ai un message pour toi. Et vue l'état de fébrilité dans lequel se trouvait ta petite camarade, je dirais que c'est important. »

Puis Maru entreprit de fouiller dans le petit gilet rouge qu'il portait sur le dos et finit par en tirer un parchemin. Il l'avait à peine tendu à Shisui que celui-ci lui arrachait quasiment de la gueule.

« Eh, se plaignit le félin. Tu pourrais avoir plus de délicatesse ...

- Tu trouveras ta récompense dans le frigo, le coupa Shisui déjà absorbé par sa lecture. »

A mesure que Shisui parcourrait le mince parchemin de Lin, son inquiétude grandissait. Il se mit à arpenter sa chambre, les sourcils froncés, en se demandant comment il allait expliquer tout ça à l'Hokage. En tout cas, Lin tenait sa part du marché au-delà de ses espérances.

Aux aurores, Shisui était déjà devant la porte du bureau de l'Hokage et attendait impatiemment son arrivée. Lorsque enfin celui-ci arriva, Shisui se mit au garde-à-vous puis le salua avec respect.

« Tient, Shisui, s'étonna le vieil homme. Je ne m'attendais pas à avoir de la visite de si bon matin. J'imagine que tu as quelque chose d'important à me demander.

- Oui, c'est exact Maître Hokage.

- Entre dans mon bureau un moment, nous serons plus à l'aise pour parler, proposa alors Hiruzen.

- Merci, répondit un Shisui quelque peu tendu. »

Puis l'Hokage s'installa tranquillement devant son bureau et écarta les quelques papiers qui traînaient juste en face de lui. Quand enfin il releva la tête, il s'aperçut que l'Uchiha l'observait d'un regard lourd et, sans crier gare, il se mit à rire.

« Visiblement, cela est encore plus important que je ne le croyais. Tu aurais dû me le dire et ne pas laisser le vieil homme que je suis te faire perdre un temps précieux.

- Maitre Hokage je ... commença-t-il gêné par la remarque. J'ai ... voilà ... Je crois qu'un espion a infiltré nos rangs, lâcha-t-il enfin. »

L'Hokage se redressa et donna toute son attention au jeune homme.

« Qu'est-ce qui te fait penser une chose pareille, l'interrogea-t-il ?

- Je le sais par l'intermédiaire d'un informateur, avoua Shisui. Il m'a aussi donné ceci, ajouta-t-il en tendant une feuille de papier à l'Hokage. C'est le signalement de l'espion en question.

- Mais tu n'appartiens pas à une unité de renseignement, s'étonna l'Hokage. Et cette personne qui t'a informé, peut-on réellement s'y fier, interrogea-t-il ?

- Je le crois Hokage, affirma-t-il. Vous devez aussi savoir que la mission de cet espion, s'il existe bel et bien, est en rapport avec le Jinchuriki. »

Hiruzen fronça les sourcils. Il lui était difficile d'imaginer que Shisui, le fils de Kagami en personne, puisse ne pas lui être loyal ou puisse agir selon des intérêts contraires à ceux du village. Mais il évitait sciemment de trop parler de ce mystérieux informateur.

Néanmoins, si l'information de Shisui s'avérait exacte, les conséquences pouvaient être des plus fâcheuses. Il fallait qu'il vérifie la chose ...

« Sais-tu pour qui cet espion travaillerait, s'enquit l'Hokage ? Je ne vois aucune information concernant les origines de cet homme ou son appartenance à un village ninja, pointa l'Hokage qui parcourait la fiche que Shisui lui avait donnée.

- Non, malheureusement j'ignore qui est son client final, mentit Shisui. J'ai l'impression que cela n'est pas à proprement parler le fait d'un village ninja. Mais j'avoue ne pas très bien comprendre moi-même où cela est censé nous mener, admit-il.

- Y aurait-il un rapport avec cette rumeur à propos d'un groupuscule de ninja mercenaire qui serait née au pays de l'Eau, réfléchit Hiruzen à voie haute. »

L'Hokage se leva puis observa un moment le ciel et les toits du village de la fenêtre de son bureau. Soudain, il se retourna, saisit un crayon et un morceau de papier et se mit à écrire rapidement. Puis il tendit la missive à Shisui.

« Portes ça au département de décryptage et d'information et voyons si nous trouvons la trace de cet homme, ordonna Hiruzen. Shisui, ton informateur pourrait très bien se jouer de toi et vouloir nous atteindre par ton entremise. Y-as-tu pensé ?

