Chapitre 11

Yuta avait mit ses vieilles chaussures dans le sac en plastique et marchait vers la décharge municipale, en peinant terriblement. Quand il avait joué au football avec ses nouvelles baskets, il lui avait semblé qu'elles le rendaient plus rapide qu'il ne l'avait jamais été. A présent, décoller les pieds du trottoir lui demandait un gros effort. On aurait dit que ses semelles étaient doublées de plomb.

Maintenant que Taeyong ne pouvait plus le voir pour lui faire la moindre remarque, le japonais décida d'enfiler ses vieilles baskets tout de suite plutôt qu'à la décharge. Il se pencha pour dénouer ses chaussures. Aussitôt, les lacets se resserrèrent et les baskets comprimèrent ses pieds, comme les serres d'un aigle agrippant sa proie. Cette fois, il ne pouvait le nier : les baskets avaient leur volonté propre.

Glacé de terreur, Yuta comprit qu'il n'avait pas le choix. Il devait lutter contre les baskets et mener à bien son plan pour s'en débarrasser. Grimaçant de douleur, il se força à avancer, pas à pas, péniblement. Normalement, courir du dortoir à la décharge aurait dû lui prendre moins de dix minutes, mais ce trajet n'avait rien de normal.

Quelques mètres plus loin, le pied droit du chanteur partit violemment d'un côté, manquant de le faire tomber. Au prix d'un effort terrible, il réussit à rester sur le trottoir. L'autre basket plongea en avant, lui tordant de nouveau le buste. Il gémit de douleur. Le japonais utilisait toute la force qu'il avait pour essayer d'empêcher ces tressautements de se reproduire. Mais il gigotait comme un pantin au bout de ses fils, contrôlé par un marionnettiste aliéné. Il n'exerçait plus aucun contrôle sur ses membres.

Une douleur lui vrilla la cheville gauche et fusa le long de son mollet, le faisant gémir. Il avait l'impression qu'on lui avait attrapé le pied et qu'on l'avait sauvagement tordu. Ensuite, une torsion tout aussi brutale de son genou le fit hurler. Il agrippa sa rotule, craignant qu'elle explose. Tirées d'un côté et de l'autre, tordues dans des positions impossibles par les baskets, ses jambes et ses articulations le brûlaient.

Un homme venait vers lui. « Aidez-moi ! Je vous en supplie ! » cria Yuta en lui adressant des signes paniqués. Mais l'homme se contenta de le regarder comme s'il était fou, et passa son chemin. Le japonais fit une nouvelle tentative quand une voiture passa devant lui, mais le conducteur aussi le considéra d'un drôle d'air, puis secoua la tête et s'éloigna.

Yuta avait de la transpiration qui lui coulait dans les yeux. Il se rendit alors compte qu'il n'était qu'à une centaine de mètres de la décharge. S'il pouvait continuer à avancer, il y arriverait. Mais six voies de circulation le séparaient de son objectif.

Il exhorta ses pieds, en les fusillant du regard : « Allez ! » Une voiture passa en trombe près de lui. Le souffle lui ébouriffa les cheveux. Yuta hoqueta en constatant qu'il était si proche du caniveau. Les lacets des baskets se resserrèrent encore, si fort qu'il hurla de douleur, mais son cri fut étouffé par les bruits de voitures qui filaient dans les deux sens sur la route. Il essaya d'oublier cette douleur terrible qui le lançait.

Soudain, les baskets semblèrent abandonner la lutte. Yuta prit une profonde inspiration et s'élança sur la route, en courant le plus vite possible pour traverser. Quand il atteignit la file du milieu, il s'arrêta net, les pieds soudés au bitume. En regardant autour de lui, affolé, il sentit une vague de terreur absolue le submerger : une voiture lui fonçait dessus. Les baskets avaient repris le contrôle. Il était paralysé.

Il entendit klaxonner et vit le conducteur lui adresser des gestes frénétiques pour qu'il s'en aille ; mais il ne le pouvait pas. Au dernier moment, la voiture fit un écart, l'évitant d'un cheveu. Une autre voiture arrivait derrière, puis une moto. Les deux véhicules le contournèrent. Yuta serra les dents et resta immobile, le cœur battant à toute allure. « Reste calme, dit-il. Concentre-toi. Les voitures ne vont pas te rentrer dedans. Elles voient bien que tu es là. »

Le commissariat se trouvait sur le trottoir d'en face. Peut-être que quelqu'un, à l'intérieur, entendrait les furieux coups de klaxon, le verrait coincé au milieu des voitures et sortirait l'aider. Yuta l'espérait, de tout son cœur. Il était prêt à se faire réprimander pour avoir essayé de traverser une route aussi encombrée, s'être mis en danger et avoir gêné la circulation. Mais en ce moment, il aurait donné n'importe quoi pour qu'on lui porte secours.

Une fois de plus, voyant une trouée dans le flot de bolides, il essaya de bouger, en vain. A présent, la sueur lui coulait à grosses gouttes sur la figure. Avec un énorme effort, il contraignit ses pieds à avancer, tandis que les voitures continuaient à fuser des deux côtés, dans un rugissement sonore. Il fit deux pas en avant. Encore quelques mètres, et il serait sur le trottoir d'en face.

Les conducteurs furent si nombreux à jouer du klaxon que leurs hurlements stridents, venant de tous les côtés à la fois, formèrent une symphonie assourdissante qui menaça de lui crever les tympans.

