Chapitre 69

Alors que mes deux frères me regardent me servir, je remplis tranquillement mon verre de Cognac jusqu'à ras bord. Je sais que ça va être vraiment dur de m'enfiler tout ça d'un trait, mais je vais montrer à ces deux connards que je peux faire aussi bien qu'eux ! J'en ai marre qu'ils me disent toujours comment agir, comme si je ne savais pas prendre mes propres décisions... Je provoque mon frère :

— Paulo, prépare-toi ! T'es le prochain !

— Je vais choisir Vérité, me défie-t-il.

— Sale lâcheur, articule Max qui se cramponne au plan de travail.

Le Cognac commence à agir sur son corps...

Je porte le verre à mes lèvres devant ces deux abrutis qui m'observent.

Allez, c'est parti. Je choisis de faire de grandes gorgées afin d'aller au plus vite. Une, deux, trois, quatre... Oh, putain ! Ça arrache ! Cinq ! J'ai fait la moitié ! Six ! Jamais plus je ne ferai le malin ! Sept ! Ça brûle les tripes, ce truc ! Huit ! Encore une, j'ai presque fini ! Neuf ! Merde, pas assez avalé, il en reste encore ! Dix ! J'ai réussi !

Je jette le verre sur la table et je me mets à sautiller sur place.

— AAAHHH ! Ça tue !

L'alcool me monte très rapidement à la tête. J'ai soudain très chaud et je me mets à transpirer à grosses gouttes. Nous sommes en plein mois d'août, il est vrai, mais l'alcool me rend fiévreux.

— Paulo, Action ou Vérité ? je lui demande en ouvrant grand la fenêtre.

— Je vous ai dit !

— Tu ne vas pas te dégonfler ? persiste Max qui lui sert déjà le Cognac dans le verre.

— T'es l'aîné, tu dois montrer l'exemple ! je continue en lui tendant le verre.

— Justement ! En plus, je dois dire au revoir à Valentine ce soir, si vous voyez ce que je veux dire !

— Allez ! je le supplie en faisant le grimace. On s'en bat les couilles de ta meuf !

— Bon, juste un ! Après, vous me lâchez la grappe !

Max se fait un plaisir de prendre en photo Paulo pendant que je m'assois sur un tabouret de bar pour reprendre mes esprits, ou les perdre, car l'alcool continue progressivement son ascension en moi et je me sens désormais euphorique. La soirée s'annonce vraiment très bien. Et surtout, je rentre enfin demain ! Àmoi le surf et l'océan ! Bordel, ça se fête !

Paulo est en train de finir son verre facilement quand la porte de la cuisine s'ouvre. Valentine et Amélie, suivies de nos cousines, entrent.

— Ooohhhh ! crie Valentine totalement paniquée à la vue des bouteilles sur le comptoir. On n'a pas le droit de toucher aux alcools !

— Vous avez bu ? demande Amélie en nous dévisageant.

C'est un moment toujours difficile pour moi. Paraître normal et sobre en apparence, alors qu'intérieurement, t'as déconnecté de la réalité et t'es à fond, comme dans Mario Bros : t'as le paysage qui défile et qui t'oblige à avancer...

— Non, non t'inquiète pas ! la rassure Paulo. On a juste à peine testé le Cognac !

— Ouais, et bien range ça !

— Tonio et Max vont s'en occuper ! Il faut que je te parle, lui déclame Paulo comme s'il était fou amoureux d'elle et tellement triste de la quitter demain.

— Du coup, il n'a pas donné la prochaine Action, m'informe Max, déçu.

Les filles ressortent de la cuisine pendant que Max range les bouteilles dans le placard. Je n'ai pas bougé de mon siège, assommé par l'alcool. Je dois reprendre mes esprits immédiatement si je ne veux pas tomber net !

— J'fais pour lui s't'veux ! je marmonne sans bouger.

— Ouais, çaaa maaarcheee ! Jeee preeends AAAAction ! me répond Max en décortiquant chaque mot qu'il prononce.

— Bah, enfle-toi n'autr'verre ! je lui indique en me ventilant le visage avec la main.

Je suis soudain envahi de bouffée de chaleur et je décide de retirer mon T-shirt. Mon frère, qui est en train de se servir, n'est absolument pas surpris de mon strip-tease.

— Ooon vaaa être déééfoncééés ! se marre-t-il en mettant autant de Cognac dans son verre que sur le comptoir.

— Pa'rave, y a qu'ça à fair'ici ! Oooohhh, t'en fous patout !

— Miiinnnccceee ! râle mon frère en se mettant à lécher le plan de travail pour ne rien gaspiller. Laaa bouteiiille va y paaasser !

Une fois le comptoir nettoyé, il se met droit au garde-à-vous. Un bras le long du corps, il saisit le verre de sa main libre. Toujours aussi raide, il boit d'un trait le Cognac.

— Moi ! je hurle en descendant de mon tabouret. J'prends liqueur ! On fera niveau avec l'eau, ni vu ni connu !

Je n'arrive quasiment plus à parler et j'avale la moitié des mots dans mes phrases. Mais mon frère me comprend parfaitement.

— Booonne iiidée ! m'approuve Max en servant deux grands verres.

Quand Louise entre à nouveau dans la cuisine, pas besoin de lui faire un dessin. Elle saisit tout de suite que nous sommes complètement bourrés. Max est toujours en train de lécher chaque goutte de liqueur sur le comptoir et moi, je me suis collé au ventilateur de la cuisine qui me rafraîchit. Comme j'ai les cheveux plutôt longs avec ma coupe surfeur, et que par-dessus le marché, ça fait deux mois que je n'ai pas mis les pieds chez un coiffeur, avec l'air du ventilo, je ne ressemble plus à rien.

— Tonio, qu'est-ce que tu fous à poil ?

Ah oui ! J'ai également retiré mon jean à cause de la chaleur !

— Chui pas nu ! Chai mon boxer ! je lui réponds en tirant sur l'élastique de mon caleçon alors que Max vide la bouteille sur le comptoir pour laper l'alcool comme un chat.

— Mais vous êtes complètement torchés, ma parole !

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