- Maitre Hokage, si ce que j'avance s'avère être vrai et que nous trouvons la trace de cet espion, j'aimerais assumer moi-même les conséquences de toute cette affaire. Je me chargerais de ce type. Je suis sûr que mon informateur ne m'a pas menti mais, si par malchance il s'agit d'un piège, j'aimerai être le seul à en payer le prix. Laissez-moi me charger de ça, le pria Shisui. Je vous en pris, insista-t-il.

- Nous verrons cela en temps voulut, tempéra-t-il. Tiens-moi simplement au courant du résultat des recherches pour le moment, conclut Hiruzen. »

Shisui n'insista pas et courut dans l'instant au département indiqué par l'Hokage. Ce dernier se trouvait dans un des sous-sols de la tour. A son entrée se trouvait un homme de la trentaine, vêtu intégralement de blanc, et qui semblait absorbé par la lecture d'un document.

Quand Shisui déboula avec fracas dans le petit hall où il était installé, ce dernier sursauta, visiblement peu habitué à avoir de la visite si tôt dans la matinée. Mais l'Uchiha ne pris pas le temps de s'en excuser et plaqua la demande que l'Hokage lui avait fournie sur son bureau.

« C'est assez urgent, se permit-il d'ajouter. »

L'homme en blanc, rajusta les petites lunettes qui ornaient son nez et parcourut rapidement la missive. Puis il marmonna quelque chose comme quoi Shisui devait attendre à l'extérieur avant de s'enfoncer dans les entrailles du sous-sol.

Le temps qu'il passa à attendre lui parut être une éternité. Il était persuadé que si Lin avait pris la peine de lui envoyer ce message en pleine nuit, c'était que la chose était urgente. Et cela l'angoissait. Il ne serait pas surprenant que l'espion en question soit sur le point de leur fausser compagnie. A moins que ce ne soit déjà fait. Bref, ne pas être dans l'action était plutôt frustrant.

Soudain des voies étouffées commencèrent à se faire entendre à travers la porte qui séparait le hall d'entrée du reste du département.

« Je n'en reviens pas, s'exclama l'une d'elles ! Comment cela a-t-il pu nous échapper ! »

Puis une femme de la quarantaine ouvrit violemment la porte que l'homme aux lunettes avait franchie le matin même.

« Toi, dit-elle en pointant Shisui du doigt. Suis-moi. »

Et elle commença à remonter les marches de la tour d'un pas décidé. Shisui la suivit en silence. Il n'était pas assez idiot pour contrarier ce genre de femme.

* * *

« Je vois, murmura l'Hokage. Donc vous confirmez les informations apportées par Shisui.

- Oui. Et je dois aussi vous faire part de mes excuses, ajouta la femme. Je ne comprends vraiment pas ce qui a pu se passer ni comment cet individu a pu passer inaperçu par nos services aussi longtemps.

- Nous verrons cela plus tard Akiko. Shisui, puisque tu m'en as fait la demande, et parce que tu désires que les risques liés à cette affaire ne soient pas assumés par à un autre, c'est effectivement toi qui auras la charge de mettre la main sur cet homme. Cependant, il serait très imprudent de te laisser y aller seul. Tu dois avoir conscience que ce type de mission incombe normalement aux ANBU et ... »

L'Hokage continua à exposer ses arguments mais Shisui ne l'entendait déjà plus. Il venait de trouver l'occasion qu'il avait tant cherchée de se retrouver en tête à tête avec une certaine personne.

* * *

« Comptes-tu un jour me donner les détails de cette mission, finit par demander Itachi ?

- Je t'ai déjà tout dit. Cet espion a infiltré notre village depuis plusieurs mois déjà. Et tu as toi-même entendu sa logeuse. Il est parti hier en fin de journée. On doit absolument le retrouver. Arrh, si seulement on avait pu agir plus tôt, enragea Shisui !

- Ca j'avais compris, ajouta calmement Itachi, qui continuait à scruter l'espace tout autour de lui à la recherche d'une nouvelle trace laissée par leur espion et qui confirmerait qu'ils étaient dans la bonne direction. Mais il y a autre chose que tu ne dis pas, insista-t-il. »

Shisui tourna brièvement son regard vers lui.