Ensuite, les baskets l'immobilisèrent tout net, encore une fois. Une camionnette blanche passa devant lui. Yuta ferma les yeux, terrifié. Alors, il entendit des coups de corne tonitruants à sa gauche, bien plus puissants qu'un klaxon de voiture. Il rouvrit les yeux. Sur la file du milieu, un camion fonçait vers lui. Le japonais était figé sur place. Le conducteur du camion donna un nouveau coup de corne. Le bruit résonna dans ses oreilles. L'énorme grille scintillante du radiateur ressemblait aux dents d'un prédateur affamé.

Yuta vit la tête désespérée du conducteur quand il tourna le volant, en serrant les dents, dans un ultime effort pour l'éviter. Le camion vira sur la gauche, manquant de peu une voiture qui arrivait dans l'autre sens. Les énormes pneus avant du poids lourd crissèrent quand le caoutchouc brûla le bitume. Mais le chanteur ne pouvait toujours pas bouger. Il regarda les baskets, totalement découragé.

Ensuite, il s'envola dans les airs, comme emporté par des cordes invisibles. Il en eut le souffle coupé. Il n'eut même pas le temps de hurler quand il retomba devant le camion. Il ne vit qu'une montagne de métal qui lui fonçait dessus et, dans un éclair de lucidité, sut que cette fois, le camion allait lui rentrer dedans.

~

Le gémissement strident des sirènes remplit l'air de leur cri funeste quand des ambulances passèrent en trombe pour rejoindre le lieu de l'accident. Daniel et Jihoon, qui passaient par là, n'avaient pas vu ce qui s'était passé. Ils n'avaient aperçu que la gigantesque explosion, comme une boule de feu hurlante. Un énorme champignon de fumée noire s'était élevé sur le lieu de l'impact et, à présent, flottait au-dessus de la scène comme un monstrueux rideau qui se lève. Les deux garçons s'approchèrent d'un homme qui, curieux, observait la scène.

« Que s'est-il passé, monsieur ?

- Je crois que l'explosion a été provoquée par une voiture qui avait foncé dans le camion, au moment où il pilait, et brisé son réservoir d'essence. »

Les garçons étaient fascinés par la masse de véhicules arrêtés sur les trois files de la route. Une autre voiture arriva à toute vitesse et s'arrêta précipitamment. Les membres d'NCT en sortirent. Sicheng se mit à courir vers le lieu de l'accident, le visage rougi par les pleurs. « Yuta ! » Un homme l'arrêta.

« Monsieur, vous n'avez pas le droit de passer.

- C'est mon petit ami ! Je veux le voir ! Maintenant ! cria-t-il en donnant des coups de poings dans le buste de l'homme. »

Kun s'approcha et posa ses mains sur les épaules du chinois pour le calmer. L'homme se tourna vers un de ses collègues, qui acquiesça. « Bon, mais seulement vous alors, dit-il en pointant Sicheng du doigt. Suivez-moi. »

L'homme le précéda jusqu'à une ambulance. Le garçon s'approcha du corps de son petit ami, et lui prit la main. « Je t'en prie, Yuta... Reste avec moi... » Des sanglots incontrôlables lui prirent soudainement. Un ambulancier s'approcha du couple. « Pour le moment, son cœur bat encore. Mais il est gravement blessé et comme vous pouvez le voir, son corps est partiellement calciné. Nous allons rapidement l'emmener à l'hôpital pour le sauver, en espérant qu'il ne soit pas trop tard. » Au même moment, le moteur du véhicule de secours se mit en marche.

Pendant ce temps, Daniel et Jihoon continuaient de contempler la scène, curieux. Le plus jeune remarqua quelque chose dans le caniveau, à quelques mètres de là. Il s'approcha pour voir ça de plus près. « Hé, regarde ! » dit-il en appelant son ami. C'était une paire de baskets qui traînait près du trottoir. Les semelles étaient pratiquement neuves et le dessus semblait avoir été fraîchement ciré.

« Ce ne sont pas les mêmes chaussures que celles que tu voulais t'acheter la dernière fois ? dit Jihoon en les prenant dans ses mains.

- Si, mais pourquoi sont-elles ici ?

- Quelqu'un a dû les balancer, répliqua son ami. Elles ont l'air à ta taille. Essaye-les ! »

Daniel ôta ses vieilles baskets et enfila les nouvelles. « Elles sont parfaites ! » dit-il en souriant. Non seulement ces nouvelles baskets étaient superbes, mais en plus, elles lui allaient à la perfection !

~ THE END ~

Cette fiction touche donc à sa fin !
Je vous laisse imaginer la suite pour ce qui est de Yuta, mais aussi de Daniel ;)

J'espère que cette fiction vous a plu et que vous n'êtes pas déçus par la fin !

Je pense faire une petite pause de 2-3 semaines avant de reposter une nouvelle histoire car j'ai un peu de mal à écrire ces derniers jours, et que je ne veux surtout pas vous poster quelque chose de moyen simplement parce que je veux poster régulièrement.
Je vais continuer à travailler dans mon coin, tranquillement, pendant ce temps, et revenir avec quelque chose de bien pour la suite !

Je vais aussi consacrer pas mal de temps (j'en parle ici pour ceux que ça intéresse) à ma chaîne YouTube sur laquelle je regroupe et traduis en français l'ensemble des contenus audio et visuels concernant NCT (SM Rookies & SuperM compris + predebut).
Le nom est Itsarki _NCTVOSTFR.

Merci encore à vous d'avoir lu cette fiction, profitez bien de vos vacances. J'espère que vous avez tous réussis vos examens !
Et je vous dis, à très bientôt ! ♡♡♡

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top