« Bien sûr que non, assura-t-il.

- Bien sûr que si, rétorqua Itachi qui se fendit même d'un mince sourire.

- Là, regarde ça. Il est bien passé par là, s'écria presque Shisui, ravit de détourner l'attention d'Itachi pour un temps.

- Ca ne semble toujours pas être une fausse piste, remarqua Itachi.

- Alors on continue, il n'y a pas de temps à perdre, dit Shisui avant de repartir de plus belle.

Les deux Uchiha se remirent alors à avancer à pleine vitesse. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'Itachi revint à la charge.

« Tu ne trouves pas étrange que cet homme ne cherche ni à masquer son passage, ni à mettre d'éventuels poursuivants sur une mauvaise piste, souligna-t-il.

- Personne au village ne l'avait remarqué jusqu'à tout récemment. Il n'a aucune raison de se méfier ou de penser qu'il peut être suivi, répondit Shisui.

- Aucun ninja ne fait preuve d'autant d'assurance que ça Shisui. Ca cache forcément autre chose. Et je suis certain que tu en sais toi-même plus que tu ne me le dis, insista-t-il.

Shisui lança un nouveau regard en direction d'Itachi. Il était ironique de penser que son cousin l'accusait à demi-mot d'être celui qui n'avait pas assez confiance en l'autre pour lui parler librement et confier ce qu'il savait, pensait ou ressentait. Enfin, cela avait au moins fait sortir Itachi de son mutisme habituel. Dire qu'il s'était demandé comment aborder le sujet qui le préoccupait avec lui !

Shisui prit un air parfaitement sérieux et soupira comme s'il était réellement embarrassé. Cela dit, si son cousin posait trop de questions concernant cette mission, cela risquait d'être réellement le cas.

« Itachi, tu te souviens de l'époque où nous étions Genin toi et moi, demanda-t-il pour la forme. Nous nous étions promis de toujours tout nous dire.

- Oui. Pourtant, aujourd'hui c'est toi qui me dissimules des choses, ironisa Itachi.

- Tout comme toi, rebondit durement Shisui. »

Itachi fronça les sourcils devant cette attaque. Mais il était hors de question pour Shisui d'en rester là.

« Si tu me connais suffisamment pour deviner que je ne te dis pas tout aujourd'hui, je peux en dire autant à ton sujet. Mais saches que si je fais cela, c'est uniquement parce que j'en ai fait la promesse. Ca n'a rien à voir avec toi ou avec la confiance que je te porte, argua-t-il.

- Si tu as de bonnes raisons de te taire aujourd'hui, tu devrais te douter qu'il en va de même pour moi. Tu sais très bien que ma fonction m'oblige à encore plus de discrétion que toi, exposa Itachi.

- Certes, convint Shisui. Mais qu'a à voir ta fonction d'ANBU avec les tensions internes à notre clan, lâcha-t-il soudain. Quelles raisons as-tu de fuir ta famille comme tu le fais et de refuser de me parler ? »

Itachi se raidit.

« Détends-toi. Je ne suis pas en train de t'accuser de quoi que ce soit. Mais ne t'imagines pas non plus que je sois aveugle, insinua-t-il. Je vois bien ce qui se trame au sein du clan et je suis quasiment certain que tu as parlé avec l'Hokage. Quoi qu'il en soit, poursuivit-il rapidement, il y a une chose dont je veux te parler depuis un moment déjà, lui révéla-t-il avant de faire une pause. Il y a environ un mois, Yashiro et Inabi sont venus m'interrompre en plein entrainement. Tu es peut-être l'espion du clan, grâce ou à cause à ton père mais, il semble qu'un certain nombre d'entre nous ne te font pas confiance. Ils s'interrogent sur tes absences répétées, sur le fait que tu prônes la négociation avec le village au lieu d'essayer de défendre activement les intérêts des Uchiha. Bref, ils pensent que tu cherches à gagner du temps au profit de l'Hokage. Aussi m'ont-ils chargé de t'espionner. »

Itachi encaissa l'aveu de Shisui. Ou plutôt le désaveu de certains membres de leur clan envers lui. Il s'arrêta et posa sa main sur le tronc de l'arbre qui soutenait actuellement son poids. Sa tête tournait un peu. Shisui se rendit compte rapidement que son cousin ne suivait plus. Il s'arrêta à son tour et se retourna vers lui.

« Pourquoi me le dire, demanda Itachi dont l'esprit fonctionnait à toute allure ?

- Parce que j'ai une totale confiance en toi, dit simplement Shisui. Je t'ai promis il y a longtemps d'être toujours derrière toi. Et quoi que tu fasses, j'ai bien l'intention de tenir cette promesse. Personnellement, tout ce que je souhaite, c'est de protéger notre village, ainsi que notre famille. Et ce y compris si je dois la protéger d'elle-même. Peu m'importe la gloire, ma réputation ou le fait de perdre la confiance ou l'amour de mes proches, ajouta-t-il à l'intention d'Itachi qui était justement en proie à ce genre de questionnement. Je préfère mille fois que mon nom tombe dans l'oubli dès le jour de ma mort que d'avoir échoué dans cette voie.

- Shisui, murmura Itachi.

- Je ne peux évidemment pas juger de ma propre valeur, continua Shisui. Ce n'est qu'un idéal vers lequel je tends. Mais, toi Itachi, je sais avec certitude que tu es ce genre de ninja, affirma-t-il. Tu es un véritable Shinobi. »

Itachi détourna le regard. Etait-il réellement certain d'être ce genre de ninja ? A la vue de ce que Shisui venait de lui révéler, la situation était en train de lui échapper. Et il commençait à craindre que les choses ne tournent mal.

« Tu n'es pas seul Itachi, reprit soudain l'ainé des Uchiha. »

Itachi esquissa un mince sourire rempli d'amertume.

« J'aurai dû savoir que tu ne serais pas dupe. Et aussi que tu ne me laisserais jamais tranquille, dit-il alors.

- A nous deux, on trouvera forcément une solution. On ne laissera pas notre clan sombrer dans la rancœur et la haine, lui garantit Shisui.

- C'est tout ce que j'espère, confessa Itachi.

- Parfait ! Alors nous en reparlerons plus tard. Parce que pour le moment, nous avons une mission à accomplir rappela-t-il. »

Itachi acquiesça d'un mouvement de tête et ils repartirent à vive allure.

« En tout cas, si tu continues à vouloir tout régler tout seul, je te jure que je vais finir par te mettre la raclée de ta vie Itachi, l'avertit Shisui sur un ton plus joyeux.

- J'aimerai bien voir ça, oh grand Shisui, le taquina Itachi avec un léger sourire aux lèvres. »

Cela faisait bien longtemps que Shisui n'avait vu son cousin sourire de cette façon, avec autant de sincérité. Mais cet instant fut de courte durée. Soudain, le regard d'Itachi se durcit.

« Shisui, l'appela-t-il discrètement en se plaquant contre un arbre. »

Shisui l'imita immédiatement et masqua sa présence. Itachi fit plusieurs signes à son cousin. Trois hommes, en contrebas, à trois heures, décrypta l'ainé des Uchiha qui jeta un regard dans la direction indiquée. Les hommes étaient massés devant une grotte.

A son tour, il fit une série de signes à l'intention d'Itachi, puis ils s'éloignèrent silencieusement, et redescendirent au niveau du sol.

« Il y a deux ninjas de Kiri, constata Itachi. Le troisième homme ne porte pas de bandeau. Ce doit être celui que nous recherchons.

- Oui, c'est surement lui. Et les autres sont venus l'escorter, assura Shisui. Mais je suis certain qu'il n'y a pas deux mais trois ninjas avec lui. La grotte est certainement leur point de rendez-vous. Le troisième est peut-être toujours à l'intérieur.

- Cette grotte nous pose problème. Il pourrait très bien être plus que tu ne le supposes.

- Non, crois-moi, ils ne sont que trois plus l'espion, affirma Shisui. J'ai déjà été confronté à cette situation une première fois. Je suis certain de la façon dont ils procèdent. »

Shisui savait déjà qu'il n'y aurait pas de cinquième élément cette fois-ci. Parce que, selon la jeune fille de Kiri, l'espion qui avait infiltré Konoha était un membre fanatisé de son unité. Il était tout à fait capable de se donner la mort tout seul en cas de besoin.

Itachi fixa son cousin un moment, puis il tourna son regard dans la direction où se trouvait leur cible. Il préféra taire les questions qui lui venaient à l'esprit et se concentrer sur leur mission immédiate.

« Dans ce cas, comment comptes-tu procéder, demanda simplement Itachi ?